27.10.11

992 - Le lendemain du jour où

Un bout de canal

5. Un peu plus tard, dans la journée...

Et voilà que ma toute-douce ourse Marie Lamarche achève de réaliser ce site qui présente mes graphiqueries... Quelle belle journée, tiens. Qui commençait comme suit :




1. En direct du mal de tête

C'est par ses effets que je saisis ma joie, moi qui parfois m'éloigne de mes sentiments.

Ainsi, le passage matinal par la pharmacie du coin de la rue pour quelques plaquettes de paracétamol avait pour but de lutter contre le mal de crâne résultant de l'ingestion de champagne acheté par ma tendre et douce pour fêter la réponse positive d'une éditrice concernant L'eau des rêves.

C'est dire s'il reste du chemin - toutefois, oui, je suis heureux. Au fond.

2. Du bas de mon ventre aux exoplanètes

Cette nuit, sous l'influence de belles conversations et rencontres, et après quelques tempêtes, un chemin s'est rouvert de mon corps à son coeur, ou l'inverse ; la peur est là, palpite dans nos poitrines - et alors ? C'est la vie.

3. Dé-finir

J'entends le monde à la radio ; on austère, on rigueure, on réduit - on met en scène, on plan de campagne. Nous décroissons. Après tout, c'est peut-être une belle idée, décroître - accepter notre sort périssable ; adoucir les derniers milliards d'années de notre univers, quitte à attendre les prochains.

4. Quand même des vrais trucs à dire ?

Tiens, je fais une pause aujourd'hui de l'Image, ce cliché textuel quasiquotidien. Sais-tu ? J'aimerais bien que les quelques 250 abonnés invitent quelques copains, histoire de faire tache d'.
Et aussi, j'aimerais voir le sourire renaître sous le bouc de notre éditeur de D'un Noir Si Bleu - il ne sourit pas à moins de 15000 exemplaires.
Et aussi, j'aimerais que ce truc dans le ventre de mon père s'arrête très vite. Et aussi continuer à aimer, transparent et foutraque.
Et aussi que l'automne arabe soit aussi beau que le printemps. Et aussi qu'on avance dans cette histoire d'Europe, d'écologie, de paix, de droits de l'Homme - et de la femme, tant qu'on y est
(et j'aimerais, mais c'est moins important, comprendre la pub que j'ai entendue sur France Info, avec des coussins, des employés et le ministère du Travail - une blague ?).

P'tain, je le savais : la gueule de bois, ça me fait toujours limite prier.

21.10.11

991 - Vendre, dis...


Ange à la poubelle (Toulouse)
1) On se voit ?

"Les passants considérables" à Salins-les-Bains (Jura), c'est pas du chouette programme, ça ? Avec une soirée lectures musicales pour mettre en voix nos derniers textes parus, tiens, moi ça me manquait. 

Un petit addendum au programme, toutefois (doublé d'une question à la cantonade au cas où ce blog aurait des lecteurs jusque dans les contrées reculées du Jura) : dimanche matin, il ne faudra pas trop compter sur moi, en particulier si on trouve des bars aimant le rugby du côté de Salins... 


2) Pour atteindre les 10000 lecteurs avant la fin de

------L'Image---------------------
Tous les jours, ou presque, par e-mail,
une image érotique, incongrue, insolite,
faite de mots, exclusivement.
---------------------------------------
des iconoclastes,

manu.causse.plisson (arrosage) gmail.com


Et voilà, plus qu'à transmettre.

3) Une heureuse conclusion à un épisode inachevé

Cependant que nous regardions
par-dessus nos épaules
S'éloigner les planches du massacre,
Un nouveau monde, souviens-toi,
flottait à l'avant de nous,
Dans ce désert inconfortable que 
par commodité
Nous nommions le présent.

19.10.11

990 - Ce que je ne te dirai pas

Presque d'accord
1) Le film du dimanche

À quoi ça se mesure, la qualité d'un film ? Au fond, à peu de chose, peut-être. J'ai vu hier La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli. Ils se rencontrent, ils s'aiment sur fond de Paris réaliste, ont un enfant. Qui se révèle atteint d'une tumeur au cerveau. Alors ils réagissent, s'aiment sur fond d'hôpital réaliste, vivent cette non-vie de parents d'enfant malade.
C'est d'abord le son qui m'a surpris - au départ grésillant, puis intégrant des chansons, des effets bruts de bricolage qui ne fonctionnent pas toujours, sans parler d'une curieuse voix off explicative dont j'ai cru au début qu'elle était, sinon un gag, du moins une fausse piste. On trouve également dans une grande partie du film une esthétique très "années 80" (téléphone à touche, papier peint à fleurs, Rancho vert fluo et lettrages orangés) dont je n'ai pas compris la fonction et qui m'a parfois troublé. Les deux acteurs principaux sont magnifiques, même si leurs réactions me sont souvent restées incompréhensibles, avec un je-ne-sais-quoi d'artificiel et affecté ; parfois, il m'a semblé que le couple, Roméo et Juliette de leur prénom, se fichait un petit peu de leur enfant et de sa maladie, comme extérieurs, trop occupés à s'observer réagir eux-mêmes - des adultes 2.0, me suis-je dit, capables grâce à leur téléphone portable d'être partout à la fois et présents nulle part, même pas dans leurs sentiments.
Alors quoi ? Une daube bien française ? Un petit film bricolé à la va-vite, qui ne fonctionne que par la véracité du propos ("avec de vrais morceaux de vie à l'intérieur") et la plastique des acteurs ? Un énième ovni parisien avec des copains bobos qui se regardent ne pas vivre ?
C'aurait pu être tout ça. Mais la qualité d'un film, je m'en suis rendu compte, est tout à fait mesurable. On peut, par exemple, l'indiquer en HST.
Il n'était pas 18 heures, dimanche, quand nous sommes entrés dans le cinéma ; le soleil jouait à cache-cache entre les immeubles, tantôt tiède, tantôt doux, racontant des histoires dorées d'une fin de dimanche, en un improbable automne. J'étais avec elle et nous marchions, complices, dans ce mélange de questions qui nous caractérise.
Il n'était pas 18 heures et il restait donc près d'1h30 d'HST, heure de soleil toulousain. Et à passer ce temps devant La guerre est déclarée,  je ne me suis pas senti spolié une minute ; aussi discutable que soit le film, je me sentais dans la salle aussi vivant, sinon davantage, qu'à l'extérieur. Et donc... c'était un bon film, voilà. Qui valait son pesant d'HST. Si donc tu as envie qu'on te raconte une histoire vraie avec des bouts de ficelle et de sentiments à l'intérieur, avec une vraie grâce, alors n'hésite pas une seconde.

2) Woody Shakespeare

Vicky Cristina Barcelona à la TV ce soir ! m'avait vivement conseillé cette amie qui. J'avais raté ce film à sa sortie, comme tous les films de Woody  Allen depuis une bonne dizaine de, mais pourquoi pas ? (Bobo comme tu me connais, je me suis quand même débrouillé pour le regarder en VO grâce à Mr Torrent). Et une nouvelle fois : putain, Woody, mais tu es déjà allé à Barcelone ? Tu as déjà vu les couleurs de la ville et du pays, les mouvements de la foule ? Tu as déjà vu des vrais gens, pas des archétypes jet-setiens ?
Sauf qu'il ne s'agit pas d'Espagne, ni de réel : vieux Woody, encore et toujours, nous parle du vaste ballet des sentiments, des jeux et des torsions du coeur - pas du marivaudage, non, plutôt ce regard à la fois émerveillé et lucide sur ce qui nous meut et nous émeut ( Et ça me rappelle les comédies de Shakespeare, où chaque personnage, même le plus abject, est parfaitement vrai, sincère - devenant dès qu'il prend la parole le centre du monde, celui que l'on veut aimer.
Une histoire de trio amoureux ? En ce moment, étonnant que ça me.

3) Et justement

Voilà qui ne m'était pas arrivé depuis bien longtemps : ne pas publier un post, voire plusieurs. Il faut dire que ce dialogue solitaire avec un petit diable prenait des tournures d'oeuvre, ou bien de témoignage par trop intime. Donc... il continue, mais pas ici. Une nouvelle niouzletter ? Un truc de théâtre pour le futur ? On verra bien. Comme pour l'Image, tu peux choisir de le lire plus ou moins régulièrement en m'adressant un mail (et ensuite, tu ne liras plus que moi, et vous serez des milliards, et j'aurai enfin atteint mon but, non mais des fois).

4) Les cheveux, ça rend con

Perruque blonde, lunettes carrées : puisqu'on filmait hier la première de Pas plus haut que le bord à la Dynamo, Aymeric de la Mouille avait adopté un look premier de la classe (j'y ai même perdu mes moustaches, que ne ferait-on pas pour).
Tu n'y étais pas ? Pas grave, car tu pourras écouter l'émission aujourd'hui, à 18h sur Campus FM (94.0 ou en streaming). Le public était encore un peu clairsemé, et nous prenions nos marques, mais de l'avis général les textes et la prise de son étaient de très haut niveau. On s'écoute ça ensemble tout à l'heure ?

Redevenu nu sur mon crâne, malheureusement, je me suis aperçu qu'on ne se défait pas aussi facilement d'un personnage d'hystérique de droite : j'ai passé la soirée à me montrer hautain, sarcastique et désagréable - et à draguer ouvertement. Le pire, c'est que j'aurais pu aimer ça - n'eussent été les rappels à l'ordre de mes compagnons de soirée... Bref, méfions-nous des personnages qui nous. Et à tout à l'heure sur les ondes.

13.10.11

989 - Le courant passe

Bin, deux
1. Il diavolo (2)

M : Euh.... on en reparle ?
PD : De quoi, mon gros ?
M : Des trucs d'hier.
PD : Non. Tu as du boulot. Ca fait trois jours que tu n'avances plus, que tu ne t'occupes que de. Alors on attend un peu. On en reparle ce soir, d'accord ?
M : Pfff... d'accord.

2. Reprise des

M : Et maintenant ?
PD : Quoi ? C'est urgent ? Je n'ai pas le temps, j'ai des...
M : Tu le sais, putain, que c'est urgent. Tu vois cette colère, tu entends ces hurlements, tu devines ces putains de pleurs derrière mes yeux. S'il te plaît. Prends le temps de m'expliquer ce qui se passe.
PD : Comment je le saurais ?
M : Allez, quoi.
PD : Allez, d'accord... bon, tu te sens enfermé, épuisé, désabusé. Tu n'as plus la force de t'accrocher. Tu voudrais bien sentir, être amoureux, désirer ; mais tout se brise entre tes mains. Alors tu voudrais dormir. Oublier. Lâcher. Et si tu commençais par ça ?
M : J'essaie.

3. The morning after

PD : Alors? Ca va mieux ?
M : Euh... oui. Me suis fait engueuler par des, ai retraversé une crise de colère avec Elle, repris une paire de cigarettes... Tu sais quoi, Diabolo ? Je me dis que ce genre de minicataclysmes existentiels m'arrivent toujours après une ou deux semaines sans tabac.
PD : Bin, reprends la clope.
M : C'est ça, oui. Mais non. Tu vois, Didi, c'est comme si la fumée des cigarettes me masquait un gouffre, l'endroit où je deviens dur et perdu et incontrôlable et au bout du rouleau... Limite dépressif. Et...
PD : Et tu voudrais explorer ce gouffre. Malgré ton vertige.
M : Bin oui. On est là pour ça, non ? Je veux dire, apprendre, connaître, explorer...
PD : Mais bien sûr, Haroun Tazieff. Cela dit, souviens-toi de ce que t'ont dit tes, hier soir (d'ailleurs, tu sors souvent, en ce moment, tu ne mettrais pas une petite écharpe ?) : il arrive que tu blesses des gens, ce faisant.
M : (une écharpe avec une moustache ? d'accord, mais il faut que je change de type de bars, alors). Blesser les autres. Les manipuler. Les entraîner dans mon. Oui, j'ai entendu ça, récemment. Et je comprends. Pas entièrement faux, d'ailleurs : à force d'avoir peur de mon propre désir, j'en viens à en vouloir aux autres. Je les questionne et les harcèle jusqu'à ce qu'ils. Bref, je fais chier.
PD : Tu peux avoir cette impression, oui. Et eux aussi. Mais je ne suis pas d'accord. Quelque part, tu cherches avant tout à être honnête et sincère.
M : Tu parles. On m'appelle Moâ Bitenmain. Ma phrase fétiche ? "Je bande, on baise" ? Sauf que je ne la dis pas. A la place, je construis des kilomètres d'équation, des monceaux de paroles emberlificotés. Putain d'araignée qui tisse sa toile.
PD : L'araignée... tu veux m'en parler ?
M : Arrête, petit diable de merde. Tu sais très bien que c'est ridicule.
PD : Tu veux dire que tu as honte de ce fameux épisode où tu as vu tes premières BD porno, et qu'elles étaient mélangées à une BD d'horreur intitulée La veuve noire où une femme se transformait en une horrible araignée ?
M : Belle mémoire, enfoiré.
PD : Pour les images de cul, toujours. Et tu te souviens aussi des photos que t'avait montré un copain d'école, ces photos de bites et de bouches et de nichons ? Ces photos qui portaient un texte que tu ne comprenais pas, verge gonflée de sang prête à exploser ?
M : Celles-là aussi, oui. Et la réaction de mon père, ce sourire gêné et sardonique, alors il paraît qu'on regarde des images porno (je ne savais même pas ce que ça voulait dire), c'est du propre, vraiment.
PD :  Et pas un mot d'explication. Sexe=horreur=douleur=sale. Faut dire, tu commençais bien.
M : J'ai pas mal progressé depuis, non ?
PD : Progressé, oui. Au point que tu cherches et cherches encore. Mais, justement... si ce n'était pas une question de progression, mais d'envie ? Pas un exercice, mais un acte ?
M : Oh, allez, bon. Tu sais bien que. Il faudrait quand même. Et puis...
PD : Non, tu ne parleras pas d'elle. Pas d'elles.
M : Pourquoi ?
PD : Parce que ce serait, encore une fois, te jouer d'elles. Les utiliser dans la pièce compliquée de ta tête.
M : On pourrait les inviter, non ? A dialoguer, à débattre, à...
PD : T'es vraiment un malade, mon loup.
M : Je te rappelle que tu es censé me traiter avec délicatesse et compréhension.
PD : Pourquoi ? Je suis ton diable, pas ton psy.
M : Tu ne ressembles pas beaucoup à un diable. Les diables divisent, c'est leur taf. Toi, j'ai l'impression que tu... euh... unifies.
PD : Moué. Faut voir. Bon, on se met au taf ?
M : Pas mal, comme idée. Faut dire que ces derniers jours, je suis un peu à la ramasse...

4. Le pays des bisounours échangistes

Nous ne remercierons jamais suffisamment DSK et des siècles de domination masculine pour avoir empêché que l'amour, physique en particulier, soit simple et agréable pour tous les participants. Nous ne remercierons jamais assez la nature humaine pour nous avoir doté de l'instinct de propriété, empêchant si souvent le partage. Et nous ne remercierons jamais assez nos corps et nos esprits, pour nous trahir parfois quand nous nous voudrions un/e/s.

11.10.11

988 - Diable, diable.

Autoportrait à la prise de tête
1. Musiques


Deux concerts, récemment : Oldelaf et Bertrand Betsch.
Oldelaf, c'est, à mon avis, un succès en puissance : show carré et tonique, parfaitement rythmé, osé, enlevé (même si je râle quand je vois sur scène une blague "improvisée" que l'on peut voir sur youtube depuis des mois) ; musique qui pique tous les plans des meilleures "musique qui colle", façon Polnareff/Sardou/Nicolas Peyrac, pour les remettre au goût du jour et leur insuffler l'esprit de dérision que l'on trouvait déjà chez les Fatal Picards, avec un zeste d'absurdité et d'observation qui donnent toute l'acidulité, par exemple, de la chanson Vendredi (featuring Sophie Truchet).
Dieu quelle vilaine phrase. Tant pis, je laisse - une fois n'est pas critique.
De toute évidence, la chanson française me semble plus accessible/crédible quand elle utilise cette distance, cette dérision ; mais n'est-ce pas, aussi, une forme de défense, de fuite devant le sentiment ?

Fuir le sentiment, c'est ce que ne fait pas Bertand Betsch. Disons-le tout de suite : c'est un copain, et je n'aime pas tout ce qu'il fait. Chanson fragile, électriquement nostalgique, paroles ciselées (parfois trop à mon goût, mais écoutez-les et vous me direz) : son nouvel album est dans la lignée des précédents - car Bertrand est fidèle, concentré, rectiligne dans son art.
Et en concert... Derrière les grandes baies vitrées, le lieu était délicieusement irréaliste, salle et bar et galerie et maison tout à la fois ; l'installation, après une première partie, était des plus précaires, quelques câbles, tabouret, pas de véritable lumière... Juste Bertrand, parfois sa choriste et compagne Audrey, et son fin guitariste, pour égrener les chansons et les citations existentielles ("Où ai-je mis mon capodastre ?" "L'élastique de mon caleçon a craqué tout à l'heure", "Je tiens à me remercier, moi, pour mon talent"). Que te dire, sinon que ça marche, que l'émotion, dans la voix fêlée et précise de B.B, nous gagne comme une douce marée montante, que l'on suit avec volupté (oui, c'est le mot qui vient, il y en a là-dedans) le fil de ses pérégrinations au pays de la mélancolie... Oui, c'était un moment chaud et fort, magique, certainement.

Prochain concert, le 8/12 au Cri de la Mouette : qui vient ?

Et dilemme diabolique : L'album de Bertand sort aujourd'hui, celui d'Oldelaf dans quelques jours. Lequel acheter ?
Les deux, bien sûr.


2. Conversation entre Monsieur Moua et son diable

Mr Moua : Tu vas bien, toi ?
Petit diable : PAS MAL, CONNARD.
M : Ah, tiens, tu as l'air en forme. Ca te met toujours de bonne humeur de me traîner dans la.
PD : CA VA, FAIS PAS TA CHOCHOTTE. ALORS, TU VOULAIS ME VOIR, IL PARAIT ?
M : Oui. Il faut dire qu'en ce moment, j'ai un peu l'impression que tu me mets le souk, là, là et là (il désigne successivement un point entre ses yeux, contre sa poitrine, vers son ventre)
PD : QUOI, CE SERAIT DE MA FAUTE, ENCORE ? TU ES QUOI, AMOUREUX ? COMME LA FOIS OU TU AS ECRIT TON PREMIER RECUEIL DE NOUVELLES ? OU COMME QUAND TU CORRESPONDAIS AVEC DES CREATURES DE REVE ? NON, NE ME DIS RIEN, JE SAIS : TU AS DES SENTIMENTS PARTOUT DANS TOUS LES SENS, CONTRADICTOIRES, PERTURBANTS ; TU AS ENVIE DE TOUT QUITTER ET DE TOUT CONTINUER, DE TE TAPER LA TÊTE CONTRE LES MURS, DE CRIER RIRE CHANTER EN MÊME TEMPS, DE BAISER AUSSI. C'EST BIEN CA ?
M : Tu pousses un peu, diabolo. Et puis tes accents sont tout pourris, et personne n'aime lire en capitales. Alors quoi... bon, admettons, il y a dans le domaine affectif des éléments un peu perturbants en ce moment. Des sentiments qui se contredisent. Ou qui ne devraient pas se trouver là. Ou qui devraient s'y trouver, mais pas comme ça, voire...
PD : C'est le bordel, quoi.
M : Exactement. Et je me demandais si tu avais un rapport avec tout ça.
PD : Pourquoi j'aurais un rapport ? Il y a le feu dans ton ventre ? Tu te sens con et damné ?
M : Pas envie de répondre à ça. Ce serait plutôt le contraire. Je me sens terriblement intelligent et limite saint.Et loin, aussi, de mes sentiments.
PD : Tu peux m'en dire plus ?
M : Plus, ducon.
PD : Très drôle. On t'a déjà dit que tu utilisais l'humour pour détourner les ?
M : Bon, la situation, tu la connais. Il y a cette vie-là, cet amour-là, ce confort, cette plénitude zénitude. Elle, majuscule, elle, mon amour, mon bonheur. Et il y a ces yeux-là, ce coeur noir-là, ce minimaelström d'automne, cet oiseau blessé qui cherche un nid. Or tu le sais, il se trouve qu'il y a un nid dans notre cour, un nid vide, depuis cet été.
PD : Tu es en amour de deux personnes ?
M : Comme d'habitude, oui.
PD : Tu peux m'en dire plus, sur ton habitude ?
M : Je n'aime pas trop quand tu parles comme un psy.
PD : Bin va te faire mettre.
M : D'accord. Bon, il se trouve que. Je suis d'accord que. Il est possible, j'admets. Disons que depuis, ouhla avant ça, même, je me suis souvent senti partagé du coeur. Obligé d'être partagé du coeur.
PD : Tu vas me parler de tes petites amoureuses, c'est ça ?
M : Ca te gêne ?
PD : Non.
M : Moi si. Là, tu vois, je suis en train de me demander à qui j'adresse ce texte. Blog, perso, carnet caché. J'ai très peur de te parler d'elles, donc.
PD : Pourquoi ? C'est du passé. C'est loin. Inutile que tu le laisses te faire souffrir encore.
M : Il y avait Sophie, la petite brune, la sage ; pas forcément très jolie, sinon quand elle souriait, sinon pour la finesse de ses traits et la poussière de la cour sur sa joue ; la douceur de ses cheveux. Nous devions nous marier, je crois même me souvenir que nous l'avions fait, sur la pierre à l'angle des poteaux de but de la cour de récréation, sous la fenêtre de la cantine.
PD : Je me souviens d'elle. Elle était... un peu chiante. Tu aurais pu avoir mieux. Mais tu l'aimais.
M : Oui, je crois. Sincèrement. Et puis, il y avait Emmanuelle. Emmanuelle était relativement laide, sauf quand elle devenait très belle. Elle me faisait peur. Elle m'aimait. Follement.
Et il fallait que je l'aime - ma mère me le disait, ce n'est pas parce qu'elle est folle qu'il ne faut pas l'aimer. Du coup, je me montrais gentil avec elle. Et du coup, elle m'aimait.
Follement.
Elle me mordait, elle me griffait. Elle refusait que j'aille jouer avec les autres. C'était sa façon d'aimer. Je me suis dit que je l'aimais aussi.
PD : C'est confus, ma loute.
M : Absolument. Tout était mélangé. Celle que j'aimais... ce n'était ni Sophie la sage, dont les yeux noirs lançaient des éclairs tristes, ni Emmanuelle la folle, qui crachait comme un chat de gouttière. C'était... oh je n'en sais rien. Peut-être.
PD : Peut-être ?
M : Peut-être les garçons ?
PD : C'est à moi que tu poses la question ?
M : Bin, faut dire, tes initiales...
PD : Evidemment. Mais non, je n'ai pas la réponse. Qui aimais-tu ? L'une, l'autre, aucune ? Tout le monde ?
M : Tout le monde. Personne. Je voulais une femme parfaite, je voulais qu'on vienne me chercher. Je voulais qu'on me tire de là, qu'on me sorte de cette cour de récréprison. Je voulais marcher seul sur les causses, et rencontrer au bout du chemin la sauvageonne qui m'attendait. Qui venait pour moi.
PD : Tu sais que tu étais un petit garçon très délicat, toi ?
M : Ta gueule.
PD : Moi aussi je t'aime. Tu veux qu'on écrive à suivre ?
M : Je préfèrerais. Ou alors fin ?

(Fin à suivre)

PS du PD : Tu as dit "obligé d'être partagé du coeur". Et tu n'as pas parlé de ce nid vide.
M : C'est moi qui devais poser les questions.

3. Et le coeur des autres

Est-ce que l'on chasse
Des petites places
De nos coeurs
Ceux
Que l'on aime
Quand on aime
D'autres qu'eux ?


... ça, c'est le début d'une chanson, mais laquelle ?

4) Ours

Rassurons nos lecteurs : toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite et à mettre sur le compte d'un travail d'écriture en lien avec la traduction d'un ouvrage psychologique dont au sujet duquel, ainsi que d'un futur roman pour lequel oui bon. La société protectrice des coeurs délicats vous informe que toutes les précautions ont été prises pour qu'aucun sentiment vivant n'ait été blessé dans l'élaboration de ce post.

7.10.11

987 - Peut-être temps de

Ain't that lost
1. Agenda

Oui, je sais : ni l'achèvement d'une traduction psychologique (faudra que je trouve le courage de t'en parler, parce que vraiment, je le trouve bien ce bouquin...), ni le classement des quelques 120 Images ou "descriptions quasiquotidienne d'un cliché érotique imaginaire", ni même un nouveau projet musicalolittéraire pour le festival Passe ton Bach d'abord, sans parler des autres projets annexes évoqués plus loin n'est une raison suffisante pour que je me tienne loin de ce blog et de son but premier : écrire, tester, exercer.
Parce que ce n'est pas qu'on a rien à dire qu'on.

2. Erotismes


Voilà qu’il la regarde comme un enfant battu, comme un animal blessé. Voilà qu’il a presque peur d’elle – et puis non, pas peur, non, plus envie encore ; quelque chose se passe dans sa bouche à lui, voilà qu’à son tour il voudrait mordre, déchirer, lacérer.
Il agrippe les bonnets du soutien-gorge, les tire, les roule, arrache presque les bretelles.
Il respire fort, l’entends-tu ?
Elle recule un peu, et je crois qu’il se sent comme vengé. Ils avancent tous deux vers des contrées animales, pleines de panique et de jouissance.

(extrait d'un genre de scénario en cours)
ou encore

------------Working girl--------------------------
Devant son miroir, en tailleur chic elle met une dernière touche à son maquillage. Elle semble un peu préoccupée, comme si elle pensait à la journée de travail qui s'annonce.
Elle n'a pas un regard pour les deux hommes nus enlacés dans la douche, en arrière-plan.
-----------------------------------------------------

(L'Image, 1.3.11)
...

semblent indiquer que, comme dirait mon ou ma, quelque chose me travaille. Le sais-tu ? Je me sens souvent partagé entre ce désir d'explorations sensuelles et la crainte de n'être qu'un énième bouc pervers ; entre l'amour à tout vent, la tentation qui se dessine sur les yeux de celles (de ceux ?) que je croise, et le constat psychologique - le pauvre petit, il était pas très sécure du cul en naissant, il cherche à (se) prouver un truc, c'est évident...
De l'un à l'autre, je navigue ; l'avantage, évidemment, c'est que ça constitue un genre de thème d'écriture.

3. Autres liens

Aussi, j'ai voulu te parler de ce parfait octobre, en tongs et en chaussures de marche ; d'un ouikend aux confins des vallées, entre vertige des à-pics et bouillonnement des sources chaudes - bref, d'un moment de bonheur, d'apaisement, où tout semblait aller de soi.
Se rendre compte, au bout des explorations, que l'amour est une tâche quotidienne ; apprendre à sentir sans juger.
Je garde l'image de son corps courant sur le sentier, au-dessus du vide, et moi qui la suivais, essoufflé d'admiration.

4. L'art de

Grande, parfois, la tentation d'écrire sur ce que l'on écrit (ou qui a été écrit) - comme un jazzman contourne la note, l'approche de biais, par en-dessous.
Ecrire, au contraire, non pas sur, mais de.
Sentiments. Emotions. 
Tous ces gros mots qui font honte - un léger vertige, comme sur ce sentier.

5. Silence dans la tête

Accrochés à la falaise, nous jouions à nous croire
Immortellement faibles, instantanés, 
La cime des sapins, à l'étage alpestre,

Restant sous les sommets, sourire prudent -
car le jour 
                                viendrait où,
à vrai dire,

je pourrais croire au bonheur.