7.11.06

Ecrire, ronfle-t-il dans son café

Travail check - au moins jusqu'à demain ;
Blog check - 2 posts hier, trois idées pour aujourd'hui ;
Relations publiques, mails et téléphonisme presque check - pas la peine d'appeler les gens avant 10 heures, ils ne comprennent pas ce que je dis avec ma voix du matin ;
Ménage, courses et autres corvées domestiques check: personne ne va vérifier, hein ?

Alors quoi ? Enfin, j'ai du Temps pour Ecrire (avec quelques H aspirés dans ces deux mots).
J'ai aussi un Projet de Roman - celui pour lequel le CRL m'a attribué une bourse de 6 mois ( j'en profite pour les remercier, après tout ils n'ont pas souvent de nouvelles de moi...) - 17 débuts aussi intéressants les uns que les autres, le plan, le guide, le ton, les couleurs...

Suffit que je m'y mette, je vous rédige ça en...
Bon, pas de pronostic.

Et quoi ?
Et je me mets au blog.

Tu t'éparpilles pas, là ? me demandait il y a encore quelques temps la Fée des Couleurs (oui, je connais des fées ; je sais bien que ni les fées ni la magie n'existent, mais visiblement personne ne s'est dévoué pour le leur dire à elles, et je ne tiens pas à leur faire de peine).

Est-ce que je m'éparpille, avec mes contes, mes reportages photos, la musique et les paroles, les bouquins de psycho et les massages ?

Oui et non. Evidemment, pour faire Ecrivain de Roman, je suis un peu en retard - souvenez-vous qu'à mon âge, le romancier Jean-Léon Millet avait déjà publié ses trois premiers romans, Mille Excuses, Les Thierry et Le murmure de la terre, soit une somme de presque 4000 pages, avec le succès que chacun connaît...

Pour faire Aaaartisssss' complet et protéiforme (je ne sais pas ce que ça veut dire, je l'ai lu dans télérama à propose de Katerine), je suis peut-être aussi un peu à la bourre également : j'en suis encore aux bases de la basse, de la chanson et du dessin, et il y a à peine 2 jours qu'un pote m'a dit : "continue le blog, ça te fait un bon atelier d'écriture..." Mince, moi qui pensais pouvoir sortir un peu de l'atelier...

Donc, au moment même où j'allais me jeter dans mon roman, paf, le petit pincement au coeur qui me dit :
Non, ça, c'est du travail...


Et je bloque (je blogue ?).

Oh attention, c'est pas du blocage façon page blanche, sudation et éructements ; comme je l'ai dit, j'ai des débuts à la pelle, et je peux les continuer. Sauf que c'est comme dans Johan et Pirlouit quand ils cherchent la source des Dieux : je remonte une à une les pistes, les affluents pour trouver la source ; souvent je me suis dit : "celle-là c'est la bonne"... et puis je me suis rendu compte que non. Je suis redescendu jusqu'au confluent suivant, et j'ai remonté l'autre branche.

Samedi soir, sous la pleine presque lune, j'ai eu l'impression d'avoir touché à la source (toujours dans la métaphore, hein, même si physiquement je ressemble assez à Pirlouit) ; mais ce matin, passé le check control, au moment de me mettre à écrire...

Et si c'était la bonne, ça changerait quoi ? Pensez à toutes les belles et bonnes sources (des histoires, donc) que je vais laisser sans les explorer ; pensez à tous les débuts qui n'en seront jamais, à toutes les fins qui abandonnées, aux développements perdus dans la bataille...

C'est dur, écrivain. C'est comme tuer des chiots dans une portée - j'ai jamais tué de chiots, ou alors il y a longtemps...
Tiens, d'ailleurs, il devait commencer comme ça, le roman : "On ne va pas pleurer pour un chien". L'histoire d'un chien qui mourait, quoi, et d'un couple qui explosait en même temps.
J'ai fait quatre ou cinq chapitres dans cette veine ; ils sont intéressants, à mon avis, mais le courant s'est tari peu à peu.

Plus tard, je me suis dit que j'allais mélanger les sexes, écrire un roman à deux voix et à la première personne où on ne saurait jamais qui parle. Je suis toujours dans le coup, là, même si certains détails m'échappent encore.

Enfin, je me suis rendu compte que ce dont je voulais parler, c'était d'un divorce - vous savez, cette histoire conne des gens qui prétendent s'aimer et qui du jour au lendemain se retrouvent comme des étrangers - des étrangers qui se détestent cordialement, et se demandent bien ce qui a pu les tenir ensemble si longtemps... On en veut à l'Autre, bien entendu - il ou elle a été ceci, il ou elle a dit cela, nous a fait tellement de mal ; mais on s'en veut à soi, aussi : Comment ai-je pu supporter ça si longtemps ? Quelle faiblesse m'a poussé(e), pour quelle faute me suis-je condamné(e) à ce si long malheur ?

L'ennui, à écrire sur le divorce, c'est qu'il y a deux grandes solutions : soit vomir sa haine contre l'autre (ce qui est mauvais du point de vue de l'économie karmique), soit essayer de retrouver les racines de l'amour - ou plutôt de la vie de couple- les fondations de ce que nous avons construit ensemble.

Comme j'aime bien les histoires d'amour, j'ai plutôt tendance à suivre la deuxième voie ; mais ça fait bizarre, de se retrouver avec des pépites de ce qui a été et auquel on a mis fin de soi-même... On est toujours guetté par le Remords et le Regret, même quand on sait que ce sont des émotions illusoires. On est toujours menacé par la Reconstruction - facile de réécrire l'histoire dans un sens ou dans l'autre, de se montrer victime ou d'engendrer des monstres...

Voilà toutes les chausses-trappes sur le chemin ; et c'est vrai qu'elles peuvent parfois m'empêcher d'avancer...

Alors, au lieu d'écrire, je fais ce blog.
C'est pas du boulot, ça. Juste du plaisir.

A la télé, l'autre fois, un garçon de 9 ans qui voulait devenir danseur étoile sanglotait : je veux que ce soit ma passion, pas mon métier.

Il parlait de l'école des petits rats de l'opéra (est-ce que ça porte vraiment ce nom ridicule ?), où il était pensionnaire. Il rêvait visiblement de rentrer chez lui, et d'oublier ce trac, ces obligations, ces exercices répétitifs et tortionnaires... ce travail, quoi.
Je me suis totalement identifié à lui, même si je n'ai plus 9 ans, que je bosse depuis chez moi, que je suis moins craquant quand je pleure, et que moi, je suis sûr de mon choix.

La pensée du jour est donc : écrivain, c'est un vrai travail ; du coup, il faut du métier pour que ça reste une passion.

Si cette conclusion ne vous plaît pas, j'en ai une autre (c'est le côté interactif du blog) : faut que j'arrête de regarder des docureportages ou je vais finir par devenir fan de 30 millions d'amis.








Allez hop, au boulot

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Parlons un peu divorce;on n'en veux pas forcement à l'autre que l'on parte ou reste la douleur est la meme.Par exemple moi qui suit en phase de divorcer tout ce que je souhaite a mon examoureuse c'est de tomber sur un mec pas con genre écrivain et musicien(elle adore les mains des musiciens) et que ce mec il lui permette d'apprendre à aimer c'est la seule chose que je n'ai pas réussi avec elle: lui apprendre à aimer.

J'aime toujours autant ce que tu écris Manu ,continue d' écrire c'est comme peindre ou faire des photos c'est tous les jours. Est-ce qu'on t'as deja demandé quand tu disais que tu étais écrivain: et votre métier c'est quoi? Enfin votre vrai métier?

Anonyme a dit…

Euh... Dilettante, comme metier, ca existe?

Sinon, pour ta portee de chiots, ton cheminement me fait penser a celui de Pirsig pour la creation de son Zen and the Art of Motorcycle Maintenance... Pas mal, non, comme comparaison? Bon, il ne te reste plus qu'a trouver un editeur-copain pour t'aider a ecrire des joulies choses. Ou une ou deux fees et un sac magique, peut-etre...