8.11.06

Du neuf avec du vieux


Aujourd'hui mercredi, jour des enfants et des tâches ménagères, pas trop le temps de bloguer. Du coup, j'en profite pour refourguer mon tout premier texte publié - c'était dans un télérama il y a deux ans, à l'occasion d'un concours de textes pour les Correspondances de Manosque. Vous y êtes ? Ca s'appelle Personnel de maison.

Mon Amour,

Ce soir, en rentrant, tu as posé distraitement tes lèvres sur les miennes. Distraitement, encore, tu as embrassé les enfants, que j’avais lavés et couchés. Ils t’attendaient pour une histoire ; mais tu avais eu une dure journée, et, vraiment, tu n’avais pas envie.

Juste avant que tu rentres, j’avais recoiffé mes cheveux et remis un soupçon de parfum. Coquetterie inutile : tu ne m’as pas pris dans tes bras. Je crois même que ton regard ne s’est pas posé sur moi une seconde.

Et tu n’as rien remarqué. La maison rangée, nettoyée de fond en comble, sols, vitres, linge et vaisselle ? Normal. Les factures payées, les lettres envoyées, les coups de fils importants passés ? Tu n’as même rien demandé – après tout, c’est toujours moi qui m’en occupe, tu me fais confiance !

J’avais téléphoné à Maman, juste pour qu’elle me donne le secret de ses tomates farcies, celles que tu aimes tellement. Tu les as englouties sans rien dire. Un petit grognement, un hochement de tête, voilà ma seule récompense.

Puis nous avons échangé quelques mots stupides et banals, et nous avons fini la soirée devant un film qui ne nous intéressait pas. Quand nous sommes finalement montés nous coucher, j’espérais encore… un peu de tendresse. Mais non, souviens-toi : tu avais « mal à la tête ».

Il y a à peine un ou deux ans, nous aurions ri ensemble de ce cliché. Hier soir, nous nous sommes tournés chacun de notre côté, et nous nous sommes endormis.

C’est vrai, je suis ridicule. On se partage les tâches, non ? A toi le travail important et bien payé, à moi le petit boulot et la maison à tenir. C’est ainsi qu’on a décidé de faire, c’est notre quotidien. C’est notre vie.

Eh bien non. Je refuse. J’en ai assez.

Assez que tu ne me regardes plus. Assez que notre mariage ressemble à une caricature. Assez que tu prennes mes efforts comme allant de soi. Tu crois vraiment que c’est naturel, héréditaire, de savoir tenir une maison ?

Demain soir, quand tu rentreras, tu trouveras les gosses courant dans une maison sale. Vous mangerez ce que tu sauras leur préparer, et tu les mettras au lit toi-même. Moi, j’aurai enlevé mon tablier, et je vous laisserai ensemble. Je m’offrirai une soirée rien qu’à moi, à réfléchir sur la vie, sur toi, sur nous. Sur le bonheur et sur l’amour.

Je refuse que nous soyons réduits à ces rôles pitoyables. Je veux que tu y penses. Je ne suis pas l’esclave de la maison. Je suis un homme, je suis ton mari.

Ton

Paul

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Rien à voir avec le sujet du jour:je viens de finir"Petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux"
Je suis boulversé....
Et maintenant je comprends bien plus de choses.

Merci Manu