23.11.15

1115. Novembre en silence

Guère envie de parler, donc ; toutefois, les mécanismes et un certain sens de l'obligation - bref, voilà ce qui fut dit la semaine dernière.

1. Manuchon

est un pseudo radiophonique pour des chroniques qui se veulent légères et décalées - et si tu veux écouter plutôt que lire, c'est ici, aux alentours de la minute 26.
 


Je sais pas vous, mais moi, lundi matin, ça allait pas trop. Genre un virus ou je sais pas… alors j’ai appelé mon toubib… (sonnerie téléphone)


M : Allô, docteur ? C’est Manuchon. Dites, j’ai un truc dans le ventre, depuis deux-trois jours… ça passe pas.

Docteur : Un truc dans le ventre… comme une boule, peut-être ?

M : Oui. Et puis ça tourne dans ma tête, aussi, des pensées, comme ça…

Dr : Je vois que c’est. C’est la peur. Vous avez la peur au ventre, mon vieux. C’est naturel. Ça le fait quand votre mode de vie, vos habitudes, sont menacées.

M : D’accord, mais… je fais quoi ?

Dr : Ah bin là, soit vous la niez, soit vous luttez contre, soit vous la laissez passer. Pour la nier, il suffit de répéter « Je n’ai pas peur ». Ça changera rien, mais vous finirez peut-être par le croire. Pour lutter contre, le mieux, c’est la colère.

M : Ah bin ça a l’air pratique, la colère…

Dr : Bon après, y’a des contre-indications. Parce que la colère ça a du bon, ça vous permet de dépasser vos craintes, de fixer des limites… mais en même temps, côté réflexion, ça vous stérilise un peu la cougourde… ça peut évoluer en rage, en haine, en fureur…

M : Et ça c’est pas bien ?

Dr : Bien ou pas bien, c’est pas la question. Si vous vous mettez encore plus en danger à cause de votre fureur, ça vous ramène au point de départ. Vous aurez de nouveau la trouille. Encore plus.

M : Moi, ce que je voudrais, c’est un remède. Un truc définitif contre la peur. Que ça arrive plus jamais, quoi.

Dr : C’est pas possible, désolé. Je suis médecin, moi, je fais pas de miracle. Bon, ce sera tout, la consultation téléphonique c’est trente euros et je vous préviens, je prends pas le tiers payant.

M : Mais enfin, pour cette histoire de miracle, pour laisser passer la peur, comme vous disiez, je fais comment ?

Dr : Démerdez-vous mon gars. Voyez avec votre dieu, si vous voulez

M : Mais euh… (clic)

Putain, il m’a raccroché au nez. Alors, tant que j’avais le téléphone, je me suis dit… je vais essayer, quoi. (sonnerie téléphone).




Dieu : Allô ?

Manuchon : Dieu ? C’est vous ? Mais vous avez la voix de... * Donc, vous existez, en fait ?

Dieu : Si tu veux.

M : Non mais c’est pas moi. Vous répondez, c’est que… enfin, moi je vous ai toujours pris pour une incarnation de l’instinct d’immanence inhérent à la part d’incertitude de la condition humaine…

D : C’est comme tu veux.

M : M’enfin, c’est difficile pour une incarnation de l’instinct d’immanence inhérent à la part d’incertitude de la condition humaine de répondre au téléphone.

D : Ouais, si tu veux. Et tu me voulais quoi ?

M : Bin maintenant que je t’ai au téléphone – on se tutoie, c’est plus sympa – j’ai envie de te dire, tu fais chier, quand même ! T’as vu ce que tu laisses faire ? Et en ton nom, en plus. Quand même, c’est inhumain !

D : Ah bin non, c’est super humain au contraire. Un désir de toute-puissance qui amène à nier l’existence de l’autre et même la sienne propre, on trouve ça que chez les hommes. Très tôt, en général. Vers l’enfance. Après, c’est quand même pas ma faute si on se débrouille pour conserver certaines personnes dans cet état d’esprit.

M : Justement, c’est la faute à qui ?

D : Mais à qui tu veux, mon Manuchon. Regarde, tous les hommes politiques, tous tes potes sur facebook, même toi… vous êtes persuadés d’avoir une explication. Ou de pouvoir en trouver une. En général, d’ailleurs, elles correspondent pile poil à ce que vous pensiez avant. Je veux dire, si tu étais facho…

M : Eh, Dieu, je t’en prie…

D : D’accord, bon. Un facho va t’expliquer qu’il le savait, que c’est la faute aux arabes ; tes potes d’extrême gauche vont dire que c’est la faute du capitalisme, du gouvernement, qu’on aurait pu, qu’on aurait dû…

M : Mais enfin, c’est normal de chercher des responsabilités, des explications, des causes… pour que ça recommence pas.

D : C’est normal de chercher. C’est humain. Comme de ne pas accepter d’être mortel. N’empêche que, dans les faits, ça ne changera pas grand-chose. C’est juste comme ça que vous fonctionnez quand vous avez peur. Vous calculez le truc avec votre joli petit cerveau pour essayer d’éloigner la peur, la frustration, la colère, les sentiments désagréables.

M : T’es marrant, toi. Alors je suis censé faire quoi ? On est censés faire quoi ? Je vais quand même pas te prier – c’est pas mon genre, en plus je sais pas faire, et surtout je voulais te dire… (Clic)

Putain, il m’a raccroché au nez, ce con.



Alors je suis sorti. Je suis allé dehors. Avec ma trouille, avec ma colère, avec ma confusion. Et j’ai regardé les gens.


J’ai vu des beaux et des moches, des souriants et des tristes. J’en ai vu qui avaient l’air d’en avoir rien à foutre, des affligés, des qui n’étaient pas au courant, des qui prenaient des amis dans des bras. Il y avait aussi du soleil et des oiseaux – ils s’en foutaient, les oiseaux, eux ils faisaient les cons dans le soleil d’automne.


J’ai vu des peaux noires et blanches et bronze et café au lait, j’ai vu des cheveux noirs frisés longs courts blonds marrons et même bleu, sans parler des chauves, et des roux - putain que c’est beau une femme rousse dans le soleil d’automne, ça te ferait tout oublier,


Et j’ai entendu les voix, les voix qui disaient ça va les voix qui disaient je t’aime qui disaient je les hais il faut qu’on on doit les et si au fond nous, mais qui disaient toutes, au fond, on est humains,


Et j’ai continué à marcher, à appeler mes amis, à parler avec la peur dans mon ventre, à lui dire que voilà, c’était ça, sans doute, vivre, prier, aimer, mourir, mais exister, putain, exister.


Après, euh, j’avais toujours peur, mais j’ai repensé à mon père, qui disait que quoi qu’il arrive on était plus fort que les cons et les méchants, si tellement plus forts et meilleurs qu’eux qu’on apprendrait à leur pardonner, et à vivre encore mieux et encore plus fort – pour leur apprendre.


Depuis, j’ai pas eu de nouvelles de Dieu, ni du docteur. Je vous dirai si j’ai besoin d’eux. En attendant, je vous aime, cons d’humains comme moi.




2. Mailing list

Et puis Monsieur G., artisan de son état, avait mon adresse mail pour un devis ; il a jugé bon de m'envoyer un peu de propagande frontalement nazionaliste, avec tous ces migrants même pas de chez nous qui viennent piquer les conserves périmées de nos bons SDF bien français. Je me suis dit que j'allais lui répondre, pour une fois.

Bonjour,
comme vous me le proposez, j'ai bien regardé la vidéo en question, avec le "remontage" et les commentaires tendancieux qui vont avec.
Les situations de crise génèrent des abus, ce n'est pas une nouveauté ; des exemples ponctuels ne peuvent constituer des arguments, à moins que l'on cherche simplement à se convaincre soi-même qu'on a raison. Je pense que nous ne sommes pas du même bord politique ; mais plus encore, on m'a appris à aider les autres au-delà des origines, des croyances et des préjugés, à chercher à les comprendre et à les accepter y compris quand je ne suis pas d'accord avec eux.

C'est d'ailleurs pour cela que je prends la peine de vous répondre et de vous signifier qu'à mon humble avis la colère, la haine et le repli sur soi sont des solutions aussi regrettables qu'inefficaces, surtout quand elles jouent sur les peurs légitimes face à un monde complexe. Je vous invite donc à ne pas vous contenter d'amalgames, de démonstrations boiteuses et de slogans faciles, et à vivre pleinement dans le monde que nous partageons tous en acceptant que notre part commune d'humanité est à la fois belle, effrayante et enthousiasmante.
Je vous remercie d'autre part de m'effacer de votre liste de destinataires, et vous souhaite bonheur, joie de vivre et paix,
Cordialement


3. Et ce fut presque tout

What kills us not makes us stronger, they say
Yet I'm not dead so many times
And I don't dream of getting strong
Only of resting for a while

so tired 

(Il en manque encore un peu pour faire une chanson, d'accord, mais qui sait ?)




 

6.11.15

1114. Losing count

Feet anyway
1. Un rêve

Cette nuit près du lila,
tu boitais de la cheville droite
tu avais l'air de t'excuser
ton cancer te faisait souffrir
je t'ai dit que je te trouvais plutôt en forme

(vu qu'en fait, tu étais, comment dire - enfin, c'était passé, voilà)
 
que j'étais heureux, si heureux de pouvoir te parler
d'entendre ta voix
tu portais une combinaison de travail verte
et peut-être une cisaille
je ne sais pas ce que tu as répondu
mais ton visage,
la forme compacte de ton corps,

l'exactitude de tes mouvements, l'air autour



la nuit parfois me roule et laisse une trace sur le sable de mon visage.


2. Le type qui ne donne pas de nouvelles

mais tout va bien, et toi ?


3. Au fait, je ne sais plus si je

Moi en version jeunesse
 

21.8.15

1113 - Reprise des entraînements

Félix avait appris à faire confiance à son instinct (Aaä Gmorks)
1. Sinon, toi, ça va ?

J'ai eu beau tenter, on dirait que l'écriture bloguesque ne fait plus partie de mes envies/besoins/ressorts. Comme si je n'étais plus à la mode de moi-même. Mais bon, pour donner des nouvelles : tout va bien. J'alterne traductions, écriture et bricolage dans ma nouvelle maison/atelier ; j'ai appris à monter des parpaings et à peaufiner un roman, je fabrique des meubles et des petites histoires, j'ai l'impression que nous commençons à nous 6 à force de temps à former une famille.

Mes espoirs comme d'habitude sont de devenir l'écrivain du siècle (malgré mon léger mépris du terme "écrivain" et ma conviction que les siècles ne durent pas), de ne jamais cesser d'améliorer (mais quoi ? je l'ignore encore) et si possible euh, je ne sais pas, d'être un peu moins couillon ce soir en me couchant ?

Côté traductions, tu verras peut-être passer, avec mon autre nom, deux ou trois ouvrages assez passionnants inspirés des philosophies orientales, un roman jeunesse pas mal du tout et un peu plus tard un policier où je me régale. Je te dirai ça à mesure.

Côté édition, un roman à paraître (chez Denoël) en janvier - et maintenant encore je croise les doigts et tout ce que j'ai de croisable, superstitieux comme je suis - deux romans jeunesse en projet, plus une piste de collaboration avec une grande dame de la littérature jeunesse. Le ouikend en quinze, tu me trouveras à Lauzerte, comme les années précédentes ; un peu plus tard, il y aura un site, surtout axé sur la littérature jeunesse.

Bref, je serai amené à utiliser ces pages pour, encore et toujours, l'information autopromotionnelle. Pas fascinant pour toi, je suppose, mais ça te parlera des eaux où je cabotine. Passons à autre chose.

2. J'ai lu

Au fond, j'ai du mal avec la rentrée littéraire. Je regarde tous ces noms avec l'oeil du renard de la fable - trop vantés et bon pour des goujats. La vérité, c'est sans doute pas mal de jalousie pour tous ceux que je ne suis pas et de panique devant la somme de tout ce que je n'ai pas lu.

Du coup, une ou deux fois dans l'année je m'autorise une orgie de lecture - commençant souvent par une longue après-midi dans les rayons d'une bonne librairie. Pour rattraper un peu de tout ce que j'ai raté, tomber par hasard (ou grâce aux conseils éclairés d'un libraire) sur une pépite, me tenir au courant des écrits des auteurs que j'aime. C'est ma sortie littéraire, en quelque sorte.

Cet été, ce fut Céline Minard et son délicat western Faillir être flingué. J'ai longtemps raffolé du genre au cinéma, et en particulier des variations sur celui-ci - Johnny Guitar, Little Big Man, Silverado ; et non seulement le souffle poétique de Minard m'a emporté comme ces épopées-là, mais j'ai adoré son travail à contrecourant de la tendance machiste inhérente au western. A toi de voir et de lire, si ce n'est déjà fait - j'ai voyagé à l'ouest, le coeur battant.

A l'ouest, il y avait aussi Les évaporés, de Thomas B. Reverdy, qui en plus de son initiale intercalaire louche vers les Etats-Unis* en puisant aux racines du polar et dans la littérature américaine - son personnage n'est autre qu'un double contemporain de Richard Brautigan, perdu au Japon pour enquêter sur une disparition, prétexte à une fugue mélancolique qui réunit les temps, les espaces et les histoires.

Il y a aussi eu Une faiblesse de Carlotta Delmont, de Fanny Chiarello. C'est en découvrant au Furet du Nord Si encore l'amour durait, je dis pas, un de ses premiers romans, que j'ai compris que
- Fanny Chiarello était un grand écrivain
- j'avais envie de faire comme elle (même si je n'avais pas vraiment idée de ce que ça voulait dire, la probabilité pour moi de vivre des amours lesbiennes et alcoolisées dans le Nord étant relativement faible).

C'est dire si je suis son oeuvre avec admiration - et c'est bien d'une oeuvre, tant son roman travaille le style, le point de vue et le mode de récit ; en plus de nous faire partager la brusque et énigmatique passion d'une cantatrice trop désirée par les hommes, Chiarello** parvient à faire revivre une époque - au sens littéraire du terme, mêlant avec brio les codes du roman du XXe siècle, du théâtre américain des années 50-60 et des conversations d'une rare authenticité.

Bref, et pour empesés que soient mes compliments envers ces trois auteurs et leur texte, je m'ai putain régalé et j'avais envie de t'en parler ; s'ils te tombent sous la main n'hésite surtout pas.

3. Nouvelles du front de la nouvelle 

Je t'ai parlé de Lauzerte, le meilleur salon de la nouvelle de tout le Sud-ouest et au-delà ; cette année, nous n'aurons sans doute pas le plaisir d'y croiser Pascal Arnaud, mon éditeur (et rééditeur) chez D'Un Noir Si Bleu, qui vient d'inscrire le mot "Fin" à une belle aventure qui a duré dix ans. Je sais ce que ces dix ans ont signifié d'efforts, de doutes, de travail et de sacrifices ; mais je préfère garder en mémoire les livres, les fêtes, les sourires et les joies des moments passés ensemble. Au revoir DNSB et à très vite, Pascal.

4. Tu parles d'un morceau

C'est donc comme reprendre le sport après la trève estivale : on est lourd et lent, les réflexes acquis rouillés par le manque de pratique. Donc, désolé pour ces phrases boursouflées, faut juste s'y remettre, pfou-pfou-pfou, on inspire par le nez et on souffle par la bouche, on serre les dents en se promettant que ça ne pourra qu'aller mieux la prochaine fois pourvu qu'on pratique avec régularité.

5. Sans titre

Ce con de silence 
se refuse à parler
A murmurer quoi que ce soit d'autre
Que le carillon creux dans le vent

une voiture passe

la lavande a très soif

- je n'entends rien

à ce que je voudrais dire.
  

* Ah oui, je m'ai acheté un nouveau portable pour écrire partout au lieu de traîner mes carnets ; mais tu peux me dire comment on tape Alt0102 quand on n'a pas de pavé numérique ?
** Je dirais Proust, Irving ou Reverdy, pourquoi je dirais pas Chiarello ou Minard, hein ? Vestige galant ou persistance machiste ?

28.4.15

1112. Régularité, mon blog

probablement la photo la moins intéressante de l'histoire de ce blog
1. Ah bin oui forcément

Parce que voilà, tu te dis "ah là, je vais écrire super-régulièrement, une fois par jour promis, avec des rubriques vachement comme ci et complètement comme ça, en gardant le, en variant les" ; et forcément, au bout de deux semaines, tu te retrouves même plus décalé - à la ramasse, oui, parfaitement.
Tu te cherches des excuses - les traductions qui, les interventions que, l'émission de radio dont, les vacances... Sauf qu'en vrai, tu n'as pas oublié l'essentiel : tu écris ici quand c'est ta seule respiration.
Et voilà que des respirations, tu commences à en trouver un peu partout...
Le printemps, quoi.


2. La suite des aventures violemment méditatives attendra un peu
(mais pas trop tout de même)

D'un seul coup, la voisine l'énerve.
Voilà des jours, des semaines, des mois - depuis qu'ils ont aménagé ici, en fait - qu'elle prend n'importe quel prétexte pour venir le déranger quand il travaille. Alors bien sûr, il travaille chez lui, et elle aussi.
Du moins, elle prétend travailler ; contrairement à lui, elle n'a aucun besoin de gagner de l'argent, son mari le fait pour deux ; elle se contente de proposer ses services de décoratrice d'intérieur via un site prétentieux et de poster sur facebook des statuts d'une sottise à faire pâlir. Mais il ne l'a jamais vue travailler - elle se vante toujours de ses projets, de ses prospects richissimes, sans apparemment qu'aucun chantier ne se réalise. Et comme elle s'ennuie, elle vient lui rendre visite à tout bout de champ. A chaque fois, il ignore comment réagir.
Bref, elle l'emmerde et il la déteste.
Ce jour-là, la colère le prend.

3. Tout ça pour dire que

Notre cher Jean-Sébastien Leforestier plaît beaucoup au jeune public ; j'ai eu la joie de parler de lui récemment aux collégiens de St Martin de Crau - un endroit magnifique, avec une visite de manade où je me suis rappelé que je pouvais connaître l'émerveillement ; tu sais quoi ? C'était tellement bien que j'aurais dû faire un reportage photo. Malheureusement, je ne suis pas la grande Séverine Dumas (à mon immense regret, peut-être), mais du coup tu peux aller voir chez elle comment c'était bien.
Et puis le roman Le pire concert, en plus du prix des Incorruptibles, est sélectionné pour le prix des lecteurs d'Onet le château (décision jeudi, en attendant regarde les bandes annonces, elles valent leur pesant d'), celui d'Oloron Ste Marie, celui du collège Denis Poisson de Pithiviers, celui des lecteurs de Haute-Savoie et pfff je suis sûr que j'en oublie mais je n'ai toujours pas classé mes papiers et je n'ai plus accès à mon mail rahahaha c'est fatigant ces histoires, mais, c'est décidé (enfin, comme quand je décide quelque chose, hein) : je vais me fabriquer un petit site exprès pour les jeunes lecteurs - parce que faut pas déconner, il doit y avoir sur ce blog quelques posts peu recommandables...

4. On bavarde, on bavarde...

... mais j'ai traduction dans deux minutes et il faut que je fonce. Je ne te parlerai donc pas cette fois de mes questions concernant l'arrêt du rugby, de l'identité internet et des réseaux sociaux, de la poésie et des mots d'amour, des projets en cours.
Mais on se boit un thé quand tu veux, faut pas pousser - on trouve toujours le temps, pour les amis.

16.4.15

1111. A point nommé

1. Orage
Déjà posté.

... quoi de plus encourageant qu'une petite bénédiction pluvieuse quand, besace au dos, tu vas poster tes 8 kilos de manuscrit ?

2. Ô déses... non, je me retiens

Que faire de la voisine ? Que faire avec elle ?
Elle reste dans le salon, babillant quelque chose à propos d'une gouttière qui fuit.
Ils se tutoient. Ils ont fait connaissance quand il a aménagé ici trois ans plus tôt. Depuis, ils sont devenus presque amis. Bien obligé.
D'habitude, ils se voient sur le trottoir. L'été, il leur arrive de prendre l'apéritif ensemble. Pas très souvent, mais ça arrive. Leurs conjoints sont là.
Aujourd'hui, comme à chaque fois qu'il se trouve seul avec elle, il se sent mal à l'aise. C'est comme un crépitement léger au niveau de sa poitrine, qui ne veut pas s'arrêter. Il ne sait pas s'il doit s'assoir, rester debout, bouger. Elle lui parle en le fixant du regard et il a l'impression de rougir. Pourquoi ?

3. Coup de vent

Il faut que je te raconte la suite de tout ça, mais voilà, le train m'attend. St Martin de Crau, me voilà.

15.4.15

1110 - Avant de partir

Fin de
1. Elle, tout de même

Là, je peste. Tout m'irrite. Je pourrais te faire une liste longue comme les bras de tous les gens qui me les brisent - et t'expliquer pourquoi, comment ; je suis prêt (fait plutôt rare) à les envoyer bouler. Je me dresse, je m'indigne, je me révolte.
Et là, doucement, elle me dit

Pourquoi tu montes sur tes petits poneys ?

Je redeviens ce petit garçon un peu perdu quand les choses ne vont pas comme il s'imagine.

T'ai-je dit à quel point je l'aime ?

Brautigan te comparait à un film qu'il avait vu enfant ; moi, je me souviens de Belle Marianne dans Robin des Bois. Mais tu ressembles plus à la fille qui m'arrachait à moi-même dans mes rêveries d'il y a si longtemps.

2. Eclat

- Salut, je te dérange pas ? lance-t-elle.
Bien sûr que si.
La voisine le dérange toujours. Pire, elle le trouble.
Elle n'a rien de particulier, rien de caractéristique. Rien de désirable, même. Mais elle est une femme. Et les femmes le troublent.
Les hommes aussi, bien sûr. Mais différemment.
Elle le trouble parce qu'avec une femme existe toujours la possibilité d'une relation amoureuse. Sexuelle. D'un jeu de séduction. Son comportement, il le sait, change du tout au tour en présence d'une femme. Il se fait plus doux, plus attentif - et plus solide à la fois. Pour les femmes, il est fort, savant, attentionné. Pour les hommes, il est juste moqueur. Parfois hostile, mais de façon feutrée. Il craint de montrer son hostilité de façon trop vive. Il craint surtout la riposte.
Aujourd'hui, il pourrait se montrer hostile avec la voisine. Il s'en sait capable, soudain.
Ou mieux qu'hostile, froid. Distant. Neutre. Il pourrait essayer.
- Non, répond-il.
Combien de ses réactions sont-elles machinales ? Conditionnées par des années de politesse, ou par l'inquiétude des conséquences ? Du fond du coeur, il voudrait refermer la porte, sans même lui avoir répondu. Sans avoir laissé l'idée de la voisine pénétrer dans sa réflexion. Il voudrait ne pas avoir ouvert.
Elle est déjà à l'intérieur - normal, il lui a ouvert la porte.

3. Débloqué

J'ai dû titrer il y a peu "With a little help from my friends". En fait, par association d'idées, ça a mené à la renaissance de ces petites expériences.

14.4.15

1109 - Sur la fatigue

1. Tu parles d'une promesse
Si, si, je suis sur l'affiche


Et donc, le type qui se promettait de faire du sens la semaine passée commence celle-ci en oubliant ses bonnes résolutions de blogueur.

Jours étranges. Chaleur orange à travers les rideaux - beaucoup, beaucoup de fatigue ; hauts et bas quotidiens. Dérèglement climatique des états d'âme.

Les idées passent et je n'ai pas toujours la force de tendre les doigts. Ni de lutter contre les doutes.

Passé la nuit à me réveiller sur les remarques d'une éditrice. La journée, à chercher l'énergie d'y répondre.

Je ferais mieux de parler des amis ; de C., qui les yeux dans les yeux entre potes me reprochait de l'avoir blessé - vieille histoire, et moi qui ne me sens pas vraiment concerné. Plutôt en colère, pour tout dire. Comme si faire et faire encore ne suffisait pas, ou plus. En couple, en amitié. En écriture.

Je pourrais parler de R. et d'une observation qui m'est venue sur la façon de renvoyer une assiette au restaurant - trop chaud, pas intéressant. Rien à dire. Rien qui trouve de grâce à mes.

Tu connais l'histoire de la petite graine qui refusait de germer quand le soleil l'appelait ? Bin pareil. On appelle ça... le printemps.

(Titre d'un film vu par hasard et qui m'a enchanté par ses chassé-croisés baroques, sa vivacité malicieuse, ses comédiennes, son côté décalé - tiens, j'aurais pu t'en parler aussi, non ? Et si je ne l'ai pas fait, c'était peut-être à cause de ces points de suspension qui sont pour moi la seule faute de goût)

2. L'autre

D'abord, il ne bouge pas. Il hésite, le cœur battant. C'est peut-être une erreur. La tentative d'un démarcheur quelconque, qui va se lasser. Il ne doit pas se déranger pour si peu - pas quand il est si bien, ou en tout cas si engagé dans quelque chose.
Mais on frappe à nouveau. On sonne, même.
C'est quelqu'un, c'est urgent.
L'autre a toujours une urgence insupportable. Il pourrait comprendre à distance qu'on a besoin de solitude. Ou qu'on a besoin de lui, parfois. Vraiment, s'il faisait un effort, l'autre verrait qu'il doit nous laisser tranquille, ou bien recueillir les plus débordants de nos abandons.
Mais non. L'autre résiste. L'autre est là de façon irréfutable - un grand couillon incapable ou bien une harpie qui pompe notre énergie. Quelque chose de cet ordre : l'autre est imparfait, incontrôlable, incompréhensible - peut-être plus que nous-mêmes encore.
Il se rajuste, ouvre à contrecoeur la porte de la chambre. Dehors, on a cessé de frapper - mais il entend, il sent une présence sur les escaliers. Quelqu'un qui s'agite en silence, dehors. Quelqu'un qui le dérange.
La main sur la poignée, il se fabrique un sourire.
C'est juste la voisine.

3. Youpi

Vendredi et samedi, tu pourras me voir du côté de Saint-Martin de Crau ; si on s'y voit, je te jure que je n'aurais quasiment rien à voir avec le lugubre auteur de ce post.

4. La rubrique 4 est transférée dans les commentaires du post précédent
 
Parfois, j'aime bien aussi les titres qui parlent d'eux-mêmes.


10.4.15

1108 - Je connais un restau dégueulasse, mais il est cher

1.With a little help from my friends
Dans tous les sens

Ca ne va pas être facile de traduire simultanément un best-seller sur la non-violence et un roman porno. Ou alors si ?

J'ai donné hier d'excellents conseils à une amie. A moins que ç'ait été une flopée de conneries vaseuses. J'ai du mal à faire la différence.

Je ne suis pas en colère contre les gens avec qui je travaille, je ne déteste personne, je ne méprise rien. Ou alors tout le contraire et je m'en veux un max. 

Des tas de choses se passent dans le monde toutes plus révoltantes les unes que les autres - et je ne parle que de moi. J'aimerais croire que c'est par modestie. 

Je veux écrire la guérison et l'espoir - c'est la colère qui remonte à la surface, crépite autour de mes bras.

Il fait beau sur Toulouse. Je me suis enfermé en moi.

L'état du monde m'inquiète - l'idée de lutte me fatigue.

Le jugement, tout de même, ça reste un sacré fardeau.



2.  Équilibre

Ainsi, oui, il danse. Il bouge, en tout cas.
Ce n'est plus de la méditation. Pas de la chorégraphie. Ni un exercice. Il laisse son corps bouger. Sans intention aucune.
C'est un peu inquiétant, au début, ces mouvements qui semblent jaillir d'eux-mêmes. Inquiétant au point qu'il tente de les calculer, de les prévoir, de les rationaliser. Mais tout de même, il parvient à les laisser être.
Certains font naître de la douleur ; d'autres révèlent des muscles profonds, les dorsales de ses abysses intimes.
Certains ne font rien.
Parfois il est en équilibre ; parfois, il s'allonge. Parfois il se contracte - parfois non.
Des sensations plaisantes passent de temps à autres, lointaines, fugitives.
Il s'en méfie.
Il se tient dans une petite pièce - dans un petit espace d'une petite pièce. Devant lui, le lit ; derrière, l'armoire. Il n'a certainement pas la place d'étendre les bras ou les jambes, pas dans toutes les directions. Mais qu'importe, il laisse le mouvement venir.
Il est peut-être en train de changer, de corriger, de guérir. D'apprendre, qui sait ?
Mais lorsque cette pensée lui vient, il se replonge dans la sensation immédiate, pour ne pas la compromettre.
Son corps bouge, sa conscience flottante à l'intérieur.

Soudain, on frappe à la porte.

3. Fausses pistes

Les journées sont chargées comme un printemps trop clair - tu l'auras vu au ton de ces derniers jours. Redevenons primesautiers : cette histoire de synopsis pour un roman jeunesse.
Je t'ai raconté, donc, comment Nathanaël débarque dans une petite ville du Sud-Ouest chez sa mère, qu'il n'a jamais vue. Enfin si, à l'époque où il se croyait le Prince du parc - parce que c'était là qu'elle vivait. Même que c'est à cause de tous les problèmes de cette mère (qui, il le craint,  pourrait lui avoir transmis le chromosome 8°6) que son père a voulu l'emmener loin.
Mais bon, donc, le père n'est plus là - sauf dans les souvenirs de N.
Les premiers temps sont difficiles? Surtout à cause du chat de la mère et de son régime végétalien.

J'en suis là, à peu près - un peu plus loin, en fait, seulement voilà : j'ai déjà heurté deux pistes qui ressemblent à des écueils :

- Nathanaël est devenu une Nathanaëlle au bout d'un chapitre. Je n'ai pas dit non, tu me connais ; seulement voilà, au quatrième chapitre (son projet, en tout cas), Nathanaëlle était enceinte et n'avait aucune envie d'avorter. Sauf que voilà, je n'avais pas envie de parler de ça. On s'est séparés (je crois) en bons termes, et Nathanaël est redevenu un garçon.
- Nathanaël a demandé hier s'il pouvait porter une robe de sa mère. Je lui ai répondu que c'était quand même assez bizarre, comme aspiration. Sans juger ni jeter la première pierre, évidemment, mais bon, moi ce que je voudrais c'est qu'il s'occupe de ce barrage qu'on compte construire tout près de la ville. Je ne vois pas bien comment concilier les deux.

Voilà. Ça reste ouvert pour la suite ; pour l'instant, Nathanaël est sur un quai de gare, du côté de Lyon, repartant de chez ses cousins (tu sais - là où selon son père, il devait aller vivre).

 4. Elliptique, mais

C'est moi ou c'est de plus en plus vrac, par ici ? Promis, la semaine prochaine, je me mets à faire du sens.












9.4.15

1107 - Jaune avril

Faut vraiment que je r'fais des photos
1. Jérémiades

J'aurais pu utiliser ce sous-titre comme titre du - sauf que voilà, tout à l'heure rue Alsace, le bleu du ciel était jaune et frais comme un poussin. Du coup, je me suis dit que.
Aujourd'hui, questionnement profond : à quoi bon avoir repris cette régularité ? Les choses ne changent pas vraiment - je parle de mon nombril, de mes pets de travers, je regarde ce qui s'écrit quand les doigts arrêtent de penser ; je tente une série dont je ne suis pas toujours certain de là où elle mène ; même mon 3. qui me semblait promettre monts et merveilles me paraît un peu mou du.
Et pourtant je me refuse toujours aux facilités - analyser doctement tel ou tel film, recommander chaudement tel album ; prendre position sur la dernière mode, la prochaine info.
Si tu savais ce que ça m'emmerde.
D'un bon film, je me dis qu'il m'a fait oublier que j'étais là ; d'un bon roman, qu'il m'a emporté (et peut-être rendu jaloux). S'il y a quelque chose que j'aimerais te donner envie de lire, je me dis que tu l'as déjà lu, et que sinon la chance t'y portera.
Le plus difficile pour moi est de donner un avis - me moquer d'un tel, m'indigner de telle ou telle chose. Non que je n'aie pas mes révoltes, mes colères ; mais je reste persuadé qu'il y a mieux à faire  que les argumenter haut et fort (travail de l'intellect sur un instinct, toujours trop tard, toujours faussé).
Bref - on en est là.

2. Liberté

Ainsi, il a esquissé des mouvements de danse.
Il s'en étonne ; se fige.
Le principe lui vient en tête : laisser chaque mouvement, chaque infime crispation, aller jusqu'au bout.
L'instant d'après, déjà, son esprit rationalise - il pourrait en tirer des principes, une méthode, un enseignement. Il pourrait s'asseoir, prendre une feuille, noter ce qui lui vient.
Déjà ses épaules se tendent, son bras s'apprête à saisir un stylo. Son souffle se modifie.
Déjà, il ne danse plus.
Il a peur qu'on le regarde. Qu'on le voit danser - par la fenêtre, par hasard, par accident.
Il a peur que quelqu'un entre, le trouve là. Se mette à rire, aie l'air gêné, le prenne pour un fou.
Et s'il était certain de sa solitude - ce serait lui qui se prendrait pour un fou.
Ainsi il avance, l'élan figé par la pensée de l'élan.

3. Rien à

... mais j'avais une blague avec la mairie de Toulouse.


8.4.15

1106 - Où je veux qu'tu r'gardes

1. Bonnes fréquentations
Pas envie de rire


Est-ce que quelqu'un pourrait-il m'expliquer le pourquoi de la raison du fait que d'hier à aujourd'hui les stastististiques de ce blog ont bondi d'un zéro ? Et un jour où j'ai l'humeur mal rasée et deux mains gauches dans la tête, en plus ?
Bref, c'est pas le moment de m'agacer.
(Au chapitre des trucs qui m'intriguent, il semblerait qu'il y ait un lien chrono voire logique entre les soirées d'enregistrement de la plus fabuleuse émission de l'histoire de la radio embarquée et
- une tendance prononcée à la migraine
- une incapacité certaine à se concentrer sur quoi que ce soit.
J'y réfléchirai dès que j'aurai retrouvé mes neurones).

2. Douleur

Quand, poussé par les conseils des magazines, il se met à l'écoute de son corps, c'est souvent la douleur qui s'exprime. La douleur ou une sorte d'inconfort. Une gêne ici, une tension là ; il s'agace à tenter de les défaire - et elles s'enfuient, changent, migrent. Il passe de longues minutes immobiles à les chasser comme un papillon sans filet.
En même temps, il se fige, s'immobilise.
Un jour, un peu par hasard, il essaie autre chose.
Il bouge dans la douleur - il se déplace en miroir de la sensation.
Ça fait un peu comme une danse ; ça fait un peu peur.
Ça fait taire, aussi, la voix qui lui parle de douleur et de reproches.
Il s'arrête très vite - ne pas aller par là.

3. Joliciel

Vu passer hier une info sur une application permettant de donner à voir l'écriture "à mesure" - les retours, les corrections, qui défilent. La création d'un manuscrit, donc.
J'ai trouvé ça marrant (jusqu'à ce que le journaliste qui en donnait une illustration laisse derrière lui une faute d'accord). Mais tout de même, c'est un peu ce qui se passe ici, non ?

4. Community ménageur

Non, mais tu imagines, toi - lancer ici les prémisses d'un roman, écouter les avis, avancer en groupe ? Si tu es partant, tape dans tes mains.
Situation de base : le héros s'appelle Nathanaël ; il vient de perdre son père, avec qui il vivait en banlieue parisienne ; au lieu de se retrouver comme il s'y attendait chez sa tante, à Lyon, il est contraint d'aller vivre dans le Sud-Ouest, avec sa mère, qu'il ne connaît pas.

5. Grand jeu concours

Tu as l'impression d'avoir déjà vu la photo qui illustre ce ? C'est peut-être que tu fréquentes fréquemment ces parages.
Quoi qu'il en soit, si tu retrouves sa première apparition, tu gagnes un.




 

7.4.15

1105 - J'ai oublié quoi ? Ah oui le

Une des premières
1. Vieil homme fripé de partout

Que dois-je conclure lorsque chaque match de rugby semble désormais me valoir une ou deux séances d'ostéo - sans compter les nuits à faire rire ma chère et tendre avec mes petits piaillements de douleur ?

2. Money, part 2

Là, il ne s'est rien passé. Ses comptes sont stables.
Il a pris l'habitude, Internet aidant, de les consulter quotidiennement. Comme ses mails, son compte facebook, deux ou trois applications régulières.
Un peu comme quand il fumait, quoi ; retrouver ce moment de réconfort, d'habitude rassurante.
Et comme quand il fumait, ça ne suffit pas toujours.
Le compte sans entrée, la boîte de réception vide, l'absence de commentaire - voilà, ce n'est pas assez. Cela crée un manque, un besoin. Une insatisfaction.
Comme si l'absence de changement, de divertissement, lui laissait à la bouche un goût d'échec. Une lourdeur qu'il traîne tout au long de sa journée, difficile à dissiper.
La raison, qui plus est, lui souffle qu'à gagner de l'argent, il paiera des impôts ; et que donc, plus il en aura, plus on lui prendra ; plus il aura, moins il aura.
Ces sautes permanentes de son humeur financière l'agacent comme un eczéma qui vous fourmille au creux des bras.

3. Bouse sweet home

Et n'empêche, se rend-il compte pendant ce ouikend familial, peu de choses aussi intenses et évidentes que le plaisir régressif de rigoler ensemble devant une nullité cinématographique (du Jarmusch, qui plus est), en tirant les cheveux de celui qui s'endort avant les autres.

Ô Père, tu leur manques - mais ils ont appris à rire avec toi.




3.4.15

1104. Piscine

Terminus provisoire
1. Dans les choses à annoncer...

... l'arrivée au courrier d'un pack de nouvelles de chez In8 intitulé Superman n'existe pas parmi lesquelles une "Machine arrière" qui me rappelle que j'ai épousaillé quelqu'une qui écrit diablement bien...
... le départ par voie électronique d'un certain nombre de manuscrits qui...
... et ça suffit pour aujourd'hui car Anton a code et Zadig rugby, et n'oublions pas que je suis un papa pressé.

2. Money (part 1)

Il constate sur son compte en ligne qu'on vient de lui payer une somme qu'on lui devait ; le soleil se lève au même moment.
Les chiffres sur la ligne le gonflent d'un sentiment particulier - quelque chose se pose en dedans ; il n'a pas à avoir peur, pas à s'inquiéter, tout va bien pour lui, son travail, ses projets, son mode de vie.
Les tâches lui semblent légères, rapides, amusantes presque ; l'argent, c'est du temps qu'on lui rend.

La veille encore, son compte était vide, ou quasiment. Il avait beau savoir que le chèque arrivait (le plus vieux mensonge du monde, dit-on), il pédalait à l'intérieur de lui-même. Soudain ses choix lui paraissaient plus que douteux - se lancer ainsi, avec la conjecture et la crise et la tendance, c'était de la folie, pire, de la déraison. En ouvrant les yeux, il devrait s'en rendre compte, il s'était trompé de voie.

Ce matin, il se paie le luxe de ressentir dans sa poitrine ces deux états - le manque, la récompense - et de jouer alternativement de l'un et de l'autre.

3. Gaillarderies

N'empêche que depuis hier on ne me parle que de corrections.

2.4.15

1103 - Les jours sans rien

Dessous dedans (/c/ E.U.)
1. Les jours sans rien

C'est couillon mais c'est vrai, ça reste un plaisir d'arriver ici et de me dire, té mais, quoi écrire aujourd'hui ? Ces jours-là où le temps coule comme une eau de montagne un peu folle, en vrac, en papillonnant.
J'aime bien l'idée de me laisser surprendre par ce qui s'écrit ces jours-là.

2. Le vide, le vrai

Il le sait, on médite pour rencontrer le vide. Le vrai - le silence intérieur.
Il le souvient d'un jour, au bord de la rivière, dans le soleil et les cris des enfants, où il s'était surpris à traverser ce silence - l'espace d'un instant, comme on se rend compte au volant qu'on vient de s'endormir, sur l'autoroute. On se réveille dans un hoquet.
Au mieux, évidemment.
Ce jour-là, il avait goûté au silence pour la première fois depuis longtemps - c'était il y a longtemps, et sa tête était emplie de remords, de regrets, de reproches ; il ne savait plus, ne savait pas encore, comment vivre sa vie. Et cette minuscule seconde de paix, d'oubli de soi, à la baignade, avait été comme une révélation. Peut-être la fissure d'où avait jailli la source (à force de s'enfoncer au plus profond de lui).
Et donc, tous les jours ou presque, il tente de retrouver ce silence.
Souvent, le bruit de son attention l'en empêche.

3. Mais je ne sais pas, moi

Quoi te dire dans ce /3/ destiné au fantasque et au fantasme ? Ah si, tiens : depuis ce matin, j'ai pour tâche de lire (et traduire) des romans érotiques.
Me voilà tout ragaillardi.


1.4.15

1102 - Tu vois bien que tu peux...

Plutôt content
1. Aujourd'hui est un bon jour

Terminant une traduction super agréable, et juste avant de passer à la suivante a priori intéressante, j'apprends qu'il m'en tombe une troisième passionnante sur le coin de la.

Alors évidemment, ça va être sportif jusqu'en juillet, mais hein, ça me préparera pour la plage.

Aussi, vu L. pour parler de flims - faut pas oublier qu'on en a déjà fait ensemble, alors pourquoi ne pas se lancer dans le grand bain en dépit de notre petite stature de bouseux toulousains ?

Et puis, histoire de couronner le tout, cette sélection au prix des Incorruptibles pour Jean-Sébastien Leforestier et son Pire concert - aux côtés de plein de gens que j'ad(ore/mire), trop nombreux pour les citer mais tout de même une bise à toi la plus grande.

Bref, tu sais quoi ? Si je marque un essai ce soir au rugueuby, on pourra considérer ce mercredi comme journée de référence dans le championnat quotidien de l'existence.

Et c'est même pas une blague.

2. Jeux de

Le problème, quand il s'assied en tailleur pour ne rien faire, c'est que justement il ne sait pas quoi faire.
Sur le papier, c'est simple - attendre, rester là.
Tu parles.
Là, justement, ça s'agite furieusement.
Ce n'est même plus le temps - il a pris l'habitude de rester ainsi plusieurs minutes, immobile, à écouter le silence relatif.
Mais de son attention, que doit-il en faire ? Détendre, fouiller, explorer, corriger, chercher, comprendre ? Et il a beau savoir que non, rien de tout ça, n'empêche : ça foisonne dans sa caboche.
Le mieux qu'il puisse faire, c'est tenter de garder son attention à peu près toujours au même endroit.
Ce jour-là, presque par hasard, il pense à ses mains.
C'est vrai, ses mains, il s'en sert souvent. Depuis qu'il ne fume plus, il lui arrive de ne rien faire avec - mais à peine. On lui a appris à se servir de ses dix doigts. A ne pas rester les bras ballants.
Aussi, quand il se pose, les mains jointes, il se rend compte qu'elles fourmillent autant que lui.
Non. Pas exactement. Où sont-elles, ces foutues mains ? Il ne les ressent pas bien. Quelque part par là, où elles sont toujours, évidemment - au bout de ses bras, la belle affaire - mais les perçoit-il vraiment ?
Il les écarte, les repose. Elles s'impatientent (ou bien c'est lui ?)
Elles sont tendues, non ? Crispées. Dans une position peu naturelle.
Il doit exister un endroit où elles seraient libres, légères. Agréables, pourquoi pas.
Pour l'instant, c'est à peine s'il a froid aux doigts.
Alors il cherche.
Ce qu'il trouve d'abord, c'est la couche de sédiments entre sa tête et ses perceptions. Les il faudrait, les peut-être, les comment faire.
Il laisse glisser. Il a froid aux doigts - c'est déjà un début.
Et pendant que ses pensées, ses jugements, ses souvenirs défilent, il essaie tant bien que mal de garder le contact avec ce froid. Avec ces mains qu'il connait si bien et si mal.
Quand il se relève, il n'a aucune réponse, aucune certitude.
Rien dans les mains.

3. Interdiction de

En raison des difficiles conditions de vie des auteurs, le troisième point de ce post sera à partir de demain remplacée par de la publicité ciblée. Merci de cliquer ici pour en savoir plus.


31.3.15

1101 - Quatre vingt dix neuf fois sur le métier...

Des fois, c'est juste d'la merde
1. Oups

Bin voilà. Tu sens le type avec des bonnes résolutions, genre promis demain j'arrête, ou je commence, on va voir ; et que je t'écrirai tous les jours, et que je posterai une miniméditation bien sentie, et que je répondrai aux commentaires, et que j'avancerai, bordel ; et puis voilà, une trad à finir, une répétition de vieux rockeurs, le sentiment d'insatisfaction tranquille qui accompagne un temps gris après une journée bricolage, et hop - quoi - je rate mon rendez-vous du lundi.

Lamentable. Je vous imagine, tous les six (vous êtes un de plus, allez savoir pourquoi) absolument pas inquiets mais tout de même ; pas déçus parce que vous avez autre chose à faire ; blasés, peut-être, encore une de ses lubies, qu'il ne mène nulle part. Oh et puis même, vous aviez des résultats d'élection, des travails (au pluriel, oui, en faisant chanter le s.). Bref, autre chose. Au fond, peut-être que ce n'était pas grave.


Bref, tu vois - le vasouillard des printemps froids de l'âme.

2. L'ennemi

Il le déteste. Réellement.
Le sentiment que lui inspire cette personne est la haine. Le rejet.
Lui - ou elle - et les siens, ce sont tous les mêmes. Des animaux. Des sous-humains. Des salopards.

Leurs sentiments sont entièrement tournés vers eux-mêmes - leur satisfaction, leur plaisir, leurs envies. Cela seul compte et pour l'obtenir ils sont prêt à toutes les bassesses, toutes les veuleries, toutes les ignorances.

Ils se reconnaissent entre eux à leur sourire, comme les hyènes - car leur lâcheté fondamentale les pousse à s'unir entre eux contre les plus faibles. Ils s'écoutent souffrir pour mieux justifier leurs abjections.

Et le pire, c'est qu'on les écoute. Qu'ils parasitent l'espace de la conversation de leur discours cadenassé.

Face à lui, face à eux, face à elle, il se sent prêt au combat - et pourtant il déteste en arriver là.
Il n'a pas le choix : c'est lutter ou mourir. Et qu'on ne lui parle pas de non-violence. Ils l'ont cherché.

Pourtant.
Pourtant, il sait - quand il regarde en fermant les yeux - qu'il est cet autre pour l'autre.
Que l'autre comme lui se sent en position de victime.

Il pense à un enfant. Celui qu'il était, par exemple. Au tout début - quand l'autre, n'importe quel autre, était un ami potentiel. Un continent à découvrir.

Ce n'était pas naïf de sa part - juste une disposition, un sentiment naturel. Ou appris, peut-être.

Il se souvient d'un autre enfant qui l'avait frappé. Et comment il avait appris à le détester.
Les histoires de vengeance qu'il se racontait - façon pour lui de reconstruire, sinon cette confiance, du moins une image de lui-même où il souffrait moins.

Certains jours, il trouve assez de calme sous sa caboche pour penser que l'ennemi est peut-être un enfant comme lui.


3. Des liens

Si tu veux écouter un peu de musique (retrouvée un peu par hasard, mais faut avouer que ça me titille, en ce moment, avec cet atelier bien rangé et pas un fil de guitare qui traîne...)
ou bien voir ce que je raconte quand on me pose des questions intelligentes, bin voilà.




27.3.15

1100 - A nous six

1. Comptage
Fondation


Donc, vous êtes cinq à venir ici régulièrement quand Fb ne fait pas de pub. Et j'ai envie de vous dire - nous dire -  que pour une fois, Brassens peut se tromper avec ses plus de quatre.

On continue à se tutoyer, donc - et n'hésite pas à intervenir quand je tourne trop en rond autour de mon petit ombilic et/ou que tu as mieux à dire.


2. Comme un pied

Il est inquiet. Agacé.
Rien ne marche vraiment comme il voudrait. Tout ce qui ne marche pas tourne dans sa tête. Ce qu'il a à faire. Ce qui lui prendra du temps - du temps qu'il n'a pas. Il voudrait être à demain pour en avoir fini - et s'attaquer à tout ce qui lui reste à faire.
Mais demain ne sera pas bien, il le craint. Les perspectives sont mauvaises. Il a peu de chance d'atteindre ses objectifs. Il s'est fixé des horizons - ils reculent quand il croit avancer vers eux.
Il fait beau, mais pas assez. Le ciel est bleu - mais il y a quelques nuages. Du vent, un peu trop. Le soleil ne le réchauffe pas.
Son corps est tendu, presque douloureux - à la limite. En réalité, il redoute qu'un faux mouvement déclenche quelque chose de plus grave. Qu'il se coince bêtement - souvent ça lui arrive.
Il est insatisfait. Ses échecs le taraudent. Tout ce qu'il a raté - tout qu'il rate en ce moment-même en se préoccupant de ce qui ne marche pas. Il rate un peu tout - sa vie en particulier.
Il sort marcher dans la rue.
La sirène d'une ambulance l'agresse.
Soudain, il se demande ce qu'il sent du bonheur. A quoi ressemble le bien-être. Comment c'est, quand il est bien ?
Il prend le mal à la racine - ses pieds.
Les jours bien, quand il marche, ses pieds sont souples. Ils ressentent le sol. Le sable, peut-être. Le sable chaud. L'herbe légèrement humide après un arrosage, une pluie d'été.
Ou encore il les réchauffe à un feu, l'hiver, en les sortant de leur gangue mouillée et froide.
Le soulagement.
Ses pieds sont souples.
Ses hanches, maintenant. Ses hanches et le bas de son ventre. Le bien-être se cache souvent dans ce coin-là.
Tour à tour il contracte ses muscles et les relâche - abdominaux, périnées, sphincters, adducteurs. Brûlure.
Et détente.
Peu à peu, l'air se dépose dans son ventre quand il respire.
Peu à peu, peut-être, il s'en contentera.


3. Trichage

Alors oui et non : le point ci-dessus n'est pas parfaitement du jour, il est resté au congélateur d'un carnet depuis un gros mois. Je sais, ça peut te décevoir, normalement ici c'est du produit frais local de saison, m'enfin bon, j'ai une excuse : c'était le premier essai dans ce nouveau petit exercice auquel je me quotidiennement - ces méditations pratiques à ne pas faire seul chez soi.

J'ai modifié deux-trois trucs au passage et te le livre tel quel.

26.3.15

1099 - On the verge of

1. Explications

Nan j'ai pas la grosse tête
Blabla, intérêt candidature, blabla richesse univers, blabla prolixe, moui, ok, d'accord et, on ne sent pas assez l'urgence, la nécessité de vouloir se lancer avec ce projet et (sic) dans une entreprise aussi ardue que celle d'une adaptation en long-métrage.
Euh... pas l'urgence ?
Ça m'apprendra à écouter mon coeur qui bat, tiens.

2. Verticales

Parfois il se demande où est sa place. Ça l'aiguillonne devant, derrière ; les projets l'appellent, les souvenirs le retiennent, il est tiraillé.
Il connaît un arbre, près d'un pont, sous lequel il va s'asseoir quand il peut.
Alors il pense aux racines de l'arbre. Qui se prolongent sous eux. Il s'imagine enraciné lui-même, descendant sous la croûte de macadam, la terre friable, puis l'argile - la roche, le magma, peut-être. Il creuse cette amarre sous lui.

Puis il remonte, doucement ; la terre les fesses le ventre la poitrine la tête - et au-dessus.

Au-dessus il y a l'air, le ciel et les nuages ; l'air encore, de plus en plus fin ; puis, au-delà, l'espace.
Il n'a aucune idée d'à quoi ressemble l'espace - c'est trop compliqué à voir, à regarder, à penser.
Alors il se renverse.

C'est vrai, quoi. Le ciel n'est pas au-dessus de sa tête - pas plus qu'en-dessous, à gauche ou à droite.
Il n'est pas posé sur la planète ; il y est accroché, repoussé par l'attraction terrestre.
En d'autres termes, il est pendu, tête en pas, vers l'espace.

Et tout ça flotte joyeusement. Les astrophysiciens ont beau tenter de décrire dans quel ordre, il sait bien que tout ça reste un géocentrisme de bon ton - cerveau trop petit pour penser l'idée même d'infini.
Il flotte, et des millions de monde s'étendent autour de lui.

Quand il se relève, il respire un bon coup. L'air sent la fumée d'échappement, le ciel est gris ou bleu, peu importe.
Il avance vers la suite.
Enfin non  - il flotte un peu plus paisible.

3. Follower

Tu ne me regardais plus depuis si longtemps
Que j'avais cessé de t'attendre
C'est à peine si je guettais
Dans le vol des corneilles
Les signes sans saveur


Je me suis tu.

25.3.15

1098 - Sed perseverare

L'oeil du fils / (c) M.P
1. Statistiques

Sans relais de FB, la fréquentation d'un post semble divisée par dix environ.
Poster tous les jours sur FB crée une usure.
Ne pas poster engendre l'oubli algorithmique.
Conclusion - se taire ou ne pas être entendu.

Il y a des jours comme ça où le printemps semble tarder.

Même si je dois pour écrire ça plisser les yeux sous le soleil qui me taquine par la baie vitrée.

2. Echec et moite

Il a échoué.
Il l'attendait tellement - il s'y attendait tellement. Ca paraissait mérité. Et plus que ça, logique.
Le marchepied pour une vie future. Pour une vie tout court : oui, là, ça allait commencer.
On le lui refuse. Le sort joue contre lui.

D'abord, il se sent vide. A quoi bon empiler les jours si ce qu'il désirait ne se réalise pas ? Sa vie ne rime plus à grand-chose. Il a envie d'arrêter. Plus la force de s'impliquer, de s'absorber dans quoi que ce soit. Ou alors juste dans l'alcool - ce serait une solution, cette euphorie mauvaise, cette allégresse neurochimique qui allège tout en lui.

L'échec, c'est l'histoire de sa vie, non ? Depuis le premier refus, le premier râteau, la première déception, tout est allé en droite ligne. Il n'a jamais eu ce qu'il mérite, n'a obtenu que ce qu'il désirait qu'à moitié.
C'est en tout cas la façon dont ce soir-là il se raconte son histoire.

Mais cela, il sait attendre que ça passe. Il reconnaît les grandes lignes, attend que le grain s'éloigne - imagine même que cette défaite pourra lui servir.

La nuit, il se réveille avec les mêmes questions. Qu'il a essayé de réduire au silence. Là encore, il les regarde danser. Attend le jour.

A nouveau il se projette - demain, demain ce sera différent.

A bien s'écouter, toutefois, il se dit qu'il se fiche un peu de l'échec (déjà son orgueil le transforme et en rejette la faute sur les autres) ; c'est juste l'absence de rêve, de lieu différent vers lequel tendre - d'objet de désir - qui le fait souffrir.

Douleur lente, anesthésiée, rectangulaire.

Il a beau se montrer patient, il n'en sort guère.

Puis une amie l'appelle. Lui dit des mots gentils, tout simples. Lui fait des compliments.

Il comprend que c'est une technique - elle fonctionne.
Une prochaine fois, il l'appliquera à quelqu'un d'autre.

Peut-être à lui-même, qui sait.

3. Retouvailles

Je t'ai retrouvée hier ; j'ai entendu ta voix ce matin ; tes mots m'ont touché. Où étais-tu, où étions-nous ? C'est si bon de se séparer pour se retrouver ensuite.