11.11.06

Sans les mains

Je suis descendu acheter du pain.

Un livreur de pizza était derrière moi dans le hall de l'immeuble ; il avait les yeux gonflés et a marmonné quelque chose avant de repartir sur sa mobylette.

Il faisait un temps de Londres et j'adore ça.

La boulangerie était fermée puisque je n'avais pas faim. J'ai continué à marcher en pensant à Charles Juliet qui écrit en marchant, à ma petite soeur qui dit que les promenades sont bonnes pour le travail (je vous donne le lien si vous voulez), et à et à et aussi à tout ça en vrac qui tournait doucement pendant que je sentais mes épaules et mon ventre se détendre

et puis

sur le trottoir, là, devant moi, une brindille en bois cassé qui dessinait une flèche.

Vers là.

Sur le trottoir d'en face, devant les usines Latécoère.

Il y a une maison que j'ai déjà remarquée pour l'impression bizarre qu'elle me fait. Je me suis arrêté devant le mur d'enceinte, et j'ai enfin ouvert les yeux.

Pas d'appareil photo.

Angles à travers les poles de fer et les murs crépis, des tessons de verre brun fichés, le fil du télégraphe ;

j'ai continué à marcher. C'était peut-être la maison du gardien.

Une rue m'a fait signe, vers la droite ; les maisons étaient en pierres d'angle sans prétention, de jolis endroits avec le nom d'un vieux couple sans enfants sur une petite plaque.

Aucune voiture. Un homme tirait une remorque à la main, je n'ai pas vu son visage.

La rue de l'avenir.
Des garages mal fabriqués, murs sales. Une maison au crépi plâtré de rebouchages. J'aime ces associations stupides.
Au fond, une dame blonde de dos balayait le gravier d'un jardin zen - ou bien étalait ce que son gros noir vieux chien avait laissé là ; la maison avait l'air d'un joyeux foutoir, je n'ai pas réussi à lire ce qu'il y avait peint sur le mur, atelier... futuro. Présage.

En remontant rue de Périole, toujours pas de voiture. Lignes de fuite, perspective, couleurs.
Pas d'appareil. Une autre fois.
Ce serait comme dans Narrations de Bernard Olivié (chez les requins marteaux). Un album de photos avec des vaches. Apprendre à faire des photos, acheter un guide, maison du livre, Rouergue.

Je rêvasse de nouveau au blog, au site, à la communication, aux premières lignes.

Un collège. Beurk. Je peux devenir thérapeute ou coach si écrire ne suffit pas.
Pigeon mort derrière la grille.

Le trajet des enfants, yeux tournés vers l'intérieur.

Une fenêtre ouverte sur un immeuble bas de gamme, un couple se dispute avec un accent haché. La communication non violente a encore de beaux jours devant elle.

Mauvais de réfléchir autant ? Après tout, si j'ai besoin d'écrire pour me sentir exister...

Appart.

Blog.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est bien beau tout ça mais tu as oublié de pisser durant ta promenade: c'est bon pour la santé aussi.