30.11.12

1022. Des é (hauts).

Bin, c'est un mur.
1. Des épouffes

Voilà quelques mois que leur blog.
Que, devant leurs compliments, je me sens tout.
Et aujourd'hui, elles.
Une lecture de l'Eau des rêves sur le 4 rue d'Epouffe (ne pas manquer d'y faire un tour, elles sont d'une productivité impressionnante et d'une joie contagieuse)
Et cette impression que les lectures rendent le roman plus beau.

2. Des écrits

En attendant Daniel, pièce en une femme mineure, ira se défendre début janvier pour une résidence en juillet ; si tu n'as jamais vu de bande-annonce de livre, celle-ci pour le premier tome d'une sympathique série traduite par le non moins sympathique E.P.


3. Des évidences

Il est des fois où
tu avances sans l'ombre d'un doute
sans besoin d'ouvrir ton ventre
sans angoisse particulière
 
ce qui te fait te demander
si tu n'exagères pas, un peu
si tu ne meurs pas, à petit feu
si tu ne tricotes pas
au coin du canapé
un joli linceul de laine
alors que
le désir s'étouffe dans ta poitrine
ignore les profondeurs

et fort heureusement, tu te remets à douter
une maille à l'envers, une maille à l'endroit

- sans ta petite laine, qui serais-tu ?

4. Des é

ah bin non je n'ai rien trouvé pour le 4.
Mais je dois l'avouer, ce post surtout pour présenter la critique susdite, qui me fait chaud au.

 


22.11.12

1021 - Transferts

Celle-là, j'ai déjà dû la.
1. Se décider

Je m'apprête à quitter E. C'est certain, maintenant. Je le lui ai annoncé.
Oh, bien sûr, elle tempête. S'en prend à moi. Relit notre relation à l'aune de ce départ - et bien sûr à ses yeux je suis indécis lâche veule. Bien sûr.
Quant à moi, j'entends ses mots violents, qui descendent lentement le long de ma colonne, vers mon ventre, vers mon bassin. Parfois, une légère envie de pleurer me vient.
Mais je ne réponds pas. A quoi bon ? Rétorquer, argumenter, discuter, débattre : cela n'est pas dans ce que nous faisons. Cela n'appartient pas à la sphère de notre lien.
Parfois, je brûle de lui dire qu'elle ne me comprend pas. Qu'elle me lit à la lueur de ses certitudes. Que j'ai tenté le contraire - l'entendre, l'écouter, sans juger ni réfléchir.
Et qu'il arrive un moment, pourtant, ou la seule alternative possible serait
de mourir
(ou de signer un pacte avec le diable).

Je m'apprête à quitter E., la sorcière qui crée une brèche dans ma  vie depuis deux ans déjà. J'aurais aimé que notre relation constitue un cercle, qu'elle se referme (comme une blessure) sur elle-même.

J'aurais aimé. J'espère encore.

Quelque chose en moi murmure qu'elle n'a m'a jamais aimé - et que, pire, elle ne m'a jamais accepté tel que j'étais.

Avec mon indécision. Ma lâcheté. Ma veulerie (au moment même où je me sentais en plein courage, et réciproquement).

Bref, c'était bon mais
nous ne nous sommes pas compris.
D'ailleurs, ce n'était peut-être pas le but du jeu.
Je suis certain d'avoir appris quelque chose. Que tout cela a servi.
Et elle ?
Peut-être que ça ne me regarde pas.

Bref, je la quitte. Ce qui reste entre nous ?
Le choix des armes - celui qui partira en blessant le plus l'autre.

2. Rêverie

Je cuisine. Le bras près de la poêle, le geste précis, connecté à mes papilles.
Nous sommes seuls devant le fourneau - les autres sont partis pour des raisons diverses. Ils reviendront. Dans un autre temps.
- J'ai très envie de t'embrasser.
Ce sont là ses paroles.
Depuis combien de temps ne m'a-t-on pas ?
Je rougis. Agite la poêle inutilement.Je ne voudrais pas être ce type  un peu replet, un peu coincé, derrière ses fourneaux. Je voudrais être certain. Accepter ou refuser - et pourtant je n'y arrive pas.
Je bafouille.
- Mais je... c'est que je... et je...
Ce 'je' m'encombre - mais en cet instant, dans cette situation, il est ma vérité.
- Je te trouve sexy. Je te regarde depuis tout à l'heure, et j'ai envie de t'embrasser.
La situation ne saurait en rester là - les mots créent trop d'inquiétude. Dans les minutes qui suivent, il y a d'autres rapprochements, d'autres passes. Et moi, je reste calé dans ma coquille, entre l'envie de rire, celle de pleurer, et celle de m'effondrer comme une chenille qui crève sa chrysalide.

Les autres reviennent. Les autres, qui me fournissent ce cadre parfait, cette excuse à ne pas avoir vécu ce qui s'offrait. Les autres, qui me raccrochent à une réalité - sans doute pas sensuelle, mais sensée.
Je suis fidèle, non ? A moi-même en tout cas.

Cet instant, près de la poêle.
Le lendemain, je le raconte à. Son commentaire ?
- Qu'est-ce qui t'a retenu d'essayer ?
Franchement ? Moi-même, je suppose.

La moustache aussi, peut-être.

3. Championnat du monde d'équilibrisme

"Je suis persuadé d'être le champion du monde du doute", ai-je écrit pour faire le malin.
Depuis ?  Depuis rien. Mais, un point intéressant : le dîner de ce soir, avec les enfants. Quand nous parlions de nos craintes, de nos erreurs, en adultes ; quand ils se moquaient de nous. Quand nous acceptions de ne pas les diriger. Quand ils acceptaient de ne pas être libres, encore.
Sans doute sommes-nous une famille bourgeoise et, partant, méprisable.
Mais Anton et Zadig (et S et Y) grandissent, et franchement,

ils nous rendent meilleurs par les réponses qu'ils exigent de nous.

4. Cela dit comme ça, en passant

L'émission Pas plus haut que le Bord, pré-sabordée par son animateur en chef, étincelle chaque fois ; Mission Vampire (pas de lien, c'est un projet secret, aux éditions Talents Hauts) devrait être traduit en allemand et en espagnol ; L'Image devrait connaître une renaissance numérique, sans parler de petits textes, comme ça, parallèles. On verra.
Côté écriture/mise en scène/musique... il se passe des choses, voilà. On a le temps.
Côté peinture, il ne se passe rien (mais c'est à cause que je joue beaucoup au rugby, ça compense, si, si, le geste, quoi).
Côté trad... c'est ce qui me retient d'écrire, et me fournit le pain, alors quoi faire ?
Arrêter le pain ? Facile.

Oh et puis, surtout, parce que c'était le but de cette rubrique,

j'ai reçu non pas une mais deux
lettres au sujet de l'Eau des rêves
d'hommes prisonniers, vraiment
qui me disaient
c'est difficile mais,
oui, vraiment,
nous te suivons, nous le suivons,
alors,

si leurs murs s'écartent un peu, 
s'ils se sont sentis un peu plus clairs un moment alors

ça en valait la peine
de raconter, malgré tout.

 ( Et puis le reste ne concerne
que la façon dont la pluie 
efface les pierres
des cimetières
rien à voir avec nous, donc)

11.11.12

1020 - Un dimanche à la foire

Autoportrait en zone commerciale
1. Circonstances

Le gardien de nuit de l'hôtel doit me trouver sympathique car pour la deuxième fois - et malgré mon insistance hier soir - il a préféré me réveiller une heure plus tôt que demandé. Je profite donc pleinement de ce moyen petit jour avant de retourner à la Foire du livre de Brive, où je me sens comme un.

2. Le sens de la foire

G. ne dédicace que ses nouveautés - le libraire d'ailleurs n'en a pas commandé suffisamment, et 400 exemplaires s'écoulent. T. a vendu ses 200 romans, peut rentrer chez lui, l'âme satisfaite ; quant à H., il signe pour la foule l'ensemble de son oeuvre - star incontestée.
Sur ma table tout à l'heure, je trouverai 18 exemplaires à vendre dans la journée - en répondant au chaland qui parfois me demande, "alors qui êtes vous, et c'est quoi votre livre ?"
Va-t'en lui répondre. "C'est un roman fondateur, génial, passé inaperçu jusqu'à vous" ? " Une grosse daube ampoulée et mystique" ? "Rien qu'un premier roman d'un type qui fait des salons depuis cinq ans" ?
Et pourquoi pas "Un bout de ma colère, mes tripes avec des mots, un chemin qui rêve d'alléger la souffrance" ?
Quoi qu'il en soit, j'attends patiemment, entre une Emmanuelle et un vieux routard de l'édition BD. Face à nous, Valérie T., première dame de son état, apparaît parfois, escortée d'une escouade de rigolards vigilants. Passé les premiers moments de jalousie légère, d'agacement, je me demande ce qu'elle voit du monde, ainsi entourée d'un essaim qui écarte tout autour d'elle, comme les oeillères d'un cheval.
Et sinon : je m'use les yeux à regarder passer les passants, je respire, j'échange de temps en temps.
J'ai vécu pire.

3. La blague du vendredi

Oui, je sais, c'est dimanche, mais je n'ai plus le temps pour un poème, et vendredi je pleurais (quoique de façon sèche) et puis c'est comme ça.
Un très vieux couple entre chez le notaire ; l'homme lui demande d'entamer une procédure de divorce. Stupeur dudit notaire, qui tente de les dissuader. Explication du couple "Les enfants sont enfin morts".
A jouer avec une étincelle dans des yeux vieux, en incarnant les personnages de façon organique, en pensant à Jerzy Grotwsky.
(Et comme il est déjà tard, ce 3. suffira à indiquer mes pensées actuelles sur le théâtre et la mise en scène, sur le désir et ses vallées, sur la bonne nouvelle que m'annonce G., hier séparé, aujourd'hui reprenant les rênes ou le fardeau ou qui sait le chemin de son couple - longue vie à vous deux, jeune courageux - sur la poésie, sur les pièces en un acte de Sam Shepard, la condition d'écrivain débutant - le stade suivant d'écrivain en herbe, etc.)
Oups, le portier m'appelle, j'attelle, direction la foire.

A tout de suite ?