23.12.16

1136 - De Noël, 6

Décennale

Et c'est là, en fouillant, que je m'en rends compte : j'ai raté cette année les dix ans de ce blog. Si, si - il avait commencé le 24/10/06, par un post interminable qui parlait de liste des courses.

Malgré les dix pages de traduction qui m'attendent ce matin avant les vacances, je me promène un peu sur ce moi d'avant, celui qui préparait le moi d'aujourd'hui. Le mépriserait un peu, peut-être, pour certaines compromissions. Envierait la presque stabilité qui. Se demanderait ce que sont devenus quelques-uns des amis. Aimerait toujours autant, toujours pareil, toujours foutraque, son Anton et son Zadig.

Au fil des posts, je trouve cette phrase, au début,

Je suis en grande convalescence des sentiments. 

Ca fait dix ans que j'apprends à écrire. Au moins, maintenant, je fais plus court.



 

22.12.16

1135 - Rafal de Nadal, 5 (ça va finir par faire un calembour pourri, oui)

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Je sais pas toi, mais je ne lis jamais les trucs en petits caractères. Bref, te voilà informé par l'UE et tout ce genre de choses.

Sinon, dans les choses bien, je réponds aux questions de Brice en citant ce blog.
C'est dire si.


21.12.16

1134 - Rafales de, 4

La troupe à l’œuvre

Hier soir, en sortant de l'Autruche, on se demandait comme chaque fois si ça faisait sept, huit ou dix ans qu'on se connaissait, qu'on faisait les clowns ensemble dans les bars une fois tous les quinze jours ; on s'est dit qu'on était vieux - on ne titubait même pas dans la rue.

Moins besoin de cacher les battements du coeur sous les litres de bière ? Un peu d'expérience, à force, qui nous permet de filer droit en évitant les écueils ? Bref, une sacrée bande de, qui fonctionne et grandit depuis un bout de temps.


Pour le côté égo, tu m'y verras aux alentours de la 50e, avec un personnage que j'aime de plus en plus - sponsorisé, côté vestimentaire, par mes immenses Anton et Zadig.

19.12.16

1133 : Rafales de Noël, 3 - photos de la lumière



Triple distillation : La 2CV au crible de Judith Vanistendael et Pierre Dumas, du restaurant La Maison (ph.MA Dubreuil)



Il y a eu, entre toutes les rencontres, ce moment au festival des Littératures de Cognac, avec Pierre et Judith - une autre façon de raconter l'histoire de Marion, du petit et de la 2CV verte (j'attends encore de goûter la recette concoctée par Pierre). D'ici là, voilà comment Judith a vu Marion.


1132 - Rafales de Noël, 2 : une idée-cadeau

Les à-côtés de l'apocalypse

Trop habitué à Walking dead, tu crois encore naïvement que les survivants de la fin du monde passeront leur temps à lutter, à se battre, à se planter dans le crâne des battes de base-ball munies de barbelés. Tu crois encore que des hommes justes, droits, virils et taciturnes se chargeront d'organiser la survie de groupes aux aspects de famille bourgeoise.

Mais non, bien évidemment. Les hommes et les femmes feront du théâtre. Ils tenteront de recréer du lien entre les poches lointaines d'humanité.

Ils joueront du Shakespeare entre des avions immobiles.

C'est ce que raconte le magnifique Station Eleven d'Emily St John Mandel, canadienne au nom à rallonge et à l'écriture d'une brillance absolue.

Alors bien sûr il y aura des réminiscences de ce passé mythique - l'époque des emails, de l'électricité, l'époque où un acteur nommé Arthur Leander fascinait l'Amérique par ses frasques ; et les derniers soubresauts de cette ère aussi morte que celle des dinosaures agiteront encore l'étrange printemps de cette civilisation balbutiante.

Mais tu liras le passage du temps, ses soubresauts dans le rythme changeant du récit ; tu liras les à-côtés de l'aventure. Les petits riens, les regrets, les accrochages idiots entre les membres d'une troupe qui s'adorent et se détestent à la fois. La façon dont chacun apprend à oublier ce qu'il fut. Bref, tu liras le futur de l'humanité - qui ressemble d'ailleurs à son passé, à son présent, dans des circonstances différentes.

Tu liras un roman superbe, d'une originalité et d'un souffle impressionnants, qui dans un monde de plus en plus marqué par le retour à la brutale bêtise rappelle que la beauté, la poésie et l'intelligence finissent toujours par trouver leur chemin, comme des mauvaises herbes qui fissurent l'asphalte et le béton usés.

1131 - Rafales de Noël, 1

Lettre de relance pour une créance (modèle déposé)

 
Coucou,
Noël approche et
je n'ai toujours pas vu
passer le règlement
de la facture qui.

Oh, cadeaux, espoirs et fête

Reflet lointain de l'étoile
dans l'oeil de l'auteur
affamé

des,

Manu



(envoyé ce jour à la bibliothèque de..., que j'adore)

18.10.16

1130 - Des gratitudes

Chéplukoicé
1. Percher

Il m'arriva tout récemment de marcher dans l'automne, entouré d'enfants et d'amis ; les pierres étaient sèches, la mousse des arbres accueillantes. Je m'y suis crinqué - pour te dire à quel point je retournai à la nature, ce mot-là me revint.
Il faut se rappeler de temps à autres que grimper dans un arbre reste une formidable expérience.
À condition d'en redescendre - et encore.

2. Agenda

 Oeuvrer avec 14 collègues de littérature jeunesse à un projet de nouvelles en commun ; remettre à plus tard l'exploration du Trou de balle (une opération littéraire dont je te parlerai un autre jour) pour se pencher sur un roman peut-être moins sombre et tortueux, dont le titre provisoire mais que j'adore sera Oublier mon père ; commencer la saison des salons, avec lectures musicales à Parisot, rencontres en tous genres à Cognac, puis autour de Toulouse ; réfléchir à ce que serait un atelier d'écriture intitulé Une heure pour devenir écrivain.
Bref, de belles heures à venir ;  je cherche un mot plus joli que gratitude (qui me fait penser à des moustiques au coin des articulations).

3. Ain't got any frigging poetry left 

L'heure vint comme chaque soir
D'arracher les liens illusoires
Pour regagner ce doux insupportable
Qu'il nommait vie et pensait mort. 



29.9.16

1128 - Old man, take a look at my life

J'arrête l'AMAP
(mono)

J'ai vieilli, dis
Qui est ce vieux type, fané du menton, sur cette image grise ?
Le médecin me dit, c'est l'arthrose, gamin
Mon dos claironne que j'y ai mis le temps
Je ne tombe plus amoureux qu'une ou deux fois pas an, et encore,
Je me fais du souci pour ma mère les gosses
la terre et mes amis
Je ne suis plus chamane, ni fou, ni magicien
J'ai perdu ma nature au détour d'une rue.
Je n'ai plus guère la force de me dire
Je grandis.

il est peut être temps de cesser de courir
et de prendre le temps, enfin
de prendre du plaisir

9.9.16

1127 - Un vague souvenir du futur

1. Flottement

Ce matin-là je n'avais
nul avis
aucune actualité
rien à transmettre

Une léger flottement, au mieux,
du bassin

j'entendais moins bien le vent dans le bambou
mais dans la rue voisine
par-dessus la maison
un passant disait
Putain
Un bus sifflait pneumatique

Rien, vraiment,
qui vaille la peine
et

je ne la pris pas



(ou à peine et pour rire)

2.

30.6.16

1126. Ecrire le matin

(c)CheTedyBear : soirée de lancement
1. Mouais bon

Pas top, ce nouveau look du blog. J'ai jamais trop aimé les livres, ça m'oppresse. On verra si on peut faire mieux - mais à la rentrée, d'accord ? Là, je me prépare doucettement à prendre des vacances. Le luxe d'avoir bouclé (ou au moins mené à un point acceptable) tous les projets, les traductions en urgence, les gros-romans-qui-sont-un-peu-moins-énormes-que-prévu ; et désormais, soirée de lancement passée - avec des lectures bouleversantes d'Emmanuelle Urien et Jean-Paul Bibé sur des musiques de Fancy Dress Contest (tout est enregistré... sauf le son), la dernière de Pas Plus Haut Que le Bord, et ce soir le concert de fin de saison du Gonin's Band - bref, demain est jour de vacances.

Et le plus beau, dans tout ça - c'est idiot mais je t'en parle - c'est que je me suis offert un cadeau cette semaine. Chut, ne le dis pas, je vais passer pour un, mais j'ai enfin, mardi matin, posé ma matinée pour écrire (et pas traduire, donc). C'est passé relativement inaperçu dans le bureau - le chef n'a rien dit, le sous-chef non plus, le sous-sous-chef était occupé ailleurs et tout ce monde était sous ma chemise - mais au-dedans, là, ça a fait une petite révolution. Comme si c'était, encore mieux qu'un métier, une vie possible.

Je t'en dis plus au retour, d'accord ?

2. Bilan de l'année scolaire

Tu te souviens de mes angoisses pour Anton et Zadig, mes deux minuscules au coeur tremblotant ? A l'occasion, il faudra que je retourne aux origines de ce blog pour les recueillir, ces questions de père. Mais voilà, A&Z me dépassent désormais en taille et caractère, jouent de la guitare, ont des poils partout, des grosses voix et des rires clairs ; ils passent des bacs et des brevets, ils ont des amoureuses (qu'ils ne me présentent pas, et je peux les comprendre). Oh, bien sûr, j'ai toujours peur de la vie pour eux - mais ils me rassurent, beaucoup, souvent.

Et en cette fin d', je pense à tous les élèves, tous les profs, les docs, les bibliothécaires, que j'ai rencontrés cette année pour la tournée triomphale du Pire concert ou des Dual books (et aux autres dont je suis à distance les aventures dans le monde enchanté de l'Educ Nat) - et je les embrasse, je les remercie de m'avoir rappelé la réalité du métier, comme on dit : l'enthousiasme pour les livres, les mots, les histoires, la conviction que la lecture est une arme d'instruction massive et la culture le meilleur moyen de grandir ensemble.

Zadig n'est pas fan de lecture ; mais l'autre fois, je l'ai trouvé en train de lire une correspondance entretenue cette année avec des collégiens pour le Prix des Incorruptibles. Il se marrait, m'a dit que ça devrait être publié. Ca aussi, ça m'a fait du bien.

Et donc, les vacances seront douces.

3. Est-ce que tu aimes la poésie ?

La mélancolie
est-elle une esthétique ?
demande-t-il à son fils pour parler des Regrets

Le branlisme
est-il un humanisme ?
s'interroge son avatar velu

Et Dieu, dans tout ça ?

Il beurre des biscottes au petit-déjeuner
Nappe sur la terrasse blanche vue sur la mer
Laisse murmurer le ressac de ses doutes
Et savoure 
Les fleurs, l'abeille, la caresse d'un pneu sur l'asphalte

Il est l'heur - tout arrive


4. En tout petit

Oh, et ne t'inquiète pas de la multiplication des portraits de mouamemm dans ces colonnes : c'est juste que TedYBear a un si beau regard (pour celle d'aujourd'hui) et que (pour les précédentes) suite à un changement de machine, j'ai égaré mon stock de photos d'autre chose... Les chevilles tiennent, sinon.

1126. Ecrire le matin

(c)CheTedyBear : soirée de lancement
1. Mouais bon

Pas top, ce nouveau look du blog. J'ai jamais trop aimé les livres, ça m'oppresse. On verra si on peut faire mieux - mais à la rentrée, d'accord ? Là, je me prépare doucettement à prendre des vacances. Le luxe d'avoir bouclé (ou au moins mené à un point acceptable) tous les projets, les traductions en urgence, les gros-romans-qui-sont-un-peu-moins-énormes-que-prévu ; et désormais, soirée de lancement passée - avec des lectures bouleversantes d'Emmanuelle Urien et Jean-Paul Bibé sur des musiques de Fancy Dress Contest (tout est enregistré... sauf le son), la dernière de Pas Plus Haut Que le Bord, et ce soir le concert de fin de saison du Gonin's Band - bref, demain est jour de vacances.

Et le plus beau, dans tout ça - c'est idiot mais je t'en parle - c'est que je me suis offert un cadeau cette semaine. Chut, ne le dis pas, je vais passer pour un, mais j'ai enfin, mardi matin, posé ma matinée pour écrire (et pas traduire, donc). C'est passé relativement inaperçu dans le bureau - le chef n'a rien dit, le sous-chef non plus, le sous-sous-chef était occupé ailleurs et tout ce monde était sous ma chemise - mais au-dedans, là, ça a fait une petite révolution. Comme si c'était, encore mieux qu'un métier, une vie possible.

Je t'en dis plus au retour, d'accord ?

2. Bilan de l'année scolaire

Tu te souviens de mes angoisses pour Anton et Zadig, mes deux minuscules au coeur tremblotant ? A l'occasion, il faudra que je retourne aux origines de ce blog pour les recueillir, ces questions de père. Mais voilà, A&Z me dépassent désormais en taille et caractère, jouent de la guitare, ont des poils partout, des grosses voix et des rires clairs ; ils passent des bacs et des brevets, ils ont des amoureuses (qu'ils ne me présentent pas, et je peux les comprendre). Oh, bien sûr, j'ai toujours peur de la vie pour eux - mais ils me rassurent, beaucoup, souvent.

Et en cette fin d', je pense à tous les élèves, tous les profs, les docs, les bibliothécaires, que j'ai rencontrés cette année pour la tournée triomphale du Pire concert ou des Dual books (et aux autres dont je suis à distance les aventures dans le monde enchanté de l'Educ Nat) - et je les embrasse, je les remercie de m'avoir rappelé la réalité du métier, comme on dit : l'enthousiasme pour les livres, les mots, les histoires, la conviction que la lecture est une arme d'instruction massive et la culture le meilleur moyen de grandir ensemble.

Zadig n'est pas fan de lecture ; mais l'autre fois, je l'ai trouvé en train de lire une correspondance entretenue cette année avec des collégiens pour le Prix des Incorruptibles. Il se marrait, m'a dit que ça devrait être publié. Ca aussi, ça m'a fait du bien.

Et donc, les vacances seront douces.

3. Est-ce que tu aimes la poésie ?

La mélancolie
est-elle une esthétique ?
demande-t-il à son fils pour parler des Regrets

Le branlisme
est-il un humanisme ?
s'interroge son avatar velu

Et Dieu, dans tout ça ?

Il beurre des biscottes au petit-déjeuner
Nappe sur la terrasse blanche vue sur la mer
Laisse murmurer le ressac de ses doutes
Et savoure 
Les fleurs, l'abeille, la caresse d'un pneu sur l'asphalte

Il est l'heur - tout arrive


4. En tout petit

Oh, et ne t'inquiète pas de la multiplication des portraits de mouamemm dans ces colonnes : c'est juste que TedYBear a un si beau regard (pour celle d'aujourd'hui) et que (pour les précédentes) suite à un changement de machine, j'ai égaré mon stock de photos d'autre chose... Les chevilles tiennent, sinon.

16.6.16

1125 - La mue, toujours la mue

1. J'irais pas jusqu'à dire peau neuve

n'empêche que, bon, on va tenter de changer un peu de. Si jamais tu es fort en skin de blogger (ou d'autre plateforme, d'ailleurs), n'hésite pas à me le.



2. Mais la raison pour laquelle, 

Viens, ce sera bien


 

3. Et pour te dire qu'il sort aujourd'hui,

Les lectures de Marinette ont entamé le bal en lisant pour toi Les fils de George.

A tout vite, alors 

24.5.16

1124. Où déjà ?

Je m'en fous, j'ai une belle basse
(au téléphone, une journaliste me rappelle que ce blog hybridoïde existe toujours, et qu'il serait temps que je le tienne à jour ; mais regarde, là, sur le papier où j'écris tous les trucs à faire, j'avais noté "blog" tu vois ? Alors hein... N'empêche que la prochaine fois que je passe par ici, je change un peu la déco, ça commence à sentir le vieux moche. Bon, où on en est, déjà ?)

1. Se déplace à domicile

Pas mal de rencontres avec des ados (vois ça sur mon site si ça te dit) ces derniers temps ; j'aime bien me laisser transporter dans les paysages par l'enthousiasme des lecteurs, des porteurs de livres. Ça me remonte le moral - d'autant plus que je reviens des montagnes et que je pars à l'océan.

Histoire de continuer sur le plan "ma vie est un enfer", j'enchaîne sur un joli voyage de noces en Scandinavie nordique septentrionale avec ma colombe - il serait temps qu'on se rappelle qu'on est des épousés, pas juste des partenaires de boulot, de cuisine, de lutte contre le temps administratif et de bagmindtong.
 
Et forcément, des questions toutes bêtes, telles que "écrire, ça en vaut
la peine ?" "Qu'est-ce que je fous de la marche du monde, moi assis lui debout ?"


2. L'histoire de ma vie

Un festival que j'aime me demandait une notice biographonique pour sa prochaine édition. Voilà ce qui sortit :


Manu Causse, auteur, traducteur, buveur, aurait mérité de mourir à 17 ans dans un accident de la route, mais le destin en ayant décidé autrement, fait chier tout le monde à écrire des histoires qui n'intéressent personne, ce qui peut paraître paradoxal. Toutefois, pour se venger de l'ironie de son sort, a décidé de mourir à 105 ans, amoureux, dans un monde libre. Ce qui lui fait un beau programme.

Tu comprendras que j'ai préféré décliner l'invitation, par prudence.


3. Exercices d'admiration, encore

Tu sais ce que ça me fait, d'entendre parler partout d'un livre ? D'écouter les lecteurs qui se pâment ? De lire des critiques élogieuses sur les sites et dans les revues que j'aime ? Bin, forcément, ça m'agace, surtout quand il n'est pas de moi. Et du coup, je redoute le moment où je le lirai - si j'aime, je serai comme tout le monde, et si je n'aime pas, ne sera-ce pas de la pure jalousie ? En fait, j'ai du mal avec l'admiration, soit qu'elle ne vienne pas, soit au contraire qu'elle me paralyse.

C'est te dire si je me raidissais au début des Petites reines, de Clémentine Beauvais, le roman ado qui déchire tout cette saison.

Résultat de recherche d'images pour "les petites reines"J'avais tort. Il est bon. Très. Il est drôle, il est rapide, il est vif, il t'embarque et te retourne comme une galette (au boudin, d'ailleurs). Et au-delà de la jubilation qu'il t'apporte, au-delà de sa finesse enchantée et enchanteresse, il est écrit avec une précision diabolique, une classe folle et une audace impressionnante - parce que Madame B., quand elle écrit pour les ados, te sort le mot diaprer avec autant de simplicité que le mot gate-crasher. Parce qu'elle sait à quel moment te demander ce que toi, lecteur, tu attends d'une histoire avec des filles grosses et moches que tu aimes dès les premiers mots.

Bref, elle fait des trucs quand elle écrit qui me laissent pantois, et c'est là que tu comprends ce que c'est que la littérature vraiment populaire - ou pour éviter ce moche mot, pourquoi ce livre mérite à ce point son succès.

J'arrête là l'analyse, tu comprends que j'en sois sorti écoeuré - trop de talent chez les autres, merde, ça me déprime.

Dans le désordreEt histoire de ne pas laisser la moindre chance de survie à ma joie de vivre, j'ai enchaîné sur Dans le désordre de Marion Brunet, sur un thème proche du roman que je pousse en ce moment.

Ben tiens. Pareil. L'histoire d'une lutte, d'une colère, d'une construction. Avec des mots qui claquent, des personnages qui prennent au coeur. Une voix affirmée, une révolte vraie. Qu'est-ce que tu veux que je t'en dise ? A peine terminé, j'ai fait mieux que le relire : je suis monté dans la chambre de mon Anton (va falloir que je te reparle de lui, un jour, tu sais qu'il me dépasse à présent ?) et je lui ai dit, tu vas adorer. Et c'est pas souvent.

Du coup, je te le dis à toi aussi - sans te raconter l'histoire de ces sept personnages qui s'apprivoisent et décident de vivre ensemble dans les marges de la loi et de la société. Ni même te dire que j'ai aimé leurs doutes autant que leurs certitudes.

Je te l'ai dit : l'admiration, c'est dangereux. Mais bon, quand c'est mérité... 

4. Mais j'emmerde la poésie

Comme tu vois, même pas la force
de terminer par un

retour à la ligne vengeur
une image étincelante
un geste magistral

rien - même pas citer le silence
et pas un oiseau dans le ciel pour me distraire 
ni me chier dessus

Sinon, toi, ça va ?



  



28.4.16

1123. Thérapeutique de l'espoir

1. A plat
Mange et tais-toi

Que se passe-t-il quand la batterie de ta tablette se vide plus vite qu'elle ne se remplit, quand ton ordinateur ton vélo et le pneu avant gauche de ton multipla te lâchent, quand la piscine te semble trop loin pour aller nager, quand le monde a l'air de vouloir se noyer lui-même sous une avalanche de merde en poussant des cris joyeux et, plus grave encore, quand tu te rends compte que tu n'as pas envie d'écrire ce roman qui pourtant te pousse depuis quelques mois ?

Je vais te dire - je regarde les mésanges. Des charbonnières, qui viennent picorer dans le jardin.

Oh, et puis je repasse par ici, pour te me murmurer deux-trois trucs à l'oreille.

2. Admiration toujours

J'avais prévu de continue mes exercices d'admiration d'hommes. De te parler, entre autres, du Chien Arabe de Benoît Séverac. Et, oui, lis-le, pour ses qualités d'observation, pour le courage et l'élégance avec laquelle il aborde un thème brûlant, pour une description sans concession et pourtant pleine d'humanité.

Tant que tu y es à lire des auteurs masculins, tu peux te pencher sur Zaï Zaï Zaï Zaï, de Fabcaro. Je ne veux pas te le résumer - juste, comme celle qui me l'a conseillé, te dire qu'on ne sort pas indemne de ce livre. Que si, désormais, des phrases comme "J'ai oublié ma carte de fidélité", "Lâche ce poireau" ou "Je peux faire une roulade arrière" te paraissent désopilantes, tu sauras à qui t'en prendre

Alors oui, bon, je te parle de bouquins qui ne sont pas dans l'actualité, je ne te les résume pas et je te dis juste qu'ils m'ont plu ; mais c'est parce que, hein. Au pire, tu les achètes, tu les lis, et si tu es déçu tu viens me casser la. Si, si, j'insiste, ce sera marrant.

Et puis pour ne pas parler que d'hommes - et surtout parce les deux tomes m'ont happé et tenu sans relâche, parce que j'ai admiré sa capacité à représenter le plus beau et le plus laid de l'âme humaine, parce que j'adore ce qu'elle fait depuis longtemps et que je trouve que ses derniers romans confirment sa position d'auteure contemporaine majeure, je me dis que tu aimeras sans doute aussi les Vernon Subutex 1 et 2 de Virginie Despentes - un écrivain de ceux que j'aimerais bien être quand je serais grande.


 3. C'est vraiment pas le moment de faire de la poésie

Au moins la mésange
Quand elle trie ses graines
En fout-elle partout
Nourrit d'autres oiseaux




21.3.16

1122 - En voitures


2. Annecy


Bus Crolard
Elle souriait impériale
dans le désordre en étoile de son automobile

tandis que je,
je m'agitais,
je m'agitais sur mon siège,
éperdu et pressé,
pas de seconde à perdre

sac au dos j'ai
piqué un sprint sur l'esplanade comme l'amant d'un mauvais film

puis,

d'un soupir,

la porte du bus m'a séparé
de ses yeux calme de madone


- Ah, les transports


1. Arrêt minute

Quelle était cette gare
Où nous étions garés

Un matin clair, pluie d'été sur l'asphalte

Et

D'une portière à l'autre
La main sur la poignée

Ce plein furtif entre nos ventres

- mais nous n'avions ni mots ni gestes

Les portières s'ouvrirent et tu ouvris le coffre
Rien ne s'était rompu nous avions juste
raté notre correspondance

nos pilotes anciens
avaient tiré la sonnette
veuillez ne pas descendre avant l'arrêt complet du véhicule
deux trains échoués
en bord de voie



 





7.3.16

1121 - Leçons d'admiration

(c) pas moi
1. Alrededor

Je ne sais pas toi, mais j'ai un mal de chien à admirer. Je suppose que mon psy me forcerait à parler de mon père, de ses absences, de cette fois où nous marchions vers le sommet. Mais mon psy me fiche une paix royale depuis que j'ai refermé la porte du congélateur où j'ai caché son cadavre.

N'empêche, ne pas savoir admirer, c'est une tare, non ? J'enviais l'amie, à l'époque, qui se cherchait un maître ; j'ai tenté de ne pas triompher quand elle déchanta. Néanmoins, quelque part dans ma tête se murmurent facilement des critiques, des comparaisons, des remarques amères dès qu'il s'agit de regarder vers l'autre.

Heureusement, j'ai de la chance : j'ai des potes qui m'aident à changer.

2. Exercice 1 - Vies multiples de Jeremiah Reynolds

Peut-être à cause de son physique avantageux (il a des cheveux), de la douceur qui émane de lui, de son charme, de sa spontanéité, j'ai instantanément détesté adorer Christian Garcin (même que j'en ai le caractère qui se met de lui-même en gras au moment où je tape son nom, c'est magique). De là en là, depuis un salon à Voiron qui reste mon bal à la Vaubyessard, on se fait des coucous et on se dit qu'on va se revoir. Sauf que j'ai raté son passage aux Ombres blanches de Toulouse, cominkon. Néanmoins, je me suis précipité pour acheter son dernier roman, Les vies multiples de Jeremiah Reynolds : il s'était produit dans ma tête un amalgame entre ce titre, la tête de Christian, celle de Redford et le nom de Jeremiah Johnson - amalgame heureux, on va le voir.

Mettons-nous d'accord : les écrivains du voyage, comme on dit - les poètes de la poussière, les aventuriers aux semelles de vent - me cassent en général royalement les manivelles. Peut-être parce que mon aventure la plus extrême a dû se situer à Aurillac, et je me perds une fois sur deux sur le chemin de l'aéroport ; mais rin à foutre, j'ai vécu cinq mille vies rien que de chez moi à la piscine, et pourtant elle n'est pas loin.

Jaloux, moi ? Allons donc.Mais, franchement, là non.

Bon. Je ne te raconte pas lesdites vies - puisque c'est le but du bouquin. Qu'il te suffise de savoir que, côté aventures, Jeremiah n'a rien à envier à Corto Maltese, à qui il me fait penser. Et que son destin croise, directement ou non, celui de Poe, de Napoléon, de quelques présidents illustres des deux Amériques et de tout un tas de personnages plus ou moins recommandables ainsi que d'un cachalot.

Blanc, de surcroît.

Un roman interminable en moins de 180 pages. Un roman d'aventures - mais alors comment te dire ? Un roman où l'aventure, en permanence, n'est pas où on l'attend. On l'aperçoit au loin, on la frôle même, mais sans bravoure, sans grandiloquence. Comme une symphonie épique sifflotée par un homme marchant auprès d'un âne vers le puits.

Un peu désarçonné, au début, par la longueur des phrases (il manque un point d'interrogation p.19, enfin, Christian...), je me suis quand même fait embarquer, comme un bleu - parce que peu à peu, et en sourdine, en arrière-plan, la langue se transforme pour glisser du majestueux au léger, au sautillant, au décalé.
Je serais encore prof de, je te parlerais des plus beaux passages où Stendhal se moque de Fabrice - tu vois ? Hé bin pareil.

Et puis - parce que j'ai envie d'en dire mille choses mais c'est pas tout ça j'ai un boulot - il y a la fin. Le glissement des vies aventureuses vers un repos incertain.

Ca, je sais pas comment te le dire. Quand un type t'a fait voyager à travers le monde pour, à la fin, te tapoter l'épaule et te faire - t'as vu ? C'était ça que je voulais te montrer -

(Et toi tu l'avais déjà vu, mais autrement, moins largement, san regarder vraiment, jamais avec le fracas et la beauté du monde encore dans tes yeux, bref, tu ne sais plus si tu as envie de pleurer ou de sourire, de chérir ta vie ou de la recommencer à zéro)

Bin ce type-là, qu'est-ce que tu veux faire ? Tu l'admires.

Et tu recommandes à ceux que tu aimes de le lire.

3. Jamais un sans deux

La douceur, la patience, la minutie, la détermination - ça oui je l'admire chez un homme. Du coup, tu imagines que je fus ravi, jeudi dernier, d'aller écouter Benoît Séverac parler de son oeuvre (le mot n'est pas ronflant, c'est bien qu'il présentait trois bouquins à la fois) à la librairie La Renaissance. Le chien arabe, Little Sister et On ne peut pas faire ça à Guy Novès - je te dirai très vite comment je les admire.

4. Rien à voir mais

Te rends-tu bien compte qu'en écrivant ici je concurrence le ranking du linking de mes likes sur le back-office du référencement de mon site ? Et que j'ai failli quitter facebook tout à l'heure et ne l'ai gardé que pour pouvoir chatter avec des auteures américaines et autres copains qui y glandent en même temps ? Bref, comme le dit je ne sais plus qui, je me mets peu à peu à une écologie de l'attention.
Mais c'est pas facile.




1.3.16

1120 - Un mars et ça... ah non, zut

Ça manquait un peu d'images, non ?
1. Putain, fils, comment j'ai du mal à

Dis-le franchement : toi, on t'annoncerait qu'allemands, italiens et néerlandais ont décidé de traduire ton roman, tu le croirais ? Tu ferais la fête ? Tu te verrais pas un peu déjà dans le (gol)gotha de la littérature mondiale ?

Bon, moi, quasi. Sauf que j'ai encore l'antigonflemelon de série, et puis surtout chevillé tout au fond cette angoisse de rater, de ne pas parvenir... Mais tu sais quoi ? Je m'en contente, voilà. Dans ma petite caboche, je fais des phrases comme "Croire aux miracles sans les attendre", je relativise le succès et l'insuccès, j'échafaude des paris et des voeux.

Bref, rien ne change et tout change à la fois, quoi.
(Putain, j'aurais dû faire philo).





2. Aussi

Il y aura en jeunesse un nouveau Talents Hauts, monolingue cette fois, et un quatre-mains avec Séverine Vidal, dont au sujet de laquelle j'ai dit plein de bien ici - parce que j'en pense, du bien, tiens. Et comme j'apprends à admirer les gens, j'aimerais aussi te montrer plein d'autres personnes/livres/films/images, ici... Mais pff, tempus fugit et blogus complicatus est, tout ce genre de. Et puis, qui a le temps de lire, hein ?
(Ah zut, faut que je pense pas comme ça, ça fait des ondes négatives dans le monde planétaire).


3. Et surtout

L'info de la semaine : une méga-mise à jour du site t'attend. Tiens, je ne te dis rien, elle est tellement énorme qu'à l'heure où j'écris on ne l'a pas encore faite.
(Allez, je fonce, j'ai un panier de légumes qui m'attend).


20.1.16

1119 - Déclaration d'achèvement des travaux

Et donc, ménage administratif de mon bureau. J'ai retrouvé ce faisant ce petit texte,

La forme oblongue de la mémoire

La mémoire nous joue des tours. Non quand elle oublie des choses - quand elle les retient. Ainsi du souvenir de cette femme aimée, qui fait battre mon coeur chaque fois qu'une image, un coup de fil inattendu ou l'évocation d'un moment passé avec elle, la fait renaître à mon souvenir.

Pour une raison ou une autre, ce passage était écrit à l'envers, en miroir. Ce qui explique peut-être, d'ailleurs, la répétition de "souvenir" et de faire battre/faire renaître. N'empêche, va savoir pourquoi, j'adore la structure grammaticale.

Et sinon, tu peux aller voir Au-delà les montagnes, ne serait-ce que pour l'infime mouvement de caméra qui suggère les sentiments naissants du jeune personnage pour sa prof de chinois, ou pour le coup de poing le plus anti-spectaculaire - et donc efficace - que j'aie jamais vu.

J'ai envoyé hier une déclaration d'achèvement de la maison, et une lettre pour tenter de rapprocher des gens que j'aime.



 

15.1.16

1118 - Des bulles d'image

1. Le vrai travail d'écrivain (au début)

7h31 : Réveil
Parce que pourquoi toujours choisir des nombres ronds ? C'est nul, les nombres ronds. Donc, voilà, 31, comme quand je dis à quelqu'un que j'arriverai à 17h53, c'est pas moins audacieux que moins cinq, si ?  L'avenir appartient à ceux qui, et tout ce genre de choses.
7h38 : Réveil
Parce que la fonction snooze dure sept minutes. Et donc, réveil à 45, 52, 59...
9h12 : Lever
...

et le reste en découle.

2. Non mais en vrai

Je me rends compte que, quand je n'avertis pas sur Facebook, tu es une dizaine de fois moins nombreux à venir lire. Tant mieux : ça me permet de te dire que :
- le 1. ci-dessus est le début d'une correspondance avec des collégiens, pour leur montrer toute l'horreur de notre condition ;
- que si tu veux des nouvelles, tu auras des romans - je corrige en ce moment un jeunesse pour Talents Hauts et les épreuves de La 2cv verte, à paraître en mars chez Denoël - ça me réjouit le coeur, oui ;
- qu'enfin, toutes ces précautions et préliminaires ne servent qu'à un truc, justifier l'envie de faire un poème pour mon père, comme un gosse. Ne m'en demande pas plus dans ces colonnes.

 
3. Ski-club

L'odeur humide de plastique et de plumes
 buée des baies vitrées jambon qui jaillit rose
du papier alu sur le bois râpeux

le ventre dévale encore
appétit d'air aigu et de sport


Au-dessus des épaules rouge laine
Ton visage ton sourire 
organisent
le sens de ce ciel bleu métallique, de ce soleil d'hiver

- Oh le goût beurré de la mélancolie

2.1.16

1116 - Bonnes résolutions

1. Revenir aux fondamentaux

C'est beau, aussi, de se rendre compte qu'on n'a pas besoin de passer 20 mn accroché à son portable le soir du réveillon pour penser à tous ceux qu'on aime.

C'est décidé, en 2016, je t'écris un peu plus et je t'adresse mes vœux par télépathie, avec ces pensées qui disent, oui, ce sera beau, parce qu'on le peut, parce qu'on le mérite, parce que c'est pour ça qu'on est là.

Donc, écoute, c'est maintenant :








Et aussi, parce qu'un blog est un blog, je t'invite à lire les raisons de la belle décision d'Arno et les mots doux de Séverine.

2. En forme de

Un peu usants, à force, ces numéros, non ? Pareil pour les photos. En 2016, on change aussi les habitudes.