15.4.13

1036. 5 minutes de méditation littéraire

1. Première minute : flippe, mon fils
Moi non plus je n'aime pas les petits fours


Chevaux affolés de la pensée sous le front - voilà, en cinq minutes, avant de partir s'occuper de théâtre puis d'AGESSA puis de contrats puis de romans, comment prendre une minute pour respirer à l'intérieur ?

2. Tu as déjà dépassé la minute ; alors, compte-rendu ?

Ce ouikend c'était Balma ; Philippe Cougrand*vainqueur, Florence Aubry** chez les ados ; découvert Jean-Christophe Tixier***, revu Frédéric Stehr**** - sans compter bien évidemment nos toulousains chéris. L'ambiance ? Etrange au début : samedi, d'après ce qu'on m'a dit, Mi-mich Onfray a réédité son numéro démago/parisiano/mégalo qu'il avait rôdé au discours d'inauguration. Ca m'a mis le moral à plat, tiens - un type qui a une telle audience, la rendre conne, c'est une faute éthique.

Le lendemain, toutefois, nous étions souriantes ; la vedette étant partie bouder, on s'est retrouvés entre gens normals. Au cours d'une rencontre, Frédérique Martin et Brice Torrecillas se sont amusés à appuyer sur le bouton "off" de ma grande gueule - c'est simple, il suffit de dire "Manukôs, parle-nous de tes livres".

* et sqq : Sois gentil, fais les liens toi-même, tu vas te régaler, ils sont grands ils sont beaux ils sont forts et en plus ils.

3. Le futur aussi est dépassé

 - Pff, au fond, ce que j'aimerais écrire, c'est de la poésie, murmure-je à ma douce.
- Comme Houellebecq, alors ?

Voilà comment en une phrase se ruine une carrière de futur Victor Hugo.

4. La littérature ou la mort (nan, je déconne, c'est juste un titre pour faire style)

Mais ça devient un peu compliqué, quand même. Comme si la fiction en ce moment (cette semaine ? ce mois-ci ? le ouikend dernier à Balma ?) n'intéressait plus grand-monde. Comme si les romanciers n'étaient pas capables de saisir et d'expliquer le trouble qui nous agite.

Question d'époque, je suppose ; mais je me rends compte de ma difficulté en ce moment à lire des textes longs (si l'on ne compte pas les 500 pages de roman à traduire, évidemment), de ma tendance à ne poser les yeux que sur des pages web ; alors évidemment, il y a, ou il y aura, le numérique, les formes hybrides, le roman graphique ; je ne sais plus où est la résistance, où l'acceptation paisible du changement.

Pff. J'en profite pour te faire de la pub sur les éditions D'un Noir Si Bleu qui pousse en ce moment les nouvelles à l'unité ; sur les nouvelles audio des 5 tentatives d'approche de l'infini, chez Esope éditions ; sur La grosse commission, chez Onlit ; et il y aura, sous peu, Le garçon au bord du monde, chez Numériklivres. Comme supra, tu vas faire les liens toi-même : je te connais, ça va t'amuser de jouer au détextive.

5. Ca fait quand même beaucoup plus de 5 minutes que j'écris et je ne suis même pas sûr que ça me repose la tête

Du haut de notre immobilisme
nous regardions tourner
(au vertige, à l'émeute, au massacre)
les caméras en girouettes
suivant les invectives
les hoquets les débats 

- et je priais, je priais je t'assure
pour que l'aile noire du drame
encore nous épargne

- dût-il nous en coûter
le sens de l'existence
la conviction d'avoir
vécu quelque chose
que personne ne vivrait

uniques, tous étant que nous étions

(Puis le soleil revint, les radios gazouillèrent et l'oppression sévère disparut 
pour un temps)