31.12.10

919 - Pas aujourd'hui

All obstacles in my way
1) Injustice du sort

Alors comme ça, sous prétexte que demain tout sera neuf, immaculé, plein de gueule de bois et de bonnes intentions, on en oublierait aujourd'hui ?
C'est dommage ; la lumière est jaune oblique sur les volets fermés, devant chez moi ; j'ai médité longtemps, posé sur le sommet de mon crâne, à la recherche de la maîtrise du temps.
Quelque chose se pose ; plus rien n'attend.

3) Bonnes résolutions

Il n'y aura pas de 2 aujourd'hui.

4) Le statut fb auquel vous avez échappé

Manu Causse Plisson (photo)
6780, 6779, 6778, 6777...

5) Le statut fb auquel vous échapperez demain

Manu Causse Plisson (photo)
3153600, 3153599, 3153598...

6) Le nom du gouffre

Comme si, d'un tour illusoire
de sablier
on écartait pour un temps la blancheur des abîmes

7) Qualité littéraire en berne

Bu, hier, des thés fumés, reparlant du Chérie de Maman avec B.O ; écrit de nouvelles pages de L'eau des rêves, enregistré un début de refonte de chanson ; marché, longtemps, en portant tout le poids des épaules, en sentant la douleur de mes pieds. Et cuisiné, apprécié, parlé avec cette femme superbe que si souvent j'appelle Toi.
Quelque chose témoigne donc que, le 30.12.2010, j'étais en vie.
Cela augure plutôt bien de la suite.

30.12.10

918 - Cent fois sur le métier

Petites mains d'ours
1) Wanabee
(spécialement dédié à l'inextinguible colère)


"Très franchement", m'écrit une éditrice à propos de Ma vie n'est pas un roman, bordel, "je n'ai pas envie de suivre le destin du personnage qui livre ses théories sur la vie en couple. L'ensemble ne présente aucun intérêt au lecteur. Des idées en pêle mêle, libre cours de la pensée, flot de conscience dénué de sens, tout ceci ne revêt aucune valeur littéraire".


Dont acte. Je me contenterai d'envoyer par retour de courrier un doigt sectionné d'Emmanuelle Urien.
Sauf que, prétend-elle, elle en a besoin pour taper ses romans. D'où la photo.


Cela dit, notre éditrice a parfaitement raison : ce non-roman s'est écrit tout seul, en une grosse semaine, au moment où je déménageais ; il n'est qu'une suite d'idées - obsessionnelles, malsaines - sur le couple, l'enfermement, le devenir.
Et le personnage est odieux : il s'appelle Toi.

2) Le sens de la formule

Manu Causse-Plisson (photo) ramasse ses dents avec ses doigts cassés
Manu Causse-Plisson (photo) n'a aucune valeur littéraire
Manu Causse-Plisson (photo) tant va l'accroche hallu
... et bien d'autres encore,
sont des statuts facebook auxquels vous avez échappé.

3) Dans un registre proche

Ce petit album de Loustal et Benacquista raconte, entre autres, l'histoire d'un homme qui enferme ses démons dans un petit cahier, lui-même enfermé dans un tiroir ; la réponse de notre éditrice pleine de tact et de mesure pourrait m'inciter à l'imiter.
Si je n'avais tendance à croire que les démons ne deviennent puissants que lorsqu'on les enferme.

4) Comptes de fin d'année 


2 recueils de nouvelles publiés, dont 1 réédité en 2011 ; 2 pièces de théâtre et demie jouées ; trois romans bilingues, quelques nouvelles publiées en recueil ou sous forme de cartes postale... et mon compte en banque pratiquement en équilibre - dix centimes de découvert, voilà, c'est presque net. Ma vie est une réussite exemplaire. Ma vie est un échec total.
Ma vie, en tout cas, n'est pas un roman.


5) Chevalier blanc
 
J'ai bien entendu envie de tout laisser tomber - écriture, musique, roman en cours, projets... C'est même, je le suppose, le but de ce courrier : tester le coeur de l'auteur. Le mettre à l'épreuve.
D'accord. Un jour, je serai sage.

29.12.10

917 - S'émerveiller encore

Putain, on a oublié les chips.
1) Le difficile

M'émerveiller. Laisser la place à la surprise. Effacer ces habitudes de mes pensées qui anticipent, comprennent - annulent - le doux, le tendre, le plaisir.
Et(r)eindre les références.

2) Des nouvelles du front de l'édition

Croisé hier soir dans un dîner en ville l'auteur Emmanuelle Urien.
La pauvre femme. Elle a coupé ses cheveux, travaille à corps perdu (ce qui est fort dommage), prépare un roman qui fera date.
Si. Si et seulement si.
Elle a dégagé sa nuque et je fourbis ma hache de bourreau.
Elle ignore de toute évidence que je n'hésiterais pas à l'abattre.
Si toi, éditeur, ne déclare pas publiquement que mes oeuvres sont à des kilomètres au-dessus du commun de la production littéraire des trois siècles derniers.
J'attends.

3) Stupeur du matin

Quelle horreur, ai-je pensé en me réveillant. Je numérote mes posts et les divise en plusieurs paragraphes. Je ne suis qu'un pâle imitateur d'Eric Chevillard. 
Dois-je l'éliminer lui aussi ?

4) La colère, grosso modo

Au fond, je ne suis pas contre le fait qu'il y ait d'autres écrivains que moi.
Je trouve simplement aberrant qu'on les lise.

5) Visitez la polygamie

A.A, une jeune et charmante habitante de Facebook, me propose un mariage officiel dans le monde virtuel - et réciproquement.
J'avoue que j'hésite : pourra-t-elle supporter toute les jalousies qu'elle va faire naître ?
Néanmoins, tout comme les statistiques de lecture de ce blog, les messages d'amis sur myspace, les appels du téléphone portable ou les conversations virtuelles, cette offre a le mérite de me faire croire que j'existe.
Ce que me répètent mes proches, mais ajouter foi à leur propos ? Je vois bien qu'ils ne le disent que pour me faire plaisir.

6) A quoi tu joues ?

Au con, répondit l'ombre.

7) Nous, au complet

Petit addendum pour signaler ce post crucifié chez Oh, et celui-ci chez Maïa Ubersex - sur le plaisir et ses facilités - avec ses commentaires inquiets. 

28.12.10

916 - En ordre de marche

d'un bleu si chauve
1) Cadeaux

- Tiens, on t'a pris ça pour Noël !
- Mais... je n'en mets jamais.
- Bin justement.

Echec annuel du cadeau parfait - qui, symbolisant tout l'amour que se portent celui qui donne et celui qui reçoit, illuminera leur vie à tous deux.
Note pour l'avenir : renoncer chaque année à l'idée qu'un vélo rouge, une poupée blonde ou une base spatiale assurera la pérennité du bonheur.

2) Caméléon

Madame, monsieur, chers policiers,

J'ai le regret de porter à votre connaissance les faits suivants : des individus peu recommandables se réunissent tous les deuxième et quatrième mardis du mois dans un bouge du centre ville de Toulouse (ci-après dénommé Petit London) pour enregistrer de 20h à 21h une émission radiophonique diffusée en direct sur les ondes de Radio Mon Païs, et dont le but semble être de critiquer l'action pourtant irréprochable de notre bien-aimé gouvernement, tout en répandant calomnies et analyses fallacieuses sur la réalité économique et morale de notre beau pays.

Mon devoir de citoyen m'incite tout naturellement à vous informer de ces agissements de nature à porter atteinte à l'ordre établi ; mais plus encore, j'ai décidé de participer à cette émission afin d'y porter la belle et bonne parole de nos dirigeants.

Moi, Aymeric de la Mouille, tiendrai donc ce soir (pour peu que la paresse et le je-m'en-foutisme exacerbé des techniciens et exécutants de gauche le permettent) une chronique musicale et pleine de bon goût au cours de l'émission "Pas plus haut que le bord" au Petit London ; afin de vérifier la dangerosité de cette dernière, je vous invite à vous joindre à nous lors de son enregistrement (rue Riquet, Toulouse), à la suivre par le truchement des ondes radio (90.1 fm dans la région toulousaine) ou via le web.

au nom de notre gouvernement, je vous remercie

Aymeric de la Mouille
& sa chargée de conne Lola Parabellum

Les commentaires, réactions et dons en espèce sont à renvoyer à delamouille@gmail.com. Si vous souhaitez ne plus faire partie de cette liste de diffusion, merci de nous le signaler, nous en réfèrerons au commissariat de votre quartier.



23.12.10

915 - Revenu de tout

1) Reality check

quelqu'un baigne
Les enfants gloussent devant la télé, il pleut à grand bruit ; la cuisine sent encore le repas d'hier, les amis, les retrouvailles.
Quelque chose se passe dans nos ventres (j'ai pris des kilos reperdu des kilos et je mange moins vite, des amis sont partis et d'autres reviendront, les blessures dirait-on cicatrisent, j'apprends de la douleur, le calme parfois s'installe, presque surprenant, presque coupable), nous allons semble-t-il vers cette paix que nous cherchions - c'est peut-être une mort, et c'est peut-être ce que nous sommes chargés d'apprendre,
il fait beau aujourd'hui, beau comme un jour de pluie.
Les enfants se disputent, puis s'arrêtent d'eux-mêmes.
Vingt-trois décembre, année 2010, juste après le solstice, quelque part au milieu de nos vies d'un bureau d'une ville du monde.

2) Aux confins du statut facebook

Normal is fine. Fine ain't normal.


3) Des nouvelles des éditeurs

J'en oublierai presque ma mission suprême, faire éditer l'intégrale de mon oeuvre en collection Pléïade quadrilingue (sur papier marbre). D'ores et déjà, quelques éditeurs, impressionnés à juste titre par mes menaces, commencent à céder du terrain. Par exemple en disant, d'un projet d'album, "Nous n'aimons pas le dessin et le texte ne nous emballe pas vraiment".
Tu sens, comment ils sont prêt à céder ? Un éditeur qui joue l'adverbe, qui dit "ne nous emballe pas vraiment" au lieu de "c'est à chier", de toute évidence, c'est un signe.
On avance, oui.
(Au chapitre des nouvelles bien moins intéressantes que ces refus de publication, il devrait y avoir en 2011 la réédition de Petit guide des transports, chez DNSB cette fois, une nouvelle nouvelle dans un projet de recueil collectif encore secret, un extrait de La Fête à Fred version théâtrale dans une revue aussi toulousaine qu'esclusive. Mais bon, j'ai le triomphe ultramodeste, et le sens de la défaite hypertrophié).

4) Trève des confiseurs

On peut se l'avouer, maintenant : il semblerait bien que ce blog a repris. Ce qui ne l'empêchera pas de se mettre en pause pour les quelques jours à venir.
Dire du mal de Noël, c'est sacré.

21.12.10

914 - Solstices divers

Quand je te dis que la lumière était belle.
1) Christmas vortex

Et le cours de ton existence, à ce moment de l'année, est semble-t-il entravé par, dans le désordre :
- les attentes des enfants (y compris l'avorton en toi aux yeux émerveillés, et ses souvenirs aux couleurs vives)
- l'espérance des parents (y compris l'inflexible en toi à la barbe de juge qui veut que tout se passe bien, bordel, que ce soit du bonheur en conserve avec le petit doigt sur la couture du pantalon de ski)
- les entrelacs familiaux (y compris le temps qui passe et semble n'user, ce con, que la grande confiance et les élans du coeur pour ne laisser à force que les aspérités molles des petites rancoeurs et des avis des autres, ces familles à qui nous en voulons de tant nous ressembler)
Tu tentes de couler, paisible, ou de rugir, torrent de la montagne ; mais voilà, les eaux se mêlent, la lune est pleine et la neige immobilise les pays de tes sentiments. Alors tu plonges, tête en avant dans le vortex familial - tu retiens, le plus longtemps possible, ta respiration.
Car l'air est rare, là-haut, à Noël.

2) Entr'apercevoir la réalité

On tente de me faire croire que le monde se résume à la réalité qu'en perçoit ton corps. Ainsi de la longue promenade dans la ville, hier, et au parc (au jardin japonais, le pont était rouge, Elle et moi étions suspendus, les enfants s'amusaient) - et de la douleur bleutée dans ma cheville cisaillant ma patience : les gosses, c'est officiel, étaient carrément chiants.

3) La phrase que je n'ai pas prononcée cette année

Parce que quand même, que je le veuille ou non, on continue d'y croire,
C'est quoi, mon cadeau ?

20.12.10

913 - Dire et redire

De garde
1) Effroi

Amusante, cette rage dans la nuit, ce souffle court ce ventre
Tendu,
Cette détestation du monde
Petit tigre tout entier perdu dans sa colère de plastique,
Inconséquent
(et la capacité, par miracle, qu'en un instant une respiration tout change, tout prenne une place
différente, va savoir ce que nous sommes).
Je suis celui qui compte les je suis dans ses ventres et ventricules, dans ses coeurs et ses estomacs.

2) Ménage à trois

Endormi hier entre une belle et une autre ; je voulais déposer les armes, me mêler aux murmures des filles, ces sifflements discrets. Je voulais être autre, je ne fus que dormeur.
Ici, Eric Chevillard élucide la dispute amoureuse. Rien à ajouter.

3) Et sinon

Mais je vais bien, tu sais. Bien malgré tout ce mal qui se traîne derrière moi, comme lié par une chaîne. Bien malgré le sourire nauséeux qui me fait dire, mais cesse de te plaindre. Bien malgré l'étendue de ce que je ne comprends pas, minuscule au ras de la réalité.
Les enfants vont bien, c'est l'essentiel. Les histoires progressent. J'apprends à les quitter.
Je déteste leur besoin de contrôle et d'assurance - semblable, trop, au mien.

19.12.10

912 - All of this love

L'arbre
1) Tourner à l'aigre

Alors voilà, ô mon coeur,
où nous mènent tes dérives,
Tourner à l'aigre, cracher, rancir,

Dire des mots à voix haute, des mots de l'ombre
Au clair du jour (mais seul dans la rue)
Alors voilà, ô mes doutes,
notre cours nous mène ;

et trois cents, mille images,
mille histoires qui pourraient
remplacer cette nausée triste
(et pourtant si légère)
qu'on dit réalité.

2) Elle

Que je cherche toujours, là où il n'y a que des tu.

3) Bon dimanche sous vos applaudissements

En ce moment je déteste être l'homme de la famille, et m'en sentir incapable ; le mari fidèle, la pierre sur qui l'on compte et qui ne sait que sombrer. Noël approche, déprime saisonnière. J'ai le bonheur sous les yeux, et je cherche où m'enfuir.
Pitoyable, tout de même.

4) Et sinon

Décroché un ballon de rugby dans un arbre, brunché, écouté les enfants. Respire, petit homme, respire grand (me répète ma sorcière). Peut-être que tout ce malaise ne vient que de ton coeur. Pas du monde, pas de l'autre.
Cherche. Noël est encore loin.

17.12.10

911 - Urgence, bien sûr

1) Allez, quoi

D'où cette colère, d'où cette rage ?
D'où ce tremblement entre le coeur et l'épaule ?
Planté, juché sur toi-même,
Attendant le pardon ou la gloire
(le glaive)
Attendant que l'on cesse d'attendre,
Attendant le pardon que l'on nomme
L'autre, ou le toi
(et ton poing, direct, qui transperce,
ton cri qui ne viendra jamais,
la crûe bouillante des viscères,
le ventre que l'on fend, le mauvais)

Ce matin de décembre tu ne reconnais que toi-même,
et encore,
à regrets.

2) Les enfants vont bien

Ils apprennent à résister à mes colères. La cellule familiale bien souvent me fait exploser.
Je suis rentré fatigué hier des courses de noyel ; ma cheville, vieille cheville d'écrivain, me faisait souffrir. J'ai pesté. Anton, mon merveilleux, qui nous attendait à la maison (désormais il a sa clé, et connaît le chemin de l'école) m'a proposé un thé.
Je m'en suis voulu d'être cette vieille femme bougonne que douleur et fatigue empêchent de voir le monde.
Elle s'est néanmoins couchée et réveillée à mes côtés.
Ma douleur, pensait-il, c'est tout moi.

3) And now for something completely pas pareil

Ces artistes toulousains, bordéliques à souhait, poussés par un même désir...
L'édition 2011 s'annonce très prometteuse.

16.12.10

910 - When I think of love as something new

Sphynx ou l'eau des rêves
1) En ordre de marche
Depuis l'interruption grossière de ce blog, j'ai
-pris et reperdu des kilos,
-perdu et trouvé des amis,
-trouvé et gardé un peu de doux au ventre,
-gardé et enfermé quelques morceaux de rage
-enfermé, puis libéré, quelques quelques graines de querelle,
-libéré parfois des pépites de palpitation.
Maintenant, c'est Noël ou presque, je pèse moins sur moi-même, me prépare à l'ironie des cadeaux, au vortex familial, à la bonne chère.
Je n'ose me préparer à l'inattendu.

2) Le traître
Une jeune et charmante lectrice d'Orléans me demande de lui faire aimer Faceboook. FB, pour les intimes, c'est rappelons-le l'endroit où j'ai épanché pendant ces quelques mois la plupart de mes envies d'écrire, de me dire, de me raconter - de crier à la face du ciel "Enculé de milodju j'existe !", avec cette question-tag ensuite, "Non ?".
Très chère A., pour aimer FB (si l'on ne se préoccupe pas de donner de ses nouvelles ou d'affiner son sens de l'aphorisme), il suffit de ne plus poser cette dernière question. C'est une question de dépendance, au fond - crois-moi, je suis ceinture noire de dépendance. On sent cette poussée, cette attraction vers la page web où s'agite le domaine informe des possibles, et à force nos pieds quittent la terre, nos coeurs remontent dans nos gorges et nos épaules s'arc-boutent jusqu'à ce qu'on ait consulté.
Et la consultation, bien souvent, déçoit.
Repose tes épaules, respire doucement, déçue de Facebook. Car rien n'a plus d'importance qu'un vrai sourire, aujourd'hui.

3) Serial killer

Vous me connaissez : je bavarde, je bavarde, et j'en oublie mon premier point : me faire éditer.


Sans quoi, je tue une écrivaine, et qui plus est une auteur - Emmanuelle Urien, pour ne pas la nommer, car il faut bien le dire, son talent, autant que sa beauté, sa douceur et son intelligence, mais aussi les terribles zones d'obscur et de colère au fond de son coeur - me font ombrage. De toute évidence, ("de toute évidence" est un tic de langage, ami éditeur, tu ne l'avais pas vu ?)

A ce sujet, un apprenti éditeur de la région parisienne me demande, inquiet : mais que voulez-vous que l'on édite ?
Le Chéri de Maman
Ah, bonne question. J'ai peu ou prou renoncé au roman explosé intitulé E(u)x, me fout du roman intitulé Ma vie n'est pas un roman bordel ainsi que du recueil de nouvelles provisoirement désigné par le titre Déjà que tout seul je ne peux pas vivre ensemble ; j'ai tellement confiance en ce projet,  Le chéri de Maman, que je vous offre une deuxième illustration (signée Bernard Olivié)  sur ce post (ne me remerciez pas, c'est Noël). Je ne parle pas du projet en SF, ni de ceux en musique, ni même de cette nouvelle secrète pour laquelle je ne mets pas de lien et où j'assassine impunément familles, éditeurs, veaux, vaches, cochons, couvées...

Non, chez éditeur de la région parisienne, je voudrais juste (pardon, j'exige) que vous éditiez mon prochain roman, intitulé L'eau des rêves. Le pitch ? Vous l'avez sous les yeux, en haut de cette page.

Alors, où est-ce que je signe ?

14.12.10

909 - Témoin d'un accident (avec délit de fuite)

autoportrait sans le ventre
1) Chère madame l'assurance

Pour te montrer que je ne t'en veux pas d'augmenter tes tarifs, ce qui fait qu'il sera de plus en plus cher de se protéger et conséquemment de plus en plus cher d'être pauvre, je réponds à ta demande et te raconte ici ce dont je fus témoin le lundi matin de la semaine pénultième.



2) Il faisait beau ce jour-là

Et j'avais coupé par le parc. Le Parc Bonnefoy, qui ne s'appelle pas comme ça en vrai, mais je trouve joli qu'un parc et qu'un quartier porte le nom d'un poète.
Je revenais d'accompagner mon fils au métro. Tu sais, le grand, celui qui m'inquiète souvent par son côté taciturne, par ses yeux qui se perdent au fond de sa tête. Tu sais quoi ? Depuis quelques semaines entrée en 6e, changement naturel ou résolution des tensions intérieures, tout va mieux entre nous. Je l'avais accompagné à l'entrée de la station ; il avait choisi de prendre l'ascenseur et je l'ai laissé faire (même si je me dis parfois qu'un vrai père devrait l'obliger à faire de l'exercice).
Je l'ai laissé partir en presque souriant, malgré ce sentiment d'arrachage chaque fois que son dos se tourne et qu'il marche vers l'école.
Et puis je suis rentré chez moi, par la rue de Périole, juste derrière la gare. J'aime bien la poésie qui se dégage de ce monstre industriel. Je regardais les files de voitures, les conducteurs qui fumaient, toussaient, écoutaient des radios. Les moteurs puaient, les voitures au pas étaient des échardes de verre entre le lit matinal et le travail énervé. J'ai retraversé le parc, heureux à la pensée que cette vie-là était finie pour moi, que je m'étais sorti des embouteillages.
Au coin du parc, j'ai tourné dans l'avenue du Faubourg ; j'ai remonté sur le trottoir de gauche, devant le centre culturel et le parking des bicyclettes.
Et il y a eu ce bruit.
On dit "la tôle froissée", mais c'est en fait du plastique qui se déchire. On reconnaît quoi qu'il en soit le bruit d'une chute sur le macadam.
Je me suis retourné ; une dame, dans une voiture (une berline opel, beige métallisée, immatriculée dans l'Indre ou l'Isère, et qui venait de se faufiler dans le trafic en provenance d'une rue adjacente), regardait dans son rétroviseur. Elle a dû ne rien voir - moi-même, quand j'ai regardé derrière, je n'ai vu qu'un monsieur, dans une Peugeot gris métallisé.
Il m'a fallu quelques secondes pour distinguer, par terre, sur le goudron, une couleur orange, pas métallisée du tout ; un morceau de plastique, une calandre, celle d'un scooter qui gisait là. Des gens déjà ramassait une jeune fille - doucement, précautionneusement. J'ai vu qu'elle parlait, qu'elle semblait calme ; j'ai failli repartir vers chez moi.
Et puis bon, on ne sait jamais. J'ai un brevet de secourisme, après tout. Et puis qui sait, parfois les gens sont cons.


3) Les gens sont gentils (d'où le mot, d'ailleurs)

Il y avait une infirmière, qui constatait ; il y avait le monsieur de la Peugeot grise, dont les mains tremblaient sur le téléphone. Le scooter l'avait percuté par l'arrière, et il s'était garé un peu plus loin.
Il avait une tête, oserai-je le dire ? de petit patron de droite. De chef, en tout cas. Mais un chef qui tremble, un chef qui hésite, qui ne sait plus où donner de la tête, qui regrette déjà même si rien n'est de sa faute, il a juste ralenti pour laisser passer la dame à l'opel, le feu était vert, je suppose - ce type-là faisait humain. Tu me comprends, madame l'assurance ? Il faisait humain, pas pitié. Je lui ai proposé mon écharpe, il n'avait qu'une veste.
Un jour, près d'un carrefour, on m'a tendu un café avec deux sucres ; la voiture où je me trouvais venait de se renverser. Dans ma tête de gamin de 17 ans, j'ai vu, j'ai vraiment vu, je te jure, la mort qui allait m'arriver.  A 17 ans, la salope. Et le café avec deux sucres, une heure plus tard, en regardant les lumières bleues et rouges des pompiers, avait le goût de l'incroyable chance de vivre.
Depuis, quand un mec tremble, j'ai envie de le réchauffer

4) Pas de victime à déplorer

La jeune fille appelait sa mère, son père, le collège, son petit copain, que sais-je ? Elle parlait à son portable. Je me demandais si elle n'avait pas froid, assise sur le goudron.
Nous avons ramassé ses affaires, attendu les pompiers, déplacé son scooter Peugeot orange et son sac de collégienne*, attendu les pompiers, fait signe aux voitures de s'écarter, attendu les... non, les pompiers arrivaient, un seul, venu d'une intervention toute proche, puis un camion. Nous avons fait la circulation ; les pompiers ont dit qu'ils emmenaient la jeune fille. Entre temps, son petit ami et ses parents étaient arrivés - la mère en voiture, bien habillée, venant de la ville (avait-elle un mini 4x4, commerçante bourgeoise ?). Le père à pied, je crois. Je me souviens avoir pensé, à voir son visage, que c'était plutôt un beau-père, et pas forcément un type honnête. Oui, il était brun et bronzé, et j'ai peut-être été victime de préjugés oculaires ; mais sa façon de me répondre "C'est vous le papa ?" était un poil en retard, un poil décalée. Il na'vait pas l'air très inquiet, très concerné non plus.
Aucune importance. Le monde pouvait, comme la circulation dans le faubourg Bonnefoy, reprendre sa marche ; et moi repartir, le coeur léger.
J'ai pensé que les 2-roues étaient des dangers évitables.


(*au fait, madame l'assurance, dans cette direction il n'y a que deux ou trois collèges, dont un seul à mon avis impliquant que l'on emprunte le matin le Faubourg Bonnefoy en remontant vers l'Union)

5) Quelques temps plus tard

Je n'ai pas reconnu sa voix au téléphone ; calme, posée.Il m'a dit qu'il conduisait la Peugeot.
Je n'aime pas les 406, ça fait patron de droite.
Il m'a dit que la jeune fille était montée dans le camion des pompiers, ce matin-là, et que lui-même était reparti en voiture.
Je me demande quand ses mains ont cessé de trembler.
Et puis la jeune fille est descendue du camion de pompier. Elle est partie, avec son père et sa mère. Qui ont eu la délicatesse de ne donner ni leur nom ni leur adresse.
A cause du malus, je suppose. A cause des flics, ou des pompiers ? A cause d'une éducation déplorable, peut-être, d'une façon de chier dans la main que nous leur avions tendu.
Ou peut-être, si j'osais croire au monde, à cause d'un simple oubli.

6) Voilà, madame l'assurance, 

ce que je vis, ce lundi 30 novembre, en accompagnant mon fils à l'école.

Heureusement, il n'y a pas eu de blessé - sauf notre confiance au monde, et peut-être le portefeuille d'un patron de droite.
Que tu me demandes un témoignage pour ça, tu t'en rends compte, ça me fait plaisir. Les textes administratifs sont les textes qui perdurent le plus, je crois (c'est ce qu'indique le nombre élevé de requêtes menant à mon blog avec les mots "demande de recours grâcieux, ou les serments de Strasbourg, ou les archives des procès dans les petits villages).
En revanche, pour ce qui est de la hausse des tarifs, ce ne serait fort facile de la mettre sur le dos d'un couple de malhonnêtes, elle plutôt mignonne, grande, mince et brune (elle ne chantait pas) et lui, petit et brun, l'air suspect.



7) Une formule de politesse qui traduit à la fois mon respect de la chose écrite, de votre compagnie d'assurance et des rapports humains,

Et des bises,
vôtre.


PS : Je t'envoie quand même une attestation d'identité.
PPS : Tu as un joli nom, mais il ne faut pas agrafer excessivement les papiers à remplir et les enveloppes de retour, ça déchire tout...

8) Et une autre partie de moi, pendant ce temps, vient de réaliser

Super. Je viens de dénoncer une gamine pour qu'un type de droite se fasse rembourser des dégâts sur sa voiture de fonction. Tout ça parce que le père de la petite avait une tête qui ne me revenait pas.
C'est chiant, parfois, la morale.

12.12.10

908 - Et le jour fut dimanche

je nous vois encore
1) Oublis

Sauter à la ligne
Des bras des bites qui t'attendent, tendus, ouverts
Le coeur, le coeur
Le cul le coeur
Range
L'inassouvi de ton ventre, ta maison
Range
ton orgueil ta peur d'être
singulièrement commun
Range
ta cour ton coeur ta cohorte
Les animaux dans tes entrailles
Dans la cachette du cerveau la grotte
La caverne
Le corps qui trompe et se tend
L'attente

La neige, le coeur pur,
Le cul pauvre
Le cadre qui découpe l'image sur le monde

Un paquet de cigarettes portant la mention
_______________________________________________
I
I   SMOKING CAN CAUSE A LONG AND PAINFUL DEATH
I_______________________________________________

Well, sometimes life is a long and painful death.


2) Radioscopie

Des cheveux, mais en dedans,
Yeux de miraculés, sur le chemin de Damas
Cerveau bouillant de l'avant / masque nasal sur le visage
Cou tendu, gorge (gorge serrée toujours)
poitrine épaisse recouverte
sternum / fendu par le glaive (gladium, pilum)
estomac et bas-ventre aux abonnés présents
cuisses lourdes
genoux (moi, toi et moi et reliés)
genoux sans commentaire
mollets jarret d'acier beau coq sportif hommasse

silence sur les pieds

Et la tête, alouette ?



3) N'en rajoutons pas

Peut-on tuer quelqu'un par excès de considération ?
L'éditeur est-il un bouc lubrique ?
L'auteur se prend-il pour de la merde ?
Et le livre, le livre viendra-t-il ?

4) Demandez le programme

Sauver Emmanuelle Urien.

Et sinon : dernière maquette de LoFi, chronique de droite, scénarii, romans épisodiques,
accepter le fragmentaire,
jouir de la vie.

5) Une liste des choses à (ne pas) faire

Jouir réjouir jaillir régaler excuser éjaculer
brûler se tendre
cracher sur aimer
se prendre pour  d(i)e/u/x
vouloir, voler

suivre la ligne droite de
la courbe du désir

L'adverbe trop signe la mort

s'autodétruire.

écrire
(attention, cet auteur s'autodétruira bien vite)

6) Encore une façon de la tuer
ou de la rendre plus forte
Rendre publiques nos lettres d'amour.

11.12.10

907 - Ouvert pour Noël (jusqu'au dernier moment)

Pour regarder la mer
1) Ne pas se fier aux mots

C'est qui, ce Noël ? Encore un garçon un peu louche ?

2) Idées cadeaux

Il déserte, de Régis Maynard - la trajectoire tangentielle d'un fils du Tang (la boisson, pas l'empereur) et de Sue Ellen Ewing, entre cité ouvrière et supermarché. Un peu comme du René Fallet (période le Beaujolais Nouveau est arrivé) ou du Houellebecq anar qui se marre. Nouvelle maison d'édition qui démarre. Et un site qui tue.
Passé ce matin dans deux librairies - pas ces hypermarchés du livre où aucun ouvrage n'a la force de te faire signe, juste une boutique à taille humaine. Retrouvé cet étrange essai intitulé Petit traité du jardin ordinaire - une méditation sur le jardin, l'espace, nos attentes artistiques et métaphysiques. Et la mort des êtres aimés, comme des fleurs. Acheté Tomates, de Nathalie Quintane, dont le début m'a scotché dans le métro. Une écriture multiple et profonde comme les graines de tomates - vers le fruit, vers la fleur.
En parlant livres, CosmoZ de Claro m'est un poil tombé des mains - oui, un cyclone, oui, le magicien d'Oz, mais, euh... et la place du coeur ? Enfin, ça fait un chouette cadeau pour ceux qui aiment les écritures cannibales.
Histoire de finir sur une note plus égomercantile, il y a, une par une, les nouvelles d'Emmanuelle Urien chez In8, des livrets carte postale chez DNSB et même (c'est la nouveauté) des reproductions des illustrations de ce blog. En discuter avec moi par mail si jamais.

3) Reprenons les menaces
Edite-moi, ou je tue cet auteur.
Ce sera simple. Je révélerai tous ses secrets, ses gestes intimes, ses contours, ses arômes. Tout de ce qu'elle est, pense, dit, cache, renie.
Quand j'en aurai fini, il ne restera plus rien d'elle.
Ahahahahahhah.


4) Les rires sardoniques, c'est nul à écrire.
Mais ce n'est pas le plus compliqué. Ecrire l'admiration, l'importance de la rencontre (surtout si on doute de sa réciprocité), l'impression de l'autre sur la pâte de notre mémoire, les ramifications dans nos richesses intérieures... Même sans compter la part d'égocentrisme dégoulinant, ça peut être ardu.

5) Mes conseils pour écrire


Alors déjà, prendre un stylo. Ne pas se demander si c'est le bon stylo.
Ah zut, déjà un doute qui taraude.
Poser le stylo.

Accepter le doute. Inspirer. Noter ce que fait le corps - s'il est tendu, nerveux, fébrile, empressé, hésitant, enthousiaste, éperdu, chaud, froid, vert (vert ?), vivant, moins vivant presque l'un ou quasiment l'autre

Respirer

Penser qu'on écrit de la merde et qu'on chie de la littérature


Mâchonner le stylo - le reposer.

Se dire qu'on n'aura jamais le temps

Commencer une phrase à haute voix
se dire que peut-être mais

ET LÀ, BONDIR.

La noter l'écrire

inspirer, expirer

Laisser couler le reste du texte (depuis les pieds les genoux les cuisses le bas et le haut ventre, le creux autour du coeur et puis le coeur lui-même, la gorge, le nez, tant pis pour le cerveau il nous a déjà été utile)

Se demander si on a pris le bon stylo

Envoyer le texte à son destinataire
S'il n'en a pas, l'avaler.

Et recommencer.

10.12.10

906 - Tous les moyens sont bons

1) J'ai peur
at your feet
de la mort de la peur
de ce qui coule de mon ventre

2) SF
10000 ans plus tard, le scribe T'zzeettyr s'amusa à éditer une anthologie du fragment.


3) Un peu à l'étroit
dans ce blog. Il craque aux entournures.

905 - Construction mentale

1) Quelques raisons de la tuer

1.1 Yoko Ono est vivante
John Lennon vachement moins,
Faudrait voir à rétablir l'équilibre.

1.2. Bertrand Cantat s'est reformé, et il vendra plein de disques.

1.3. Je l'aime à mourir. 
Et si avec ça tu ne chantes pas du Francis Cabrel toute la journée, c'est que tu es bien plus solide que je ne le pensais.

2) Conseils à un éditeur

2.1. Je vais buter la petite,
et son sang retombera sur tes pages. Ce qui est plutôt sale.

2.2. Tu as besoin de souffler,
Tu me l'as dit toi-même. Trop de choses, pas de temps, et du stress.
La solution ?
M é d i t e r, évidemment.
(Tiens, une ', quel heureux hasard).


2.3 Pour prouver que tu as du coeur,
Parce que si je demande à Quadratures, à Gallimard (pas le kebab, l'autre) ou In8, je suis certain qu'ils diront non.
Pense, voir assassiner leur noire pouliche les peinerait, sans doute,
mais ils s'en consoleraient au vu des retombées médiatiques.

3) Encore des raisons de ?

3.1 Parce qu'on pourra voir les courses de F1 à la télé
au lieu de passer nos dimanches au théâtre à écouter ses textes lus par un comédien.

3.2. Pour éviter qu'elle se tue à la tâche
Tu la verrais, comme moi, arc-boutée sur son clavier, à empiler les traductions alimentaires en rêvant de romans, tu te dirais qu'elle souffre trop. Et tu mettrais un terme à ses.
J'en demeurerais inconsolable, et m'épancherais de ma peine dans un long roman-confession.
450000 exemplaires, au bas mot.

3.3. Parce que j'adore le teasing
Tu as vu ? Rien de tout cela ne fait sens, malgré la construction irréprochable.
Mais tremble, carcasse : je vais bientôt révéler mon plan machiavélique

9.12.10

904 - Comme envie de

1) Pourquoi tant de n ?

Parce que tant de peur.



903. Une brève histoire de l'édition


1) Il s'appelait JF

Il fut mon premier éditeur. Chaud, rassurant, enthousiaste. Il me promettait merveilles et monts, voiture de rêve, nouvelle vie.
Au bout de quelques mois d'un Petit guide qui ne décollait pas, il brûla lui-même les derniers exemplaires restants, pour ne pas qu'ils tombent entre les mains de ses créanciers.
Je ne lui en voulus pas. Je le tuai simplement - un matin froid, du côté de Lille, une voiture l'a renversé et laissé pour mort sur le trottoir. On ne retrouva jamais le conducteur.

2) Elle s'appelait LN

C'était une femme double, complexe, entre féminisme militant et rêves de petite fille. Elle aimait mon style, j'étais fou de son corps et de son caractère.
D'imprimerie, bien entendu.
Elle me soutint longtemps, un peu comme une mère, guidant par ici, reprenant par là.
Puis je me mis à écrire des histoires féroces, et elle m'aima moins. Je m'écartai d'elle, décidé à la laisser vivre.
Cet accident qui lui est arrivé n'est pas de ma faute. En tout cas, on ne peut pas me le reprocher.

3) Il s'appelait PA

C'était un homme de chiffres ; sa fine moustache frémissait dès que les comptes passaient dans le rouge, et son oeil rond s'allumait d'étincelles lubriques dès qu'un auteur un peu sexy, un peu osé, passait près de ses griffes.
Il m'édita, je le confesse, avec ferveur et inspiration. Je ne lui en voulus même pas lorsque je me rendis compte qu'il détournait les millions d'euros de droits d'auteur qui provenaient de la vente de mes livres. Je ne lui en voulus pas lorsqu'il me refusa un manuscrit au prétexte qu'il était trop bon.
A l'image de la scène du parrain, je me contentai de déposer dans ses draps de satin rouge une tête de cheval (seulement métaphorique ; n'ayant aucun équidé sous la main, je déposai le crâne d'une petite fille qui avait croisé mon chemin). Il comprit le message et se prépara à publier mes extraordinaires nouvelles.
Las, la mort le faucha précisément à cette époque, incarnée, selon les enquêtes, par un autostoppeur qu'il eut le tort de ne pas laisser sur le bord de la route.

4) Barbe-bleue

Tu seras donc le quatrième. Je te confierai mes clés.
Malheur à toi si tu t'en sers.

5) Provocation

A l'heure même où j'écrivais ces lignes, je recevais un mail d'un éditeur, refusant un superbe recueil de nouvelles à quatre mains.

Très bien. J'ai voulu être gentil jusqu'à présent, on me montre que j'ai eu tort. Vous l'aurez voulu. Je vais m'en prendre à Emmanuelle Urien.

Je préviens : à côté de moi, Wrath est une baba-cool fumeuse de chèvres qui milite pour la paix dans le milieu de l'édition.

8.12.10

902. J'insiste









1) Du matin


Le soleil entre les arbres, chez F., ce matin,
La photo d'elle au soleil mélancolique,
Un chat à l'envers par ma fenêtre ouverte,

doucement trivial

2) Le plan

Si, si, je maintiens. Soit tu édites mon livre, soit je bute Emmanuelle Urien.

J'ai plein de bonnes raisons pour ça. D'abord, elle est belle terriblement, au point que je ne peux la saisir. Ensuite, elle s'est écrite assassinée par un homme à chapeau, dans son roman Tu devrais voir quelqu'un. Et puis, en termes économiques, ça nous fera de la pub pour mon livre.

Raisons personnelles, mystiques et économiques : déjà, un bon début.

3) Elsa triolisme

Ecrire, peindre, à la limite,
ça pourrait faire sérieux.
Mais jouer de la musique ? On sent bien le côté enfantin, brouillon, sans importance.

Et faire de la musique sonne trop banal, comme faire l'amour.
Faudrait que j'arrête, je suppose.
Mais l'envie.

7.12.10

901. Et alors ?


1. Procrastination
J'ai trouvé une nouvelle utilité à ce blog.
Il s'adresse à un éditeur, et il dit
Edite mon livre ou je bute Emmanuelle Urien".

Sinon, vous, ça va ?

2. Le problème du vous
C'est qu'il est multiple et unique à la fois.

3. Surtout ne va pas croire
Qu'entretemps, j'ai gagné et perdu, regagné reperdu, égaré éperdu,
Que des amis partirent
Arrivent des nouvelles
Que les choses sont
(comme elles le furent)
Belles, simplement.

4. Les liens, c'est important.
J'ai aimé, j'ai moins aimé,

Mais je n'en mets pas. Autant chercher par vous-même, si l'envie vous dit,
ou demander en commentaires,

Herman Dune, Régis Maynard Il déserte, La Teigne, Sylvain, Sylvain aussi, le bouquin "Cosmoz" de Claro, Aymeric de la Mouille, le sexe à plusieurs, le film "Le nom des gens", les éditions Harlequin, la patrouze galactico-numérico-artistique, le cabaret érotique, les spectacles de LoFi, les glossolalies, les lectures musicales, Facebook, ce qui s'est passé dans mon corps, mes tableaux, le rugby, les éditrices et leur regard, tout ce qui me manque, les mardis pour mon fils, les choses les plus importantes, mes petits secrets, la gourmandologie d'Odile, Petits exercices d'amour et de haine, la place de l'artiste dans la société, la place de la société dans l'artiste, savoir et connaître, dire des choses à propos des choses, la méthode grinberg, les prénoms, les belles rencontres...

5. Le mardi, c'est pour toi aussi

Depuis que
je te sais,
je dis plus facilement
Je t'aime