22.4.11

968 - Fait pour valoir ce que de droit

Une plume, Cabaret érotique
1) De la lecture

Quoi ça, les vacances approchent et tu ne sais pas ce que ? Ni une, ni deux, la maison Manu Causse t'offre ce magnifique roman en ligne. Parce qu'après tout, hein, maintenant qu'il est dans le cloud, autant qu'on en profite. Alors oui, tu peux tout piquer, l'envoyer avec ton nom dessus à des éditeurs qui le publieront à des millions d'exemplaires et te feront gagner une fortune ; tu peux le considérer comme un guide raté du divorce réussi, ou l'inverse ; tu peux penser qu'il s'agit d'une forme d'abandon - on le sait, ce qui est publié sur le net (surtout, comme ici, sans la moindre forme de protection légale) est destiné à disparaître comme les nuages dans le ciel de printemps...
Quoi qu'il en soit, E(u)x, en ligne.

2) Des correspondances

Tu sais quoi ? Ca me manque, ces espaces de réalité virtuelle, ces mais qui s'enchaînent, ces réflexions partagées. Ces constructions d'histoires empilées les unes sur les autres, et qui ne mènent à rien - sinon à mettre en péril la suspecte notion de fidélité.

Ca me manque parce, malgré les expériences, malgré la réalité réelle, ces correspondances ouvrent l'espace d'une sincérité autre - plus aiguisée, plus personnelle. Une voix qui ne peut s'entendre nulle part ailleurs.

Hier, toutefois, une longue lettre, au ton accusateur, lourd de reproche, dont j'étais l'émetteur, a ouvert la voie à un dialogue téléphonique apaisé ; à de nouvelles aventures. Pourtant, je me sens moins à l'aise que s'il y avait, vraiment, du nouveau, de l'imprévu.  Du miraculeux, je suppose.

Suivre ce besoin de nouveauté, comme on clique inlassablement pour rafraîchir sa boite de réception. Chercher le Tu, unique, encore et toujours.

3) Le ciel, dis-tu

Bleu nucléaire selon toi quand nous ouvrions la fenêtre, poussés par les enfants, sous la piqûre du réveil ; bleu cavalier d'après moi - cela ne veut rien dire, souris-tu,

Tu ne comprends rien à la poésie, et nous imitons ensemble ce chanteur de notre adolescence.

Plus tard, café avalé, enfants en train vers l'école, je regarde mieux le ciel,
les mailles fines du ciel,
le pollen des nuages qui traversent
à pas pressés la fenêtre encerclée.

20.4.11

967 - Actes manqués

Cabaret, préparatifs
1) Cabaret

C'était la lumière qui tombait oblique sur les cheveux bleus de Marie : c'était la troupe, à peine formée, tendue déjà, aux gestes efficaces, le ballet autour des plats communs, assis à même le sol.
C'était les feuilles scotchées, les décors, les réglages ; la répétition, les coulisses, les loges, les enchaînements.

A un moment donné de la soirée, je devenais le Déménageur - masque, t-shirt rose. Un par un, les spectateurs montaient vers notre décor - une ourse aux platines, un fakir enturbanné, une table de massage. Un crâne de sanglier. Ils s'allongeaient, les yeux remplis d'une vidéo aux images dansantes, et la musique commençait. La musique, et le massage/message des mots.
- C'est une drogue, votre truc", a lancé un des spectateurs à l'issue des quelques minutes de bombardement sensitif.
Peut-être l'effet recherché.

Puis à nouveau se glisser dans les personnages, entre les corps, dans la salle. Caresser, jouer des yeux, du torse ; danser, faire semblant. Séduire, aguicher.

Les spectateurs hésitaient entre surprise, rire gêné parfois, admiration et trouble. L'une a fui, épouvantée ; l'autre se plaignait d'un manque d'érotisme. Trop ou pas assez suggéré : les numéros alternaient performances sur le corps, chanson post-réaliste et numéros de cabaret. L'ensemble était - le but du jeu ? - déstabilisant, dense, incomplet.

Quelques retours, glânés ça et là : "Ca laisse à désirer sans laisser à désirer" (de la bouche d'une artiste qui néanmoins envisage de faire partie de la prochaine édition) ; "trop petit, ce n'est pas érotique de se faire marcher sur les pieds" ; "on dirait un bordel de l'avant-guerre" ; "pourquoi l'érotisme ressemble autant à la décadence ?" ; "où est l'intention, dans tout ça ? Pourquoi les propositions ne sont-elles pas plus abouties ?", "C'est chouette, c'est amateur, et maintenant, ça devient quoi ?". Et aussi, souvent, "C'est bien. J'ai aimé, merci."

J'ai pensé quelques instants à ce que diraient mes chers amis ââârtistes, ceux qui ont un avis sur tout et en particulier sur le travail des autres quand eux-mêmes ne font rien. "Déjà vu", auraient-ils dit, "Pas terminé. Ridicule comme un club échangiste de province", pourquoi pas ?

Mais cinquante personnes ont travaillé de concert (et bénévolement) ; transformé un lieu de fond en comble, organisé un programme, passé par-delà les querelles, les égos, l'épuisement parfois ; cinquante personnes ont mené ensemble une envie jusqu'à son terme provisoire. Le Cabaret Erotique From Toulouse France existe, et c'est déjà énorme ; je suis curieux de voir où il ira maintenant.

 2) Danse

Je n'y connais rien en danse, mais la plaquette (signée Philippe Ségur) m'avait avertie : ne pas chercher de sens. Se laisser prendre aux images, aux sons. Et c'est ce que j'ai fait : juste ouvert les yeux sur EWS - Les yeux grands fermés, de la compagnie Barra-Foglia.
Juste tester les limites de l'élastique, de la chute, de la verticalité ; se profiler dans la lumière, entouré de sons métalliques, profonds. Tourner, souffrir, se relever, reprendre. Toucher au corps, à sa surface profonde : un beau moment d'apesanteur.
C'est au  Vent des Signes jusqu'à la fin de la semaine. Tu t'y plairas.

3) Correspondre

Récapituler face à une autre, virtuelle et pourtant présente ; tendre, tendre vers elle, vers lui, crépiter comme les mots. Imaginer les phrases, les scénarios. Une rencontre avant la rencontre.

Voilà qui me préoccupe, en ce moment - dépasse le quotidien, le normal, le laborieux. Voilà qui m'entraîne en avant.
Ce n'est pas sans danger, évidemment. Pour les sentiments réels ; pour le temps qui se consume, pour le chemin qui se dessine hors des rails de sécurité. Pour l'autre, réelle, qui attend près de moi, moitié virtuel.

Au même moment, une autre voix m'interroge : pourquoi ce besoin presque vital de s'éloigner, de se rapprocher d'un ailleurs, d'un autre virtuel ? Une fuite, une suite, une réussite ? Un pari, un projet, une échappatoire ? Ou simplement avancer sans mensonge / dans l'honnêteté du mensonge, ou réciproquement ?
Rechercher la logique dans la diagonale du fou.
Rêver d'amour comme d'une torche, allumant d'autres feux au passage sans jamais s'épuiser / se réveiller les pieds dans le mélodrame / interroger les sentiments.
Peut-être que je cherche à me perdre, tout simplement. Ou à trouver un chemin sans panneau signalétique ni moralisateur.

15.4.11

966 - La tête ailleurs

Fally 1, ep
1) Correspondances, acte - combien déjà ?

C'est ça, oui. Joue avec les fantasmes, re/produis sans (te) reproduire, compare, frissonne, morigène-toi, passe d'un extrême à l'autre... tout ça pour des mots, de simples mots (et même pas) sur du papier. Berce tes fantasmes comme des enfants prématurés.

Les mêmes erreurs, les mêmes errances - ou bien de nouvelles, cette fois, comme une épreuve passée, repassée jusqu'à obtenir la réponse ?

Ecrire à, plutôt qu'écrire. Voilà bien un chemin qui risque de se perdre.

- Je suis le chemin, répétait un sage (ou un fou, je ne sais plus). Le chemin vers la lumière.

Attention, il y a des gens réels, des gens qui souffrent, dans ces images que tu agites, me prévient ma grande Ourse, sourcilleuse.
Elle a raison, je suppose - et le sentiment le plus proche reste celui de l'enracinement.

Un nuage léger entre les fils des antennes me fait penser à toi.

2) Cabaret érotique

Des mots, des mains, des sons, des images ; des gestes sur les peaux, des troubles, des tambours, des regards. Le Cabaret Erotique from Toulouse France, ouvrait hier sa troisième édition au public. Grande première, suivant la police, joli crash-test d'après les organisateurs. Tour à tour glam et baroque, affolant et affriolant, dur ou glacé, complexe et tendre, physiquement intellectuel, c'est avant tout un spectacle ambitieux, porté par la vision d'une poignée d'allumés.
Plus de détails dès la semaine prochaine - en attendant la prochaine édition, si vous n'avez pas réservé pour ce ouikend.

3) Des nouvelles du souffle

Mais entre traductions, massages artistiques et correspondances diverses, où suis-je, réellement ? Quelque part, agité, entre le coeur et le diaphragme.
Être précis, c'est déjà un début.

4) Flash spécial

Quelque part dans/à cause de/malgré cette agitation générale, je suis //////libre////heureux///////.
Travailler sur le lien, le lien logique.

8.4.11

965 - Irréalismes

I walk the line
1) Allô, Dr Freud ?

- On n'est pas obligé de faire jouisser une femme, me murmurait un rugbyman géant en caressant mon petit ventre pendant que je regardais, depuis l'entrée d'un stade, un immeuble de verre où se changeaient des mannequins et où se préparait, à l'étage, un cabaret de grosses femmes et de nains vêtus de cuir.

Je n'ai pas eu le temps de poursuivre la conversation ni de me faire chasser par les vigiles du stade : les enfants m'ont réveillé pour l'école. N'empêche que je comprends mieux certaines choses.

2) L'élu, lu

J'entretiens en ce moment avec une professeur d'art une de ces très longues correspondances que j'affectionne, où l'on s'ouvredécouvre, où l'on s'imagine, où les mots fonctionnent au rythme de la pensée, exactement.
N'empêche que je finis par m'interroger (introspection typiquement féminine, prétend ma correspondante, mais hé ho dis hein faudrait pas déconner) sur ce besoin de (se) dire, vaguement suspect dès lors que la destinataire émettrice est ce qu'on appelle communément une gonzesse.
C'est, du moins je l'imagine, comme être sollicité quand on ne s'y attend pas, être choisi, être voulu, être l'objet d'un coup de foudre (être lu) : je me sens flatté, j'accepte, j'attends qu'on m'accepte ; je fais tout pour éviter/encourir le rejet que je crains/escompte ; je teste les limites, j'anticipe la fin, les fins possibles - souvent grossières.

Et plus sûrement encore, j'écris, je laisse une nouvelle trace dans le cerveau plastique d'une femme.

- Une façon pratique, m'explique un camarade philosophe, de te reproduire, de procréer par procuration. Pour lutter contre ta peur de la mort et tout à la fois répondre à l'impératif vital.

- Petite bite*, a lancé, laconique, un rugbyman au comptoir.

3) En parlant de liens


Quelques nouvelles de mes activités (secondaires tant que dure cette correspondance ?) : Myriam a assisté à la première conférence du cycle international Goakéniste, les vampires n'ont aucun sens du suspens, nous apprenons à chasser la colère et la tristesse de notre maison**, les enfants grandissent, je regarde beaucoup (trop ?) de séries télé, l'Image s'arrête pendant quelques temps - ce qui va me contraindre à reprendre tous les n° depuis décembre et à voir ce que ça dit - le cabaret érotique approche à grands pas (mais plus de place, désolé), le soleil brille, je marche souvent.



* A vrai dire, j'ai trouvé l'article en question un peu con comme une bite.
** N'aie pas peur : je renoue juste avec la pratique des faux liens.

Tu lis ces lignes parce que tu as de bons yeux, si tu souhaites ne plus le faire ne clique plus jamais sur ce blog ou offre-lui un accès bloqué via ton navigateur. Si tu souhaites au contraire le partager avec quelqu'un ou l'utiliser à toutes fins utiles... bin rien, reviens à un autre moment.

7.4.11

964 - Si tu crois que c'est facile de se lever à 5 heures du matin tout ça parce que tu dors mal après un match de rugby où, d'une certaine façon, tu as gagné...

Ajouter une légende
1)... n'est pas forcément...
... un titre idéal.

2) Correspondances

A une jeune poétesse qui voudrait ne pas vouloir (ou l'inverse) me montrer ses oeuvres,

Pas de ça entre nous. Je ne pourrais pas lire tes poèmes, déjà parce que je n'y connais que dalle en poésie, ensuite parce qu'on se parle par mail, enfin parce que tu es (d'après ce que j'en sais) une femme de sexe féminin, ce qui de toute façon fausse mon jugement. Tout ce que je sais de la poésie, c'est que
1) ça ne rapporte pas une thune
2) c'est mal édité mal diffusé
3) les quelques noms connus en poésie sont des vieux ivrognes qui puent du bec (mais s'envoient quand même des jeunettes, parce que hein)
4) il vaut mieux être argentin, danois ou malgache pour vendre la poésie. Lyonnais ou toulousain, ça craint. Français, n'en parlons pas.
5) je déteste les rimes, et franchement s'il m'arrive de pleurer ou de rire quand je lis un poème, c'est sans rapport aucun. J'en suis certain.
Alors, bon, bin il m'arrive de, sur mon blog. Mais c'est à cause du 3), au cas où je vieillirai mal.
Donc, hors de question que je lise tes. Pense Verlaine-Rimbaud, pense Ste Beuve, pense Eric Zemmour : voilà, c'est le risque que tu cours.
Ou alors, envoie-moi directement des photos de nu, c'est moins intime.
(j'aimerais bien, quand même. Les poèmes, je veux dire.)

J'espère qu'elle comprendra.

3) Le sens de la victoire

Hier soir, les Gonins, mon équipederugby, a perdu. Mais j'ai passé 5/6e du match sous le maillot noir de l'équipe adverse. Qu'est-ce que ça fait de moi ? Un traître, un gagnant aux deux tiers ?
Le pire, c'est que je joue beaucoup mieux chez les autres, toujours. Pas la pression de l'équipe, du score, de l'engueulade ou des félicitations d'après-match ; si tu n'étais pas là pour jouer avec eux, les types n'auraient pas d'équipe, ce qui fait que même si tu es un quart de brie en matière de rugby, tu es une manière de héros.
En repartant de l'apéro (c'est fou comme trois ricards rendent les gens beaux et philosophes), j'ai pensé qu'au fond, j'étais un peu pareil dans le couple.

4) Ce qui me fait penser

Qu'à force de regarder jouer mes copains (je pourrais m'y mettre aussi), j'ai de plus en plus envie de faire une suite théâtrale à "La Fête à Fred". Evidemment, je veux Jean-Paul Bibé pour le rôle-titre.
Ca s'appellerait "David", se passerait autour de vestiaires. Et j'ai déjà la première phrase. Ce serait (guillemets roulement de deux points) :
- Eeeeeeeeeeeeeeeeenculéééééééééé..."

5) Et à ce sujet

Reçu hier un mail très pète-sec d'un éditeur au sujet de ma fameuse newsletter érotique quasiquotidienne (inscription ci-dessus, et on peut abonner sason petit/e/ami/e/ parce qu'on est que 200 là-dedans pour l'instant). Editeur que j'avais déjà croisé, et trouvé aussi méprisant et gercé que des lèvres de vieille. Confirmation, donc.
Il est des fois où l'insulte la plus efficace est "Ne va pas te faire".

6) Programme du jour

Je ferai vraiment n'importe quoi pour mon Grizzly Marie. Y compris assister à
Du nucléaire au subliminal : Perception goakeniste de l'état du monde
Conférence le jeudi 7 avril 2011 de14h à 14h30, Amphi 7 Pétale 1
UFR d'Archéologie et d'Art de l'Université du Mirail .

Intervenants: Marie Lamarche avec la participation exceptionnelle de Maître Manokus ( E.G., Ph-D, M.D, Chaire des études goakénistes, Universeït Sant...

D'accord, c'est aussi l'occasion pour moi de porter des lunettes, d'écrire en universitaire et de mimer une conf' à la fac' devant un parterre de fumeurs d'herbes boutonneux et chevelus... Tiens, l'intro,  au cas où.

Goaken, Goaken, Goaken



Le nucléaire. Le nucléaire désigne l’existence, l’étant-là du noyau ; il désigne la condition fusionnelle, fissionnelle, et pour mieux dire fictionnelle de la réalité. Le nucléaire est ce qui nous touche, nous meut sans que l’on en ait conscience ; il est le sous-texte constitutif de notre être, l’infraliminal, le subliminal, mais aussi le sublime, l’au-delà des barrières de notre perception : ce qui nous dépasse tout en nous constituant. Nous sommes, au fond, l’ignorance même de notre nature profonde, des animaux fusibles, fissiles, des hommes et des femmes missiles, qui se dissipent aisément.



Nous sommes atomes, hommes, constitués de particules instables, que l’antiquité grecque jugeait atomiques, c’est-à-dire indécoupables. L’ère du nucléaire ne remonte guère qu’à l’avant-dernière entre deux guerres, qui a sapé le préjugé de l’infissile. Oui, la structure atomique, la structure nucléaire, peut exploser, perdre son intégrité – sublime parallèle à la désintégration de sens, de notre sens, dans un univers en constante expansion vers sa destruction ultime.



Or la Goaken non seulement comprend, mais glorifie, cette fusion nucléaire, cette perte du repère, cette entrée de plein fouet dans l’instable ; la Goaken incarne cette puissante irradiation, cette fission incontrôlable, cette fiction épouvantable, ce cataclysme, ce renversement, cette apocalypse au sens propre du terme. Contrairement à la doxa philosophique, à la parole universitarienne, la Goaken ne détaille pas, ne classifie pas, n’ordonne pas ; elle est une science au sens liturgique du terme, une action ésotérique de la source qui fait de la parole fissile la source même de la matière.  Ainsi, seule la perception goakeniste permet de rendre compte, comptabilité, mais aussi de rendre conte, récit, narration, de la discontinuité du réel, devenant par là même seul réel possible.



Goaken, Goaken, Goaken.




J'ai 
P

6.4.11

963 - Fenêtres / passé

Presque le printemps
1) Janvier 2001 ?

(je traduis la description des bâtiments d'un hôpital. Une image s'impose à moi)

Buis à mi-hauteur, sommet de la colline ; le goudron qui se termine par un rebord de béton, les cailloux blancs de l'allée piétonne. Le capot bleu pâle d'une voiture, la brume qui mord mes poumons. A gauche, tout en bas, la ville d'où je m'extirpe. A droite, l'hôpital, avec ses sous-sols et ses fenêtres épaisses. Mon fils est derrière une vitre / derrière une vitre / derrière une vitre. Mais la vitre la plus épaisse s'est effacée : il vivra, c'est certain.

Autant qu'on puisse l'être.

2) Hier, à peine
 
(marcher le long des jardins Raymond V, avant le musée des Abattoirs)

Grille/Tulipe/Grille/Soleil/Grille/Jacinthe
Bleu clair, bleu profond de la pelouse à l'ombre
Garonne tout au fond - soleil, fluide, printemps.

3) Hier, déjà

(le parc Bonnefoy, sur le chemin)

L'odeur de la tondeuse / la glycine luxuriante sur
les poutres de bois
Elle lit, le ventre dans l'herbe, les jambes relevées,le soleil posé sur les épaules.

Sur le banc, tordu vers elle dans l'ombre il la regarde, rageur, excité.
Cet homme dont le pied tremble est l'importun, est le violent.
Le dangereux.

Me ressemble-t-il si je regarde ?

1.4.11

962 - Correspondances

brouillon
1) Fishy

Cher monsieur, m'écrit le directeur d'une prestigieuse collection, bien que vos livres soient d'un intérêt tout relatif avant votre élection à l'Académie (il parle de l'Académie Française des Ciments et autres matériaux lourds, NDLA), nous envisageons de publier votre correspondance, beaucoup plus révélatrice et proche du lecteur.
Néanmoins, les conditions financières n'étant pas réunies (ces cuistres me proposent un simple à-valoir de 800 000 euros, mais pas de ticket-restaurant !), je prends les devants et publie ici-même quelques-uns des échanges informatico-épistolaires de la semaine.
Non mais.

2) A une amie à qui l'on pense, mais dont on n'a pas de nouvelles depuis quelques temps



;-)
?
xxx
M.

3) Erotisant : d'une correspondante

J'ai l'honneur de vous convier à /la/ nouvelle édition /du cabaret érotique/ les 14, 15 et 16 avril 2011!
Le cabaret érotique se déroulera à Toulouse, et le lieu exact est tenu secret ; il ne vous sera révélé qu'à la réservation. Réza qui se font dés aujourd'hui sur le site internet avec paiement en ligne (10€) : http://cabareterotique.free.fr
La jauge est limitée et les places partent déjà comme des petits pains, alors ne tardez pas : réservez votre soirée! (programmation quasi-identique chaque soir). Plus de précisions (...) sur le site internet.
C'est l'occasion de vous laisser guider dans des nouvelles formes de spectacles interactifs créés pour l’occasion, de vous autoriser à arborer de nouvelles tenues affriolantes, de débrider vos sens… alors au plaisir de vous frôler dans la pénombre...




Avec (normalement), un entresort signé Co.It
4) Erotisant : à une liste de correspondants triés sur le volet


--------Feu vert----
Tous deux habillés, debout, ils s'enlacent.
Le visage de l'homme, de trois quart, exprime une surprise ravie : elle vient de plonger une main exploratrice derrière la ceinture de son pantalon.
Autour d'eux, la ville : un pont, un canal, un passage piéton ; et, floues dans l'objectif, la file des voitures arrêtées au feu rouge.
--------------------



Et dire que c'est quasiquotidien...


5) Philosophiquant : à une correspondante qui n'en demandait pas tant


Parfois, je pense que la vérité (la Vérité ?) n'existe que pendant un temps très limité - celui de chaque vie humaine, en fait. Comme si le monde entier se résumait, pour chacun, à la perception qu'il en a, et qui est vouée à disparaître avec lui. Ce qui est soit très zen, soit très con, soit très il est temps que j'arrête les produits. N'empêche. Du coup, l'intuition, le sentiment de justesse (dans l'art, la rencontre, la communication) apparaîtrait au moment où cette unicité de la vérité est pleinement assumée. Le geste, le mot que tu dis, te paraît juste, parfait, unique, parce que tu sais qu'il est le seul possible - et aussi qu'il n'a sans doute aucune importance. Ou bien que notre pensée rationnelle reconstruit systématiquement une justification à des perceptions plus profondes.

Heureusement, ses messages à elle sont plus clairs...

6) D'un correspondant à qui je n'aurais pas osé en demander tant


Shakespeare n'avait pas tout dit. Les critiques de "La fête à Fred", non plus (...). Bien sûr, la première grille d'analyse paraît tellement évidente : la crise de la quarantaine avec son cortège de désirs jusque-là inavoués et inassouvis, d'impossibles retours sur soi et de désespoirs insolubles - dans l'alcool ou dans d'autres substances plus ou moins licites. L'âge de l'acteur (Jean-Paul Bibé, excellent : son meilleur rôle) n'y est peut-être pas pour rien.

Mais il y a plus. Hamlet est là, du début à la fin de ce que j'hésite à qualifier de spectacle, tant m'apparaît virtuose cette déclinaison moderne du "to be or not to be" - d'autant plus virtuose, peut-être, qu'elle en fut inconsciente, tant nous savons bien que les auteurs ne comprennent rien généralement à ce qu'ils écrivent. Etre ou ne pas être : telle est la question que se pose Fred et que nous nous posons avec lui - homme, femme, tous mélangés, tous retrouvés, tous finalement réconciliés dans ce moment-là.


Il y a une sorte de mise en abyme dans ce texte, qui va au-delà de l'histoire du comédien qui joue le rôle d'un type qui aurait voulu être un comédien. C'est Hamlet, le nôtre, celui qui nous habite tous les jours qui vient à notre rencontre, progressivement, inéluctablement.


Ainsi Fred commence par jouer le rôle d'Hamlet - au début du spectacle : comme chacun de nous joue un rôle au début de sa vie. Quelques phrases pour expliquer l'histoire, donner à entendre le texte dans sa langue originale - et, faisant cela, se conformer au désir de l'autre : n'est-ce pas cela jouer un rôle ? Puis vers le milieu de la nuit, le milieu de la pièce, Fred racontera l'histoire d'Hamlet à ses enfants : raconter, n'est-ce pas, ce n'est pas, ce n'est plus jouer.

(…)

Hamlet s'adresse à nous tous - Fred de même. Tous, homme ayant quitté ou femme quittée, tous les sexes y retrouvent une part d'eux-mêmes, de nos faiblesses, de notre humanité. Fred subit une blessure, réelle, profonde : c'est la nôtre et sa douleur, sa souffrance et ses interrogations sont les nôtres aussi. Il faut dire ici quelques mots du jeu de Jean-Paul Bibé : doux, presque timide et tout en retenue au début du spectacle - dans son registre naturel - et montant en puissance progressivement pour exploser enfin dans ces moments de colère et de détresse tournées vers soi et dans les dernières scènes où l'ivresse - remède impuissant - submerge toute pensée devenue trop difficile, ou simplement impossible. Belle mise en scène, aussi, utilisant une simple chaise comme un second partenaire de jeu. Belle maîtrise de l'acteur, donc, où il valorise toute son expérience de ses one man show précédents 
(...)
Telle est la marque profonde d'un spectacle qui va décidément plus loin que la simple peinture des états d'âmes de Fred. Qu'est-ce que vivre, finalement ? Se déplacer doucement d'un bout à l'autre de la table des agapes familiales ? Faire ce que tout le monde attend que l'on fasse ? N'est-ce pas réellement mourir, cela ?

Et le reste... le reste est silence, c'est ça ? 
Une précision : dans le spectacle La Fête à Fred, le résumé d'Hamlet que Fred raconte aux enfants est une "cadence", i.e une partie écrite par le comédien lui-même. Et chaque fois que j'entends celle de Jean-Paul Bibé, j'aimerais l'avoir écrite. Bon alors, on le fait tourner, ce Fred ?

7) A ces amis qui perdent si facilement votre contact,



8) Bonus tardif - j'avais oublié celui-là : d'un ami technique



Je ne connais pas ton niveau de connaissance technique au niveau du web, mais admettons que tu sois une grosse buse (j'en doute fort, quoi qu'il faut bien que tu aies quelques tares quand même), petit rappel des faits  :

1. Lorsque sur le site, tu vois un message "pour télécharger l'émission
cliquez ici" et que le  "cliquez ici" est souligné, cela veut dire, en fait, que en cliquant sur le cliquez ici, ça clique et tu peux télécharger l'émission, comme c'est indiqué juste avant le cliquez ici.

2. Alors effectivement, il peut se passer des trucs pas pareils (ou différents si tu préfères, mais j'aime bien être clair), selon ton navigateur et la configuration de celui-ci. Pour mémoire, ton navigateur, c'est le logiciel (petit programme imaginé par des mecs chiants à lunettes pour faire marcher des trucs sur l'ordi) qui te permet d'aller sur internet, qui s'ouvre dans un grand cadre avec souvent de jolies couleurs. Exemple de navigateurs connus : firefox, internet explorer, safari (plutôt pour les mac (euh, un mac, c'est comme un ordi pas mac, mais pas tout à fait, euh, wikipedia est ton ami))...

Donc, selon ton navigateur : tu vas pouvoir télécharger ton fichier sur ton disque dur (wikipédia), grace à un cadre qui va s'ouvrir et qui va te dire "enregistrer le fichier" et tu vas devoir lui dire oui, et lui dire où, y'a qu'à suivre.

Tout ça parce que je n'avais pas bien cliqué sur le lien de cette émission, de très bonne facture selon les participants et la police.



9) Et maintenant

répondre à tout ça...