31.12.11

998 - Pour ce qu'il en reste

1. Etat des lieux

Avant de rendre cette année dans l'état où j'aurais aimé la trouver en y entrant, un rapide bilan : en 2011...

J'ai plus traduit qu'écrit, plus ri que pleuré, plus cru que tenu, plus attendu qu'espéré, plus prié que remercié, plus rendu grâce qu'obtenu d'augmentation, plus découvert que caché, plus entendu qu'écouté, plus écouté que vu, plus vu que regardé, et plus regardé que cru.

J'ai été un père passable, un fils un peu ingrat, un compagnon égaré ; j'ai été un amant supportable (ou du moins je l'espère), un ami peut-être décevant.

J'ai voulu, bien sûr, pas assez fort, sans doute ; je me suis projeté, levé, rassis, couché devant la tempête.

Je suis tombé amoureux, si souvent que c'en était à croire.
Je n'ai pas fini toutes mes.
Je ne suis mort que quelques fois.

J'ai vécu, je crois, par intermittences. J'ai pensé à toi - à ce toi protéiforme qui je l'espère pourra m'arracher à moi.
Je me suis promis, et pas tenu grand-chose.
J'ai avancé, il faut le croire, mais quand je me suis retourné
le vent avait effacé mes traces,
j'ai failli me décourager.

Je me suis baigné dans l'Adriatique avant Pâques, dans l'Atlantique avant Noël ; je ne sais plus si je me suis trempé dans ma rivière, entre les vignes,
j'ai respiré, sans toujours en éprouver de la gratitude,

bêtement politique j'ai été
bassement manipulateur, hypocritement tendre,
j'ai été un enfant, un sale gosse,
un triste vieux un pauvre adulte
j'ai détesté l'actualité,
j'ai vu mourir le monde, plusieurs fois,
je suis revenu - de tout - sans savoir que j'étais parti - de rien ;

j'ai moins lâché prise que saisi à bras-le-corps.

J'ai achevé ma trentaine, j'ai fini en beauté
terminé comme j'ai pu

et si mes mains tremblent au seuil de l'avenir
c'est du goût lâche du passé.

Tout ce que je trouve à dire pour ma défense, c'est que
je ferai mieux
la prochaine fois.



2. Pannes en série

Non, plus d'image - ni ici, ni dans ta boîte à mail. Pourquoi ? Une simple panne. De réseau, je crois. De courage. D'envie, de besoin, je ne sais.
Irrité, irritable, je cherche et je fouille sans pouvoir.

Mais tu sais ce qui est bien, à mesure que le temps avance ? C'est qu'on apprend à se dire que ça reviendra.


3. Aucune inquiétude climatique

Année la plus chaude jamais enregistrée ; accident nucléaire ; hier, un entraîneur de foot reçoit une vie de Smic en salaire mensuel ; chômage, dette, gestion des affaires, serrez-vous la ceinture, tout ira mieux après (après l'accident) ; pourcentages en augmentation, développement à outrance. Achetons, goinfrons-nous, nous n'avons après tout aucun enfant à qui transmettre la planète. Faisons disparaître les livres, la culture est trop chère, mieux vaut les blockbusters.

Tu sais quoi ? Il est temps que 2011 s'achève. Perso, je n'en pouvais plus.




4. Perspectives riantes

Espérer, donc, croire, agir, écouter ; accueillir, accepter, grandir, comprendre. Découvrir, explorer.
Apaiser, enfin - oser, dire, représenter.

2012 pourrait être belle, si nous le souhaitons.

16.12.11

997 - Le message éclair

... je dois et je veux et je vais te parler du portrait en photo, des cadeaux de noël dématérialisés, des clips vidéos, de littérature franco-belge, de mes angoisses (ah non merde il y a déjà 996 posts là-dessus) de mon père et de nos yeux, de locaux, je veux te parler d'amour bien sûr, et d'Images, de corps qui s'en mêlent et de rugby, un peu...

sauf que je finis à peine mon travail du trimestre,
que l'ordinateur tombe en carafe,
que je m'envole demain vers les plages et le soleil
finir la trentaine en beauté.

alors quoi ?

je t'embrasse

(en haut de ce post, une photo de moi en tenue d'Eve, Le petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux collé au corps comme une dalle gerflor. Et hop.)

à bientôt

16.11.11

996 - Aucune urgence

La feuille d'automne
1. Oui, mais...

Il y a tellement de choses dont je n'ai pas eu le temps de parler ici. Le salon de Salins et un restaurant bisontin tard le soir, les sourires ; la gentillesse, sport national à Voiron, Isère ; une traction avant gris pâle à l'intérieur rouge ; des découvertes littéraires, des coups de coeur... (et même Jean-Louis Trintignant, Vian, Prévert et Desnos, tiens, pour faire bonne mesure).
Est-ce que la qualité de mes jours se mesure à tout ce dont je n'ai pas pu parler ?

2. Au théâtre ce soir

Je n'y peux rien : chaque fois que je vois Jean-Paul Bibé jouer La Fête à Fred, je ris, je pleure, j'admire. Je suis fier et ravi.
J'ai l'impression qu'il est meilleur à chaque fois - plus fort, plus fin, plus libre. Du coup, j'ai envie qu'il soit vu partout - je finis par croire, présomptueux auteur, qu'il porte partage des choses sensibles qui rendent la vie plus douce.
Hier soir, à la fin de la troisième première, un canadien démesuré qui avait ri et applaudi pendant tout le spectacle s'est déplié sur nous, et nous a inondés de sa joie. On était bin un peu penauds, le Jean-Paul et moi, mais à un moment on a fini par se dire que c'était un peu pour ça que ce texte existait.
Donc, si tu veux profiter de cette série toulousaine, ou si tu as envie de voir ça dans ta ville, n'hésite pas : clique là où il faut.
Moi non plus, je ne sais pas encore où c'est, mais on va trouver.

3. Une prière, suite


ainsi très vite apprendre au jour le jour la beauté de la vie du souffle du mot je t'aime murmuré au téléphone / la beauté d'accepter que le mot fin soit écrit depuis le début / qu'il ne reste peut-être que l'éclat de quelques jours pour nos yeux/ d'accepter de vouloir se battre et de pouvoir perdre, 
accepter accueillir profiter, croire, espérer sans se masquer l'importance - tu es mon père, je t'aime, je suis ton fils, nous et nous et nous et les autres ne resterons pas plus que le temps d'apprendre que tout ce que notre vie aurait pu être n'a aucune importance si nous l'avons vécue.

-  Dire le mot papa mille fois de suite jusqu'à ce qu'il vous tombe du coeur -

4. Un truc important saisi au hasard

Dialogue, dans la voiture, entre mes enfants et.
- Tu sais quoi ? Il y en a qui disent que M. Untel est gay.
- Ah ? Ouais, bof, je ne sais pas.
Je me souviens d'Espalion, Aveyron, 1980 et des bananes : Francky le coiffeur était pédé,  je ne savais pas ce que c'était mais c'était ridicule - il y avait les mots tapette tapsoune travelo, on mélangeait tout; on riait gras.

Et une bonne chose de faite pour l'évolution des, une.
Demain, on appelle toutes les femmes madame ?

5. Politique friction

Parfois, me dis-je en lisant les blogs politiques, on préfère avoir une opinion que chercher des solutions.


6. Un mot comme un autre

Le désir, nom épicène - de l'ordre du tremblé, de l'imprécis - petite peur qui nous attache et nous délivre.
cf délice/délire.


7. Tu vois, quand tu t'appliques

"tu reçois ce mail parce que l'insatisfaction chronique est une maladie ponctuelle,  ou un truc comme ça. Si tu veux promouvoir autour de toi la diffusion de l'Image, émission quotidienne transmédia et transgenre mettant en jeu la notion de représentation fantasmatique, si tu veux l'incorporer à tes propres projets artistiques, ou si tu souhaites ne plus participer à cette expérience à long terme, merci de le signaler par retour de mail." (l'Image, 16.11.11)

9.11.11

995 - Ne pleure pas, mon ange



(le mot chimiothérapie)

Cette nuit j'ai rêvé de fin du monde - les oiseaux passaient comme des ouragans, tête en feu - balayaient les paysages,
je plongeais au secret de la rivière, dans le gouffre, vers une autre femme et pourtant

quelqu'un, ma mère je crois
me disait

tu as peur pour ton père.

Et bien sûr, oui. Je préfèrerais je crois l'apocalypse, ne plus rien sentir.

Sous mes épaules le flot des chagrins,
refus - non, je ne veux pas, je veux que le monde s'arrête, je ne veux rien penser, rien sentir, cesser de respirer attendre figer
car le hurlement serait trop fort
trop forte l'injustice
trop

le silence

et pourtant je me tais, j'esquive, je m'agite en cuisine en coulisse j'intrigue j'ourdis,
j'organise je vaisselle je range je nettoie

Hier soir, comme chaque fois qu'il vient, la bouteille de gaz est tombée en panne,
la vanne,
C'est lui qui l'a changée, de ses mains bourrues, râleuses,
De ses remarques sur ce que je ne serai jamais,

Je me suis demandé si la prochaine bouteille,
si le prochain pas de vis inversé,

Je ne veux pas de ce chagrin, je ne veux pas le savoir,
Je veux que je me trompe,
Je veux mon ordinaire
Où tout est bien, mal rangé.

Et tu voudrais que je vive, que je gagne ma croûte, que je m'efforce,
Que je fidèle ?

Pleure, mon ange,
Pleure et va-t'en.

(Il se réveilla sans pleurer, dans l'espoir)

2.11.11

993 - Péniblement toutefois

Compo au linge
1. Mais où en étais-je ?

Je m'aperçois que je n'ai même pas parlé du salon "Les passants considérables" de Salins, de la franche cordialité qui règne en Franche-Comté, de l'inépuisable entrain de Pascal de chez DNSB, des locaux bisontins du CRL de, des heures de train... C'est mal, je le confesse, mais pour ma défense, je repars dès vendredi sur la route (enfin, techniquement, la voie ferrée) pour Livres à vous, à Voiron, où j'officierai en tant qu'auteur consort et guitariste de la grande Emmanuelle Urien - mais bon, au cas où on s'y croise, ce serait bien le diable si je ne trouve pas le moyen de te dédicacer un p'tit recueil de nouvelles réédité de frais... Compte-rendu des salons d'automne dans ces colonnes, sous peu.

2. Le monde est beau

C'est le titre du dernier album d'Oldelaf, dont les titres accompagnent en ce moment nos trajets en voiture - et même en bus quand mon fiston Zadig me l'y chante - nos repas, nos réveils... La tristitude, c'est quand tu te lèves le matin avec une chanson de Sardou dans la tête, n'est-ce pas ? Eh bin là c'est un peu pareil, avec un sourire en plus.
Entre les morceaux de bravoure absurdes ("Je suis un lapin dans un four à micro-ondes") et les complaintes du quotidien ("La jardinière de légumes" a remplacé le crépi, maudit dans un précédent album ) apparaissent des tonalités nouvelles, plus intimistes et marquées d'une jolie mélancolie ("Les mains froides"). Comme avant, Oldelaf me fait rire, mais il m'émeut aussi - par exemple dans "Les filles qui s'appellent Valérie", portrait à petites touches, les mains dans les poches, d'une génération post-tout.
Je te parlerai bien des arrangements musicaux traités avec humour façon variété seventies (ce qui fait que ça colle autant aux oreilles, à mon avis) ou des qualités vocales sans esbroufe qui me rendent ce disque plus attachant que le tout dernier Camille (dont j'adore toutefois le premier titre, taré et essoufflé) ou Baba Love d'Arthur H (bon, j'ai essayé, c'est pas mon truc, voilà), mais il est temps que je te rappelle que je ne suis pas critique musical, que tu as des oreilles et ce qui va avec pour te faire un avis.
Parce que sinon je vais finir par te dire que j'ai parfois un peu honte de préférer des oeuvres "faciles" (ou sincères ?) à des trucs d'artissss reconnus et que mes copains adorent, mais bon voilà c'est comme ça et je ne vois pas pourquoi tu es aussi désagréable un matin où j'ai mal à la.

3. Non mais c'est vrai, quoi, à la fin

(Pour Camille, néanmoins, je me souviens des heures passées dans mon immobil-home gersois, juste après mon divorce, redécouvrant le sens de la solitude à travers l'écoute en boucle du Fil, son deuxième album ; je continue à acheter tous ses disques, à apprécier ses recherches et explorations. Peut-être me manque-t-il ce choc de la découverte, ce moment où un son, une chanson, un album, semble donner une texture particulière au monde que nous découvrons ; peut-être aussi Camille a-t-elle posé sur le Fil des choses si essentielles, si fortes, qu'il doit être difficile de rééditer une si belle réussite. On verra. Je m'en fous, je suis pas critique de.)




4. Le monde également


Gronde, donc - Grèce dette rigueur, grincements
Grince et gronde, j'écoute
La guerre ? La colère ?


Ou l'espoir des volcans ?

27.10.11

992 - Le lendemain du jour où

Un bout de canal

5. Un peu plus tard, dans la journée...

Et voilà que ma toute-douce ourse Marie Lamarche achève de réaliser ce site qui présente mes graphiqueries... Quelle belle journée, tiens. Qui commençait comme suit :




1. En direct du mal de tête

C'est par ses effets que je saisis ma joie, moi qui parfois m'éloigne de mes sentiments.

Ainsi, le passage matinal par la pharmacie du coin de la rue pour quelques plaquettes de paracétamol avait pour but de lutter contre le mal de crâne résultant de l'ingestion de champagne acheté par ma tendre et douce pour fêter la réponse positive d'une éditrice concernant L'eau des rêves.

C'est dire s'il reste du chemin - toutefois, oui, je suis heureux. Au fond.

2. Du bas de mon ventre aux exoplanètes

Cette nuit, sous l'influence de belles conversations et rencontres, et après quelques tempêtes, un chemin s'est rouvert de mon corps à son coeur, ou l'inverse ; la peur est là, palpite dans nos poitrines - et alors ? C'est la vie.

3. Dé-finir

J'entends le monde à la radio ; on austère, on rigueure, on réduit - on met en scène, on plan de campagne. Nous décroissons. Après tout, c'est peut-être une belle idée, décroître - accepter notre sort périssable ; adoucir les derniers milliards d'années de notre univers, quitte à attendre les prochains.

4. Quand même des vrais trucs à dire ?

Tiens, je fais une pause aujourd'hui de l'Image, ce cliché textuel quasiquotidien. Sais-tu ? J'aimerais bien que les quelques 250 abonnés invitent quelques copains, histoire de faire tache d'.
Et aussi, j'aimerais voir le sourire renaître sous le bouc de notre éditeur de D'un Noir Si Bleu - il ne sourit pas à moins de 15000 exemplaires.
Et aussi, j'aimerais que ce truc dans le ventre de mon père s'arrête très vite. Et aussi continuer à aimer, transparent et foutraque.
Et aussi que l'automne arabe soit aussi beau que le printemps. Et aussi qu'on avance dans cette histoire d'Europe, d'écologie, de paix, de droits de l'Homme - et de la femme, tant qu'on y est
(et j'aimerais, mais c'est moins important, comprendre la pub que j'ai entendue sur France Info, avec des coussins, des employés et le ministère du Travail - une blague ?).

P'tain, je le savais : la gueule de bois, ça me fait toujours limite prier.

21.10.11

991 - Vendre, dis...


Ange à la poubelle (Toulouse)
1) On se voit ?

"Les passants considérables" à Salins-les-Bains (Jura), c'est pas du chouette programme, ça ? Avec une soirée lectures musicales pour mettre en voix nos derniers textes parus, tiens, moi ça me manquait. 

Un petit addendum au programme, toutefois (doublé d'une question à la cantonade au cas où ce blog aurait des lecteurs jusque dans les contrées reculées du Jura) : dimanche matin, il ne faudra pas trop compter sur moi, en particulier si on trouve des bars aimant le rugby du côté de Salins... 


2) Pour atteindre les 10000 lecteurs avant la fin de

------L'Image---------------------
Tous les jours, ou presque, par e-mail,
une image érotique, incongrue, insolite,
faite de mots, exclusivement.
---------------------------------------
des iconoclastes,

manu.causse.plisson (arrosage) gmail.com


Et voilà, plus qu'à transmettre.

3) Une heureuse conclusion à un épisode inachevé

Cependant que nous regardions
par-dessus nos épaules
S'éloigner les planches du massacre,
Un nouveau monde, souviens-toi,
flottait à l'avant de nous,
Dans ce désert inconfortable que 
par commodité
Nous nommions le présent.

19.10.11

990 - Ce que je ne te dirai pas

Presque d'accord
1) Le film du dimanche

À quoi ça se mesure, la qualité d'un film ? Au fond, à peu de chose, peut-être. J'ai vu hier La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli. Ils se rencontrent, ils s'aiment sur fond de Paris réaliste, ont un enfant. Qui se révèle atteint d'une tumeur au cerveau. Alors ils réagissent, s'aiment sur fond d'hôpital réaliste, vivent cette non-vie de parents d'enfant malade.
C'est d'abord le son qui m'a surpris - au départ grésillant, puis intégrant des chansons, des effets bruts de bricolage qui ne fonctionnent pas toujours, sans parler d'une curieuse voix off explicative dont j'ai cru au début qu'elle était, sinon un gag, du moins une fausse piste. On trouve également dans une grande partie du film une esthétique très "années 80" (téléphone à touche, papier peint à fleurs, Rancho vert fluo et lettrages orangés) dont je n'ai pas compris la fonction et qui m'a parfois troublé. Les deux acteurs principaux sont magnifiques, même si leurs réactions me sont souvent restées incompréhensibles, avec un je-ne-sais-quoi d'artificiel et affecté ; parfois, il m'a semblé que le couple, Roméo et Juliette de leur prénom, se fichait un petit peu de leur enfant et de sa maladie, comme extérieurs, trop occupés à s'observer réagir eux-mêmes - des adultes 2.0, me suis-je dit, capables grâce à leur téléphone portable d'être partout à la fois et présents nulle part, même pas dans leurs sentiments.
Alors quoi ? Une daube bien française ? Un petit film bricolé à la va-vite, qui ne fonctionne que par la véracité du propos ("avec de vrais morceaux de vie à l'intérieur") et la plastique des acteurs ? Un énième ovni parisien avec des copains bobos qui se regardent ne pas vivre ?
C'aurait pu être tout ça. Mais la qualité d'un film, je m'en suis rendu compte, est tout à fait mesurable. On peut, par exemple, l'indiquer en HST.
Il n'était pas 18 heures, dimanche, quand nous sommes entrés dans le cinéma ; le soleil jouait à cache-cache entre les immeubles, tantôt tiède, tantôt doux, racontant des histoires dorées d'une fin de dimanche, en un improbable automne. J'étais avec elle et nous marchions, complices, dans ce mélange de questions qui nous caractérise.
Il n'était pas 18 heures et il restait donc près d'1h30 d'HST, heure de soleil toulousain. Et à passer ce temps devant La guerre est déclarée,  je ne me suis pas senti spolié une minute ; aussi discutable que soit le film, je me sentais dans la salle aussi vivant, sinon davantage, qu'à l'extérieur. Et donc... c'était un bon film, voilà. Qui valait son pesant d'HST. Si donc tu as envie qu'on te raconte une histoire vraie avec des bouts de ficelle et de sentiments à l'intérieur, avec une vraie grâce, alors n'hésite pas une seconde.

2) Woody Shakespeare

Vicky Cristina Barcelona à la TV ce soir ! m'avait vivement conseillé cette amie qui. J'avais raté ce film à sa sortie, comme tous les films de Woody  Allen depuis une bonne dizaine de, mais pourquoi pas ? (Bobo comme tu me connais, je me suis quand même débrouillé pour le regarder en VO grâce à Mr Torrent). Et une nouvelle fois : putain, Woody, mais tu es déjà allé à Barcelone ? Tu as déjà vu les couleurs de la ville et du pays, les mouvements de la foule ? Tu as déjà vu des vrais gens, pas des archétypes jet-setiens ?
Sauf qu'il ne s'agit pas d'Espagne, ni de réel : vieux Woody, encore et toujours, nous parle du vaste ballet des sentiments, des jeux et des torsions du coeur - pas du marivaudage, non, plutôt ce regard à la fois émerveillé et lucide sur ce qui nous meut et nous émeut ( Et ça me rappelle les comédies de Shakespeare, où chaque personnage, même le plus abject, est parfaitement vrai, sincère - devenant dès qu'il prend la parole le centre du monde, celui que l'on veut aimer.
Une histoire de trio amoureux ? En ce moment, étonnant que ça me.

3) Et justement

Voilà qui ne m'était pas arrivé depuis bien longtemps : ne pas publier un post, voire plusieurs. Il faut dire que ce dialogue solitaire avec un petit diable prenait des tournures d'oeuvre, ou bien de témoignage par trop intime. Donc... il continue, mais pas ici. Une nouvelle niouzletter ? Un truc de théâtre pour le futur ? On verra bien. Comme pour l'Image, tu peux choisir de le lire plus ou moins régulièrement en m'adressant un mail (et ensuite, tu ne liras plus que moi, et vous serez des milliards, et j'aurai enfin atteint mon but, non mais des fois).

4) Les cheveux, ça rend con

Perruque blonde, lunettes carrées : puisqu'on filmait hier la première de Pas plus haut que le bord à la Dynamo, Aymeric de la Mouille avait adopté un look premier de la classe (j'y ai même perdu mes moustaches, que ne ferait-on pas pour).
Tu n'y étais pas ? Pas grave, car tu pourras écouter l'émission aujourd'hui, à 18h sur Campus FM (94.0 ou en streaming). Le public était encore un peu clairsemé, et nous prenions nos marques, mais de l'avis général les textes et la prise de son étaient de très haut niveau. On s'écoute ça ensemble tout à l'heure ?

Redevenu nu sur mon crâne, malheureusement, je me suis aperçu qu'on ne se défait pas aussi facilement d'un personnage d'hystérique de droite : j'ai passé la soirée à me montrer hautain, sarcastique et désagréable - et à draguer ouvertement. Le pire, c'est que j'aurais pu aimer ça - n'eussent été les rappels à l'ordre de mes compagnons de soirée... Bref, méfions-nous des personnages qui nous. Et à tout à l'heure sur les ondes.

13.10.11

989 - Le courant passe

Bin, deux
1. Il diavolo (2)

M : Euh.... on en reparle ?
PD : De quoi, mon gros ?
M : Des trucs d'hier.
PD : Non. Tu as du boulot. Ca fait trois jours que tu n'avances plus, que tu ne t'occupes que de. Alors on attend un peu. On en reparle ce soir, d'accord ?
M : Pfff... d'accord.

2. Reprise des

M : Et maintenant ?
PD : Quoi ? C'est urgent ? Je n'ai pas le temps, j'ai des...
M : Tu le sais, putain, que c'est urgent. Tu vois cette colère, tu entends ces hurlements, tu devines ces putains de pleurs derrière mes yeux. S'il te plaît. Prends le temps de m'expliquer ce qui se passe.
PD : Comment je le saurais ?
M : Allez, quoi.
PD : Allez, d'accord... bon, tu te sens enfermé, épuisé, désabusé. Tu n'as plus la force de t'accrocher. Tu voudrais bien sentir, être amoureux, désirer ; mais tout se brise entre tes mains. Alors tu voudrais dormir. Oublier. Lâcher. Et si tu commençais par ça ?
M : J'essaie.

3. The morning after

PD : Alors? Ca va mieux ?
M : Euh... oui. Me suis fait engueuler par des, ai retraversé une crise de colère avec Elle, repris une paire de cigarettes... Tu sais quoi, Diabolo ? Je me dis que ce genre de minicataclysmes existentiels m'arrivent toujours après une ou deux semaines sans tabac.
PD : Bin, reprends la clope.
M : C'est ça, oui. Mais non. Tu vois, Didi, c'est comme si la fumée des cigarettes me masquait un gouffre, l'endroit où je deviens dur et perdu et incontrôlable et au bout du rouleau... Limite dépressif. Et...
PD : Et tu voudrais explorer ce gouffre. Malgré ton vertige.
M : Bin oui. On est là pour ça, non ? Je veux dire, apprendre, connaître, explorer...
PD : Mais bien sûr, Haroun Tazieff. Cela dit, souviens-toi de ce que t'ont dit tes, hier soir (d'ailleurs, tu sors souvent, en ce moment, tu ne mettrais pas une petite écharpe ?) : il arrive que tu blesses des gens, ce faisant.
M : (une écharpe avec une moustache ? d'accord, mais il faut que je change de type de bars, alors). Blesser les autres. Les manipuler. Les entraîner dans mon. Oui, j'ai entendu ça, récemment. Et je comprends. Pas entièrement faux, d'ailleurs : à force d'avoir peur de mon propre désir, j'en viens à en vouloir aux autres. Je les questionne et les harcèle jusqu'à ce qu'ils. Bref, je fais chier.
PD : Tu peux avoir cette impression, oui. Et eux aussi. Mais je ne suis pas d'accord. Quelque part, tu cherches avant tout à être honnête et sincère.
M : Tu parles. On m'appelle Moâ Bitenmain. Ma phrase fétiche ? "Je bande, on baise" ? Sauf que je ne la dis pas. A la place, je construis des kilomètres d'équation, des monceaux de paroles emberlificotés. Putain d'araignée qui tisse sa toile.
PD : L'araignée... tu veux m'en parler ?
M : Arrête, petit diable de merde. Tu sais très bien que c'est ridicule.
PD : Tu veux dire que tu as honte de ce fameux épisode où tu as vu tes premières BD porno, et qu'elles étaient mélangées à une BD d'horreur intitulée La veuve noire où une femme se transformait en une horrible araignée ?
M : Belle mémoire, enfoiré.
PD : Pour les images de cul, toujours. Et tu te souviens aussi des photos que t'avait montré un copain d'école, ces photos de bites et de bouches et de nichons ? Ces photos qui portaient un texte que tu ne comprenais pas, verge gonflée de sang prête à exploser ?
M : Celles-là aussi, oui. Et la réaction de mon père, ce sourire gêné et sardonique, alors il paraît qu'on regarde des images porno (je ne savais même pas ce que ça voulait dire), c'est du propre, vraiment.
PD :  Et pas un mot d'explication. Sexe=horreur=douleur=sale. Faut dire, tu commençais bien.
M : J'ai pas mal progressé depuis, non ?
PD : Progressé, oui. Au point que tu cherches et cherches encore. Mais, justement... si ce n'était pas une question de progression, mais d'envie ? Pas un exercice, mais un acte ?
M : Oh, allez, bon. Tu sais bien que. Il faudrait quand même. Et puis...
PD : Non, tu ne parleras pas d'elle. Pas d'elles.
M : Pourquoi ?
PD : Parce que ce serait, encore une fois, te jouer d'elles. Les utiliser dans la pièce compliquée de ta tête.
M : On pourrait les inviter, non ? A dialoguer, à débattre, à...
PD : T'es vraiment un malade, mon loup.
M : Je te rappelle que tu es censé me traiter avec délicatesse et compréhension.
PD : Pourquoi ? Je suis ton diable, pas ton psy.
M : Tu ne ressembles pas beaucoup à un diable. Les diables divisent, c'est leur taf. Toi, j'ai l'impression que tu... euh... unifies.
PD : Moué. Faut voir. Bon, on se met au taf ?
M : Pas mal, comme idée. Faut dire que ces derniers jours, je suis un peu à la ramasse...

4. Le pays des bisounours échangistes

Nous ne remercierons jamais suffisamment DSK et des siècles de domination masculine pour avoir empêché que l'amour, physique en particulier, soit simple et agréable pour tous les participants. Nous ne remercierons jamais assez la nature humaine pour nous avoir doté de l'instinct de propriété, empêchant si souvent le partage. Et nous ne remercierons jamais assez nos corps et nos esprits, pour nous trahir parfois quand nous nous voudrions un/e/s.

11.10.11

988 - Diable, diable.

Autoportrait à la prise de tête
1. Musiques


Deux concerts, récemment : Oldelaf et Bertrand Betsch.
Oldelaf, c'est, à mon avis, un succès en puissance : show carré et tonique, parfaitement rythmé, osé, enlevé (même si je râle quand je vois sur scène une blague "improvisée" que l'on peut voir sur youtube depuis des mois) ; musique qui pique tous les plans des meilleures "musique qui colle", façon Polnareff/Sardou/Nicolas Peyrac, pour les remettre au goût du jour et leur insuffler l'esprit de dérision que l'on trouvait déjà chez les Fatal Picards, avec un zeste d'absurdité et d'observation qui donnent toute l'acidulité, par exemple, de la chanson Vendredi (featuring Sophie Truchet).
Dieu quelle vilaine phrase. Tant pis, je laisse - une fois n'est pas critique.
De toute évidence, la chanson française me semble plus accessible/crédible quand elle utilise cette distance, cette dérision ; mais n'est-ce pas, aussi, une forme de défense, de fuite devant le sentiment ?

Fuir le sentiment, c'est ce que ne fait pas Bertand Betsch. Disons-le tout de suite : c'est un copain, et je n'aime pas tout ce qu'il fait. Chanson fragile, électriquement nostalgique, paroles ciselées (parfois trop à mon goût, mais écoutez-les et vous me direz) : son nouvel album est dans la lignée des précédents - car Bertrand est fidèle, concentré, rectiligne dans son art.
Et en concert... Derrière les grandes baies vitrées, le lieu était délicieusement irréaliste, salle et bar et galerie et maison tout à la fois ; l'installation, après une première partie, était des plus précaires, quelques câbles, tabouret, pas de véritable lumière... Juste Bertrand, parfois sa choriste et compagne Audrey, et son fin guitariste, pour égrener les chansons et les citations existentielles ("Où ai-je mis mon capodastre ?" "L'élastique de mon caleçon a craqué tout à l'heure", "Je tiens à me remercier, moi, pour mon talent"). Que te dire, sinon que ça marche, que l'émotion, dans la voix fêlée et précise de B.B, nous gagne comme une douce marée montante, que l'on suit avec volupté (oui, c'est le mot qui vient, il y en a là-dedans) le fil de ses pérégrinations au pays de la mélancolie... Oui, c'était un moment chaud et fort, magique, certainement.

Prochain concert, le 8/12 au Cri de la Mouette : qui vient ?

Et dilemme diabolique : L'album de Bertand sort aujourd'hui, celui d'Oldelaf dans quelques jours. Lequel acheter ?
Les deux, bien sûr.


2. Conversation entre Monsieur Moua et son diable

Mr Moua : Tu vas bien, toi ?
Petit diable : PAS MAL, CONNARD.
M : Ah, tiens, tu as l'air en forme. Ca te met toujours de bonne humeur de me traîner dans la.
PD : CA VA, FAIS PAS TA CHOCHOTTE. ALORS, TU VOULAIS ME VOIR, IL PARAIT ?
M : Oui. Il faut dire qu'en ce moment, j'ai un peu l'impression que tu me mets le souk, là, là et là (il désigne successivement un point entre ses yeux, contre sa poitrine, vers son ventre)
PD : QUOI, CE SERAIT DE MA FAUTE, ENCORE ? TU ES QUOI, AMOUREUX ? COMME LA FOIS OU TU AS ECRIT TON PREMIER RECUEIL DE NOUVELLES ? OU COMME QUAND TU CORRESPONDAIS AVEC DES CREATURES DE REVE ? NON, NE ME DIS RIEN, JE SAIS : TU AS DES SENTIMENTS PARTOUT DANS TOUS LES SENS, CONTRADICTOIRES, PERTURBANTS ; TU AS ENVIE DE TOUT QUITTER ET DE TOUT CONTINUER, DE TE TAPER LA TÊTE CONTRE LES MURS, DE CRIER RIRE CHANTER EN MÊME TEMPS, DE BAISER AUSSI. C'EST BIEN CA ?
M : Tu pousses un peu, diabolo. Et puis tes accents sont tout pourris, et personne n'aime lire en capitales. Alors quoi... bon, admettons, il y a dans le domaine affectif des éléments un peu perturbants en ce moment. Des sentiments qui se contredisent. Ou qui ne devraient pas se trouver là. Ou qui devraient s'y trouver, mais pas comme ça, voire...
PD : C'est le bordel, quoi.
M : Exactement. Et je me demandais si tu avais un rapport avec tout ça.
PD : Pourquoi j'aurais un rapport ? Il y a le feu dans ton ventre ? Tu te sens con et damné ?
M : Pas envie de répondre à ça. Ce serait plutôt le contraire. Je me sens terriblement intelligent et limite saint.Et loin, aussi, de mes sentiments.
PD : Tu peux m'en dire plus ?
M : Plus, ducon.
PD : Très drôle. On t'a déjà dit que tu utilisais l'humour pour détourner les ?
M : Bon, la situation, tu la connais. Il y a cette vie-là, cet amour-là, ce confort, cette plénitude zénitude. Elle, majuscule, elle, mon amour, mon bonheur. Et il y a ces yeux-là, ce coeur noir-là, ce minimaelström d'automne, cet oiseau blessé qui cherche un nid. Or tu le sais, il se trouve qu'il y a un nid dans notre cour, un nid vide, depuis cet été.
PD : Tu es en amour de deux personnes ?
M : Comme d'habitude, oui.
PD : Tu peux m'en dire plus, sur ton habitude ?
M : Je n'aime pas trop quand tu parles comme un psy.
PD : Bin va te faire mettre.
M : D'accord. Bon, il se trouve que. Je suis d'accord que. Il est possible, j'admets. Disons que depuis, ouhla avant ça, même, je me suis souvent senti partagé du coeur. Obligé d'être partagé du coeur.
PD : Tu vas me parler de tes petites amoureuses, c'est ça ?
M : Ca te gêne ?
PD : Non.
M : Moi si. Là, tu vois, je suis en train de me demander à qui j'adresse ce texte. Blog, perso, carnet caché. J'ai très peur de te parler d'elles, donc.
PD : Pourquoi ? C'est du passé. C'est loin. Inutile que tu le laisses te faire souffrir encore.
M : Il y avait Sophie, la petite brune, la sage ; pas forcément très jolie, sinon quand elle souriait, sinon pour la finesse de ses traits et la poussière de la cour sur sa joue ; la douceur de ses cheveux. Nous devions nous marier, je crois même me souvenir que nous l'avions fait, sur la pierre à l'angle des poteaux de but de la cour de récréation, sous la fenêtre de la cantine.
PD : Je me souviens d'elle. Elle était... un peu chiante. Tu aurais pu avoir mieux. Mais tu l'aimais.
M : Oui, je crois. Sincèrement. Et puis, il y avait Emmanuelle. Emmanuelle était relativement laide, sauf quand elle devenait très belle. Elle me faisait peur. Elle m'aimait. Follement.
Et il fallait que je l'aime - ma mère me le disait, ce n'est pas parce qu'elle est folle qu'il ne faut pas l'aimer. Du coup, je me montrais gentil avec elle. Et du coup, elle m'aimait.
Follement.
Elle me mordait, elle me griffait. Elle refusait que j'aille jouer avec les autres. C'était sa façon d'aimer. Je me suis dit que je l'aimais aussi.
PD : C'est confus, ma loute.
M : Absolument. Tout était mélangé. Celle que j'aimais... ce n'était ni Sophie la sage, dont les yeux noirs lançaient des éclairs tristes, ni Emmanuelle la folle, qui crachait comme un chat de gouttière. C'était... oh je n'en sais rien. Peut-être.
PD : Peut-être ?
M : Peut-être les garçons ?
PD : C'est à moi que tu poses la question ?
M : Bin, faut dire, tes initiales...
PD : Evidemment. Mais non, je n'ai pas la réponse. Qui aimais-tu ? L'une, l'autre, aucune ? Tout le monde ?
M : Tout le monde. Personne. Je voulais une femme parfaite, je voulais qu'on vienne me chercher. Je voulais qu'on me tire de là, qu'on me sorte de cette cour de récréprison. Je voulais marcher seul sur les causses, et rencontrer au bout du chemin la sauvageonne qui m'attendait. Qui venait pour moi.
PD : Tu sais que tu étais un petit garçon très délicat, toi ?
M : Ta gueule.
PD : Moi aussi je t'aime. Tu veux qu'on écrive à suivre ?
M : Je préfèrerais. Ou alors fin ?

(Fin à suivre)

PS du PD : Tu as dit "obligé d'être partagé du coeur". Et tu n'as pas parlé de ce nid vide.
M : C'est moi qui devais poser les questions.

3. Et le coeur des autres

Est-ce que l'on chasse
Des petites places
De nos coeurs
Ceux
Que l'on aime
Quand on aime
D'autres qu'eux ?


... ça, c'est le début d'une chanson, mais laquelle ?

4) Ours

Rassurons nos lecteurs : toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite et à mettre sur le compte d'un travail d'écriture en lien avec la traduction d'un ouvrage psychologique dont au sujet duquel, ainsi que d'un futur roman pour lequel oui bon. La société protectrice des coeurs délicats vous informe que toutes les précautions ont été prises pour qu'aucun sentiment vivant n'ait été blessé dans l'élaboration de ce post.

7.10.11

987 - Peut-être temps de

Ain't that lost
1. Agenda

Oui, je sais : ni l'achèvement d'une traduction psychologique (faudra que je trouve le courage de t'en parler, parce que vraiment, je le trouve bien ce bouquin...), ni le classement des quelques 120 Images ou "descriptions quasiquotidienne d'un cliché érotique imaginaire", ni même un nouveau projet musicalolittéraire pour le festival Passe ton Bach d'abord, sans parler des autres projets annexes évoqués plus loin n'est une raison suffisante pour que je me tienne loin de ce blog et de son but premier : écrire, tester, exercer.
Parce que ce n'est pas qu'on a rien à dire qu'on.

2. Erotismes


Voilà qu’il la regarde comme un enfant battu, comme un animal blessé. Voilà qu’il a presque peur d’elle – et puis non, pas peur, non, plus envie encore ; quelque chose se passe dans sa bouche à lui, voilà qu’à son tour il voudrait mordre, déchirer, lacérer.
Il agrippe les bonnets du soutien-gorge, les tire, les roule, arrache presque les bretelles.
Il respire fort, l’entends-tu ?
Elle recule un peu, et je crois qu’il se sent comme vengé. Ils avancent tous deux vers des contrées animales, pleines de panique et de jouissance.

(extrait d'un genre de scénario en cours)
ou encore

------------Working girl--------------------------
Devant son miroir, en tailleur chic elle met une dernière touche à son maquillage. Elle semble un peu préoccupée, comme si elle pensait à la journée de travail qui s'annonce.
Elle n'a pas un regard pour les deux hommes nus enlacés dans la douche, en arrière-plan.
-----------------------------------------------------

(L'Image, 1.3.11)
...

semblent indiquer que, comme dirait mon ou ma, quelque chose me travaille. Le sais-tu ? Je me sens souvent partagé entre ce désir d'explorations sensuelles et la crainte de n'être qu'un énième bouc pervers ; entre l'amour à tout vent, la tentation qui se dessine sur les yeux de celles (de ceux ?) que je croise, et le constat psychologique - le pauvre petit, il était pas très sécure du cul en naissant, il cherche à (se) prouver un truc, c'est évident...
De l'un à l'autre, je navigue ; l'avantage, évidemment, c'est que ça constitue un genre de thème d'écriture.

3. Autres liens

Aussi, j'ai voulu te parler de ce parfait octobre, en tongs et en chaussures de marche ; d'un ouikend aux confins des vallées, entre vertige des à-pics et bouillonnement des sources chaudes - bref, d'un moment de bonheur, d'apaisement, où tout semblait aller de soi.
Se rendre compte, au bout des explorations, que l'amour est une tâche quotidienne ; apprendre à sentir sans juger.
Je garde l'image de son corps courant sur le sentier, au-dessus du vide, et moi qui la suivais, essoufflé d'admiration.

4. L'art de

Grande, parfois, la tentation d'écrire sur ce que l'on écrit (ou qui a été écrit) - comme un jazzman contourne la note, l'approche de biais, par en-dessous.
Ecrire, au contraire, non pas sur, mais de.
Sentiments. Emotions. 
Tous ces gros mots qui font honte - un léger vertige, comme sur ce sentier.

5. Silence dans la tête

Accrochés à la falaise, nous jouions à nous croire
Immortellement faibles, instantanés, 
La cime des sapins, à l'étage alpestre,

Restant sous les sommets, sourire prudent -
car le jour 
                                viendrait où,
à vrai dire,

je pourrais croire au bonheur.

30.9.11

986 - Friday (w/f)ear

Quietly dizzy
1. Retour de manque

Agacé, irritable, à vif, bizarre, déconcentré, déconcerté, malheureux : ah bin tiens oui, la privation subite de nicotine a des effets marqués sur le cerveau et sur le corps.
Me voilà tout déchiré, épars. Je suis l'homme heureux des derniers jours, le couloir de mon coeur ouvert vers elle ; je suis l'amoureux compulsif et torturé cherchant à m'enfuir de ma cage adorée.
Je suis la santé à reconquérir, et les cellules invasives du foie de mon père - la peur qui me réveille la nuit, mâchoires contractées, poitrine minuscule ; je suis le père hurlant, l'enfant qui doute et se tue à la tâche, certain d'échouer.
Je suis le Machiavel au coeur de pierre, je suis le rocher qui saigne dans mon coeur.

Pouf, pouf. Heureusement que, demain, je ne fume plus.

2. Radio killed the video porn star

Vous voulez tout savoir de moi, entendre ma voix de téléphone, mon accent fluctuant, mes hésitations, mes goûts musicaux, et tout sur ma vie, mon oeuvre, mon luth ? C'est possible, parfaitement ; il suffira de se brancher sur Le Café des Amis, la très sympathique émission de Pierre Lajunie sur RTF Limoges pour nous entendre faire connaissance pendant deux heures - un rythme inhabituel pour une émission, poussant donc à des réponses moins formatées et convenues que d'habitude (et à pas mal de "euh... comment c'était déjà... rah j'ai oublié" de ma part, mais que voulez-vous, ce sont les aléas de la parole libre). Je crois que ça ne s'écoute qu'en direct, sur 95.4 dans la région de, sur Internet pour les autres. Vous m'en direz des.
Tant que j'y suis, cette critique et celle-ci sur Le petit guide des... Vous devinerez facilement laquelle me fait le plus plaisir, et laquelle me fait sourire.


3. Vieilles semaines, nouvelles questions

Jamais simple de vivre avec une femme perspicace. "Sais-tu pourquoi", me demande-t-elle, "tout ce que tu fais est un exercice ?". Puis, plus tard, "Comment se fait-il que tu tombes systématiquement amoureux d'autres femmes ?".
J'hésite à lui répondre - être et faire se mélangent sans doute encore trop.

4. La blagouille du vendredi

Oui, parce que ça avait failli devenir une tradition, vous vous souvenez ? Seulement, la blague dont j'ai ri ces derniers mois n'est pas transcriptible (je n'ai pas trouvé les caractères "accent étranger" sous blogger). Donc... bin, les commentaires sont ouverts, vous pouvez toujours tenter le coup. S'il vous plaît - c'est pour le bien public de notre friday wear.

24.9.11

985 - Vite à cause que

1. News et commentaires
Working back

Oups, on dirait bien que ça commente, par ici. Sauf que les comms', par un tour de passe-passe dont Blogger et mon je-m'en-foutisme informatique avéré sont sans doute responsables, apparaissent et disparaissent aléatoirement. Si, donc, tu as posté ici un commentaire, bin prie St Bill Gates pour que ça finisse par. De mon côté je fais mon possible, on va bien voir si.

Autre annonce de type informatique : ça y est, l'Image, newsletter de description d'une image imaginaire, a repris son cours quasiquotidien ; je te rappelle que pour t'y abonner - ou y abonner quelqu'un que tu - le seul moyen est de m'envoyer un mail, là, en haut à droite. Tu verras, c'est bien.

Tant qu'on y est dans les, on peut désormais lire cette gentille critique du Petit guide des transports, dont j'apprends grâce à ma connexion permanente avec le monde qu'il est sélectionné pour le prix Boccace de la nouvelle, aux côtés de recueils de gens que j'adore - dont ma coéditée Emmanuelle Urien...
Pour répondre à un comm trop tôt disparu (mais qui réapparaîtra peut-être, alléluiah), Le petit guide, tout comme Tous nos petits morceaux, de ladite, existent bel et bien en e-book... ah non, pardon, on m'indique dans l'oreillette que pas encore, ah bin tiens je croyais, pourquoi c'est toujours moi le dernier au courant, hein ? Bon, ce sera l'objet d'un autre post, alors.

Sinon, il semblerait qu'on pourra tester la radiophonicité de ma voix dans Le Café des amis, de Pierre Lajudie, dimanche 2 octobre de 14h à 16h sur RTF Limoges (t'inquiète, il y aura plein de musique, je ne vais pas parler pendant), ainsi que le jeudi 6 octobresur (rha zut faut que je me déconnecte pour rechercher le truc je te jure c'est lourd gougueul, bouge pas je reviens, fais-toi un café en attendant si tu veux) voilà, dans "Le livre du jour" sur France Bleu Berry (pas Chuck, l'autre) vers 16h30.
Pouf, pouf. Et encore, je ne parle pas des salons.
C'était notre rubrique "Samedi, c'est promo", ce qui ne rime pas super bien mais ce n'est pas de ma faute si les jours de la semaine ont des noms ridicules.

2. Haiku pour souffler

Pluie d'automne
Les arbres deviennent chauves
Je les comprends.

3. Pas de 3 pour aujourd'hui

4. Ce qu'il y aurait eu dans le 3

Du soleil, des plaquages manqués et réussis, un concert d'Oldelaf, l'émission de radio Pas plus haut que le bord en cours de reprise, une chanson de mariage, l'exploration des couloirs, les conversations avec mon diable, les lettres de refus et les messages sympathiques, cette belle femme blonde aux yeux tristes et mon ventre qui, des mails pas envoyés, la raquette de tennis Décathlon Junior +, des semelles d'avant, la rivalité médiatisée dans le couple par la grâce du badminton, les aventures de Monglobe, la compréhension du bourreau intérieur, des menus morceaux de Michel-Ange et de charmeurs antillais, un site graphique en construction (mais chttt, n'allez pas voir, c'est un secret), l'écoute, le coeur et les couilles, l'arrêt prochain du tabac, et la phrase "Mais mon chéri je t'avais bien dit de ne pas emmener le petit dans ce club échangiste, il vient de me caguer sur l'épaule".

Bref, une semaine normale. En vie.

19.9.11

984 - Ce que vivent les raisins

Juste ciel
1) Vendanges 

Ce ouikend, oncles et tantes et cousins arpentant les vieilles vignes accrochées aux coteaux. La hotte sur mon dos. Pourquoi sens-je maintenant davantage de gêne et d'agacement qu'il y a quelques années ? Je respire dans mes petites frustrations, tente de dépasser les remarques de mes soeurs. Les enfants s'en foutent, ils jouent sous les ceps - ou bien tentent, pour certains, d'aider de se joindre aux rangs des adultes.
Le soir, remarque joviale du cousin presque frère, plaisanterie rituelle plus ou moins ; et C., ma soeur petite, se met à hurler, un cri du fond du ventre, le corps au bord de la rupture. Je ne suis pas là à ce moment ; je suis dans la pièce à côté, son fils, mon neveu, dans les bras. Au bruit, à cette colère de loup qui s'élève, je crois à un enfant qui explose. Mais petit B. dans mes bras murmure, "Maman, elle court". Puis "Maman, elle est rouge".
Retrouver ma soeur contre le mur, à l'écart de la terrasse ; déjà dans les bras du cousin désolé. Déjà nos mains de frères apaisant les épaules, arrachant les bribes de rage entre les sanglots. Ce n'est rien. Tu te trompes. Une blague, une blague débile, oh je suis tellement désolé.
Sérieux de petit homme, toujours à mon bras - pendant que je cherche encore un verre pour mon père, avec ses béquilles et son pied cassé, oui, mon père, celui qui s'amaigrit de son cancer en guérison, celui qui ne me tremble que quelques mots d'affection depuis toujours, quand la mort nous frôle.
J'explique à petit homme, ce n'est rien, juste une bêtise. Petit homme s'apaise, il mange sur mes genoux. Je retrouve la largeur de mes bras autour de ses mains douces, le poids mouvant de son corps sur ma cuisse. Tout, tout se calme.
Mais je suis triste. Moi qui voulais les guérir.

2) Comme un haiku mais pas pareil

Et comme ce matin les gouttes nues sur le fil électrique
Et comme avant-hier le soleil sur la vigne,
Je me dis qu'on a coupé par mégarde,
avec la grappe,
l'été.


3) Retour d'affect

Ma mère a lu l'Eau des rêves. Son éternel sourire tremblait, ses yeux se mouillaient de larmes. Ce n'est pas que je n'aime pas. Ca me fait mal, me dit-elle. Je veux que tu changes ceci. Egoïste, ta démarche, souffle-t-elle entre les lignes. Cette histoire de secret, ce n'était pas notre faute. C'était la génération. Ce sont vos exigences, enfants monstrueux. J'argumente, défend, explique. Patient. Presque étranger.
(Les jours suivants, mon ventre tourne et retourne. Les premières lettres de refus des éditeurs me plongent dans le malsain. Attendre, quel mot idiot. Ecrire, quelle monstruosité.)


4)  Soutien dans l'axe
 
Retour à la table des discussions avec ma mère. E., à mes côtés, impose ses mots discrets. Justifie, s'il en était besoin.
Chaque jour, je crois, chaque semaine, nous nous trouvons elle et moi davantage dans notre nous, dans ce lieu un peu à l'écart du monde, où nous nous reposons comme des animaux fatigués, blessés, amusés. Autour de nous la foule, la foule étrangère, et ce couloir de son coeur à mon coeur, ce lien, plus large et chaud à mesure que passent les.

10.9.11

983 - Où me trouver dimanche

(pas de numéros aujourd'hui, déformatons, bordel...)

Ce sera donc à Lauzertes, Tarn et Garonne, à quelques encablures de Toulouse et Montauban (voire de Paris, pour les), pour la nouvelle édition de Place aux Nouvelles. Toujours la place des Cornières, toujours l'infatigable Jacques, et toujours la fine fleur des novellistes, ces gens qui sont sûrs que raconter de petites histoires permet de mieux vivre la grande...

... Nous fêterons, outre le fait d'avoir survécu à une nouvelle rentrée, la parution de Tous nos petits morceaux d'Emmanuelle Urien,



 et la nouvelle naissance de Petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux,

 





tous deux chez D'un Noir Si Bleu, courageux éditeur de belles nouvelles.

Sans parler des cinq nouvellistes dont le recueil a été sélectionné pour le Prix de la Nouvelle du Scribe - Lauzerte 2011 :
  • Franz Bartelt pour Edgar est mort (Gallimard)
  • Frédérique Clémençon pour Les Petits (L'Olivier)
  • Martin Page pour La mauvaise habitude d'être soi (L'Olivier)
  • Fabien Sanchez pour Ceux qui ne sont pas en mer (La Dragonne)
  • Catherine Ternaux pour Les Coeurs fragiles (L'escampette)
Trois auteurs de bandes dessinées «courtes» ont aussi été invités afin d'ouvrir cette manifestation au public des jeunes : Guillaume Bouzard, Jean-Christophe Chauzy et Jean-Philippe Peyraud.


Venez. On sera bien ensemble.

7.9.11

982. Eternelle féminine

Soirée d'étai
1. Entre filles

Fréquemment, ces temps-ci, je me retrouve le soir entouré de femmes : J. notre internationale trapéziste, Marylin-la-voisine qui ne l'est plus (voisine), O. des délices, douce C... Les compléments du nom l'indiquent : j'adore ça. Même si je culpabilise un peu, bien entendu, de préférer la compagnie des gonzesses au lieu d'aller me taper des bières tièdes avec mes potes dans des bars qui sentent sous les bras.
"- Tu la sens, l'énergie féminine qui circule ?" m'a lancé la fascinante X l'autre soir.
Euh, oui, plutôt. Même que j'ai fini en planche, quittant la soirée comme une.
Pendant que les femmes, les vraies, buvaient en riant sous ma fenêtre.

2. Je, au féminin

Donc, je traduis cette histoire de rang, de lien et de bourreau intérieur. Assez passionnant, surtout quand ça m'oblige à aller dénicher le compte-rendu d'une expérience de psychologie dans un journal américain vieux de douze ans. Un point de traduction en particulier m'amuse : dans l'original, l'auteur s'adresse à une lectrice. Plutôt normal, quand on pense que les femmes constituent la majorité du lectorat des ouvrages de DP/psycho ; et je pense qu'il s'agit aussi d'une volonté de "discrimination positive", si le terme s'applique, présente chez un certain nombre d'auteurs US.
Alors tu sais quoi ? Je me suis dit qu'il me fallait faire pareil. Dans les pages de tests, par exemple, j'écris
( ) Je suis plutôt heureuse lorsque je...
Certes, la règle grammaticale veut que le masculin, oui. Mais pourquoi ne pas imiter l'auteur, adresser un délicat bras d'honneur à grammaire et changer un peu tout ça ? C'est pas comme si on manquait de députés UMP pour jouer les vieilles croûtes.
Sauf que.
Sauf qu'en lisant ce que ça donne, une de mes premières réactions est "ça fait tarte". Davantage qu'au masculin.
Et je me demande comment se formatent nos esprits, qui dévaluent d'eux-mêmes ces traces féminines.

3. Môman

- Ca ne va pas plaire à Mamie, me dit Anton, pensif, quand je lui expose le sujet de l'Eau des rêves, qui puise largement dans le vivier familial.
Et je me dis que, quitte à envoyer un manuscrit à une trentaine de comités de lecture, autant faire de même pour celle que l'histoire touche personnellement. Bureau de poste, de nouveau (hier, c'était vraiment rentrée : tout le monde s'engueulait, moi le premier avec mon ex, la dame au guichet dans la foulée. Ah, l'effervescence sociale...). Puis mail explicatif : tu vas recevoir un roman qui, et que, et dont... Tant qu'à y être, et connaissant l'anxiété légendaire de ma génitrice - dont, suggère E., j'aurais en partie hérité - je colle le fichier, histoire qu'elle commence à. Le soir, bien entendu, téléphone : Tu n'est pas fâchée ?
Et elle de rire :
- Je te ferai un procès, comme la mère de Houellebecq.
Merci, Maman.

4. Avec des poils autour

Et sinon, trois nouvelles choses : j'apprends à être en retard, j'ai demandé à mon oursonne de me construire un site pictural, j'ai opté pour la moustache de biker.
Il y a un lien dans tout ça - j'ignore lequel.

5. News érotiques

L'Image, newsletter quasiquotidienne (voire plurihebdomadaire) de description littéraire d'une photographie érotique imaginaire, devrait reprendre aux alentours de la fin septembre, pour une deuxième saison orientée vers le romanesque. Pensez à vous y inscrire, à vous en désinscrire ou à ignorer tout simplement ce message.

1.9.11

981 - Mots en -age

De secours
1. Rangeage, liage

Deux mots sur lesquels j'hésite encore pour traduire linking et ranking depuis l'anglais de psychiatre. Si liage existe (particulièrement en tissage, depuis 1765, merci Mr Alain Rey), on lui préfère "liaison" ; mais d'une part, ce terme est très connoté - vous imaginez, dans un bouquin de DP, qu'on vous recommande d'avoir des liaisons avec des gens ? Note, l'idée est sympa, mais bon, ça ferait un peu trop DSK...- et d'autre part, je ne trouve pas de chouette rime avec. Liaison/ordination ? Liaison/classification ? Jouable, mais lourd. Et puis j'ai envie d'un peu de jargon, quoi. Liage/ rangeage me séduirait, je l'avoue. Sauf qu'à part sur un ou deux dicos en lignes douteux, et dans la fameuse expression "Et ce rangeage de chambre, tu le commences quand, bordel ?" spécialisée dans le langage père/fils, ça n'a pas trop l'air d'exister. Il y aurait "triage", mais on perd le côté comparaison...  Peut-être liaison/comparaison, mais ça fige un peu le côté abrupt de l'original. Nous voilà face à un choix éditorial lourd, ce qui fait que, mettant mon linking au service de mon ranking, j'en défèrerai à Madame Quidedroit qui prendra la décision.
C'était : la vie fascinante des traducteurs de psycho. Demain, je vous parle de l'undervalued self, appelé en français bourreau intérieur ( Boubou, pour les intimes).

(Note de plus tard : après conversation caféinée avec Rodolphe-des-çmr-qui-s'arrêtent-mais-devraient-trouver-un-éditeurbordel, je m'orienterai plutôt vers lier (lien, liage ou relationnel) et trier (triage, triationnel, trien).  Oué bon, on verra ça plus tard. Qu'est-ce qu'on s'amuse, tout de même).

2. Talonnage

Et justement, cela faisait plaisir hier de retrouver les visages les épaules des fantastiques Gonins de Toulouse, ce fameux club de rugby loisir qui. Quelques blagues sur les poussées de ventre de l'été, échanges de nouvelles, gueulage traditionnel de l'entraîneur (il paraît que c'est comme ça qu'on dit "bonjour" en catalan), courses et passes ; puis jouage, avec plaquages (retrouvé non sans une certaine émotion physique quelques cisailleurs en pleine forme), ampoulage et douchage...
Et justement, je me faisais plein de réflexions sur le linking et le ranking dans le sport en général et le rugby en particulier, ce sport où l'effort de surclasser l'autre passe souvent (toujours ?) après celui de se lier à sa mêlée.
Dire que je me suis moqué de N. qui est arrivé à l'entraînement en ruminant si visiblement ses problèmes de boulot (il bosse dans une entreprise d'aviation célèbre pour ses proxys intolérants) qu'il a failli ne pas nous voir...
Concentrésurlballonmerdeputain, les gars quoi, comme on dit en catalan.

3. Limogeages

Moi qui suis la vie du monde à travers mon facebook, je suis tombé hier sur un article présentant un livre de témoignages anti-sarkoziens. Dans l'Express, excusez du peu, comme quoi on dirait bien que les mouches changent d'âne, et réciproquement. Sur le moment, pas de quoi bondir : notre chef à nous serait un grippe-sou avide de pouvoir et confondant allègrement personnel et politique (too much ranking, dear) ? Bin... on le savait, non ?
Cela dit, le même soir sur France Info, on ne parlait plus que DU témoignage D'UNE infirmière citée par UNE juge (témoignage d'ailleurs démenti dans la foulée, parole contre parole dans une réplique ironique au feuilleton de la suite 2806). Comme si tout le reste avait disparu.
Parfois, j'ai l'impression que dans leur logique hâtive, les médias se débrouillent bien pour simplifier les choses au point de les faire oublier.

4. Mariages

Elle et moi reparlions hier soir de cette délicate, complexe, parfois douloureuse, notion de polyfidélité. La encore, les mots en -age font des ravages dégâts : libertinage, assouvissage, papillonnage - sans compter abusage, et DSKage, évidemment. Moi qui en étais un défenseur un peu ardent, j'avoue hésiter, souvent.
Et pourtant, merde, l'amour, c'est un peu comme une flamme, non ? Ca se répand comme une torche allume d'autres torches, sans perdre son feu ; on ne peut aimer vraiment si on n'aime pas pleinement, individuellement, et...
Mais je ne parlais qu'à moi-même, je suppose ; elle, elle que j'appelle toi, était allée dormir, profondément.
Il faut croire que nous devenons sages.

5. Images

En parlant de toutes ces choses qui se jouent sous la peau, sous le ventre, sous la limite admise des pensées, il serait peut-être temps que je me remette à l'Image, cette niouzletter quasiquotidienne de description d'une photographie érotique imaginaire, non ? J'hésite à en faire un énième blog, à modifier les règles du jeu, à l'intégrer ici (pourquoi pas sous la forme d'une rétrospective de la saison 1 ?), ou à prolonger mes vacances iconiques jusqu'à plus ample informé.
Tout suggestionnage sera accueilli avec.


31.8.11

980 - En attendant que l'imprimante

Bulle, l'été
1. Gueuloir, suite et fin

Ainsi, c'est terminé. Elle m'a lu (je me suis lu aussi, mais mon souffle semblait court, précipité, à peine capable de). Voilà, c'est comme ça, le sort en est jeté : ce presque roman, ce simili monstre, avec ses errances et ses envolées, partira d'ici la fin de la semaine vers les yeux des éditeurs. Que je commence, par avance, à détester, tu t'en doutes. Au cas où ils n'aimeraient pas, mais au cas, aussi, où ils en voudraient. Bref, contradictions et paradoxes, tout va bien, malgré tout. Au pire du pire du pire, j'aurai au la joie de l'entendre, elle, faire vivre les phrases dans la cuisine et le salon, de sa voix précise ; de m'être entendu nu dans sa bouche, et de n'avoir pas eu totalement honte de.

2. Recyclage

500 et quelques pages (verso, on est écolo ou on ne) viennent de filer dans le toner de mon. Un roman steam-punk et un guide de psycho, dans un anglais qu'il va me falloir traduire d'ici à. Voilà. Comme disait ma, je vis de ma plume. Pas celle dans le, l'autre. J'ai parfois encore l'impression d'être un élève anxieux, attendant la sanction de ses maîtres ; toutefois, pour la deuxième année consécutive, je ne rentrerai pas des classes, dans quelques jours. Mes journées de travail sont bien remplies, sans trop, surtout les jours où il y a, au choix, badminton, rugby, apéro, copains qui passent ; finalement, je suis déjà à la retraite. Pourvu que ça, et tout ce genre de.Situation professionnelle : heureux.
Sans compter que j'économise sur les fins de.

3. 1Q2011

C'est donc définitivement prouvé depuis hier : montrer son ne suffit pas. Même pas viré de facebook, même pas contacté par des admirateurs en, même pas lâché par des éditeurs qui. Pffff. Je suis déçu, moi qui voulais coucher pour.

4. De l'état du bordel du monde

J'hésite souvent, ces jours, à me lancer dans la diatribe, l'argumenté, le commentaire.
Mais après tout le monde, ce pauvre monde, ne va pas plus mal qu'il. Après tout, il y a tant de causes à défendre, tant d'injustices à réparer, que s'indigner ne sert pratiquement à. Après tout, j'ai le droit de vote, et quelques convictions, aussi vagues que solides (tu as déjà testé la solidité d'une vague, toi ?). Après tous ceux qui vitupèrent, ceux qui selon leurs propres mots tueraient pour être, sinon heureux, du moins satisfaits de leur sort, oublient qu'on ne peut se satisfaire ni se réjouir après qu'on a commis le.
Bref, vu d'ici, le monde passe, chaotique, incohérent, rempli des histoires que nous lui écrivons pour être certains d'exister.
Et c'est très bien comme ça.

5. Introducing, tout de même

Un modèle de lettre de présentation à joindre à un manuscrit (je vous dirai plus tard si ça marche ou pas) :


L’eau des rêves



Manu Causse - Roman

 

*

 

Au milieu des années 60, un homme se donne la mort dans une vigne. Trente ans plus tard, son petit-fils – le narrateur – s’aperçoit que sa bouche a disparu. Incapable de communiquer et de vivre, il s'enferme chez lui, dans son travail.

Dans ses rêves, le fantôme de son grand-père lui rend souvent visite. Lorsque sa grand-mère décède, le narrateur se rend en train à l’enterrement. Consciemment ou non, il rate son arrêt, et se retrouve perdu dans les collines. Providentielle, une jeune femme le prend en stop.

Après les obsèques, poussé par une vision, il s’ouvre enfin à sa famille de la colère qui le ronge : personne n’a parlé du suicide du grand-père, préférant le mensonge officiel de l'accident.

S’ensuit une plongée dans l'alcool et la drogue, une déconstruction de son existence qui l’amène à douter de tout, à quitter le monde des vivants pour devenir maçon, fou, ermite.

Mais la figure de la jeune femme croisée en auto-stop le hante. Pour la retrouver, il effectue à nouveau le voyage vers les collines, à la recherche de lui-même, de ses fantômes… et de l’amour.



Dans une langue scandée, liturgique, tripale, le voyage intérieur d’un homme habité par ses rêves et ses fantasmes, en quête de rédemption.

 

*

 

Manu Causse, né en 1972. Quasi-marié, zéro à quatre enfants selon les jours. Vit, écrit, respire à Toulouse. Traducteur et auteur de nouvelles (Visitez le purgatoire/emplacements à louer, Petit guide des transports à l’usage du trentenaire amoureux, Déjà que tout seul j’ai du mal à vivre ensemble, tous parus ou à paraître aux éditions D’un Noir Si Bleu), albums et romans jeunesse (Enfin Seule, Où sont les enfants, Roméo@Juliette, Fair-Play et Solo Rock aux éditions Talents Hauts), pièces de théâtre, spectacles musicaux et performances.  

Tu as vu ? Je n'ai même pas mentionné les blogs.Un peu la honte, quoi. Ca, et le mot "amour" à la fin du résumé. Enfin bon, c'est fait, on.


30.8.11

979. Lectures en proses

J'ai pas un peu grossi, Lannou ?

1. Lettre au proxy Lan14

Par la bande, j'apprends que le proxy d'Airbus refuse la lecture de ce blog à ses employés.
Je m'insurge. M'enfin quoi, ProxyLan14 (permets que je t'appelle Propro, ou Lannou), tu déconnes ou comment ? J'ai tenté de me souvenir de ce qui aurait pu provoquer ta colère ; alors bon, oui, il est possible qu'il y ait dans ces pages quelques photos de mes fesses, côte pile ou côté face ; il est possible que mon langage ne soit pas des plus soignés ; mais tout de même, bordel à fion de pute borgne, tu ne vas pas m'ostraciser pour ça, si ? J'ai connu des robots plus tolérants que toi.
Ou alors c'est ce très vieux post où je parlais de ton fameux plan Power 8, le joli nom d'huile moteur pour désigner une restructuration massive, synonyme de licenciements dûs à la gestion calamiteuse de certains projets ? Oh non, mon Lannou, ne me dis pas ça. Ce serait mesquin de ta part.
D'autant plus que, tu vois, je n'écris pas dans ces colonnes que désormais, les sous-traitants d'Airbus sont cantonnés dans des locaux plus ou moins insalubres, n'ont pas droit aux mêmes restaurants ni aux mêmes toilettes que tes employés, reçoivent des contrats de six mois même pour des projets qui durent plusieurs années et, de façon générale, sont tenus bien à l'écart des avantages acquis par tes employés... Non, mon proxynetou, je ne dis pas que tu t'es payé des employés à mi-tarif pour faire le même boulot qu'avant, pas plus que je n'insinue que les actionnaires doivent être bien contents, et le salaire du patron doubletripler grâce à ces substantielles économies réalisées sur les dos des salariés.
Si j'écrivais ça, alors bien sûr je comprendrais que tu m'en veuilles ; mais je me tais, je me cantonne, je ne fais mine de.
J'espère donc que cette grosse fâcherie entre nous va s'éteindre, et que tu me liras, mon proxynou, comme avant, quand tu m'aimais. Tiens, c'est pour toi que j'affiche cette jolie photo, voilà. Tu ne diras pas que je ne te soigne pas.
A très bientôt, et comme on dit dans ton langage, syntaxerror#212/vvck/eid/zob4 communication failed/danston.

2. Gueuloir

Tu sais ce qu'on fait, Elle et moi quand on a terminé un roman ? On se le lit à haute voix, en général en voiture, sur des routes qui s'effacent derrière les histoires. On repère nos petits défauts, on échange nos impressions... La semaine dernière, c'était La femme de Schrödinger, que j'ai aimé, beaucoup : cette musique à la fois complexe et directe, ces interrogations, ce personnage perdu au centre d'elle-même... A présent, c'est au tour de L'eau des rêves. Elle lit, ce qui est surprenant : ce n'est pas ma voix, ma grosse voix pleine d'accent que j'entends, mais la sienne, précise, mesurée, aiguë.
Je ne suis pas certain de passer l'épreuve du feu, et bien sûr je m'inquiète des réactions d'éventuels éditeurs. Je sais à quel point il est frustrant de rester lettre morte.
Une chose à la fois. D'abord, la lecture.
Je descends au salon avec une boule d'appréhension dans la gorge.


3. Mais où donc était passé 977 ?


Il était resté coincé dans l'ordinateur ; il traitait d'un billet de blog, probablement de mon pote CSP, et du massacre de ce début d'été. Il disait :

Je pinaille sur ce billet (?) que je trouve très juste, mais... si un excité d'extrême-gauche faisait péter une bombe sur le siège du FN ou autre, ne dirait-on pas qu'il y a été poussé par les envolées vidéogamesco-tronçonno-massacreuses que l'on trouve parfois dans les billets du camarade CSP ?
Je sais, lui reste sain d'esprit et parvient à établir une limite entre la pulsion du "qu'ils crèvent tous" et son assouvissement dans les faits.
Cela dit, on peut tenter de discuter avec un malade (même si, pour l'avoir fait, c'est terriblement complexe), et si un type veut me montrer sa bite dans la rue, je lui demanderais pourquoi il y tient. Avant d'appeler les secours si besoin est.
Alors mettons que oui, les blonds sont génétiquement condamnés à disparaître - parce que le gène de la blondeur est récessif, ce qui veut dire que soit il évolue soit il crève de consanguinité, tout comme les civilisations ne sont pas faites pour durer plus de quelques siècles - ce qui est tout de même mieux que nos corps périmés avant même d'atteindre la centaine d'années. S'en prendre à ces évolutions, c'est nier l'impermanence des êtres et des choses, l'effrayante beauté du changement. C'est, d'une certaine façon, se suicider. Mais un suicide qui fait plus de 90 morts, c'est une insupportable tyrannie, qu'il faut prévenir pour le futur.
Le degré de souffrance exprimé dans l'abondance des délires ultranationalistes est remarquons-le sans commune mesure à la souffrance réelle : nous sommes "envahis", "volés", "assassinés", prétendent ces commentaires, quand dans les faits ils sont installés avec un toit sur la tête, l'électricité et de quoi se nourrir.
Au mieux, les délirants se réfèrent à des statistiques, des théories, des projections, bien au chaud derrière l'écran de leur ordinateur. Mais leur refrain n'est qu'une variante de ce fameux "c'était mieux avant".
...

Ce que j'ai voulu dire ensuite, je ne m'en souviens pas. Cela dit, bon, c'est un exemple de prose politique, je suppose. Et de pourquoi je ne poursuis guère dans cette voie.


4. Et quoi d'autre ?

Non, mais imagine un instant que L'eau des rêves, tout comme Le garçon au bord du monde, se prenne râteau sur râteau auprès des éditeurs ?
Alors, la solution serait simple : arrêter d'écrire.
Ou commencer cet autre roman, dont le titre m'intrigue déjà, et réciproquement.




29.8.11

978 - S'y remettre (quelques nouvelles)

L'été bien, le gars.
1. Nouvelles : fins de romans

Certains soirs, je la retrouvais, noire, brûlée, devant son ordinateur. Desséchée, les doigts raccornis, elle respirait à peine.
Quand je l'embrassais dans la nuque, elle tressaillait ; revenait à la vie, graduellement. Je l'aidais à quitter son fauteuil, l'emmenais dans la cuisine, découpais des tomates, du pain, des melons. Peu à peu, elle redevenait elle-même.
Mais c'est terminé ; son roman est fini, achevé, envoyé ; il attend désormais de connaître sa destinée parmi les éditeurs, puis chez les libraires...
Quant à moi, mon rôle prend-il fin ?
Quelques corrections, encore, sur L'eau des rêves ; puis le calvaire des enveloppes, des envois, des refus, des attentes ; l'impression d'avoir enfanté un petit monstre, un banal handicapé (ou, certains soirs de lux/ur/e, une révolution, un roman, une oeuvre).
Bref, Elle et moi avons terminé nos romans. A présent quoi ? Deux recueils de nouvelles à défendre, entre salons, lectures, voire interviouzes ; la maison et nos nouveaux bureaux à aménager peu à peu. Oh, et quelque chose comme 1500 pages à traduire, à deux, d'ici à la fin de l'année...
L'automne sera travailleur ou ne sera pas.

2. Nouvelles : effets d'annonce


Le petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux, donc, ressort chez D'un Noir Si Bleu, en concurrence directe avec le nouvel opus d'Emmanuelle Urien, Tous nos petits morceaux. Et où s'effectuerait le lancement, sinon au centre exact du monde de la nouvelle ? A Lauzerte, donc, pour Place aux Nouvelles, le dimanche 11 septembre 2011. Oui, juste dix ans après la mini-apocalypse mondiale, dont la déflagration résonne encore autour de nous. Qui sait ? Ce sera peut-être le lieu idéal pour changer le monde, un peu, pas à pas.

3. Nouvelles : au théâtre un de ces soirs


La fête à Fred devrait revenir sur les planches en novembre, à Toulouse (avant Tokyo, Anchorage, Coubisou et le reste du monde, espérons) ; je vous en dirai plus. Au même moment, dans une salle obscure, une comédienne rencontre régulièrement un metteur en scène autoproclamé pour un projet intitulé En attendant Daniel, qui se propose, rien de moins, que de mettre des mots sur le cri primal de la femme enfermée. Avec, je l'espère, une mariée en déambulateur, un strip-tease et un poisson rouge.

4. Nouvelles : la tronche du monde, en ce moment

Ouh putain... Tu sais que même à moi, il faut une foi ardente, l'air des montagnes, les calcaires des causses, le rire des enfants pour ne pas céder à ce qui ressemblerait à du pessimisme ? Mais les enfants ont ri, les montagnes se sont entrouvertes, les causses s'étendaient, fidèles, là où je les cherchais : l'été était, voilà. Ca ira pour cette fois.

5. Nouvelles : bonnes résolutions

Arrêter d'arrêter de ne plus fumer, bien sûr ; ne plus me disperser - ne plus faire de musique, pas plus de trois ou quatre projets en tout cas ; ne plus peindre, pas avant que l'atelier soit remis en état ; ne plus croire, ne plus rêver, ne plus bondir d'un pied vers l'avenir ; ne plus abandonner ce blog, ne plus me tuer à la tâche, ne plus me jeter vers les sourires des aventures, ne plus fuir.

À moins que, évidemment.