27.6.12

1011. Où l'on parle de mois

S'il reste du frais
1. Sans déc ?

"Le blog est mort", disait-on dans Télérama (oué bon, je lis ça, on ne va pas en faire un). Je ne sais pas si c'est vrai, mais je m'aperçois avec horreur que voilà plus d'un mois que je n'ai. La faute, je suppose, à cette grosse traduction, aux ouikends chargés de dates de spectacles et de fêtes, de la fin de l'année scolaire pour les.
Peut-être aussi de cette impression puissante que tourner en vélo autour de mon petit nombril ne me fait pas avancer tant que ça.

2. Bilan comptable de juin

Deux pièces de théâtre jouées (Tonton Maurice revient du 4 au 6 juillet au Théâtre de poche, ce qui nous laisse le 7 pour aller voir l'adaptation de Macbett de Ionesco par Jean-Paul Bibé et ses complices au TPN - oui, Jean-Paul Bibé, celui de La Fête à Fred, de retour de sa tournée triomphale en Aligot, pardon, en Aveyron). C'est dit, la ville de Toulouse devient trop petite pour nous tous, il va falloir qu'on s'esporte à l'estranger.

Parution de Bruxelles ou la grosse commission, nouvelle sous forme de bambochade, aux éditions Onlit ; uniquement téléchargeable sur liseuse, smartphone, tablette, émulateur minitel (voire ordinateur, si vous y tenez), parce qu'Onlit est un éditeur pas comme les autres - sauf quand il m'engueule parce que je n'ai pas fait de promo dans ces colonnes, aïe malheur chef j'ai pas eu le temps, voilà qui est fait. Et pour la fine bouche, la première non-critique en ligne sur ce texticule...

Du côté des Nouvelles musicales, non seulement les trois représentations de Que ma joie demeure (avec le saxophoniste Sylvain Loyseau) dans le cadre du festival Passe ton Bach d'abord ont été un plaisir (et aussi un succès, ce qui ne gâche rien), mais le CD Nouvelles/Voix : Cinq tentatives d'approche de l'infini est quasi-bouclé - plus qu'à finir de peindre la pochette... et à le vendre. Nos excuses à la Médiathèque de Pamiers, où Emmanuelle Urien et moi-même avons eu la joie de venir proposer nos lectures au début du mois, mais non, la galette n'était pas encore prête. Du coup, on reviendra, tiens.

Et pour les amateurs de satire politique : l'émission Pas plus haut que le bord a enregistré sa dernière hier soir (diffusée aujourd'hui à 18h sur Radio Campus), mais elle reviendra l'année prochaine après rediffusion estivale des émissions - et de toute façon, vous pouvez la retrouver sur le site...

3. Mais t'as pas un peu fini, de parler de toi ?

Vu que c'est désormais les vacances, ou quasiment, je me retrouve à dévorer des bouquins ; et en particulier deux d'entre eux, découverts sur le stand Buchet-Chastel du salon de Villeneuve-sur-Lot : La mécanique du monde de Bernard Foglino et Les petits sacrifices de Caroline Sers.
Le premier m'a immédiatement entraîné par sa logique absurde, sa perméabilité entre le réel et le fantastique et cette simplicité de la complexité du style (ou l'inverse) que j'aime tant chez Murakami et Brautigan.
Le deuxième avait au départ tout pour me laisser froid : l'histoire d'une famille bourgeoise de l'assassinat de Jaurès aux années 50. Sauf qu'en évitant la grande fresque historique pour se couler dans les pensées et les émotions de chaque personnage, le roman se révèle tout simplement un enchantement. Aigre, empoisonné, poignant - mais un enchantement.

4. Juin (ou la fin d'une histoire)

Juin péniblement
s'approchait comme
une louve rampant
sur ses mamelles
tordue, indécente,
cocasse malgré elle n'eût été
notre dégoût.


Etonnante victoire 
que cette liberté soudain conquise
que ce coeur dépassé, enfin,
que ces mots qui disaient vrai
au-delà de ce que nous avions 
rêvé de croire.


Un instant nos regards 
se croisèrent et
nous y lûmes
le mépris et l'oubli
là où se trouvaient la veille encore
la source d'un bonheur minuscule.

Juin péniblement s'approchait 
comme
une louve au ventre plein
dans l'odeur de lait suri 
mais
nous n'y pouvions mais
(mais il y eut un instant où
au moins nous comprîmes
que nous nous étions aimés
- et nos mains se touchèrent
une dernière fois qui se savait dernière
nous fûmes dans nos sourires

la joie du regret de la joie
la mélancolie comme une louve
au collier rompu
qui revient sur ses pas
mettre bas sa portée.

Combien de fois depuis ai-je vu
cet animal privé de ventre
revenir rôder sur mes nuits
(et l'autre source, si sincère,
murmurer à mon oreille
sans que je puisse en saisir l'onde,
jamais).