22.12.12

1024. Post-apo

Autoportrait d'une autre
1. N'empêche...

... que ça aurait eu de la gueule, une petite fin du.

Ne serait-ce que pour savoir ce qu'on perdait, ou ce qu'on avait atteint. Ce qu'on n'aimerait pas lâcher.

2. Et néanmoins...

... tu peux en voir partout.

La fin d'une amitié, comme quand on souffle sur une chandelle vacillante ; la peur qui t'envahit lorsque tu abandonnes tes deux fils à l'entrée d'une salle de cinéma ; une tradition vieille de trente ans qui s'achève parce que non, on ne montera pas au Vieux pays en famille, à cause d'un problème médical.

Et puis la famille qui se ressoude sur un autre lieu, la peur qui te donne des ailes et de la liberté pendant le rattrapage de maths du grand, et le plaisir de savoir clairement ce que tu attends de tes amis.
Bref, c'est plutôt chouette, les fins du.

3. Bilan 2012

(amusant comme au moment d'écrire ça j'ai honte et assume mal d'écrire)
renversé un président, publié un roman (peut-être pour pas grand-chose)
soutenu mon père, appris à m'engager
aimé - de façon foutraque et pataude, mais aimé.

Oh, et essayé.

4. Au programme 2013

Apprendre à ne plus avoir peur de ne rien faire.
(mais je te donnerais des nouvelles, tout de même).

5. Comment dire "bonnes fêtes" ?

Puisses-tu profiter de chaque
comme si c'était la dernière
et la première à la fois
et sans y accorder plus d'importance qu'à une
mille fois répétée.




7.12.12

1023. En mode opératoire

5 crues tentatives (E. U)
1. Réaliser

... que par exemple tes projets calent ; que tu n'es pas lu, entendu, aimé comme tu le voudrais ; que tu t'épuises à attendre des réponses, comme si cette attitude était le sens de ta vie.
Puis, te retournant dans le lit, tu penses à ce qui t'attend, au réel, aux promesses ; mais décidément, il te paraît plus simple de te plaindre, de froncer draps coeur et sourcils
en attendant le réveil.

2. Actualité, tout de même

C. notre chef-de-la-radio peste contre une émission "moins politique que d'habitude". Clique, écoute, commente si ça te, pour lui donner tort ou raison. Ca le nous aidera à transformer tout ça - un genre de pièce en mai, voilà un défi.

Et si tu as la chance d'habiter dans la région de Gaillac, tu pourras écouter voir ce soir l'Urien et le Causse dans leur numéro de Voix/nouvelles. Avec quelques innovations et autres CD. C'est à 18h à la médiathèque de Gaillac, et nous y. 

La couleur pour marquer la seule info qui vaille la, évidemment.

3. La sinistre de la réalité

... c'est que je m'ai coincé le dos dans un regroupement et que ça me met d'une humeur de dogue. Ce que c'est de nous et de la littérature, tout de même. Mais bon, tu sais ce que c'est : quand on se réveille après 40 ans sans avoir nulle part, c'est qu'on a arrêté le rugby.

30.11.12

1022. Des é (hauts).

Bin, c'est un mur.
1. Des épouffes

Voilà quelques mois que leur blog.
Que, devant leurs compliments, je me sens tout.
Et aujourd'hui, elles.
Une lecture de l'Eau des rêves sur le 4 rue d'Epouffe (ne pas manquer d'y faire un tour, elles sont d'une productivité impressionnante et d'une joie contagieuse)
Et cette impression que les lectures rendent le roman plus beau.

2. Des écrits

En attendant Daniel, pièce en une femme mineure, ira se défendre début janvier pour une résidence en juillet ; si tu n'as jamais vu de bande-annonce de livre, celle-ci pour le premier tome d'une sympathique série traduite par le non moins sympathique E.P.


3. Des évidences

Il est des fois où
tu avances sans l'ombre d'un doute
sans besoin d'ouvrir ton ventre
sans angoisse particulière
 
ce qui te fait te demander
si tu n'exagères pas, un peu
si tu ne meurs pas, à petit feu
si tu ne tricotes pas
au coin du canapé
un joli linceul de laine
alors que
le désir s'étouffe dans ta poitrine
ignore les profondeurs

et fort heureusement, tu te remets à douter
une maille à l'envers, une maille à l'endroit

- sans ta petite laine, qui serais-tu ?

4. Des é

ah bin non je n'ai rien trouvé pour le 4.
Mais je dois l'avouer, ce post surtout pour présenter la critique susdite, qui me fait chaud au.

 


22.11.12

1021 - Transferts

Celle-là, j'ai déjà dû la.
1. Se décider

Je m'apprête à quitter E. C'est certain, maintenant. Je le lui ai annoncé.
Oh, bien sûr, elle tempête. S'en prend à moi. Relit notre relation à l'aune de ce départ - et bien sûr à ses yeux je suis indécis lâche veule. Bien sûr.
Quant à moi, j'entends ses mots violents, qui descendent lentement le long de ma colonne, vers mon ventre, vers mon bassin. Parfois, une légère envie de pleurer me vient.
Mais je ne réponds pas. A quoi bon ? Rétorquer, argumenter, discuter, débattre : cela n'est pas dans ce que nous faisons. Cela n'appartient pas à la sphère de notre lien.
Parfois, je brûle de lui dire qu'elle ne me comprend pas. Qu'elle me lit à la lueur de ses certitudes. Que j'ai tenté le contraire - l'entendre, l'écouter, sans juger ni réfléchir.
Et qu'il arrive un moment, pourtant, ou la seule alternative possible serait
de mourir
(ou de signer un pacte avec le diable).

Je m'apprête à quitter E., la sorcière qui crée une brèche dans ma  vie depuis deux ans déjà. J'aurais aimé que notre relation constitue un cercle, qu'elle se referme (comme une blessure) sur elle-même.

J'aurais aimé. J'espère encore.

Quelque chose en moi murmure qu'elle n'a m'a jamais aimé - et que, pire, elle ne m'a jamais accepté tel que j'étais.

Avec mon indécision. Ma lâcheté. Ma veulerie (au moment même où je me sentais en plein courage, et réciproquement).

Bref, c'était bon mais
nous ne nous sommes pas compris.
D'ailleurs, ce n'était peut-être pas le but du jeu.
Je suis certain d'avoir appris quelque chose. Que tout cela a servi.
Et elle ?
Peut-être que ça ne me regarde pas.

Bref, je la quitte. Ce qui reste entre nous ?
Le choix des armes - celui qui partira en blessant le plus l'autre.

2. Rêverie

Je cuisine. Le bras près de la poêle, le geste précis, connecté à mes papilles.
Nous sommes seuls devant le fourneau - les autres sont partis pour des raisons diverses. Ils reviendront. Dans un autre temps.
- J'ai très envie de t'embrasser.
Ce sont là ses paroles.
Depuis combien de temps ne m'a-t-on pas ?
Je rougis. Agite la poêle inutilement.Je ne voudrais pas être ce type  un peu replet, un peu coincé, derrière ses fourneaux. Je voudrais être certain. Accepter ou refuser - et pourtant je n'y arrive pas.
Je bafouille.
- Mais je... c'est que je... et je...
Ce 'je' m'encombre - mais en cet instant, dans cette situation, il est ma vérité.
- Je te trouve sexy. Je te regarde depuis tout à l'heure, et j'ai envie de t'embrasser.
La situation ne saurait en rester là - les mots créent trop d'inquiétude. Dans les minutes qui suivent, il y a d'autres rapprochements, d'autres passes. Et moi, je reste calé dans ma coquille, entre l'envie de rire, celle de pleurer, et celle de m'effondrer comme une chenille qui crève sa chrysalide.

Les autres reviennent. Les autres, qui me fournissent ce cadre parfait, cette excuse à ne pas avoir vécu ce qui s'offrait. Les autres, qui me raccrochent à une réalité - sans doute pas sensuelle, mais sensée.
Je suis fidèle, non ? A moi-même en tout cas.

Cet instant, près de la poêle.
Le lendemain, je le raconte à. Son commentaire ?
- Qu'est-ce qui t'a retenu d'essayer ?
Franchement ? Moi-même, je suppose.

La moustache aussi, peut-être.

3. Championnat du monde d'équilibrisme

"Je suis persuadé d'être le champion du monde du doute", ai-je écrit pour faire le malin.
Depuis ?  Depuis rien. Mais, un point intéressant : le dîner de ce soir, avec les enfants. Quand nous parlions de nos craintes, de nos erreurs, en adultes ; quand ils se moquaient de nous. Quand nous acceptions de ne pas les diriger. Quand ils acceptaient de ne pas être libres, encore.
Sans doute sommes-nous une famille bourgeoise et, partant, méprisable.
Mais Anton et Zadig (et S et Y) grandissent, et franchement,

ils nous rendent meilleurs par les réponses qu'ils exigent de nous.

4. Cela dit comme ça, en passant

L'émission Pas plus haut que le Bord, pré-sabordée par son animateur en chef, étincelle chaque fois ; Mission Vampire (pas de lien, c'est un projet secret, aux éditions Talents Hauts) devrait être traduit en allemand et en espagnol ; L'Image devrait connaître une renaissance numérique, sans parler de petits textes, comme ça, parallèles. On verra.
Côté écriture/mise en scène/musique... il se passe des choses, voilà. On a le temps.
Côté peinture, il ne se passe rien (mais c'est à cause que je joue beaucoup au rugby, ça compense, si, si, le geste, quoi).
Côté trad... c'est ce qui me retient d'écrire, et me fournit le pain, alors quoi faire ?
Arrêter le pain ? Facile.

Oh et puis, surtout, parce que c'était le but de cette rubrique,

j'ai reçu non pas une mais deux
lettres au sujet de l'Eau des rêves
d'hommes prisonniers, vraiment
qui me disaient
c'est difficile mais,
oui, vraiment,
nous te suivons, nous le suivons,
alors,

si leurs murs s'écartent un peu, 
s'ils se sont sentis un peu plus clairs un moment alors

ça en valait la peine
de raconter, malgré tout.

 ( Et puis le reste ne concerne
que la façon dont la pluie 
efface les pierres
des cimetières
rien à voir avec nous, donc)

11.11.12

1020 - Un dimanche à la foire

Autoportrait en zone commerciale
1. Circonstances

Le gardien de nuit de l'hôtel doit me trouver sympathique car pour la deuxième fois - et malgré mon insistance hier soir - il a préféré me réveiller une heure plus tôt que demandé. Je profite donc pleinement de ce moyen petit jour avant de retourner à la Foire du livre de Brive, où je me sens comme un.

2. Le sens de la foire

G. ne dédicace que ses nouveautés - le libraire d'ailleurs n'en a pas commandé suffisamment, et 400 exemplaires s'écoulent. T. a vendu ses 200 romans, peut rentrer chez lui, l'âme satisfaite ; quant à H., il signe pour la foule l'ensemble de son oeuvre - star incontestée.
Sur ma table tout à l'heure, je trouverai 18 exemplaires à vendre dans la journée - en répondant au chaland qui parfois me demande, "alors qui êtes vous, et c'est quoi votre livre ?"
Va-t'en lui répondre. "C'est un roman fondateur, génial, passé inaperçu jusqu'à vous" ? " Une grosse daube ampoulée et mystique" ? "Rien qu'un premier roman d'un type qui fait des salons depuis cinq ans" ?
Et pourquoi pas "Un bout de ma colère, mes tripes avec des mots, un chemin qui rêve d'alléger la souffrance" ?
Quoi qu'il en soit, j'attends patiemment, entre une Emmanuelle et un vieux routard de l'édition BD. Face à nous, Valérie T., première dame de son état, apparaît parfois, escortée d'une escouade de rigolards vigilants. Passé les premiers moments de jalousie légère, d'agacement, je me demande ce qu'elle voit du monde, ainsi entourée d'un essaim qui écarte tout autour d'elle, comme les oeillères d'un cheval.
Et sinon : je m'use les yeux à regarder passer les passants, je respire, j'échange de temps en temps.
J'ai vécu pire.

3. La blague du vendredi

Oui, je sais, c'est dimanche, mais je n'ai plus le temps pour un poème, et vendredi je pleurais (quoique de façon sèche) et puis c'est comme ça.
Un très vieux couple entre chez le notaire ; l'homme lui demande d'entamer une procédure de divorce. Stupeur dudit notaire, qui tente de les dissuader. Explication du couple "Les enfants sont enfin morts".
A jouer avec une étincelle dans des yeux vieux, en incarnant les personnages de façon organique, en pensant à Jerzy Grotwsky.
(Et comme il est déjà tard, ce 3. suffira à indiquer mes pensées actuelles sur le théâtre et la mise en scène, sur le désir et ses vallées, sur la bonne nouvelle que m'annonce G., hier séparé, aujourd'hui reprenant les rênes ou le fardeau ou qui sait le chemin de son couple - longue vie à vous deux, jeune courageux - sur la poésie, sur les pièces en un acte de Sam Shepard, la condition d'écrivain débutant - le stade suivant d'écrivain en herbe, etc.)
Oups, le portier m'appelle, j'attelle, direction la foire.

A tout de suite ?

26.10.12

1019 - Mouton l'haineux

Ombrageux
1. Regarde un coup

Tu le vois, ce petit commentaire, au post précédent ? Il est génial.

Se sentir détesté. Quand on cherche le contraire.
Expérience... exacte. Ni agréable ni désagréable, je suppose. Juste vraie.

Et du coup quand le mec te dit "continue", toi qui le détestes par contrecoup, bin, tu continues. Un peu curieux.
A vrai dire, tu le comprends très bien. Cette détestation/délectation est un peu la tienne.

Et encore - il n'a rien vu.

2. Jouir, tout de même

Alors même que je me demande du coup comment continuer, je me dis dans un coin de ma tête que, néanmoins, j'aurais fait jouir quelqu'un - juste avec les mots.

3. Et sinon ?

Sinon rien. Avantage du métier de traducteur/auteur : quand un copain t'appelle pour aller cueillir des cèpes du côté de &éç++') (ne jamais révéler un coin à champignons), tu plantes là tes pages et ton ordinateur et tu vas parcourir les pentes gonflées de feuilles mortes.


4. La fois où le ciel s'est couvert

Hier, dans la voiture, nous
nous amusions à 
dire du mal des gens
que nous aimons -
c'était une pente facile ;
puis le soleil soudain a laissé 
place aux nuages et
il faisait froid 
le sommet se
couvrait de brume.

Je suis sûr que ce n'est pas notre faute
- mais tout de même,

quel pouvoir sur les éléments.

22.10.12

1018 - Un jour tu seras en poche...

... et moi j'aurai du blé.
1. Oh, ça va...

Pardon pour le jeu de mots vaseux du titre. 10/18, poche, tout ça, hein... Mais ça fait ça quand on écrit sans penser.

2. Le coup de l'artiste incompris

Il y a des jours, comme ça, ou en lisant une critique, tu te dis "ah bin oui mais c'est ça, exactement ça que je voulais dire". Et donc, un article d'Encres Vagabondes me fait très chaud au coeur ; du coup, je ne peux plus me targuer du statut d'écrivain incompris.

Juste "pas encore très lu".

3. On continue sur le mode autocongrat ?

Non, mais en fait c'est plutôt du polycongrat. Par exemple, il semblerait que je sois bientôt traduit en portugais brésilien, grâce à une adorable traductrice ; il semblerait que je me lance sous peu dans de la traduction de théâtre ; il semblerait que les répétitions d'En attendant Daniel soient chaque fois une source de plaisir et d'énergie (c'est moi, ou c'est hyper sexuel, le théâtre ?) ; il semblerait que, si la fin du monde devait arriver en cet instant, je sois dans un état proche de la satisfaction -

et après tout, souhaiterait-on mourir dans un autre état ?


4. Facebook et autres addictions

Oui, c'est sûr, ça manque parfois de pouvoir faire le malin en lançant des petites phrases apparemment pleines de sous-entendus, et d'obtenir des réactions quasi à chaud ; par exemple, ce matin, j'aurais statuté un truc comme "Maintenant que la rentrée littéraire est terminée, si vous lisiez un vrai livre ?", avec un lien sur l'article susmentionné.

 Tu vois le plan ? Couillu à mort, et distancié à la fois. Dans le léger qui souligne, le primesautier bien balancé.Mon côté p'tite pute, quoi.

Toi, si tu étais sur FB, tu aurais liké, peut-être - et peut-être pris le temps de lire l'article ; et même commenté - ce que tu n'auras éventuellement pas le goût de faire ici, parce c'est trop, ou pas assez, ou moins, ou plus. Ca aurait pu. Sauf que non, voilà. Les choses changent. Quelle importance ?

Je suis ravi, aussi, de ne plus fumer, de ne plus boire. Ces petits défis idiots que l'on se lance, pour le plaisir - et pour le plaisir d'y répondre, de les tenir. Hier soir, mes doux amis se moquaient un peu de moi : mais t'es chiant quand tu ne bois pas, vas-y, fume un peu. (NB : pour qu'ils me lâchent la grappa, je leur ai raconté l'histoire de la petite fille que j'ai tué en roulant ivre. En général, après ça, plus personne n'ose le "mais bois un coup quand même". Sauf mes potes, qui m'ont dit qu'il y en avait plein, des petites filles, et que celle-là n'avait qu'à pas traverser la route sans regarder. C'est bon, de se savoir entouré par de tels.)

C'est vrai que quand je, j'ai tendance à raconter n'importe quoi, à faire des propositions sexuelles à tout le monde et même, péché suprême, à me montrer agressif envers ceux que j'aime.

Tu sais quoi ? Maintenant, j'y arrive sans rien prendre.
C'est un progrès.


5. Prendre l'après-midi pour faire un poème


Pour ne pas me laisser distraire par le monde qui bat,
par ses voix, par ses nombres, 
je me retiens de tout faire car
tout faire, je pourrais 
(murmure une voix dans l'ombre, menace familière)


Mais ne rien faire, oui, rien,
ne rien être
et pire encore, ne rien faire (...)
en faisant quelque chose

alors là, mille excuses mais 
ce serait un coup de maître.

Et puis, quasiment impossible,
se retenir ensuite de continuer,
se sentir satisfait 
et  ne pas
se crinquer sur une branche
pour pisser de plus haut

sur ses envies de faire
ses envies de quand
on était 

là-bas

en bas.


19.10.12

1017. Plus que beaucoup pour faire davantage

Plastic foursome*
1. J'aurais aimé...

rester dans les dispositions d'hier**.

Après tout, ne pas désirer, c'est plus simple : on est certain de ne pas voir mourir le désir.

(préférer rester au port que voir la voile qui faseille)


2. Non mais sérieusement,

ça te gêne de ne plus recevoir la quasiquotidienne Image ?

Oui mais,
à quel moment la contrainte féconde,
à quel moment la liberté entravée ?


3. Tu ne m'auras pas comme ça

Regarde bien cette ivresse : écrire, être lu. Peut-être sans attendre. Peut-être pour plaire, ou même (péché baroque), séduire.

A l'opposé, une tentation janséniste de se retenir - où pourtant je soupçonne une intranquilité, un désir d'être encore plus, encore mieux. De traiter par le mépris ce que l'on admire.

(Eh, ducon, La Fontaine l'a déjà faite avant toi, avec un renard et des raisins. Et Plaute sans doute. Mais ça va pas, de nous balancer de l'Ars Poetica un jour de grand vent ?).

Et zut. Juste faire ce qui est juste. Ou l'inverse, je ne sais.


4. Finalement, c'est vendredi

Ainsi, le ouikend s'annonce : stage de théâtre, entraînement de rugby (pédagogue un jour...), enregistrement de Pas plus haut que le bord, où ça ? Chez ta Mère, et peut-être, si on trouve le temps, badminton et aligot***.


5. Amstérisqumes

* Des fois le ouikend on fait des trucs à 4 - cet objet-là signé ur, ep, al, lt.
**Et c'était drôle, hier, de séparer cette pulsion d'écrire de sa publication, juste parce qu'un coup de fil parlait de Sam Shepard.

*** Tu as vu ? Tu l'as encore fait. Parler de toi et de tes activités en sentant à leur égard une curieuse fierté mêlée à un doute, une méfiance des fois qu'ils soient le fruit de ta diversification malade. 
D'où ce besoin de donner un sens, d'avoir vécu au futur antérieur une vie extraordinaire ?



5. Sam Shepard, lui

Convulsion

Si elle pouvait juste me voir maintenant, elle en serait sûre, qu’elle m’aime. Je parie. Je parie qu’elle serait sûre. Comment elle le serait pas ? Regardez-moi. Regardez-moi, là. Comment je suis. Si elle pouvait juste me voir comme ça, à l’attendre, des heures à l’avance, bien avant qu’elle soit censée arriver, à guetter le moindre signe, le moindre son de sa part... Elle verrait comme j’étais avide. Elle verrait ce désespoir dans ma poitrine. Si elle pouvait juste me voir maintenant, de loin, sans que je sache qu’elle me regarde, elle me verrait comme je suis vraiment. Comment elle a pu ne rien ressentir pour moi ? De la... peut-être pas. C’est peut-être - je veux dire, il y a peut-être de la... répulsion, dans ce genre de situation. Je ne sais pas comment ça marche exactement, mais il y a peut-être une sorte de révulsion, devant quelqu’un de trop avide, trop en besoin, trop en manque. Je ne sais pas. Une... convulsion.

Sam Shepard, trad. d'ici.

6. Alors, quoi ?
  
 son front plissé d'adulte pense :

S'il m'en faut toujours un peu
plus pour faire davantage,
c'est peut-être que
    
 je    
me
sens
trop petit 



O

poil
au
menton
 


17.10.12

1016 - L'épineux problème de la fin du désir

Sculpture 1.
1. Mais, mais... où suis-je ?

C'est quoi, ce blanc, autour ? Pourquoi pas de photos, de coups de gueule, de plaisanteries plus ou moins fines ou de statuts abscons ?
Ah bin oui. Je ne suis plus sur Facebook.
Ca m'a pris comme l'arrêt du tabac, je pense. Voir si je pouvais. Tenir sans, mettons sept jours.
Résultat : j'ai fini cette traduction en une semaine au lieu de deux. Et... j'ai bien peur de n'avoir rien perdu. 
Hier, j'ai rouvert. Et refermé. L'impression d'être le seul non-buveur dans une fête qui peu à peu m'ennuie.
Réjouissons-nous : une addiction, une compulsion de moins.
Seulement voilà.
Je ne sais plus écrire.


2. Le flot suspect des sentiments désagréables

Vaudrait-il mieux nier en les survolant d'un trait d'esprit, ou m'appesantir ? Les petits trucs négatifs qui piquent dedans sont, dans l'ordre, un roman qui semble ne pas trouver son public (comme on dit dans le métier - quand on en parle), un éditeur qui bloque depuis plus d'un an autour de nouvelles qui achèveraient un cycle, l'incapacité à me décider à bander chaque jour sous la forme d'une petite non-image...

Normalement, je tenterais de te contrebalancer ça par une étourdissante liste de projets et de réussites - un prochain bilingue vampirique, les répétitions de En attendant Daniel  qui s'inscrivent dans la durée, un salon à Brive, une lecture à Gaillac, sans compter la radio, des traductions de plus en plus intéressantes (je te parlerais volontiers de "mindfulness") et ce Tantra de la solitude (titre provisoire) que je vais bien finir par m'asseoir pour écrire. Enfin, si je sais encore.


3. NB intercalé

"Si je sais encore écrire". Plus que d'une figure de style visant au suspense, il s'agit là d'une véritable interrogation de notre héros, qui sait pertinemment que parfois aligner des pages et des pages d'écriture, ce n'est pas écrire, pas plus que baiser n'est désirer, pas plus qu'exister n'est vivre quand il manque ce souffle, cet élan qui balaie les doutes.
(En plus, c'est vachement difficile pour un élan, avec ses longues pattes, de balayer).


4. Bilan et désordre
 
Mais ce sentiment de victoire, de plénitude ; cette joie simple du ragoût d'agneau aux girolles un lendemain de fête entre amis ; mais cette intégrité du ventre - où passe-t-elle, quand elle s'en va ?
Le dernier bouquin traduit a beau prétendre que vivre, c'est accepter aussi le mouvement du vide à l'intérieur, il faut croire que je doute encore. Que quelque chose me pousse à noter, critique, tout ce qui pourrait aller mieux, et à m'en faire un ballot que je traîne avec moi même les jours où je pourrais avancer les mains dans les poches.
Non mais quel gland, je te jure.


5. La suite du 2.

Oui, et donc : non, je ne contrebalancerai pas. L'idée générale est que tout va, avance ; que la liberté a son prix et ses exigences ; que l'automne est toujours beau pourvu que l'on aime la pluie 
(et les girolles, puisque).
Que j'ai une putain d'envie de - mais ne trouve pas l'occasion de. Ou bien la cherche trop.


6. Non mais essentiellement ce qui me manque c'est de pouvoir poser du poème

L'épineux problème de la fin du désir

Je guette depuis si longtemps la goutte

au robinet vert-de-gris du mur du jardin
que j'envisage, paisible,
de le détruire à coups de batte
en souriant entre les larmes.

(on verra bien ce que dit le tuyau)

7.9.12

1015 - Traînard

-1 Backlog

Pas trouvé de
Maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaais ! Voilà que je ne donne plus de nouvelles, que je n'indique pas les critiques sur L'eau des rêves, Lauzerte qui arrive (avec, si vous êtes par là, les CD enfin de Voix/Nouvelles), Roméo@Juliette recommandé par ma vieille copine l'éducation nationale, la résidence mouvementée et géniale pour En attendant Daniel, la rentrée, et plein d'autres trucs... Et tout ça à cause de quoi ? A cause des petits p... qui suivent, qui traînent dans mon blogger depuis quelques jours. Que j'hésitais à. Que je retravaillerai peut-être. Qu'il me faisait envie de.

Sinon, toi, ça ?




0. Ars poetica

Richard Brautigan croise
Jacques Prévert dans une rue de Lisbonne
Et lui assène une retentissante
Gifle américaine.
Mais Prévert sourit et lui offre
Un doigt de vermouth dans un verre en cristal.
Pendant ce temps, un climatiseur bruyant
A la terrasse d'un hôtel trempe les fesses
De mon dernier short en jean.

1. Pensée nocturne

Je partageais la chambre avec ma soeur -deux lits, douze mètres carrés.
Puis nous avons déménagé - deux lits, quinze mètres carrés.
Plus tard, nous avons eu chacun notre chambre - un lit, dix mètres carrés.
Et mes parents ont transformé le grenier en 1987 - un lit, trente mètres carrés.
Dans ma chambre d'étudiant - un lit, un bureau, douze mètres carrés - est venue habiter une femme ;
Quelques jours plus tard, nous avons construit une maison - un grand lit, onze mètres carrés (et des chambres d'enfants et des chambres d'amis).
Aujourd'hui notre chambre mesure à peine huit mètres carrés, et le lit grince.

Je me demande si je gâche ma vie - mais la déco est réussie.


2. Existentialisme

Le matin j'achetais des choses
que je regardais l'après-midi
avant de nettoyer la maison.
Puis je faisais une sieste.
Je n'étais pas bien - mais j'étais.

3. Désir

Chaque fois que je m'approche de toi
Mon nez devient mon sexe
Et ma poitrine rêve de se coller à toi.

Il vaudrait mieux ne pas en parler à ma femme.

4. Le courage est une notion complexe

Si j'envoyais un explorateur dans 
la jungle de mon ventre
Je crois bien qu'il ramènerait
Un monstre des profondeurs sans orbites
A la gueule carnassière et aux mains de couteau.

Je préfère habiter sans histoire dans le grenier de ma tête.

5. Analyse

Voilà que mon psy m'invite
A un groupe de parole
Où l'on rencontre l'autre en s'apprenant soi-même,
en s'apprivoisant. Diversité et différence, acceptation, thérapie.
C'est tentant, mais par malchance,
ce soir-là,
j'ai rugby.

6. Glove Compartment

We all are all alone
With no god left
In the trunk
And the drivers themselves
Never care to look at the road
Or even touch the wheel because
There's nowhere else to go.

(Did I forget to check the presence
of my driver's license in my wallet ?)

7. Diagoras

Salut, aéroport d'Athènes!
Tu ressembles à
Une course de chevaux de bois
Où des roulettes oranges piétinent
en attendant
le moment du départ

Tandis que dehors une déesse
Epaules dorées dans le vent
Finit un sandwich grec dont les miettes
Tentent d'aller jusqu'à la mer.

8. Rêvé

Alors j'ai dit à mon père "nous devrons tous quitter le bal
à un moment ou un autre,
alors, pourquoi ne pas profiter
de la splendeur des dernières danses
et sourire à l'orchestre
et à la femme dans tes bras ?" 

9. Enfants

Ce matin planté sur le bitume 
au coin de la boulangerie
je vous ai regardés
courir après le bus
petits points blanc et noir agités du cartable ;
la main de mon coeur je crois
se posait sur vos épaules
ce tentacule sorti de mon plexus solaire (le jour de votre naissance, peut-être même avant)
et par bonheur jamais coupé.

Cela dit, s'il pue l'angoisse, je peux toujours le remballer - 
La boulangère ne dira rien, tant que je lui achète
chaque matin une baguette.

11.8.12

1014 - Un

Cent titres (enfin, un peu moins)
1. Premier

Oui, parce qu'après tout, si on ne compte pas trois bilingues, et qu'on laisse de côté les nouvelles et  les pièces, il s'agit bien de mon premier roman.

Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais il est d'usage pour moi, lorsque je reçois le colis contenant mes exemplaires d'auteur, de me lancer dans une caractéristique "danse de l'édition", qui n'est pas sans rappeler, selon les rares témoins, la parade amoureuse du serpent-iguane (à cause du déhanché) ou du gorille du Dourdou (à cause des origines).

Celle de ce matin a failli me laisser avec l'échine brisée, tant j'y ai mis de. Espérons que je n'aurais pas ainsi anticipé les réactions de la famille (car toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait assez violente) ou des critiques (mais à eux, je ne songe guère, tant ils ont la gentillesse de me laisser tranquille, moi et mes écrits).

Quoi qu'il en soit, tu peux voir ci-dessus une tentative de création d'un effet hypnotique destiné à faire acheter le roman en masse ; ensuite, j'ai mis un exemplaire à infuser auprès de ma liseuse - où se joue en ce moment le dernier John Irving - et d'une pile d'hedomadaires culturalo-télévisuels de gauche chrétienne dont je ne parviens toujours pas à me désabonner malgré les.

Bref, j'ai l'espoir subreptice - et toutefois vivace. Et si tu veux en parler à ton libraire, n'hésite pas. Quoiqu'encore méconnues en France, les belges éditions Luce Wilquin ont à coeur de - en pas qu'un peu, crois-moi.

A toi de voir.

8.8.12

1013 - Pilotages (et un truc important à la fin)

From Rhodes with
1. Il va falloir que 

je comprenne comment ça  marche. Un petit patapon, héron, héron…
Et là, c’est mieux ? Pas vraiment. Et comme ça ? Comme ça, ça paraît plutôt intéressant…
Ah oui, pardon, camarade lecteur, tu étais là. Eh bien oui, voilà : suite à une manip de (vraie) fenêtre ratée, et mon ancien clavier n'étant visiblement pas du genre waterproof, voilà que je me suis commandé un clavier façon tableau de bord d'airbus. Du coup, quel meilleur endroit que ce blog pour le tester ?
bbbbbb.

Avant, je faisais plutôt le b avec l'index droit, là il faut que je passe à gauche. C'est fou comme c'est fascinant, la bie d'écribain.

En parlant de haute technologie, laisse-moi te parler de ma dernière (enfin, avant-dernière du coup) acquisition : une liseuse, oui, monsieur, de chez Madame la Fnac. Embarquée tout aussitôt dans dix jours de périple à travers les îles du Dodécanèse.
Bin tu sais quoi ? Ca le. Méchamment, même. Quelques grammes de plastique pour une vingtaine de bouquins embarqués, la main libre pour saisir le café frappé à la terrasse du bistrot ou pour s'enduire de crème solaire sur la plage - et successivement Kellerman (j'aime bien ses polars psy idiots), une daube vampirique reposante, Brautigan - honte à moi, je ne connaissais pas sa poésie - Boulgakov... Bref, j'ai lu comme un mort de faim, et ça ne m'était pas arrivé depuis des années. En plus, le merdier est pratique, résistant, avec ses petits bugs de temps à autres, mais oui, c'est décidé : j'arrête les livres papier.

Non, je déconne. Cela dit.

Ah. Attends. On me chuchote au niveau de mes cervicales que cette nouvelle position de clavier est un peu... Bon, je remets le truc sur le machin au cas où... Ouh putain que c'est gros comme ça... Reprenons.
Oui, sinon, quoi, à part m'enfouir dans la brillante technologie de notre radieux vingt-et-unième siècle ?

Bin, le soleil sur Rhodes, les criques, l'eau turquoise, les statues antiques, apprendre l'Italien devant une bière, marcher ou me laisser conduire en scooter par ma douce, rire un brin des angoisses quand elles refont surface comme des taupes désorientées après un tremblement de terre... Attends, je grossis mon écran avec la touche "grossis l'écran"... Non, merveilleux, vraiment. Et la liseuse et le clavier et, surtout, vivre avec Elle ces moments de.

Bon, tu m'excuses, j'ai fait long, mais que beux-tu, faut que je le teste, ce merdier...

Sinon, toi, ça va ? Au fait, si tu n'as rien de mieux à faire, va porter ce vieux whisky au juge blond qui fume - ça lui fera plaisir.

2. Haiku ambulance

(Ambulance pour un haïku)

Un morceau de poivron vert
est tombé
du saladier de bois :
et alors ?

3. Karma Repait Kit : Items 1-4

(Kit de secours pour karma, articles 1 à 4)

1. Prends de quoi manger, et mange-le.
2. Trouve un coin tranquille pour dormir, et dors-y.
3. Réduis le vacarme de l'intellect et des émotions jusqu'à atteindre ton propre silence, et écoute-le.
4.

(Ces deux derniers, bien sûr, de Richard Brautigan, traduits à la volée comme on dit).

4. Alors, ce clavier ?

Pas mal pour la frappe, mais il va falloir que je trouve une chaise plus haute si je ne veux pas finir paralysé de la nuque. C'est ça, la course à la technologie.

5. Et sinon, de l'important ?

Euh... oui



22.7.12

1012- Liens familiaux

Sans titre
1. Un rêve

Mon grand-père se tenait courbé, le regard fixe ; une chaîne entravait ses mains et ses pieds. Pour qu'il ne se nuise pas à lui-même. Les électrochocs avaient brûlé son cerveau, sa capacité à ressentir, à partager. Parfois, pourtant, il souriait. Une peur-chagrin magnifique respirait dans mon ventre, avant de retomber dans la satisfaction de l'avoir retrouvé, de lui parler malgré les interdits qui pesaient. Ma soeur, elle, connaissait son existence - depuis que vers vingt ans, inondée de sentiments dépressifs, elle avait eu le droit de rencontrer l'homme qui, dans son asile, tenait notre folie en réserve

Puis une partie irritée de mon esprit a grogné que cet homme était mort depuis longtemps déjà. Qu'il était trop tard pour les rêves.

Ensuite, mon faux copain François m'a piqué mon vélo, et bien qu'il sache s'en servir ça m'agaçait qu'il le malmène. J'en voulais à tous de profiter de moi.

Et dire que parfois tu te réveilles en te demandant pourquoi l'humeur te gratte.

Les enfants bougeaient déjà, et ma colère cherchait un objet - ou, moins que la colère, cette insatisfaction, ce manque d'espace où épancher la brûlure interne.

Bref, j'avais envie d'écrire - pour faire taire le grondement des entrailles.

Puis ce fut le matin, incapable de rester dans le tendre du lit, tiraillé, démangé. Et le soleil néanmoins, les enfants qui jouaient au carte. Pas trop tôt qu'on se débarrasse d'eux - et déjà pourtant le manque de leur douce obligation, des journées de famille recomposée au gré des coups de gueule et des illuminations. La maison comme cadre et prison. Les gestes habituels que je soupçonne de me nuire.

Je ne pense plus au cancer de mon père ; c'est une donnée, un fait acquis. Il s'est battu, il se battra à nouveau. Nous ne craignons plus le pire : nous l'avons accepté. C'est seulement le voir beau dans le soleil, l'accompagner à vélo sur trois générations, parler de rien sur l'air de tout - cela, oui, me fera souffrir l'année prochaine, quand je le reverrai faible, le ventre noué par la chimio, les yeux pâles, le crâne déplumé (inutile de le dire : j'imagine parfois traquer dans mon corps les cellules qu'il me lègue). Et néanmoins : sa force. Sa constitution. Son envie d'être là - renouvelée, je crois, par ces derniers mois.

Les rêves en ce moment tissent en moi du noir.

2. Un presqu'haiku des montagne

Herbe coupée, jardin en pente.
Petit oiseau noir sur un piquet -
On se contemple.


3. D'autres nouvelles ?

Si ces colonnes servaient à parler de moi, je te dirais que le temps fut doux, en montagne et sur les prés ; que j'ai perdu nos enfants dans le noir - mais qu'ils sont revenus. Que les amis. Que la famille. Que presque le calme dedans. Et que bientôt, pourquoi pas ? Rhodes, sac au dos (comment serai-je dans l'imprévu ? Je la plains d'avance).


4. Conclusion et moralité

Cet étrange écosystème qu'est
notre conscience (ma peau trop perméable et l'humeur massacrante, jaloux, résigné).


5. Parce que toujours pas satisfait


Le coeur éparpillé dans le prisme
des envies, des rancunes et des doutes,
un dimanche matin comme un manche,
Où serait l'équilibre ? J'aurais voulu m'absorber, mais
entre déguster et dégoûter, 
voilà que par malchance (ou incompétence, ou destin, ou volonté)
je me retrouve à
ma chère vieille place
où je me fonds, au fond, par habitude,
cherchant encore, comme toujours,
à lever le voile, le diaphragme,
à reposer les épaules
à apprécier le désordre sans vouloir l'organiser
à chercher l'explosion que je redoute
au risque de -
rien, sans doute.

6. Si j'étais écrivain

je dirais également : un recueil de nouvelles, une compilation d'images érotiques, un roman jeunesse et un bilingue goût vampires en attente chez des éditeurs. Espérons qu'ils auront envie de lire, cet été.

27.6.12

1011. Où l'on parle de mois

S'il reste du frais
1. Sans déc ?

"Le blog est mort", disait-on dans Télérama (oué bon, je lis ça, on ne va pas en faire un). Je ne sais pas si c'est vrai, mais je m'aperçois avec horreur que voilà plus d'un mois que je n'ai. La faute, je suppose, à cette grosse traduction, aux ouikends chargés de dates de spectacles et de fêtes, de la fin de l'année scolaire pour les.
Peut-être aussi de cette impression puissante que tourner en vélo autour de mon petit nombril ne me fait pas avancer tant que ça.

2. Bilan comptable de juin

Deux pièces de théâtre jouées (Tonton Maurice revient du 4 au 6 juillet au Théâtre de poche, ce qui nous laisse le 7 pour aller voir l'adaptation de Macbett de Ionesco par Jean-Paul Bibé et ses complices au TPN - oui, Jean-Paul Bibé, celui de La Fête à Fred, de retour de sa tournée triomphale en Aligot, pardon, en Aveyron). C'est dit, la ville de Toulouse devient trop petite pour nous tous, il va falloir qu'on s'esporte à l'estranger.

Parution de Bruxelles ou la grosse commission, nouvelle sous forme de bambochade, aux éditions Onlit ; uniquement téléchargeable sur liseuse, smartphone, tablette, émulateur minitel (voire ordinateur, si vous y tenez), parce qu'Onlit est un éditeur pas comme les autres - sauf quand il m'engueule parce que je n'ai pas fait de promo dans ces colonnes, aïe malheur chef j'ai pas eu le temps, voilà qui est fait. Et pour la fine bouche, la première non-critique en ligne sur ce texticule...

Du côté des Nouvelles musicales, non seulement les trois représentations de Que ma joie demeure (avec le saxophoniste Sylvain Loyseau) dans le cadre du festival Passe ton Bach d'abord ont été un plaisir (et aussi un succès, ce qui ne gâche rien), mais le CD Nouvelles/Voix : Cinq tentatives d'approche de l'infini est quasi-bouclé - plus qu'à finir de peindre la pochette... et à le vendre. Nos excuses à la Médiathèque de Pamiers, où Emmanuelle Urien et moi-même avons eu la joie de venir proposer nos lectures au début du mois, mais non, la galette n'était pas encore prête. Du coup, on reviendra, tiens.

Et pour les amateurs de satire politique : l'émission Pas plus haut que le bord a enregistré sa dernière hier soir (diffusée aujourd'hui à 18h sur Radio Campus), mais elle reviendra l'année prochaine après rediffusion estivale des émissions - et de toute façon, vous pouvez la retrouver sur le site...

3. Mais t'as pas un peu fini, de parler de toi ?

Vu que c'est désormais les vacances, ou quasiment, je me retrouve à dévorer des bouquins ; et en particulier deux d'entre eux, découverts sur le stand Buchet-Chastel du salon de Villeneuve-sur-Lot : La mécanique du monde de Bernard Foglino et Les petits sacrifices de Caroline Sers.
Le premier m'a immédiatement entraîné par sa logique absurde, sa perméabilité entre le réel et le fantastique et cette simplicité de la complexité du style (ou l'inverse) que j'aime tant chez Murakami et Brautigan.
Le deuxième avait au départ tout pour me laisser froid : l'histoire d'une famille bourgeoise de l'assassinat de Jaurès aux années 50. Sauf qu'en évitant la grande fresque historique pour se couler dans les pensées et les émotions de chaque personnage, le roman se révèle tout simplement un enchantement. Aigre, empoisonné, poignant - mais un enchantement.

4. Juin (ou la fin d'une histoire)

Juin péniblement
s'approchait comme
une louve rampant
sur ses mamelles
tordue, indécente,
cocasse malgré elle n'eût été
notre dégoût.


Etonnante victoire 
que cette liberté soudain conquise
que ce coeur dépassé, enfin,
que ces mots qui disaient vrai
au-delà de ce que nous avions 
rêvé de croire.


Un instant nos regards 
se croisèrent et
nous y lûmes
le mépris et l'oubli
là où se trouvaient la veille encore
la source d'un bonheur minuscule.

Juin péniblement s'approchait 
comme
une louve au ventre plein
dans l'odeur de lait suri 
mais
nous n'y pouvions mais
(mais il y eut un instant où
au moins nous comprîmes
que nous nous étions aimés
- et nos mains se touchèrent
une dernière fois qui se savait dernière
nous fûmes dans nos sourires

la joie du regret de la joie
la mélancolie comme une louve
au collier rompu
qui revient sur ses pas
mettre bas sa portée.

Combien de fois depuis ai-je vu
cet animal privé de ventre
revenir rôder sur mes nuits
(et l'autre source, si sincère,
murmurer à mon oreille
sans que je puisse en saisir l'onde,
jamais).



25.5.12

1010. Prolongations

4. Mais dis donc j'avais oublié
Ceci n'est pas une couverture, 2

Du 13 au 16 juin, Mo et ses frangines Ariane et Camille reprennent du service, parce que Tonton Maurice est toujours mort - au théâtre de Poche, dans le cadre de la Marche des Fiertés.

Ce qui tendrait je suppose à me situer dans la catégorie des auteurs régionalistes petits-bourgeois gay-friendly, pas étonnant que les grrrrands théâtres à qui je propose des pièces aient mieux à faire que répondre.


Ouh la, je suis amer, là, non ? Tu pas t'inquiètes : c'est les remontées acide de la soirée d'hier, dès que la pharmacie ouvre ses portes, ça ira mieux.

1. Ce que je n'ai pas dit à Luce W.

Elle a braqué sur moi son appareil photo et son sourire bienveillant, me lançant au détour du déjeuner en terrasse : "Alors, parle-nous de ton roman".
Hé bé comment dire alors ça raconte l'histoire de je veux dire - ça commençait mal.
Faut que je me rattrape, tout de même. Je vais m'y employer dans ces colonnes.

Il y a un secret, un secret de famille ; et un homme qui, trente ans plus tard, voit le monde se tordre autour de lui. Voit sa bouche disparaître et son identité se fissurer.

Il y a les fantômes qui le hantent -celui du grand-père suicidé dans une vigne, celui d'un monde avec un sens. Celui d'une femme, d'une étrangère impossible à aimer parce que trop réelle, trop semblable. Celui d'une langue disparue, insaisissable tant elle se tord et serpente.

Il y a l'eau des rêves - cette eau que l'on croit boire et qui ne désaltère jamais.

(et il y a encore du boulot, tout de même).

2. On en est là ?

Oui mais tout de même : ce doute permanent sur soi, ses pensées, ses sensations, de ses désirs, ses envies : c'est cartésien, ou juste chiatique ?

Il se dissipe, remarque. Très nettement en ce moment.

(et zut, la pharmacie est encore fermée, quelqu'un a du paracétamol ? Ah non zut on n'est pas sur facebook)

3. Imagine le type qui parlerait d'autre chose que de son

Ce matin-là dans ton haleine
il y avait moins de regrets
et presque
un bon gros rire
un espoir bossu et rond comme un sexe de femme
une tendresse sèche et tiède comme une peau d'homme.

Ce matin-là dans tes draps blêmes
tu lisais le bleu à venir

alors tu te levas en hâte, 
laissant dormir la forme molle de tes craintes,
espérant contre toute habitude que le bois du lit ne grince pas

- et tu connus le miracle d'être
lavé levé au premier matin.

 
 

24.5.12

1009. Une question d'ordre

Ceci n'est pas une couverture
1. Instantané

Ca faisait longtemps que je ne m'étais retrouvé aussi partagé (depuis que j'ai arrêté les, je pense). Du coup, je reviens faire un tour ici, histoire de vérifier que l'air y est toujours plus posé, respirable.
Si écrire, c'est ralentir pour mieux voir.
Pouf, pouf.
A ce stade du parcours, une question se pose : authentique ou imposteur ? Quand tu traduis un roman avant de déjeuner avec ton éditrice pour ensuite sauter sur ton vélo vers une répétition, qu'es-tu ? Un artiste, un vantard, un promeneur, un velléitaire, un homme perdu ?
Heureusement qu'il y a des détails comme le repas du soir le sport des enfants la voiture à réviser le nouveau CD à écouter qui font que tu perds encore plus la cohérence de ta journée. Depuis le temps que je m'agite, je ne sais toujours pas bien si j'y crois ou pas. En moi, je veux dire.
Ce n'est pas faute d'observer ; voilà, combien ? 1009 posts que je regarde comment marche ce truc que j'appelle moi, et j'ai toujours des doutes sur sa fabrication et sa fonctionnalité.
Pourtant, le vice n'est pas caché - ou alors à peine.


2. Préambule à ce qui précède (pour ceux qui lisent à l'envers)

Hors les doutes que je me permets d'exprimer dans la partie qui suit ci-dessus, voilà le programme des semaines à venir :

Mai (ce qu'il en reste) :  

Salon du livre de Villeneuve-sur-Lot (samedi 26)
Venez nombreuses, j'ai des livres à vendre et je porterais un T-shirt moulant (aux épaules seulement. un genre de robe de grossesse, c'est préférable pour nous tous).

Le 30, représentation unique et exceptionnelle de La Fête à Fred au Chapeau Rouge, dans le cadre du festival de solos théâtraux "Coup de chapeau". Ce serait bien que tu y soies et que tu applaudisses, car le jury choisit son oeuvre préférée pour la programmer l'année suivante. Et Jean-Paul Bibé est grand.

Juin  : Ouh la ça s'agite. Aaaalors : 

Dimanche 3, Salon du livre de Pamiers : lectures musicales (rahrahaah putain il faut qu'on trouve un meilleur nom d'autant qu'on vient de finir le mastering du CD, tu n'as pas une idée, toi ? Pour l'instant, on n'a que Voix/Nouvelles). 10h, médiathèque - à la place de la messe, si tu veux.

Samedi 9 et dimanche 10 : Ouh alors là, on est dans la fierté absolue - dans le cadre du festival Passe ton bach d'abord, électrorécit avec l'ami Sylvain Loyseau. 19h et 22h le samedi, 15 h le dimanche. Et l'occasion, avec "Que ma joie demeure", de raconter une histoire qui me tient à coeur depuis des années. Une forme à part pour une occasion à part... il me tarde que nous.

Samedi 16, spécial dédicace au Team Aveyron : La Fête à Fred à nouveau, cette fois au Centre Social de Bozouls, Aveyron (le village avec le trou, exactement) - et si tout se passe bien, on finit en planches...

Du coup, rien pour le 24, mais ça ne saurait tarder à. Cela dit, c'est également en juin que sort (je crois) Bruxelles ou la grosse commission, e-novela aux éditions Onlit - l'occasion, selon moi, de s'acheter une liseuse pour pouvoir lire l'histoire d'un type avec une sacrée envie.
Tant qu'à être en Belgique, et pour nos amis de la presse et des blogs spécialisés, les éditions Luce Wilquin proposeront un premier tirage SPcial de L'eau des rêves, roman.


3. Et maintenant (que vais-je faaaaaaaaaire)

Mes autres problèmes à ce jour : où trouver le temps de peindre, l'amour est-il soluble dans la fidélité, pourquoi tant de colère quand tout nous sourit pourtant, je ne t'ai pas présenté Tata Vulvinia, les réunions de famille sont-elles l'endroit idéal pour parler d'un roman familial, qu'y a-t-il de plus triste qu'un vampire américain, où est passé Robertson Davies, combien faut-il d'exercices pour trouver la sérénité, et comment s'habiller quand il n'y a plus de saison ?

Sinon, comme d'hab : tout va bien, et toi-même ?

11.5.12

1008 - Perdu dans mes contes

I'll be writing you
1. Ouh la c'est difficile

Information sans aucun intérêt : blogger a changé de présentation et je tâtonne à présent pour écrire un post comme un grand-père ouvrant son nouveau télérama. Parler de ça, et Mickaël Vendetta (nan, pas de lien, faut quand même pas), sont typiquement des façons de dilapider de l'espace numérique.
E., quand nous photographions, s'amuse : "ne gâche pas de pellicule". Nos pixels cela dit sont stockés sur des espaces de plus en plus grands, de plus en plus consommateurs d'électricité. Il y aura un jour un continent informatique comme ce continent de plastique qui dénature l'océan. Et nous chercherons une solution nouvelle.
Chut. Seul le silence - et le sourire au vent.

2. Lecture

Dilemme hier : plus de livre d'avance dont la couverture l'auteur le titre le thème parle à mon ventre, fasse naître l'envie dans la poitrine, et ce malgré nos achats aussi bien chez les bouquinistes de Montolieu que chez les distributeurs en ligne (vois ici ce que dit une écriveuse de sa liseuse - un post magnifique, comme elle est belle quand).
J'allais me résigner à me taper la énième imitation de Twilight que j'ai à traduire en ce moment lorsque je tombai sur un exemplaire d'occasion de The abortion, de Brautigan - l'histoire d'un bibliothécaire qui n'accepte que des oeuvres uniques que des écrivains viennent eux-mêmes placer sur ses étagères.
Depuis hier soir je ris à cette naïveté feinte, à cette simplicité dans l'étrange, à ces phrases qui m'emmènent sur des chemins jamais explorés.
Chouette. J'ai trouvé un copain et un point d'intérêt majeur pour les jours qui viennent.

3. L'esprit de l'escalier de Charles Bronson

Passage piéton avec Zadig - la Twingo ne fait pas mine de ralentir. Je l'ai bien vue, pousse un cri pour attirer l'attention du conducteur - en général un vieux monsieur affolé ou une dame toute affairée, qui s'excuse - lui montre le feu qu'il vient de griller.
Mais le jeune type de 19 ans, que je vois dans le quartier avec sa casquette à l'envers depuis des années, ricane ; comme pour nous défier, il prend un virage au frein à main, apostrophant au passage un groupe de dames âgées scandalisées.
Depuis, j'attends de le retrouver, à pied. Pour lui dire "Jeune, mon ami, que tu joues au con ne m'effraie pas tant que ça ; mais, jeune, mon voisin, es-tu certain que le pays manque à ce point de connards racistes pour que tu te sentes le besoin de leur donner des raisons" ?
Un vrai petit vengeur masqué. Sans le masque.

4. Parce qu'il faut un 4.

Et toi, tu vas bien ? Non, parce que je parle, je parle, mais du coup. Et ça fait longtemps que. Alors, quoi de ?


6.5.12

1007. Histoire d'attendre

Bois danois
1. Où fut Avril ?


Ah d'accord : je tourne le dos quelques secondes, je me consacre à autre chose, et hop, voilà : un mois entier est passé sans post. Zoé m'avait prévenu, on me voyait peu en ce moment, mais là tout de même, je suis le premier surpris.
Il faut croire que j'avais autre chose à (dans le désordre : réfectionner Déjà que tout seul j'ai du mal à vivre ensemble, recueil de nouvelles ; mettre en scène En attendant Daniel ; préparer mon premier texte exclusivement numérique et belge, Bruxelles ou la grosse commission ; corriger L'eau des rêves, roman, pour sa sortie à l'automne... et encore, on ne parle que du plaisir textuel).
Ca ne m'a pas empêché de voir des choses.

2. Leçons d'émerveillement

Copenhague, pour un ouikend : marcher des heures, synchrones, ouverts, silencieux ; effleurer la mer, se poser aux terrasses, découvrir, explorer, admirer. Sans rester béats pour autant.

Les Danois sont gens bien nets ; le soir, dans les parcs, ils vident de longues cannettes que des indigents ramassent avec un mot d'excuse.

Pour la ville et ses ciels, j'ai des photos ; pour Christiania, le quartier indépendant, j'ai des impressions. Mais pour le musée de Louisiana, j'ai des envies de partage.
Il y avait, outre des Giacometti vibrants, une exposition sur les femmes de l'avant-garde, où j'ai découvert entre autres Dora Maar et Claude Cahun - frappé par les points communs de leur démarche, par leur familiarité aussi (l'univers d'E. me les rappelle) ; guidé par un commentaire éclairé, intelligent, j'ai retrouvé ce plaisir, un peu perdu dernièrement, de regarder autour, de regarder l'autre, de m'en laisser conter.
Il y eut aussi les photographies d'Andrea Gursky, qui détiennent le douteux privilège de figurer parmi les plus chères du monde ; mais au-delà de ce titre discutable, leur démesure, leur composition, le sens qui s'en détache - le tragique parfois, parfois le narratif, le surprenant, le documentaire, ou l'abstraction - en font bel et bien des objets fascinants, admirables au sens strict du terme.
Mais ce fut Yael Bartana qui me surprit le plus : cette artiste polonaise a tourné trois films relatant le retour de millions de Juifs en Pologne, à l'appel d'un activiste polonais. Le premier court-métrage reprend les codes oraux et filmiques des discours du Reich ; le deuxième parodie les films de propagande, en particulier ceux dédiés aux kibboutz ; le troisième, enfin, plus long, lorgne du côté d'un cinéma américano-européen moderne, en mélangeant individus et mouvements de masse et en faisant une part belle au pathos ; c'est aussi celui où la réalisatrice égratigne le plus Israël. Sa posture de candeur intelligente - et si venait un appel au peuple, un appel au pardon, à la guérison des maux? - m'a ravi,réchauffé, encouragé.
Connaître l'Histoire et ses signes sans s'empêcher pour autant de rêver.
Un peu à ça que sert, l'art, je suppose.


3. Mélangisme artistique

Et voilà que, suite à une discussion véhémente au détour d'une soirée, je me retrouvai hier au dernier soir de l'édition toulousaine du festival La voix est libre, au théâtre Garonne, où se rencontrent des artistes venus de tous horizons.
Hier il y eut Miguel Benasayag - lumineux - un texte de C. Pennequin dit et bruité par deux comédiennes - original, inhabituel, même si parfois un peu déséquilibré - une performance voix/danse de Dieudonné Niangouna et Qudus Onikeku  à couper le souffle, et enfin un concert de Bernard Lubat,qui, du haut de son "jazz baloche" (la formule n'est pas de moi), se demandait si demain, sarko'mençait, ou s'il fallait croire Hollande-mains qui chantent.
Parce que oui, ce fut une soirée préélect'orale, tout en rencontre, en coups de coeur et de cris, en explorations / expérimentations, en mélanges, une soirée festive et drôle, une soirée comme on en rêve de vivre plus souvent, dans un climat d'écoute et de partage, un moment de bonheur...
Et c'est à peine si on parlait de politique.

4. Parce que bon, tout de même

A l'heure où j'écris, aucune fuite dans la presse internationale n'annonce un écart de cinq à six points en faveur du candidat de gauche. Je dis bien de gauche, même si mes copains de la vraie-gauche-qui-sait traitent les socialos de socialistes, ou l'inverse je ne sais plus, même s'ils m'annoncent leur trahison.
Intéressante variante apparue pour le premier mai : la gauchiste féministe pour laquelle tu es un salaud parce que... tu parles (avec des couilles, mais pas seulement).
Attention notule : N'hésitez pas à écouter la dernière émission de Pas plus haut que le bord pour davantage de détails (j'en profite pour préciser que, depuis près de deux ans, je suis apparu dans cette émission sous les traits  d'Aymeric, chroniqueur UMP, et que le Manu qui chronique est, bin, un autre chroniqueur. Voilà voilà).
Tout ça pour remarquer qu'effectivement, les soirées au théâtre, les après-midis au musée, ont un parfum terriblement bobogauchiste - un événement Télérama, n'est-ce pas ? Et que pourtant, ce sont elles qui ouvrent à l'autre, qui permettent de saisir sa culture, sa différence, et de remettre les nôtres en perspective ; que l'élitisme que l'on reproche parfois à la culture est un bon prétexte pour l'escamoter et la remplacer par des produits consommables, prêts à l'emploi et uniformément tièdes.

Alors bon, voilà. J'attends le résultat d'un vote en me disant que, pour la première fois de ma carrière d'électeur, j'ai une chance de voir élu un candidat dont le discours présente des valeurs dont je me sens proche.
J'ai un peu les miquettes, tout de même, parce qu'en revanche, je m'y connais davantage en matière de déception ; et je me dis que, si tout se passe bien, demain - il faudra se remonter les manches, se mettre au travail, se préparer à voir bouger le navire - en sifflotant, s'il vous plaît, parce que tant qu'à être dedans, autant y prendre du plaisir...
A demain (ou au moins prochain) pour l'an 1 ?

5. Et puis, l'important

Les  mots guérison et rémission n'ont pas
vraiment de sens mais
je te vois à présent libéré
non seulement des contraintes médicales mais
de la tristesse, du doute que
je te connaissais depuis dix ans peut-être, peut-être plus
- je te prends dans mes bras, boule de muscles qu'enfant si lointaine,
que mes longs bras d'adulte ou presque reconnaissent à peine
et célèbrent, 
et je te blottis aussi comme un fils
toi qui m'appris à être père
à être fils
toi qui m'apprend désormais que

sourire est 

survivre
se battre, avancer, décider,
choisir le camp de la vie
en chérissant notre faiblesse,


et ce jour-là, Papa, champagne ! Nous avions gagné.