30.3.11

961 - Mélangismes divers

Facile
1) Une raison pour avoir souhaité en avance l'anniversaire d'une amie

Est-il tolérable qu'un mois aussi peu intéressant que mars compte 31 jours, tandis que le beau mois d'avril n'en compte que 30 ? Sans parler de ce pauvre février, ramassant les restes une fois tous les quatre ans. Et tout ça pourquoi ? Parce que nos articulations ont une allure de boulier. Redessinons la main humaine pour un calendrier plus harmonieux !

2) Crossover

L'auteur du texte précédent tient à remercier pour leur concours :
- Mr Eric Chevillard (de l'Académie Aphorique)
- Mr Rodolphe A. des çmr, et instigateur du groupe facebook "Pour l'enfouissement des éoliennes afin de préserver les paysages"
- Marie Lamarche pour son anniversaire qui tombe le lendemain du jour où je le lui souhaite
- une correspondante quasi anonyme sur Facebook.
Comme quoi, hein, l'inspiration...

3) Nouvelles adresses

Oh, ça n'a pas grande importance, mais le myspace de LoFi a changé d'adresse, et peut-être de nom (Blofi, c'est bien. Il y a un B comme dans Brel Brassens Bazbaz Bertrand Betsch Bénabar Bécaud Berré Baznavour, ça fait chanson française). Et on peut écouter de la musique sur le site d'Emmanuelle Urien...

4) Une question qui me taraude

Vous avez cliqué, oui ?

28.3.11

960 - Deux points c'est tout.

Burning
1) 100% sans ironie


Découverte par hasard sur le net, une destinataire de l'Image me demande d'expliquer ma démarche "sans ironie".


J'hésite un instant (sans ironie ? Et pourquoi pas à poil ?), et puis...


Il s'agit d'un travail sur le fantasme d'une part, et sur le lien entre texte et image de l'autre.

Je suis plasticien et  auteur (de blogs et de nouvelles en particulier), très attiré par les formes courtes et hybrides. Dans cette newsletter quotidienne dont la régularité/répétition fait elle-même partie du procédé, je décris des images, des scènes, où je tente de saisir un instant d'essence érotique ou un fantasme souvent teinté d'ironie  - un renversement, un clin d'oeil, un questionnement.

Le médium du discours descriptif, travaillé comme un aphorisme sensible, crée un lien entre l'attente du lecteur/spectateur (une image), son propre imaginaire (la façon dont il se la représente et l'interprète) et le support (texte). Dans un autre temps du travail, ces images existeront sur d'autres supports (papier/toile...).

La majeure partie des "images" ainsi décrites, pour finir, questionnent la notion de désir et ses implications dans les rapports humains, amoureux, sociaux... ainsi que dans les représentations du spectateur, qui devient, de par le fait, un "spectacteur" de la transformation de mots en oeuvre intangible.

La newsletter est devenue régulière depuis la mi-janvier (environ 5 envois par semaine), ce qui équivaut à une soixantaine d'Images différentes ; environ deux cents personnes de tous horizons la reçoivent, par ouï-dire, connaissance ou par hasard. Un message d'accompagnement y est accolé, proposant chaque jour d'une façon différente de se désabonner, d'abonner des amis ou d'utiliser/reproduire l'image à condition d'en avertir son auteur.

.... voilà.

On peut donc s'y abonner, à mon avis.

Et merci de m'avoir fait formuler ça.

2) 100% avec


Ce soir, émission exceptionnelle de "Pas plus haut que le bord" à la Chapelle, haut lieu des babalternatifs tendance radieuse ; avec l'insupportable Aymeric de la Mouille et son ukulélé de l'enfer. En direct sur le net en cliquant la petite abeille, par ici.

3) Non mais au fait, il y a aussi ça,

une histoire de remix, parce que sans musique, hein, on n'est pas grand-chose. Je sais, ça fait un point de trop, y'en a un peu plus, je vous le mets quand même ?

26.3.11

959 - Ch'ose/s/

petite fille (essai 1)
1) Un petit mot à moi-même

Qu'est devenu, jeune vantard, ta polyfidélité ? Tu vis en couple, le sexe s'est calmé dans ta tête au moins ; tu sors peu, les amis que tu aimais sont sur une autre rive, tu regardes vieillir le quotidien. Il est rare que tu rêves érotique, et ton imaginaire semble se tarir.
Alors, heureuse ? Alors, satisfait ?
Il te semble que la déchirure est moins vive ; que tu peux penser le futur sans que tes mains tremblent.
Bien entendu, une part de toi le regrette.


2) Un morceau du ciel

Quelque chose comme le printemps, sur les toits de Toulouse. Les angles des ombres sur les murs se font plus précises, les terrains de rugby sont durs sous les crampons.
L'air est doux. Sans nuages. Aucune particule dans ma vision.
Seule ma conscience raconte que nous avons empoisonné la terre pour les millénaires à venir.


3) Pas de politique

"Une partie de la France a peur des immigrés, l'autre du FN ; ceux qui ont peur des deux ont leur carte de l'UMP" raconte cette page facebook à vocation humoristique.
La peur, oui. On me l'a transmise. Des hordes brunes, des miliciens vociférants. De la bêtise crasse, des foules, des slogans. Aujourd'hui encore, le mot National, avec sa majuscule, m'est une bouche putride, un gouffre vertigineux.
Je ne veux pas me battre. Je ne veux pas prendre les armes. Je veux convaincre, sans menace, sans sarcasme ; je veux adoucir, je veux apaiser.
La petite école du petit village où j'étais petit accueillait des Laotiens, des Tunisiens, Valentin-le-gitan trop grand pour la petite classe, des Enfants Immigrés. Abdel écrivait en arabe au stylo sur un ballon de basket ; il ne comprenait pas tous les mots du maître, et ses yeux étaient noirs d'une colère triste.
Nous étions riches les uns des autres (ma mère me l'avait expliqué, car c'était son travail, l'accueil des familles).
Il n'y avait aucune hospitalité : nous partagions l'espace battu de jeux et de soleil de la cour de récréation. Parce que nous histoires minuscules nous avaient amenés là, ensemble, où nous vivions.

4) Song for Marie

Et là encore, ton petit coeur cliquète
S'agite, rétrécit
Tu es si sûre, soeurette
Que cette fois-ci
est la bonne, elle est la bonne
personne celle que
tu attendais

Tes mains, tes mains s'agitent

Sur la surface du café
Tes lèvres brûlent, soeurette,
A cette heure-ci

Ton coeur ton cul se précipitent
Tu es glacée
Givrée

Allons dans ce magasin te choisir une robe
Un pull, mon petit marin
Ton coeur, mon coeur, se dérobe

Tu parles, parles, parles d'elle
Des autres qui n'étaient rien
Rien sans toi, rien sans ta personne
Ton petit toi qui me dit tout
Tu ris tu ris
Tu cadenasses
Ton petit coeur cuirassé

Et l'air, et l'air sent
comme le printemps qui tarde
comme l'hiver qui en dit long
L'air pur
l'air parfumé s'agite

En tourbillons autour de nous


Allons dans ce magasin te choisir une robe
Un pull, mon petit marin
Mon coeur, mon coeur se dérobe


Et là encore, ton petit coeur cliquète
S'agite, rétrécit
Tu es si sûre, soeurette
Que cette fois-ci
est la bonne, elle est la bonne
personne celle que
tu attendais

Allons dans ce magasin te choisir une robe
Un pull, mon petit marin
Mon coeur, mon coeur se dérobe

23.3.11

958 - Addendum du soir, est-ce poire ?

Juste le bout (entre potes)
1) Une utilité à ce blog inutile

prendre les notes, comme elles viennent, pour ce "Livre de mon père" que je dois à D.

2) Les notes, donc

Il y aura une scène où je m'écrase ; une scène où il me protège des décharges électriques - qui, étrangement, évoquent pour moi un camion-benne. Une scène où il m'explique comment faire, une certaine colère dans la voix.


3) Mais alors ?

Il existe, quelque part sur ce blog, un post qui parle de "notes pour plus tard", et où j'avais gardé des traces d'une inspiration un peu SF. Or, je suis incapable de les retrouver. (nb : si tu le retrouves, je t'offre un recueil de nouvelles, tiens)
Je pense donc que, d'une certaine façon, prendre des notes pour un roman peut relever d'une tactique particulièrement fine de procrastination ("je l'ai noté, parce que je voulais le faire ; si je ne le retrouve plus, c'est un signe que le moment n'est pas venu ; ergo, je peux me remettre à mon travail de glandage"). C'est encore plus vrai pour les carnets, dont des dizaines d'exemplaires s'empilent dans mon bureau et mes poches.
Marrant, ces velléités. Serais-je plus sérieux si je conservais un fichier informatique ?

4) (M)oralité
Toutes ces chouettes questions qui font qu'en ce moment, je suis en train d'écrire que je ne suis pas en train d'écrire.

5) Le truc qui m'échappe mais que

Ainsi partagé entre ce que je veux et ce que je refuse ; devant moi, 16 pages attendent d'être traduites. A 4 pages de l'heure, elles pourraient être prêtes dans... oui, bien entendu. A condition que je speede, que je me tende, que je souffre du dos et que je bloque ma respiration.
Si dans 4 heures j'ai terminé, je serai fourbu, irritable;  si je n'ai pas terminé, je le serais aussi, avec en plus l'impression d'avoir failli à ma tâche.
Heureusement, je flâne sur facebook, je réponds à des mails, j'MSN. Fâcheux ou non.
Parfois, je me dis que je complique un peu la vie.


6) Le statut facebook auquel tu as échappé

Manu Causse Plisson (photo)
Nous sommes tous des spectacteurs.
...
 (se regardant jou/../r)

957 - Le temps de se poser entre les rayons du soleil neuf

Ste Cécile de la Consolation
1) Contraintes

Il est des jours (beaucoup plus nombreux que l'inverse) où le plaisir - d'écrire, s'entend - devient contrainte.

Où je me bats contre, non pas les mots qui viennent se présenter à moi en ordre discutable, petits soldats sans cervelle désireux de connaître le front, mais contre ce sentiment d'impuissance, de je m'en foutisme et d'à quoi bon du général qui sait qu'une guerre ne se gagne jamais.

Je cherche, suivant l'humeur, la cause de cette faillite dans mon ventre, mon coeur, mon souffle, la méchanceté des hommes politiques ou les nuages radioactifs. Ce qui m'évite de regarder la réalité en face : je n'ai rien à faire dans l'armée des écrivains -  je suis objecteur de conscience.

2) Chicanes

Etrangement, les ennuis mécanico-administrativo-communicatoires de ces deux dernières semaines semblent se résorber, et pour le mieux. Trois écueils subsistent, néanmoins : à quoi vont servir mon Juste courroux et mon Putain de bon sens dans un monde sans obstacle ? Et pourquoi n'ai-je pas autant d'énergie à me réjouir qu'à m'indigner ?
Et, surtout, maintenant que je n'ai plus mille choses à penser, je peux me mettre au travail.
Vite, mon mail, vite mon facebook, mon blog, pour échapper à cette obligation.

3) Multimédia

E.C a écrit à propos des blogs d'auteur un article dans Libé - mais je ne le lis que sur le net. Je ne sais pas (comme souvent) que penser de sa prise de position. Si c'en est une. Il me semble en revanche que parler d'auteur littéraire sur Internet, c'est oublier que le support transforme l'artiste (ce qui est un bien, l'artiste étant en général un triste emmerdeur autosatisfait) ; de fait, j'ai souvent du mal à lire les textes longs et complexes de beaucoup "d'écrivains du net". Parce que j'ai envie de petites phrases, de sons, d'images. Du tournoiement que procurent les écrans et que le livre interdit au profit d'un vertige intérieur, personnel.

Là, faudrait que je balance un fichier multitruc, ça aurait de la gueule.

4) In the heart of the sonido

Un bureau ergonomique, des fils dans tous les sens, et face à nous des enceintes enchâssées dans des murs de béton et de bois, scientifiquement orientés et isolés : E. et moi avons vécu hier notre première expérience de mastering.
(Pour les non-pratiquants, il s'agit de l'ultime préparation d'une chanson avant de la graver sur CD : on écoute religieusement toutes les petites fréquences pour optimiser le son, on filtre, on booster, on creuse, on équalise...)
Nous avons passé une paire d'heure dans ce qui ressemblait au cockpit d'un vaisseau spatial au coeur d'une petite maison près de Garonne ; la musique, devant nos yeux, prenait corps, littéralement.
Nous nous sentions sérieux, précis, vaguement euphoriques.
C'est tout de même plus marrant qu'écrire un livre, non ?

17.3.11

956 - Les roues du bus

Aux cent bouches
1) Vespérographie

Il est 22:44, le 15/03/2011, clignotait l'affichage du bus de nuit 38
En nous ramenant chez nous, mardi soir,
Tout allait comme sur des pneus lisses,
Un train roulant, dans le bonheur,
Vers la catastrophe,

Et réciproquement.

A cet instant précis, le monde était simple
Je m'en souviens malgré moi.

2) Commandes

Ainsi donc, les nouvelles de la mécanique et de ses carters d'huile, de l'administration et de ses hics de communication, n'ont aucune importance : mon père va bien, mieux que nous n'osions l'espérer.
Bon. Donc, je dois un livre à Dieu. Je le note. Deux traductions, un roman à finir de faire naître, et je m'y mets.
Ca s'appellera comment ? Le livre de mon père ?
Il y aura une scène avec un vélo bleu pâle de marque Lejeune, une autre avec des photos pornos, une avec un carnage de 205 peugeot. D'autres avec des chiens.
Très peu avec du sexe.

3) Fama volat et tout ce genre de choses

Fred, de la fête à Fred, revient donc demain vendredi pour 5 représentations au Chien Blanc, à Toulouse (NB : l'illustre Jean-Paul Bibé est prêt à conquérir le monde, si vous n'êtes pas de Toulouse mais souhaitez participer à la fête, faisez signe, on vous l'envoie) ; l'occasion de rappeler que le Fred de la Fête à Fred (théâtre) n'est pas tout à faire identique à celui de la Fête à Fred (nouvelle en ligne et à reparaître à l'automne), et que l'on peut lire un extrait du premier dans le dernier numéro des Cahiers d'Adèle, qui traite, allez savoir pourquoi, d'ivresse...

4) Fama, bis : ce n'est plus de la littérature (ou si quand même)

Plus que quelques jours - non, quelques heures, vu la vitesse où ça se remplit - pour réserver ses places pour le Cabaret érotique de la Cie Folies PAssagères, troisième du nom. Dans ce patchwork de performances, tableaux, expos, numéros, que sais-je encore ? le collectif Co.It présente Vous avez un m@ssage, un entresort basé sur l'installation vidéo, la boucle hypnotique, la poésie improvisée et le massage. C'est en avril, et ça vaudra le.
Moins loin dans le temps, j'ai eu le plaisir de bricoler à l'occasion du Tilt Festival de Perpignan deux reprises de chansons engagées : l'une pour les Glossolalies d'Emmanuelle Urien, l'autre pour La Teigne.
C'est cette dernière que France Info a choisi pour illustrer son reportage sur le Tilt Festival, aujourd'hui à 13h30 - avec interview du chanteur en direct (qui en ce moment même doit dévorer d'angoisse ses belles moustaches).
Ca en fait, des liens, hein ?

5) Et quand tu ne parles pas de toi ?

Le Japon n'est pas menacé d'une série d'explosions nucléaires, pas plus que plusieurs pays d'Afrique de guerres civiles à cause de dictateurs fous.
La planète et l'humanité, en revanche, le sont.

12.3.11

955 - Jour gris, entre autres

Fond d'écrin
1. Le sens des tranches


Ce jour gris me rappelle mon enfance ; nous prenions la voiture pour aller nous nous réfugier dans une librairie.
Ma mère disait qu’un vrai lecteur se reconnaît au fait qu’il ne penche pas la tête pour lire les titres sur les tranches - ainsi, il ne perd pas de temps pour repérer le livre qu'il recherche.

Plus tard, j'ai appris qu'on parle de "dos" pour la partie du livre où l'on imprime le titre (la tranche, comme son nom l'indique, étant la partie papier, que l'on tranchait et tranche encore dans certaines collections) ; j'ai appris que les éditeurs anglais inscrivent les titres, sur le dos, de bas en haut, et non l'inverse - en vrai lecteur bilingue, ma tête reste parfaitement droite quand je cherche un titre dans une librairie anglaise.

J'ai appris, aussi, qu'on n'est pas obligé de rechercher les livres ; on peut attendre qu'ils viennent à nous, au moment opportun.

Quand il fait gris, néanmoins, je pense au mot "roman", au rayon enfant de la Maison du Livre, à Rodez.
A ma mère. 
A la douceur d'un livre, quand il fait gris.


2) Message from outer time

W. se connecte sur msn. Pour la première fois depuis longtemps.
Mon coeur se met à battre. La dernière fois, j'ai lancé un "hello, dear". Elle n'a pas répondu. S'est déconnectée au bout de quelques secondes.
C'était de ma faute. J'étais maladroit.

Je l'ai tant aimée. Si fort que tout était possible.
Cette fois, je n'écris rien : j'attends.
Mon coeur me torture.
J'imagine des mots, échafaude des hypothèses.Consulte des sites d'oracles miraculeux.
Ce moi, ce vieux moi que je crois mort, ce moi qui croit aux étoiles, semble se ranimer un instant.
Je le regarde avec circonspection.
Puis n'y tenant plus je tape deux lettres.
Hi.
Elle ne répond pas.
J'abandonne mon ordinateur comme s'il lançait des ondes maléfiques.
Quand je vais me coucher, longtemps après, je trouve un message.

Hello, how are you ? Do you enjoy life (at least if one can ask such a question after the tragic events in Japan) ?

Alors, je me sens coupable. De faire, de faire énormément sans vraiment enjoyer ; de n'avoir prêté qu'une attention lointaine au séisme du Japon.
Coupable de ne pas savoir quoi lui dire, tragiquement en-dessous de ce qu'elle attend de moi ; coupable d'avoir, dans la journée, pris un genre de plaisir / et un genre de doute / à ces minuscules choses qui font notre vie.
Coupable de me souvenir que notre dernière rencontre a eu lieu au moment du raz-de-marée en Thaïlande.
Y aurait-il  un lien ? Quelque chose semble se creuser au sommet de mon crâne.
 
Comme dirait S., ma sorcière, au moins, je suis en contact avec mes émotions.
Il paraît que c'est bien. Nous verrons.

Petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux ressort en septembre. A quelques mois de mes quarante ans.

3) El libro

Des pages et des pages de romans de genre en anglais - à traduire, oui, mais à lire aussi, pour me délasser. Je passe de fantasy en polars, parce que la littérature "générale", surtout d'actualité (je déteste lire un livre parce qu'on m'a dit "achète-le, il FAUT que tu le lises), m'ennuie souvent.
Hier soir, j'ouvre le dernier (?) Murakami, 1Q84. En espagnol, parce que j'ai perdu un peu de mon castillan, et que tant qu'à lire une traduction, pourquoi serait-elle française ? (Note tardive : a priori parce qu'elle n'existe pas...)
Et je sens, physiquement, la caresse de la prose couler le long de ma colonne. La pureté, la simplicité, comme une source de montagne. 
Je m'endors en souriant.

4) El sueno

... et je me réveille, avec les images de ce film de science-fiction, ce film qui m'enchante. 
Je prends un peu de temps pour reprendre le fil de mes idées. 
Un film. Avec Mel Gibson.
Ou bien un rêve ? Mes interrogations réveillent E., et je m'en veux un peu.

Je me souviens d'un livre, acheté un jour gris dans une librairie de Rodez, dont la quatrième de couverture disait "ce roman est de ceux dont tous les écrivains rêvent une nuit, et qu'ils n'osent jamais écrire".
Mémoires d'un visage pâle, dont a été tiré le film Little Big Man.

Alors je me lève et je prends des notes. Il en restera une trace demain matin.
Qui sait, avec les jours gris.

11.3.11

954 - Je peux pas, je bosse

-----------------               1) Anticipation d'une belle mort
Ici, une image
érotique                 
sous-entendue
-----------------

Toi, moi, quelques amis, un verre de vin rouge et une pipe d'herbe pure.
À 95 ans.

2)Friends

Et ce soir-là, les mots restent lointains, les blagues tombent à plat ; soudain tu te dis que cet ami, à qui tu tenais tant, se classerait mieux, dans ton économie mentale, dans ton paysage des rapports humains, sous la catégorie des gens que tu as fréquentés.
Tu lui cherches donc des défauts - et tu les trouves sans grande peine.
Fin de cette histoire. Ni fleurs, ni couronnes.
C'est con, tu as l'impression qu'un peu de toi reste dans la tombe de cette amitié.


3) Je bosse, moi


En fouillant un peu, tu trouveras ici, au milieu de plein de reprises assez sympas, un morceau de la Teigne( n°22 du premier reader) et un des Glossolalies (n°4 du reader suivant), dont la réalisation artisanale m'a tenu éloigné de ce blog quelques jours.
Tant qu'à y être dans l'autopub, La Fête à Fred revient ce mois-ci (putain, mais c'est bientôt !) ; tu pourras également me croiser, avec le collectif Co.It, du côté du Cabaret érotique (c'est en avril, mais on réserve maintenant).
Quoi d'autre ? Rien. Ah, si : si tu as envie de me lire quasiquotidiennement, tu peux t'abonner à l'Image (détails en haut à droite). C'est un petit mail de rien du tout, mais avec des retours flatteurs. Dont celui qui me dit "arrête, ça m'empêche de me concentrer".

4) Et pourquoi tu continues ?

Parce que, quand je marche dans la rue, les cours révèlent des mimosas ; parce que L. est amoureuse, et que ça lui va bien ; parce qu'E. est drôle, touchante, fragile, douce et furieuse ; parce que les enfants me manquent quand ils sont loin ; parce que Dieu hésite encore sur le sort de mon carter d'huile ; parce que d'autres amis envoient parfois des signes doux ; parce que ce qui cogne, dedans, est peut-être moins laid et moins insupportable que ce que je ne croyais.

Parce que le printemps, comme d'habitude, n'a jamais été aussi proche.

5.3.11

953 - La nécessité du carter d'huile

sac au dos, la source
1) Fonctionnel

Du coup, je me poste devant mon écran, vibrant d'une énergie qui m'empêche de me poser ailleurs ; un curieux mélange d'espoir, d'agacement devant les succès des autres, de mégalomanie et de doute me pousse à chercher une phrase, une activité, un concours même, qui me permettrait de décharger ce trop-plein.
J'attends. Je cherche.
Me consacrer à une activité professionnelle, ou même à un projet entamé, ne me satisferait pas. Il me faut du vif, du nouveau, du changeant.
Les enfants, dans la cuisine, peignent des figurines. Je ne peux rester avec eux.
Insatisfait, quoi que je fasse.
Voilà comment ça marche, dedans.
Jusqu'à ce que le carter cogne sur une pierre et répande son huile à même la route ?

2) This one's for you

Je ne sais plus très bien à quoi servent les anniversaires ; il me reste un peu de colère quand je t'entends dire que tu vieillis.
Tu grandis chaque année, mon amour. J'essaie de grandir, dans ma tête, aussi vite que toi, pour profiter en témoin charmé de toutes les étapes de ton chemin.
Je sens le monde s'agiter autour de nous, un peu plus chaque jour - et chaque jour un peu plus j'éprouve

le solide du mot nous

Heureux anniversaire, partenaire.

3) C'me on, get a life

Il est possible que mes inquiétudes créatrices, les impératifs hygiéniques et nutritionnels du samedi matin, le brûlant de l'attente dans mon ventre, me laissent un peu de répit pour peindre une figurine et souffler des bougies.

4) Une dernière petite chose

Connard de Dieu, je ne te parle pas souvent. Pas depuis longtemps, pas depuis que j'ai décidé que tu n'existais pas. Con de dieu écoute-moi. D'accord je suis dans la phase de refus et tout ce genre de choses, couillon de créateur, d'accord il n'y a aucune raison pour laisser la place à la panique, enfoiré de seigneur, mais tu vas me faire le plaisir de pondre, sinon un miracle, du moins une guérison rapide et indolore. Pigé ? Sans quoi je me fâche. Et tu sais quoi ? En échange, je t'écrirai peut-être un livre. Allez hop.

3.3.11

952 - Minéral

Artifisse (e ?)
1) Souvenir de demain

Ils pénétrèrent alors dans un monde mécanique, bardé d'une logique qui excluait toute douceur ; les moments, événements et circonstances s'enchaînaient sans goût ni émotion, se succédant les uns aux autres comme les roues dentées d'un engrenage. Bientôt, ils sentirent faiblir leur coeur, et leurs réactions perdirent toute qualité humaine : ils devinrent ce que l'on exigeait d'eux, sans même y réfléchir.

2) Petits arrangements avec le destin du monde

Une partie de moi-même ne cesse de passer des marchés avec l'ordre des choses, avec ce  que je voudrais être le destin : si le garagiste m'informe que le moteur de notre voiture est bien mort hier soir sur cette route de campagne, cela voudra dire, en échange, que les docteurs auront de très nouvelles sur l'état de santé de mon père.


3) Tempus fugit et tout le bordel

Des mésanges charbonnières, des fauvettes, et d'autres petits piafs multicolores se relaient sans cesse pour picorer sur le balcon ; je traduis à la chaîne, retrouvant des sensations oubliées ces dernières semaines ; j'oublie de bloguer, et ne m'en formalise pas ; je me pose, dirait-on, moins de question sur la date de validité de ce corps que j'appelle moi-même.
Bref, le printemps, quoi qu'on en dise, n'a jamais été aussi proche.