10.1.07

Psychopathologie du tabac, acte 1

Je continue mon exploration des fumeux méandres de ma dépendance passagère à la cigarette.

Ainsi, je me suis rendu compte que fumer du tabac éveille des tas d'angoisses en moi : culpabilité, crainte du manque, remords, peur d'être incapable d'arrêter, doutes... Une jolie petite galerie de portraits que je n'avais pas visitée depuis longtemps.

Le truc amusant du tabac, c'est qu'il est à la fois la source de toutes ces inquiétudes et leur remède. La satisfaction de se coller une dose de nicotine dans l'organisme efface provisoirement la nervosité ; mais, une fois la dose inhalée, la nervosité revient. C'est ainsi que je suis incapable, comme certains que j'admire, d'être un "fumeur occasionnel" : il m'a fallu à peine deux mois pour revenir au stade fumeur à la chaîne.

On peut agir efficacement contre la nervosité et les angoisses ; un bon p'tit coup de relaxation, un massage, un match de rugby, un câlin... suffisent en général - en tous cas après les deux ou trois jours de sevrage, où le manque de nicotine se fait sentir avant de disparaître. Passé ce délai, la dépendance n'est plus que psychologique : elle renvoie à des situations où je suis mal à l'aise.

Très connement, j'ose le dire, mon p'tit cerveau fait le lien mal à l'aise = manque de kèke chose = manque de clopinette = fumée. En bref, je remplis mon manque de nicotine pour remplir ma confiance en moi.

Ce qu'il y a de vraiment idiot, c'est que, pendant les 6 dernières années, j'ai vécu beaucoup de situations stressantes (pauv' petit bonhomme) sans aucun besoin de cigarette. Je ne dis pas que j'ai été zen tout le temps ("oh putain non", diraient mes proches, qui jurent un peu facilement), mais, globalement, j'ai été beaucoup plus heureux que dans ma période fumeur.

Incroyable. Je sais que ça me rend malheureux, je sais comment ça fonctionne, je sais que je fonctionne mieux sans, et je continue à fumer. L'est con, le type...

Mais peut-être pas tant que ça (attention, excuse fumeuse en vue).

En ce moment, je travaille sur un roman qui parle de la rupture, du couple et de l'angoisse. J'essaie d'aller chercher des vraies émotions dans ma cave personnelle ; or, les émotions dont j'ai besoin en ce moment sont précisément l'inquiétude, le désarroi et la colère - ce que je retrouve très bien avec cette dépendance idiote au tabac.

Ah, voilà. C'est pour mon boulot. Comme à l'Actor's Studio : je me plonge dans le personnage. Je fais des exercices pour être lui. J'expérimente la dépendance néfaste qui est la sienne... En béton, l'excuse.

Hé bé (voir ci-dessous si vous n'aimez pas l'expression) il est temps que je finisse mon roman, alors...

Une bonne journée toute spéciale aux futurs anciens fumeurs, à ceux qui tiennent, à ceux qui craquent et ceux qui me soutiennent. We shall overcome. Une fois qu'on aura tous arrêté d'être dépendants au tabac, on s'occupera d'améliorer le monde, tiens, pour changer un peu.

C'est l'heure de la première au balcon...

PS : J'attends d'avoir une quinzaine d'avis pour commencer à modifier "Fin", la première nouvelle de 11,5 fois... N'hésitez pas à me donner le vôtre, et à passer le mot à vos copains et assimilés - si vous en avez, hein, évidemment. Quant aux lecteurs non concernés par le vice tabagique, je m'occupe de vous après. C'est à dire avant, rappport au caractère rétrochronobiologique qui... ouais, bon.

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