31.12.09
797 - C'est tout pour cette année
1) MArdi, je ne t'ai pas
raconté la suite de l'histoire de Rhôl l'enfant merveille, qui finit par se souvenir de demain. Je ne t'ai pas raconté ses errances dans les déserts, sa traversée des montagnes, ses rencontres, ses fuites, ses combats. Je ne t'ai pas raconté comment un jour, alors que le monde autour de lui brûlait déjà, il se souvint d'un lendemain, d'un autre lendemain ; et comment grâce à se souvenir imaginaire, il reconstruisit l'univers.
Ca t'intéresserait de le savoir ?
2) Romantique
Quand mon imagination te gêne, que puis-je faire ? L'éradiquer ? La taire ?
Car t'en parler nous propulse dans les sphères de la peur.
3) Encore
Croire que demain sera nouveau ; râler sur les obligations de la fête ; danser jusqu'à nos corps, et se réveiller plus jeune d'une année.
4) Voeux décroissants
Non cette année je ne me précipiterai pas à minuit pour vous dire que je pense à vous et arroser la planète de SMS. Je vous aime tout le temps, et je penserai à vous bien sûr à cet instant.
Qu'aurions-nous besoin de preuves ?
5) Webradio
"Son dégueu", "voix maladroite", "inaudible" sont les amicaux constats d'un professionnel sur nos premiers travaux voix/guitare. Qui néanmoins veut en savoir plus, car il aime notre façon d'écrire.
Amusant de savoir qu'on a une voix de téléscope et un physique de radio.
5 bis) Invitation
C'est ouvert chez nous à partir des premières heures de 2010 ; si le coeur vous en dit, on vous attend...
6) Elle le sera
Bonne année à nous.
28.12.09
796 - Once again
1) Alzheimer
Décroissants, nous le fûmes, pendant ces vacances ; au point que j'en oubliai de raconter MArdi et de poster dans l'encrier.
Et c'était doux, de ne penser à rien, de débrancher cerveau, mains et numériques.
C'est le retour ce matin. Joyeux noël.
Et vous, c'était comment ?
2) Programme
Le petit hôtel désert (et naturiste), les rues d'une ville à jouer à découvrir, les expéditions qui finissent dans la baignoire, les heures, toi et moi, à respirer ensemble : on repart quand tu veux. Même si, à nouveau, c'est pour mieux rester chez nous.
3) Les cadeaux
3 fois 3 nouvelles clés pour le fond de ma tête ; un instrument pour toi, qui t'en es emparée ; de l'art pour ceux qu'on aime, et des petites choses.
Cette année encore, nous sommes venus à bout de Noël.
Encore plus doux qu'avant ?
4) Questions futures
Les test sont irréfutables : en vacances, j'écris comme une bite. Et pourtant, j'adore les vacances.
Ne serait-il pas temps, de par le fait, que ce blog change de forme, de but, d'ambition ? Il tient depuis trois ans, à peu près ; pourtant je n'ai noté aucune révolution planétaire, aucun changement karmique, aucune radicale nouveauté à l'échelle de la Terre. Nicolas Sarkozy s'est toujours foulé le col du fémur en sauvant Johnny Hallyday du cancer de Michael Jackson.
Il est possible que la mission que je m'étais fixée n'ait pas été remplie.
5) Un forme de sondage
Sinon, vous, ça va ? Joyeux Noël et bonnes fêtes, hein...
20.12.09
795 - Avant les vacances
1) On n'arrête pas le progrès
Anton, ce matin, dessinait. Quoi ? Le plan d'attaque d'une centrale atomique.
Heureusement, les gentils avaient l'air de gagner.
2) Machin approche
Et là vous vous dites, et merde, je n'ai pas de cadeau. Pour untel ou untel ou pour moi.
Pas de problème, que des solutions : un album de bédé, ce sera parfait.
Et en particulier celui-ci, La saison des flèches, de Guillaume Trouillard et Samuel Stento. Ou comment un couple poitevin sans histoire adopte une famille d'indiens, et transforme son appartement en terrain de chasse.
J'aime Guillaume depuis Le cas Lilian Fenouilh et Colibri ; son dessin, qui fait exploser les cases et met une bonne charge de dynamite sous le rocher des conventions narratives, est de plus en plus puissant, expressionniste, précis et rêveur en même temps. Il parle à l'enfant que j'étais, qui regardait des westerns et lisait Mémoires d'un visage pâle (Little Big man au cinéma) ; il parle à l'adulte qui je suis, qui regarde passer les guerres perdues d'avance et ne cesse pourtant de rêver.
Allez, Père Machin, un petit effort.
3) Sans laisser de trace
Ainsi, c'est décidé : à partir de demain, vacances. Partir sans laisser de trace.
Cesser de sacrifier au besoin dévorant de consommer de produire, de faire. Ordis téléphones coupés, bilan carbone zéro, temps arrêté, toi, moi, nous.
De la chaleur, de l'eau, de la tendresse. De la sérénité. Et quelques apparitions, si Machin le veut.
Une question toutefois me trouble : pour ne laisser ni trace ni empreinte, ne faudrait-il pas tout simplement que nous soyons morts* ?
Ciel, mon amour. Il se pourrait que nous existions.
Nota : Rodolphe des CMR nous a aidés hier à calculer que cela ne suffirait pas - à cause de l'empreinte carbone de la décomposition de nos corps, même à l'abri d'un plastique ; que la seule façon de capturer du carbone était de se reproduire (j'ai trouvé cela spécieux, mais n'ai pas su relever la faille logique). Il a argumenté en même temps pour remplacer le quinquennat par un millionnat, afin que les résultats à long terme d'une politique puissent être pris en compte.
Oui, nous avons des voisins étranges.
4) Le véritable sens de la fête
Oui, mais voilà : ce cadeau-là ne coûterait pas assez cher. Celui-ci se ferait sans argent. Ce troisième pourrait lui plaire, mais si ce n'était pas le cas ?
Acheter pour plaire. Le témoignage sonnant et trébuchant de nos affections réciproques.
Fuck Christmas.
5) Liste quand même
- un masque anti-grippe (en guise de loup) ;
- un instant de sérénité (au milieu d'un carnage ?) ;
- la paix dans le monde (et plus précisément dans cet espace du monde entre ton oreille droite et ton oreille gauche, entre ton ventre et ta cheville, entre le haut et le moins haut) ;
- la fin du poids dans nos ventres sous notre coeur ;
- ne garder des liens que les beaux, qui relient sans entraver ;
- un rire incongru ;
- un rire du coeur ;
- l'horizon liquide de la douceur ;
- un fer à repasser.
- et pour mes fils ? Du je(u), de l'indépendance, de la confiance, du symbole, du souvenir ?
Nom d'un, la tache de Noyelme est immense.
Ou alors, c'est que j'aime bien me compliquer la vie.
19.12.09
794 - C'est quoi, tes vacances ?
1) Une idée
Disparaître tous deux sans laisser de trace - une semaine à bilan carbone neutre.
Oui, mais comment on fait pour respirer ?
2), L'emmerde Noël
Oh ça suffit. Acheter quelque chose pour te prouver que je pense à toi, que je t'aime ? Fabriquer une idée parce que la nuit qui vient est peut-être la plus courte de l'année ? Courir les magasins sous les aisselles de la foule à la recherche d'un objet qui dira "voilà qui tu es qui je suis qui nous sommes ce jour-là en cette année du milieu de nos vies" ?
Pas sûr que ça existe dans les boutiques. Je voudrais t'offrir une bouffée d'air pur, un sourire libre, un moment sans passé ni futur.
Je regarde sur Internet, à tout hasard...
3) Une idée quand même
Une clé de la maison pour Anton. À moins que j'attende l'anniversaire de ses 11 ans.
Mon fils sans refuge.
4) Une autre idée, tiens
Offrir aux enfants l'intégrale des Beatles. Chantée le soir avant qu'ils s'endorment. Surtout quand on ne connaît ni l'air ni les paroles.
Ils apprendraient la musique malgré nous.
5) Tes aigus
Sais-tu que tu es la seule personne au monde pour laquelle je veux bien courir le risque de me faire expulser pour tapage nocturne ?
Puissant, ce petit sax.
6) Révélation
Tu sais, cette cheville qui me fait souvent souffrir ? J'ai toujours cru que c'était parce que j'avais une jambe plus courte que l'autre.
Hier soir, je me suis rendu compte que je me trompais. En fait, c'est l'autre qui est plus longue.
Je me sens beaucoup mieux, à présent.
7) Sinon
Ca ne s'offre plus, les disques, si ? Sinon, Les Ninos chantent Ferrer et c'est très chouette.
18.12.09
793 - Bon, bin let it snow, alors
1) Rien à faire
Comment on fait avec le clavier pour taper les têtes de mort et les spirales qui remplissent les bulles des personnages de BD ?
J'en aurais bien besoin. Plus que quelques jours pour totalfinaliser la démo de LoFi, et j'ai l'impression de ne toujours pas arriver à un résultat satisfaisant.
Alors je râle.
C'est bien, râler. Ca évite d'attendre et/ou de réfléchir.
2) Une conception mystique en vaut une autre
Si je suis le chemin vers la lumière, comment puis-je m'en écarter ?
3) Tu devrais voir quelqu'un
A la place, il n'y a que la neige.
4) Angle mort
Leurs disputes tournaient si bien en rond qu'ils se les repassaient comme leur disque favori.
5) Trop dormir nuit
Une bonne sieste, et au lit.
6) La longue liste des cadeaux de Noël
Je voudrais une oreille et un sens aigu de ce qu'il faut faire. C'est possible ?
17.12.09
792 - Jeudi oui
1) Chaleur humaine
49 gonins et 1 gonette autour d'un repas, sous un auvent.
Et le chauffage en panne.
Le croiriez-vous ? Nous n'avons pas eu si froid que ça.
2) Bas instincts
Je fais augmenter en flèche mon bilan carbone en chauffant mon bureau à grand renforts de kérosène ; en échange, je promets de renoncer à ce voyage de fin d'année qui devait nous emmener de l'autre côté d'une mer ou d'un océan pour y cherche le soleil.
Séjour décroissant, donc : rester à la maison, passer de musée en pièces en concerts, nous occuper de nous. La plage attendra, et les cabrioles avec.
Encore que. Une cuisine naturiste, ça doit être bien.
Va falloir chauffer.
3) La liste interminable des cadeaux de Noël
Ca, ça te plairait sans doute, mais ce serait une terrible contrainte ; ça, ça me plairait, mais ça ne te plairait sans doute pas, sauf pour me faire plaisir. Il y a ça, évidemment - mais cela ressemblerait à du travail, et je veux t'offrir du temps libre. Alors ça ? Peut-être un peu trop facile.
Ca ? Si c'était possible...
Ca, je l'ai déjà fait, et ça tu en as plein. Ca, je n'oserai jamais, de peut que ça te déplaise.
Et ça, c'est tellement le bordel que je ne peux pas te faire la surprise.
Voilà pourtant quelques jours que je traverse les rues en coyote urbain, coeurs et yeux ouverts en attendant le cadeau qui me fera signe.
Le seul inconvénient, c'est qu'en ce moment il faut se munir d'un coupe-coupe pour pouvoir marcher en ville.
Piétons, attention, coyote en liberté.
4) Skin
Pour les amateurs de musique, une des versions alternatives de "Ta peau" est dispo sur le site de LoFi...
5) Arts & co
Toulousains, toulousaines (ou gens d'ailleurs qui rêvez de le devenir), en vrac avant Noël,
- l'expo "prix discount" des peintres/photographes Y. Zofer (notre Yrf) et V. Pourrinet (sa Véro), samedi 19 et dimanche 20, 23 rue du 10 avril, métro marengo
- juste à côté, des livres d'art, dont ceux de Mam'zelle Luna, à la galerie 7.05:655
- la pièce Le règne des rats, de et avec Benoît Bourbon et Marie-Cécile Fourès - en concurrence directe et néanmoins amicale avec Désolés pour le chien, comédie d'Emmanuelle Urien et.
Bref, de quoi s'offrir du beau pour Noël.
6) Une idée originale
S'offrir la nationalité belge.
7) Complétement raté ?
Si j'avais oublié de signaler ce billet répondant à un appel à texte de Magali Duru, c'est que j'avais raté sa sortie... oups.
Oh et puis aussi, tant qu'à lire : une petite histoire journalistique dans Midi-Pyrénées info, pour ceux qui ne le trouvent pas directement dans leur boîte à lettres.
8) Y'en a pas que pour les toulousains, merde !
Si vous passez par la rue de Clichy (et on ne dit pas "rue de Clichy à Paris", c'est une évidence), pourquoi ne pas aider ce libraire à écouler son stock monstrueux de l'album Enfin Seule ? Si jamais vous cherchiez des cadeaux de Noyell pour les enfants...
16.12.09
791 - Déjà mercredi
1) J'sais pas, j'fais pas psycho
Le fantasme est-il de l'angoisse ou l'angoisse du fantasme ?
2) Discussions entre filles
- C'est un peu comme si tu devais vivre et chasser. On te juge, on t'insulte."
- Par contre, à Bruxelles, c'est plus naturel."
- C'était pas là que t'avais volé les piles ?"
Je n'y comprends rien.
A la place, j'écris.
3) Fuck you all
Plutôt grossier, comme titre.
4) L'angoisse du cadeau de Noël
Chacune de ces idées pourrait manger un peu ta liberté. Ou te ravir.
Comment faire pour savoir ?
15.12.09
790 - MArdi, je te raconte
- Les racines ? Quelles racines ? bégaya Rhol.
- Les racines sacrées. Celles qui prédisent le futur de notre clan" répondit Iorg. "Elles m'ont parlé de toi, et de ton fabuleux destin. Et de la prophétie".
Rhol, incrédule, secoua la tête. Il n'avait pas, il en était certain, d'autre destin que celui de devenir un Zaëm comme les autres ; d'accomplir les gestes que son père avait accompli, comme son grand-père, et le père de celui-ci...
La voix d'Iorg se fit plus douce.
- Je sens que tu doutes, enfant. Et pourtant, les racines me l'ont dit, il y a longtemps. Voilà pourquoi je t'attendais. Toi seul peut accomplir la prophétie, toi seul peut sauver notre monde. Et pour cela, tu dois partir."
Le coeur de Rhol cognait entre ses côtes. De quoi parlait Iorg ?
- Les racines l'ont toujours dit, enfant. C'est une prophétie aussi ancienne que notre clan : un jour, un fils des Zaëms viendra rallumer le monde, quand Soleil blanc aura éteint Soleil rouge ; et cet enfant sera celui qui se souvient de demain".
Rhol ne comprenait pas.
- Tu n'as donc pas vu, enfant, que les jours racourcissent ? Que chaque jour, Soleil blanc se lève un peu plus tôt, et Soleil rouge plus tard ? Tu n'as donc pas senti que le vent des automnes devenait de plus en plus chaud, que les pluies de Naissant se faisaient de plus en plus rares ? Le monde, notre monde, "ajouta Iorg, "court à sa perte. Mais toi, fils d'Issag, tu peux le sauver. Si tu pars aujourd'hui, si tu te lances dans la quête, si tu parviens à te souvenir de demain, notre monde continuera."
Puis le Shorcier s'était tu ; il avait entrepris d'arranger le feu, dont les flammes s'étaient élevées, claires et franches, dans la cabane ; et il avait amassé, dans une bourse de cuir, des objets disparates qu'il tendit à Rhol.
- Prends ceci ; tu y trouveras presque tout ce dont tu auras besoin. Tu marcheras vers Ponant, jusqu'à ce que tu rencontres un signe qui te dira de t'arrêter".
Sans ajouter un mot, le shorcier avait poussé l'enfant à l'extérieur de la hutte, puis refermé la lourde porte.
Et la quête de Rhol avait commencé.
14.12.09
789 - Comme un lundi
1) Drame de la parentalité
Il aurait voulu être SuperPapa - il n'arrivait qu'à être lui-même. Et encore, pas toujours.
2) Divorce à l'amiable
- Je veux t'offrir ton indépendance.
- Je préfèrerais ton amour.
- Mais...
3) Un chien allemand
Traduction difficile, ce matin : "Warum wird der Hund in der Pfanne verrückt ?" - littéralement, "Pourquoi le chien devient-il fou dans la poêle ?".
Nous déployons des trésors de créativité pour qu'un enfant regarde une triste image en noir et blanc et y colorie un monde.
Comment dit-on "c'est la vie", en allemand ?
4) Jardin secret
Hier soir, je n'ai pas clamé haut et fort de qui venaient les sms.
Il se peut qu'elle doute. Elle ne demande pas. Je me retiens de le lui dire.
Nous nous entretenons.
5) Apocalypse sous un crâne
J'essaie désespérément de me surestimer à juste titre.
6) Projet de vacances
Une semaine sans - ni fil ni écran ni amis ni rien d'autre que nous-mêmes.
Y résisterions-nous ?
7) Crucial
Avec combien de personnes différentes peut-on former des couples ?
8) J'sais pas, j'fais pas philo
L'autre est-il un sujet ? Un objet ?
9) Cornélien
Comme je me sens d'humeur à concourir, je cherchais dans mes archives une nouvelle sur le thème de la folie.
Je me demande à présent si j'ai une nouvelle qui parle d'autre chose.
Il aurait voulu être SuperPapa - il n'arrivait qu'à être lui-même. Et encore, pas toujours.
2) Divorce à l'amiable
- Je veux t'offrir ton indépendance.
- Je préfèrerais ton amour.
- Mais...
3) Un chien allemand
Traduction difficile, ce matin : "Warum wird der Hund in der Pfanne verrückt ?" - littéralement, "Pourquoi le chien devient-il fou dans la poêle ?".
Nous déployons des trésors de créativité pour qu'un enfant regarde une triste image en noir et blanc et y colorie un monde.
Comment dit-on "c'est la vie", en allemand ?
4) Jardin secret
Hier soir, je n'ai pas clamé haut et fort de qui venaient les sms.
Il se peut qu'elle doute. Elle ne demande pas. Je me retiens de le lui dire.
Nous nous entretenons.
5) Apocalypse sous un crâne
J'essaie désespérément de me surestimer à juste titre.
6) Projet de vacances
Une semaine sans - ni fil ni écran ni amis ni rien d'autre que nous-mêmes.
Y résisterions-nous ?
7) Crucial
Avec combien de personnes différentes peut-on former des couples ?
8) J'sais pas, j'fais pas philo
L'autre est-il un sujet ? Un objet ?
9) Cornélien
Comme je me sens d'humeur à concourir, je cherchais dans mes archives une nouvelle sur le thème de la folie.
Je me demande à présent si j'ai une nouvelle qui parle d'autre chose.
10.12.09
788 - Perspectives
1) Come-back
A 72 ans, Dorothée remplit, paraît-il, l'Olympia.
A 72 ans, si tout va bien, nous remplirons nos pistolets.
2) Questions fondamentales
Peut-on doit-on sait-on faudrait-il qui saura
Vivre sans se sentir vivre ?
3) De noël
Que pourrais-je lui offrir de plus beau que le bonheur dans la solitude ?
Un amant, peut-être.
4) Aucun lien
Le premier chapitre de E(u)x, roman d'amour sans personnages, se lit aujourd'hui - avec les oreilles - sur l'Encrier.
5) Les nouvelles vont vite
C'est un statut de facebook qui m' appris la presque mort de Johnny.
Je me questionne sur ma connexion au monde et à son actualité.
6) Relativisons
Johnny est presque mort.
Je m'en fous, mes grands-parents vont bien.
A 72 ans, Dorothée remplit, paraît-il, l'Olympia.
A 72 ans, si tout va bien, nous remplirons nos pistolets.
2) Questions fondamentales
Peut-on doit-on sait-on faudrait-il qui saura
Vivre sans se sentir vivre ?
3) De noël
Que pourrais-je lui offrir de plus beau que le bonheur dans la solitude ?
Un amant, peut-être.
4) Aucun lien
Le premier chapitre de E(u)x, roman d'amour sans personnages, se lit aujourd'hui - avec les oreilles - sur l'Encrier.
5) Les nouvelles vont vite
C'est un statut de facebook qui m' appris la presque mort de Johnny.
Je me questionne sur ma connexion au monde et à son actualité.
6) Relativisons
Johnny est presque mort.
Je m'en fous, mes grands-parents vont bien.
787 - Vide, la tête
1) Atmosphère
Fin comme de l'air. De l'air de rien.
2) Porcine
M., grippée, ne sort plus de chez elle. Ordre du médecin.
D'un point de vue moral, pourtant, les virus ont le droit de vivre et de se développer, autant que notre belle humanité. Non ?
3) Porcine, bis
Néanmoins, le docteur semblait inquiet. Très inquiet même, puisqu'il lui interdit de sortir.
Je me demande si l'inquiétude d'un médecin suffit à déclencher une maladie.
4) Porcine, ter
- Leur faudrait bien une bonne peste", pensèrent ensemble les convives du Décaméron.
5) Le film d'hier
(Le village, Night. M. SHymalaylamaayan)
La peur, qui construit les murs de notre prison. Ou de notre sauvegarde ?
6) Aucun lien
Nouvelles photos et nouveau morceau sur le myspace de Grizzly Sisters Gestalt Machine ; pas grand-chose de neuf sur celui de LoFi, mais si vous ne savez pas quoi mettre entre vos oreilles...
9.12.09
786 - Je fais un post, j'arrive
1) Témoignage crucial de l'identification sexuelle masculine en tant que facteur d'autosatisfation
Si les pédés étaient des femmes, et les gouines des potes, on se ferait pas tant casser les couilles par des connasses."
Dont acte.
2) Témoignage intéressant de la condition paternelle
Fils, mon fils, si seulement je pouvais lâcher les rênes de mes rêves pour toi, serais-je digne de toi ?
3) Soirées entre potes
La fête tourne mal : ils en repartent tous heureux.
4) Des nouvelles d'Emmanuelle Urien
D'un poète anonyme, reçu ces quelques lignes :
"Quand elle se promène nue, l'ancienne souffrance digne
Autour de ses épaules,
Lui donne un autre nom".
Tout va bien, donc.
5) Une histoire de l'amitié
Jadis, j'avais des amis, des amours.
Ils m'ont fâché, ces idiots, à mourir ou à disparaître.
J'avais si peur qu'ils me détestent
Que je n'en ai pas repris.
Quelqu'un offre son coeur
8.12.09
785 - MArdi, je te raconte
- Rhol. Je t'attendais.
Rhol sursauta, voulut s'enfuir ; dans sa poitrine, son coeur s'était mis à battre comme celui d'un lapin pris au piège.
La voix du shorcier, pourtant, était calme, et ne portait aucune trace de colère ou de menace. Il énonçait simplement un fait.
Rhol s'obligea à rester immobile, à ne pas écouter son corps qui lui disait de s'arracher à l'étreinte d'Iorg et de s'enfuir à toutes jambes dans la nuit protectrice. Mais la main sur son épaule était lourde et sèche comme une branche de verne ; elle semblait contenir une chaleur, une énergie extraodinaire - surtout pour un vieillard comme le Shorcier.
Celui-ci fit pivoter le jeune garçon vers lui, l'entraîna vers le centre de la hutte, plus près de la lumière du feu de bois mourant. À la lueur des braises, le visage d'Iorg, avec ses yeux blanchis et sa bouche mince, était terrifiant.
- N'aie pas peur, enfant. Tu es le bienvenu. Les racines m'avaient annoncé ta visite.
7.12.09
784 - Nice job
Ce ouikend, c'était congrès ProZ, et atelier "Traduction et écriture créative".
Impressions.
1) SNCF
Aller. Voix, femme, 24-32 ans, accent du sud.
- Mais là, la voiture, avec la voiture, on a pris la voiture et là Fred il démarre, avec la voiture il recule, et dans la voiture, tu vois, il, on prendre la voiture, et..."
Retour. Voix, homme, 52-63 ans, accent de Lyon
- AAAAH CA FAIT DU BIEN... LA... BIEN ASSIS... MOI, JEUDI CA ALLAIT, JEUDI, MAIS VENDREDI, J'ETAIS FEBRILE, JEUDI CA ALLAIT MAIS VENDREDI, LÀ, VOILÀ...
Visiblement, la conversation de merde ne vaut que si elle partagée par tous.
2) Dans la ville de Jacques Médecin
Passer les contours de la gare, les hommes à l'air graisseux, les clochards, les pavés douloureux sous le poids du sac ; trouver une artère, presque trop grande, presque honnête ; la foule, et des magasins de chaussure par million ; hôtel, partir vers la Promenade des anglais. Même impression de trop propre, trop agité, trop vivant.
Puis la mer, les palmiers, les ruelles ; puis le port, les bateaux, palaces un peu ridicules ; je voudrais résister à l'impression de carte postale.
Mais la mer, mais les lignes, mais la couleur du ciel et le soleil comme une bourrade sur la corniche.
Putain, c'est une belle ville.
3) Reconversion professionnelle
Elles/ils écoutent, réagissent, regardent, s'expriment ; quand elles/ils écrivent, je perçois une main crispée, une épaule qui se détourne, des mots qui hésitent, un souffle qui apparaît ; partage des tâches, avec Emmanuelle, commentaires, échanges, discussions.
Notre premier atelier commun était un plaisir (partagé, je crois).
Je me demande si j'aurais pu être prof...
4) Video on demand
La planète détruite, quelques enfants sauvés ; la planète détruite en grande partie, mais sauvée au dernier instant ; la planète sauvée, par la perte de quelques millions d'être humains.
Trois blockbusters de SF qui parlent d'une purge nécessaire.
Soit l'Amérique nous prépare à des solutions radicales, soit elle a pris conscience de sa propre mortalité.
Soit encore, les scénaristes d'Hollywood se trouvent inconsciemment trop nombreux dans la partie.
4.12.09
783 - Neuropsy
Le cerveau humain, on le sait, a tendance à sur-représenter les liens de causalité. Entre deux événements sans rapport aucun, il crée un rapport logique, qu'il appelle, suivant les cas, signe, coïncidence, synchronicité.
Il n'y a donc aucun lien entre le fait que le jour où je quitte le métier d'enseignant, où je parle sérieusement mariage, un ami m'appelle. Qui ne me voyait plus depuis mon précédent mariage, au moment où je devenais prof.
Aucun lien.
Au fond, ça n'enlève que peu de choses à la beauté du monde.
3.12.09
782 - A vue de carnets (a walk in Toulouse)
0 - A force de vouloir être cohérent avec moi-même, mes pensées - et ce blog, donc - me semblent incohérentes. Faut mettre de l'ordre, bordel.
Et réciproquement.
So.
1) Psy
Trois fois je demande à mon Freud intérieur de me faire un papier certifiant que je ne suis pas totalement fou. D'abord elle esquive en souriant, puis lâche :
- Cela n'a rien à voir avec la folie. Votre environnement de travail n'est plus adapté."
Cette réponse rationnelle me déçoit tout de même un peu.
2) CDS (avec le lien, on sait jamais)
Bruit des copieurs, de la clim, de la radio en fond. Très beaux, ils s'agitent avec grâce.
Téléphone.
"Bruno, j'écoute... Papa ? Oui, pas de problèmes".
Puis un compliment à la dame pour sa carte de voeux, la commande du monsieur à l'air sérieux, les plaisanteries sur le champagne avec le client bien habillé, caisse enregistreuse, copieur, repas.
Il se souvient du titre des manuscrits que je lui ai demandé d'imprimer hier.
Il rit à nouveau.
Comme d'habitude, dans ce magasin de reprogaphie, je ressors avec l'impression d'être - comme les autres - un client en unique exemplaire.
3) Rubrique écologie
Les ariégeois veulent être les seuls ours dans leurs montagnes.
4) Santé publique
Mes fils ne PEUVENT PAS être allergiques aux acariens. Bon sang ne saurait mentir.
Ou alors, c'est de la faute de leur mère.
5) Graphologie
Dans le restau-salon de thé, il mange seul, comme moi. Il a envie de parler, il est de Lille.
- Vous écrivez tout le temps, comme ça ?
Sauf que je me demande ce que je vais bien pouvoir écrire.
6) Administration
Accueil du rectorat. Ils sont trois pour un téléphone. Je me présente ; j'essaie de ne pas noter que le grand jeune indique à la grosse dame sur quelle touche appuyer pour les communications internes.
Un peu plus tard, je ressors. Libre.
La grosse dame me sourit. On dirait qu'elle me félicite.
7) Transports en commun
Pluie dense. Le bus klaxonne le cycliste, le piéton gueule sur la voiture qui freine tard.
Feu rouge, feu vert.
Le soleil sur les briques derrière le rideau de pluie.
Je me marre doucement.
2.12.09
781 - All in 1
A 11h11, ce matin,
l'éducation nationale acceptait de me dire adieu,
des éditeurs me rappelaient,
des manuscrits s'imprimaient,
des histoires dansaient dans ma tête,
des ours gambadaient.
Ne sois pas trop heureux, ça pourrait rendre jaloux le bon dieu.
1.12.09
780 - MArdi, je te raconte
Malgré le rougeoiement des braises, il faisait sombre dans la hutte du Shorcier. Rhol resta immobile de longues secondes, le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité.
Aux murs pendaient des peaux de bêtes ; au centre de la hutte, le feu finissait de brûler. Empilées contre la paroi rocheuse qui constituait le fond de l'abri, des branches dessinaient une forme curieuse, étrangement géométrique, au milieu de laquelle se nichaient divers accessoires - pots, jarres de terre cuite, pierres taillées, ainsi que des sortes de boîtes recouvertes de cuir. Rhol n'en avait jamais vu de semblables. Dans la hutte de son père, les objets du quotidien - la marmite en terre, les écorces sur lesquelles on déposait la nourriture - étaient posés à même le sol, dans un coin ; dans le repaire du sorcier, en revanche, il semblait que l'étrange structure de branches serve à entreposer, à ranger, tous les artefacts.
Rhol se releva doucement ; il cherchait à distinguer le coin le plus éloigné de la hutte, là où devait se trouver le sorcier endormi.
C'est alors qu'une main se posa sur son épaule.
Ill : Quelqu'un se sent bien seul, ep
30.11.09
779 - Lundi
Monday, we sat
Steaming mugs in our hands
Among friends, watching,
Though the windows upon grey skies,
The passing of the years
Unaccounted for.
Et, pour les inconditionnels, un nouveau morceau de Grizzly Sisters
27.11.09
778 - Indirectement
Ce matin, c'est dans l'encrier que ça se passe.
Des souvenirs de soirées entre amis.
Tiens, amis est l'anagramme de mais.
26.11.09
777 - Jeudi peu, mais...
... Jeudi bien.
Non, inutile de retourner sur ce lien musical - à moins bien sûr qu'il n'y ait un nouveau morceau, de nouvelles couleurs chatoyantes (enfin, une) et quelques photos...
Inutile de rêvasser à un autre morceau, à un scénario réutilisant les bases de ce roman bilingue refusé à l'époque, Secret Village...
Inutile d'attendre la confirmation de la répétition de cet après-midi avec Sister Grizzly...
Du travail. Du vrai. De la traduction pure et dure. Ah mais hein. Faudrait pas que.
Ill : Quelqu'un téléphone, ep
25.11.09
776 - Mercredi, tu n'oses (je ne déprime pas, je relie)
Petits nous disions (enfin, les autres disaient) mercredi au lieu de merde. C'était mignon.
Mercredi à celui qui lit ?
Ce matin tu n'oses
parler de cette visite à un cher sherpa
qui accepterait, primesautier, de t'aider à visiter ton côté sombre
(une balade dont tu te demandes si tu ressortiras vivant, ou, pire, intéressant pour toi-même)
Tu n'oses guère plus évoquer cette émission de radio live
Qui t'as forcé à te rendre compte que tu ne connaissais rien à la situation du Honduras
Et que tu n'y pouvais pas grand-chose
- ton sens de la révolte peut-être mort, idiotement
Tout au plus traînes-tu sur la page des statistiques
Espérant que ton ventre ou ton orgueil gonflent comme
Le nombre d'écoutes de compliments de remarques
Petit à petit tu apprends à tenir en laisse
Les doutes l'oeil qui voit l'avenir noir
Comme si tu te préparais à regarder le monstre
Que tu sais dans le miroir.
Ill : Quelqu'un offre son coeur, ep
24.11.09
775 - MArdi, je te raconte
C'était une hutte de rondins empilés, surmontée d'un toit de branchages, blottie dans une anfractuosité de la paroi rocheuse qui constituait, à l'est, un rempart naturel pour le village. Ornés de plumes, de serres d'oiseau, d'ossements de petits mammifères et d'autres objets étranges et magiques, une dizaine de mats de bois blanc marquaient l'entrée du territoire d'Iorg.
Rhol se glissa entre eux précautionneusement, prenant garde à ne pas les toucher ; leur bruit aurait sans nul doute donné l'alerte au Shorcier.
L'entrée de la hutte était masquée par une large peau de yevher sauvage ; du trou pratiqué au centre du toit, un mince filet de fumée s'élevait.
Rhol se força à rester immobile, attendant que les battements de son coeur se calment dans sa poitrine et que son souffle redevienne régulier. Il songea un instant à s'emparer d'un des crânes qui pendaient aux mâts ; devant les autres enfants, cela aurait pu constituer une preuve. Mais Rhol résista à cette tentation. Il avait promis de voler quelque chose dans la hutte d'Iorg, pas à l'extérieur.
Il s'accroupit, se fit le plus petit possible ; il souleva le coin de la peau de bête et passa la tête dans l'entrebaillement.
Ill : Quelqu'un surmonte, ep
23.11.09
774 - Dans le salon de nos cousins parisiens
Bon, nous autres, les Belges, Toulousains, Bourguignons, Bretons, Angevins, on parle normalement. C'est à peine si de temps à autre un accent sur nos langues rappelle nos origines (nous ne nous lasserons jamais, je pense, du stand des éditions Quadrature, bien plus beau que les nôtres).
Et puis parfois, nous nous retrouvons chez nos cousins parisiens. Eux parlent différemment. Pas vraiment normal. Un peu pointu, un peu métallique. Comme s'ils mâchaient en permanence un bout de tour Eiffel.
Alors, nous les écoutons.
C'est qu'ils parlent, vous savez.
Nous nous faisons petits. C'est qu'ils sont connus, eux - cela fait une différence. Je ne sais pas s'ils se connaissent, mais ils se reconnaissent.
Du coup, nous leur en sommes reconnaissants.
J'avais mes plus beaux sabots, ce samedi, au salon d'Ozoir-la-Ferrière. C'était peu pratique, à voir comment les organisateurs (en particulier Luc-Michel Fouassier et sa douce épouse) couraient en tous sens.
Pour ne pas les gêner, nous sommes restés assis, attendant que le peuple d'Ozoir-la-Ferrière vienne nous découvrir.
Ce qui se fit. Lentement, sans doute, au rythme des mini-mouvements de foule (nos cousins parisiens, quand ils sont nombreux, savent très bien faire une foule ; il faudra qu'on apprenne, un de ces jours) et au travers des écueils des nombreuses personnalités qui, malgré une épidémie de grippe fort mal venue, ponctuaient le salon ; mais nous avons eu quelques discussions avec des autochtones qui, mis à part cette histoire d'accent pas normal, étaient charmants.
- Ah vous êtes aveyronnais/bourguignon/corse/papou/belge ? Tiens, moi aussi, mon grand-père l'était. Et vous écrivez des livres ? Quelle idée étrange...
Quelle étrange idée, en effet. Des livres, il y en avait beaucoup (plus de 50 auteurs, précisait la sono qui agitait mes pavillons acoustiques) - même si du côté des miens, il n'y avait que Visitez le purgatoire, une proposition pas toujours agréable à entendre.
L'immense Georges Flipo (un cousin parisien) avait remporté le prix Ozoir'elles, et trustait, en toute logique, les files de visiteurs ; il faisait même un peu d'ombre à Yves Simon ou Véronique Genest, parrains de l'événement, qui, grands princes, l'ont félicité.
Le soir, nous avons traversé Ozoir en tout sens pour nous retrouver chez le cousin Luc-Michel, entre nouvellistes ; et là (était-ce la délicieuse cuisine de Valérie, la fin de la journée ou le cognac ?), nous nous sommes tous mis à parler normalement.
En repartant, dimanche matin, j'avais un petit goût métallique dans la bouche. La Tour Eiffel ?
PS : Du coup, j'ai envie de parler un peu de moi (aha ahahah), et de ces six titres intitulés Just for des mots, que vous pouvez entendre, voire écouter, ici...
Ill : Quelqu'un apparaît, ep
20.11.09
773 - Juste en passant
La maquette "Just for des mots" est terminée -sauf qu'on ne peut pas encore l'entendre sur le blog de LoFi, dont la plateforme a déclaré forfait. Mais bon, si vous y tenez, je vous l'envoie, pour goûter.
Madame l'Educ Nat semble prête à me libérer bientôt - et sous caution, en plus. Au boulot, donc !
Demain, je serai au salon d'Ozoir-la-ferrière, avec plein de gens connus et tout. Si vous êtes dans le coin, passez donc me claquer la bise...
Ill : Quelqu'un baigne, ep
19.11.09
772 - Le mot baiser, dis-tu
Le mot baiser, dis-tu, je me souviens
D'oreillers étouffants de douceur
De ricanements
Ils baisent, baiser la gueule,
je me souviens des mots de celle
At least you can fuck
Des olympiades de la sexualité,
du petit haussement d'épaule ;
Je me souviens de tes sourcils
Froncés au mot barbare
De ta colère quand,
De nos expériences
De ton sourire, demain,
Du mot qui renferme
Ou exprime, suivant les jours,
Quelque chose comme
L'intriqué de nos corps dans la lumière.
Ill : Quelqu'un cherche, ep
17.11.09
771 - Gérons nos angoisses par l'écriture
Inspir, expir.
Inspir, expir.
Zen.
Le coeur bat comme un gosse.
C'est allé vite. Beaucoup plus vite que je ne le pensais.
Ils m'ont appelé ce matin - la principale m'a lue la lettre des parents d'élèves.
Démagogie. Déconstruction. Anarchie.
Pas de programme. Improvisation.
Voix métallique dans le téléphone. Inquiétude. Gentillesse, tout de même.
Hier, les élèves ont testé leurs capacités à se situer dans l'espace, dans le temps, dans un cours. Il a été question de niveau sonore, de prise de parole, de liberté, de démocratie.
J'ai essayé de les amener doucement à des idées littéraires, à des projets qu'ils formuleraient eux-mêmes.
Ca a très bien marché : ce matin, le rectorat veut examiner d'urgence ma demande de démission.
Jusqu'où va la liberté d'un prof ? Suis-je réellement en train de me moquer d'eux, ou est-ce que pour la première fois de ma carrière d'enseignant, je tente une expérimentation pédagogique pour que les élèves construisent eux-mêmes leur savoir ?
Je me heurte aux "il faut" ; je me laisse flatter par cette phrase entendue hier, en partant du collège, "Lui, c'est le meilleur prof du monde".
Elle appelle aussi la phrase "C'est le pire enseignant que l'on connaisse".
Je ne pense pas au Cercle des poètes disparus.
L'inquiétude du futur trace son sillon dans mon ventre - pour une moisson à venir ?
Je ne dois pas détester déranger autant que je le crois.
Un jour, je raconterai comment, il y a quelques mois, je suis allé au rectorat, confier mes inquiétudes, mes questions sur le rôle de prof, les possibilités qui s'ouvraient à moi - et comment l'entrevue, dans un bureau sous les toits, n'a rien donné. Ah bin non on ne sait pas. C'est à vous de voir.
Je suis venu. J'ai vu.
Je ne suis pas encore certain qu'il y ait de vaincu, ni de victoire.
De quel combat parlions-nous ?
Je peux enseigner à écouter, à regarder, à lire. Je peux enseigner à écrire, à poser les bases d'une pensée. À distinguer des saillies dans la masse d'informations et de stimuli que les adolescents reçoivent chaque jour (infiniment plus nombreux que ceux que j'ai pu recevoir à leur âge). Je peux enseigner l'amour des livres et des mots.
Et pourtant mes jambes tremblent un peu, dans ma posture.
Inspir. Expir.
Apprécier l'instant.
Maman, j'ai peur d'aller à l'école. Mon cartable est trop lourd, les autres sont méchants, je m'accroche à mon enfance en la bourrant de coups de poing.
Je me sens parfois capable d'enseigner le doute à une montagne.
Est-ce que je faillis à ma mission, ou est-ce que je tente de la porter au plus loin ?
Inspir. Expir.
Une belle journée commence.
Illus : Quelqu'un écrit, ep
770 - MArdi, je te raconte
Grande Nuit était noire quand Rhol quitta le village. Sur le chemin qui menait à la cabane du Shorcier, son oeil exercé détectait le relief des pierres, les racines dissimulées dans la terre et les fourrés. Il entendait, tout près de lui, les mouvements précipités des créatures nocturnes qu'il dérangeait. Une fois ou deux, il lui sembla sentir une présence sournoise et menaçante, qui rôdait dans la forêt.
Il se forca à avancer plus vite ; la peur, c'était seulement la peur qui lui faisait entendre de drôles de choses. Et la peur était l'ennemie ultime : elle vous faisait tout voir, tout croire, tout craindre. Elle s'emparait de votre esprit comme une brume maléfique, et vous poussait à commettre des erreurs.
Plus d'une fois, Rhol faillit rebrousser chemin, et retourner dans la hutte de ses parents pour s'y rendormir en tremblant ; mais le souvenir du défi, du rire stupide de Ioris, l'aiguillonait et le poussait à continuer. Il ne voulait pas qu'au matin, les autres enfants se moquent de lui.
Au bout d'un temps qu'il ne comptait plus, il se trouva devant la cabane d'Iorg le Shorcier.
Ill : Quelqu'un adore, ep
16.11.09
769 - Il faut que je fais
Il faut que je fais une préface pour la réédition du premier recueil de nouvelles d'Emmanuelle Urien, Court noir sans sucre, à paraître chez les belgiens de Quadrature en février (je crois).
Pas facile. D'autant plus que les élèves ne me laissent pas beaucoup de temps. Depuis ce matin, ils me parlent de tout - de leur vie, de la violence, du travail, des notes, de la sexualité, des pétards, de musique, de projets... C'est peut-être depuis que je leur ai annoncé, ce matin, que je comptais partir prochainement, malgré l'envie pressante de m'sieur le recteur de me voir continuer les cours au moins jusqu'à septembre.
Enrichissant, comme expérience.
Mais revenons-en à Emmanuelle Urien et à sa préface.
Je connais bien Emmanuelle Urien.
Elle est noire, parfois. Tragique, même.
Sa respiration...
Non, ça ne marche pas.
Je connais un peu ses nouvelles. Elles me font pleurer.
Je pleure pour Mélanie Bix, et pour cette infirmière qui l'accompagne et attire nos coeurs vers elle ; je pleurerais, aussi, ne serait-ce la colère, pour cette autre infirmière qui tient entre ses mains le pouvoir de justice, le droit - ou le devoir ? - de remettre de l'ordre, du sens dans un monde dévoré par la guerre et les mouches.
J'ai pleuré pour cet homme qui ne rentrera jamais de guerre.
J'ai souri des larmes tristes pour ce chauffeur de taxi magnifique, qui offre son coeur à tous ses passagers, j'ai...
Non, ça ne marche pas.
Personne ne peut lire Emmanuelle Urien sans mourir - au moins une petite fois.
Mourir avec Mélanie Bix, avec son infirmière ; avec cette autre infirmière, perdue dans les guerres Rwandaises ; avec Tonio, ce chauffeur de taxi qui fait admirer le monde.
Mourir, encore, à regarder une boîte qui contient la promesse inutile d'un monde.
Personne ne peut lire Court, noir, sans sucre, sans aimer - au moins une grande fois.
Aimer la douce humanité, la cruauté tendre qui s'évapore de chaque nouvelle. Aimer croire, vouloir encore même quand la fin a sonné - nous a sonnés.
Chaque histoire de ce recueil est un combat - un combat contre une conteuse redoutable, dangereuse par sa douceur même, sa douceur aigüe et amère ; un combat contre une narration qui vous tient à distance, danse devant vos yeux, avant de vous asséner le coup de grâce.
Si les gens de Quadratures rééditent ce livre, ce n'est pas seulement qu'une solide histoire d'amitié les lient depuis le deuxième recueil d'Emmanuelle, Toute humanité mise à part ; c'est aussi pour poursuivre le travail que, depuis X ans, ils accomplissent sur la nouvelle, ce genre si particulier, entre poésie, court métrage, théâtre et roman - ce genre qui, selon H. Kirnell, "mieux que tout autre restitue les bribes de nos âme et l'étrangeté de nos vies".
Depuis ce recueil, écrit entre 2003 et 2006, Emmanuelle Urien a écrit d'autres nouvelles ainsi que des romans, chansons et pièces de théâtre ; elle chante, danse et peint, en artiste marathonienne qui ne s'est donné qu'un objectif : écrire pour nous dire.
Ca pourrait faire, je crois.
Pas facile. D'autant plus que les élèves ne me laissent pas beaucoup de temps. Depuis ce matin, ils me parlent de tout - de leur vie, de la violence, du travail, des notes, de la sexualité, des pétards, de musique, de projets... C'est peut-être depuis que je leur ai annoncé, ce matin, que je comptais partir prochainement, malgré l'envie pressante de m'sieur le recteur de me voir continuer les cours au moins jusqu'à septembre.
Enrichissant, comme expérience.
Mais revenons-en à Emmanuelle Urien et à sa préface.
Je connais bien Emmanuelle Urien.
Elle est noire, parfois. Tragique, même.
Sa respiration...
Non, ça ne marche pas.
Je connais un peu ses nouvelles. Elles me font pleurer.
Je pleure pour Mélanie Bix, et pour cette infirmière qui l'accompagne et attire nos coeurs vers elle ; je pleurerais, aussi, ne serait-ce la colère, pour cette autre infirmière qui tient entre ses mains le pouvoir de justice, le droit - ou le devoir ? - de remettre de l'ordre, du sens dans un monde dévoré par la guerre et les mouches.
J'ai pleuré pour cet homme qui ne rentrera jamais de guerre.
J'ai souri des larmes tristes pour ce chauffeur de taxi magnifique, qui offre son coeur à tous ses passagers, j'ai...
Non, ça ne marche pas.
Personne ne peut lire Emmanuelle Urien sans mourir - au moins une petite fois.
Mourir avec Mélanie Bix, avec son infirmière ; avec cette autre infirmière, perdue dans les guerres Rwandaises ; avec Tonio, ce chauffeur de taxi qui fait admirer le monde.
Mourir, encore, à regarder une boîte qui contient la promesse inutile d'un monde.
Personne ne peut lire Court, noir, sans sucre, sans aimer - au moins une grande fois.
Aimer la douce humanité, la cruauté tendre qui s'évapore de chaque nouvelle. Aimer croire, vouloir encore même quand la fin a sonné - nous a sonnés.
Chaque histoire de ce recueil est un combat - un combat contre une conteuse redoutable, dangereuse par sa douceur même, sa douceur aigüe et amère ; un combat contre une narration qui vous tient à distance, danse devant vos yeux, avant de vous asséner le coup de grâce.
Si les gens de Quadratures rééditent ce livre, ce n'est pas seulement qu'une solide histoire d'amitié les lient depuis le deuxième recueil d'Emmanuelle, Toute humanité mise à part ; c'est aussi pour poursuivre le travail que, depuis X ans, ils accomplissent sur la nouvelle, ce genre si particulier, entre poésie, court métrage, théâtre et roman - ce genre qui, selon H. Kirnell, "mieux que tout autre restitue les bribes de nos âme et l'étrangeté de nos vies".
Depuis ce recueil, écrit entre 2003 et 2006, Emmanuelle Urien a écrit d'autres nouvelles ainsi que des romans, chansons et pièces de théâtre ; elle chante, danse et peint, en artiste marathonienne qui ne s'est donné qu'un objectif : écrire pour nous dire.
Ca pourrait faire, je crois.
14.11.09
768 - La Teigne
Voilà longtemps que j'ai parlé dans ces colonnes du fabuleux groupe de La Teigne, cet octuor/neufuor de blues/rock/ragga/tango dont auquel je tiens la basse dedans (même que parfois ils me laissent toucher les cordes) depuis quelques années.
C'est d'autant plus regrettable que, d'une part, on continue à prendre du bon temps, avec les fameures répètes/gueuleton du lundi, quelques concerts plus ou moins improvisés aux résultats toujours surprenants, et, toujours, des discussions philosophico-syndicalos-libertaires de haut vol ; et d'autant plus regrettable, d'autre part, parce qu'en tant que président du bordel (car La Teigne, par choix assumé, est un groupe associatif), je me dois pour le grand raoût annuel de ce soir de pondre un bilan d'activité annuelle.
Alors bin.
Parlons musique, d'abord. Chassée d'un lieu de répète à l'autre, La Teigne connaît quelques problèmes de matériel et d'installation : que celui qui n'a jamais fini une répète avec les oreilles en sang me jette la première pierre. Il y a eu de nombreux soirs où les post-discussions ressemblaient à ça :
- QU'EST-CE QUE TU DIS ?
- JE DIS : PAS MAL, CE NOUVEAU MORCEAU EN FA, FA, SOL, RE !
- FA FA SOL RE ? MERDE, MOI JE JOUAIS SI DIESE LA BEMOL DOUBLE CROCHE !
- JE T'AI PAS ENTENDU !
- MOI NON PLUS.
C'est, disons-le, un problème. Ou plutôt : un bon nombre de solutions à découvrir.
Côté chansons, si nous avons une quinzaine de titres à notre actif, on ne peut pas dire que l'année ait été marquée par des compositions majeures ; et comme nous avions un peu la flemme de rebosser tout notre répertoire en passant trois heures sur deux mesures, nous avons fait... du boeuf. Du bon, du gras, du saignant. Quelques enregistrements en témoignent - nous avons poussé l'art du son "garage" dans ses retranchements ultimes.
Il y eut cette année quelques concerts, où nous avons, en vrac :
- fait danser des punks à chiens sur du Michel Sardou (avec un saxophoniste) ;
- participé à un group contest (avec Maka) dans un préfabriqué autour du vin blanc d'un départ en retraite ;
- joué sous un chapiteau, un premier mai pluvieux, en défiant les lois de l'électricité et de la sonorisation.
Ce qui fait globalement peu, me direz-vous, surtout quand l'objectif affiché était de conquérir le monde avec notre album précédent, "Toutes griffes dehors".
Ceci dit, question conquestation de la planète, les membres du groupe ont bel et bien fait des pas de géants.
C'est ainsi que Cap'tain Bob, dit Brock (ou Schnok ?) guitariste émérite au sourire éternel, a pris la mer (on espère qu'il la rendra dans l'état où il aurait aimé la trouver en arrivant) depuis un port qu'on associe traditionnellement à Brassens ; il est en train de devenir capitaine d'industrie, et pense créer une plateforme culturelle libertaire offshore dans les prochains mois.
Caillou, dit Schnok (ou Brock), a lui aussi conquéri le monde - le Nouveau monde, en s'envolant directement pour New-York - où, entre autres choses, il a parlé espagnol et réalisé des photos battantes (oui, battantes, je sais ça ne veut rien dire, mais "palpitantes" c'est éculé, et puis il faut voir/entendre le montage qu'il a réalisé avec Giles-le-batteur - bientôt sur le Net ?).
Giles. Difficile de parler de Giles, notre batteur taiseux. Lui aussi, je crois a conquis le monde. Ou plutôt, a dû s'ouvrir un nouvel espace - à cause que la vie, des fois, elle est comme ça. Je n'en dirai pas plus, pour respecter sa taisitude. En tout cas, il reste le roi du flan breton et de la double croche envolée.
Une qui a conquis le monde, aussi, c'est la Zelila. Elle a choisi pour cela la voie de la peluche : devenue industrielle, elle inonde les marchés de ses jouets/créations. C'est un succès - au point qu'elle n'a plus le temps de venir chorister avec nous. On garde sa place au chaud, pour les jours où.
Ensuite, il faudrait que je parle de Michel et de Virginie. Deux paragraphes, évidemment. Sauf que.
Sauf que Virginie et Michel, en plus de leurs spectacles, sont partis à la conquête de l'univers en se basant sur la fameuse formule mathématique 1+1=1. Une petite artiste est donc attendue dans les prochaines semaines ; en tant que président, je propose de la faire membre d'honneur et à vie de la Teigne.
Reste Emmanuelle, choriste, partie à la conquête de sa propre voix - dont je ne dis pas plus pour ne pas qu'on m'accuse de partialité. Et moi, qui avec ces mots met un terme à son année de présidence (parce que bon, un président sur talonnettes marié à une beauté pleine de talent, à mon avis faut que ça ne fasse pas plus d'un an de quinquennat).
Voilà. La Teigne, ce sont des gens, des rêves, des projets, et quelques chansons ; la Teigne, c'est un an de plus, et un nouvel an qui démarre.
Et la Teigne ne serait pas tout à fait complète sans ceux qui nous accueillent ce soir : Véro (qui a récupéré sa main droite agressée par une visseuse) et Teuf (qui en ce moment construit moins de maisons et davantage de poèmes) - et que l'on remercie pour être là.
Fin du bilan présidentiel ; 'a boire un coup ?
13.11.09
767 - Vendredi, c'est musique
(Comment ça il manque un mot dans le post de MArdi ? Ah zut...)
Suite des aventures d'un couple mal parti,
E(u)x sur "Tempête dans un encrier",
Mais aussi de la musique et de la gaieté,
Grizzly Sisters : Grizzlies do it hairy
...
Ill : Quelqu'un émerge, ep
12.11.09
10.11.09
765. MArdi, je te raconte
Non. Pas ça.
Peut-être qu'Esag savait, ou qu'il aurait su, raconter les histoires ; mais ce n'était pas la question - ce n'était pas ça qui lui ramènerait, ou lui ferait retrouver, son fils.
Sous son crâne épais de Zom, Esag se mit à penser. Il n'avait pas l'habitude.
Ca faisait un léger bruit, comme du vent dans des feuilles.
Voyons. Tout avait commencé...
Tout avait commencé quand Rahoul avait joué avec la pléïstéchione.
Et dans le cerveau primitif d'Esag, la petite voix de Rahoul résonnait en écho
Tu ne joues jamais avec moi... tu veux jouer aux Laid Go avec moi ? Dis, papa, si on jouait au Laid Go ?
Le laid go. C'était une activité étrange - il s'agissait d'empiler des trucs, comme ça, en faisant un machin, là, par-dessus, pour construire, à la fin, un... Des années auparavant, bien avant Rahoul, Esag avait su y jouer. Mais un jour, un Zomprêtre lui avait dit qu'il fallait se débarrasser de laid go. Que c'était une source d'illusion, un truc dangereux, etc. Que le JEu en lui-même était à proscrire, qu'il ne valait pas l'achandelle*.
Et peu à peu Esag avait perdu le goût du JEu.
Une secousse parcourut son visage crispé. Esag sourit presque.
Et si c'était ça, le commencement ?
Il se leva et saisit dans ses mains la pléïstéchione tremblante. Ecailles rouges, écailles vertes, mais comment ça marchait, ce truc ?
Il appuya au hasard sur une écaille.
Et.
Rhol Issagfil se tenait debout dans la lumière du matin. À ses pieds s'étendait une longue étendue de terre ocre, pareille à du sable, battue par les vents d'outreroît. Soleil rouge était déjà levé ; Soleil blanc le rejoindrait bientôt, et les deux astres recommenceraient leur course éternelle dans le ciel d'Uberwörld.
À cette pensée, Rhol sentit son coeur se serrer. La voix d'Iorg, le vieil aveugle du village, résonnait encore dans sa tête.
- Tu dois partir, mon garçon. Tu dois partir dès ce soir ; demain, il sera trop tard. Les temps sont venus. La prophétie va se réaliser.
La prophétie. Au fond, il pouvait s'agir d'une simple légende. Dans le village, d'ailleurs, nombreux étaient ceux qui prenaient Iorg pour un vieux fou. Ils se gardaient pourtant de formuler ces pensées à voix haute ; car l'aveugle était aussi le Shorcier du clan, et beaucoup le craignaient.
Rhol, lui, n'en avait jamais eu peur. Il devait avoir quatre ou cinq ans à peine quand, à la suite d'un pari, il s'était approché pour la première fois de la cabane de l'ermite, à l'écart du village. Le groupe d'enfants avec lequel il jouait aimait à se lancer des défis.
- Urghu n'est pas capable jusqu'en haut du vieil arbre !
- Colinsor a peur d'aller voler un pain dans la hutte du chef !
Le clan des Zaëms tolérait, voire encourageait, ces jeux ; pour ce peuple de la forêt, l'adresse, la ruse et le courage représentaient des valeurs de premier plan. Les cérémonies d'initiation des adolescents comportaient presque toujours des épreuves de vol, d'espionnage ou de mensonge. Les autres peuples considéraient souvent les Zaëms avec méfiance, les traitaient d'escros et de fourbes ; on les surnommait parfois "le peuple des Endormeurs". discrétion en faisaient des alliés recherchés. Néanmoins, leurs talents de stratèges, leur habileté à traiter les situations les plus complexes et leur dans toutes les situations périlleuses, comme lorsque des guerres de clans menaçaient.
À quatre ans, Rhol Issagsfil témoignait déjà, à un dégré remarquable, des qualités tant prisées de son clan. Aussi ses camarades s'ingéniaient-ils à lui lancer les défis les plus dangereux, les plus spectaculaires. Et Rhol les relevait sans peur apparente. Il n'aurait jamais avoué qu'au contraire, la peur ne quittait guère son ventre quand il accomplissait les missions dont ses amis le chargeaient.
Ceux-ci, ce jour-là, s'étaient ingéniés à trouver un défi irréalisable pour Rhol. Ils avaient longuement exploré les bois et les falaises autour du campement, rôdé autour des huttes et des prés cultivés, à la recherche d'une tâche qui aurait mis à mal les capacités de leur camarade. Il leur avait fallu attendre le coucher de Soleil Blanc pour que l'un d'eux, le grand Ioris, ait enfin une idée.
- Rhol n'oserait pas entrer dans la hutte d'Iorg l'aveugle ! Rhol est un lâche !
Ioris avait ri, d'un rire méchant qui découvrait ses vilaines dents jaunes ; les autres avaient ri avec lui - il valait toujours mieux rire avec Ioris, même si ses plaisanteries étaient souvent mauvaises et mal racontées, car il lui arrivait de se montrer violent avec ses camarades, tous plus petits et moins forts que lui.
Rhol avait cligné des yeux. Bien sûr que la hutte d'Iorg l'effrayait ; et bien sûr que tout le village la considérait comme un sanctuaire. Mais le défi était lancé, et tout son être se révoltait à l'idée d'avouer sa peur. Alors, d'une voix claire, il avait lancé :
- Rhol osera entrer dans la hutte d'Iorg le Shorcier ; et cela, après le coucher de Soleil rouge. Rhol volera même quelque chose pour prouver qu'il est courageux comme le cerf et rusé comme le loir."
Et la troupe des enfants avait attendu le coucher de Soleil rouge.
(*Note : achandelle : petite construction en bois dans laquelle les Zoms aimaient parfois à s'isoler)
Illus : Quelqu'un découvre, ep
9.11.09
764 - Lundi, fourmis
Fourmis dans ma tête.
Petite choses qui passent, industrieuses, sans s'arrêter.
Il semblerait que se profilent un roman une pièce. Remettre à plus tard, pour achever enfin cette démo musicale - mon oreille devenue un centre de tri postal (même pas en grève). Un.
C'est quoi cette histoire de couple d'amour de liberté ? Peut-on aimer de trop, trop mal, mal aimer ? Où commencent les sentiments où s'arrêtent les projections ? Je me fais des films, sans doute. Deux.
Il se pourrait que je reprenne l'occupation d'enseigner, un ukulélé à la main, une chanson à la bouche ; les élèves s'évalueraient eux-mêmes, je ne leur parlerais que de moi - par exemple de ce roman de Mishima acheté hier, et dont les phrases m'enchantent ; de cet ébauche de roman que mes éditrices de Talents Hauts avaient trouvé trop complexe - les élèves pourraient m'aider à le reconstruire, à le simplifier ? Dans quelle mesure serait-ce honnête, et non une posture, comme quelqu'un disait ? Trois.
Et la chose dedans qui crépite palpite, le repos introuvable, le calme rêvé : est-ce que j'avance vers lui, ou chacun de mes pas m'en éloigne-t-il ? Quatre.
Fourmis, fourmis rouges.
Quand j'étais petit, on les disait méchantes, contrairement aux noires - qui nous intéressaient moins.
Ill : Quelqu'un adore, ep
6.11.09
763 - La honte aussi
Ton corps y a mis bon ordre, s'inventant la grippe là où ta tête n'avait que le vide.
Tu devrais être au travail ; tu n'as pas pu.
Tu ne te sens pas dépressif, non, juste incapable de retourner, de rementir, de figer ta posture.
Tu penses à un texte sombre, où tu dirais qui tu peux être, tes colères tes angoisses tes mauvaises manies - effayantes à juste titre pour ceux qui demandent, encore et malgré, ton retour vers les hommes (et cette frange particulière d'adolescents contre l'insouciance desquels ta voix ton ardeur s'usent) ; tu penses à tes manies - somme toute inoffensives, sinon pour toi, tant que tu restes dans ta chambre.
Tu te dis que tu finiras peut-être vraiment écrivain misanthrope aux coudes rapiécés de cuir (note pour plus tard : acheter des chats qui puent la pisse).
Bref, tu congémaladises, le ventre brûlant qu'on te refuse la liberté qu'on te faisait miroiter.
Tu t'en veux un peu d'y avoir cru, et de continuer à y croire ; tu t'en veux d'abandonner un instant ceux qui se nomment tes élèves - mais il n'est aucun espace dans ta tête où tu puisses te voir avec eux.
Sinon, cette semaine, j'ai souri pleuré admiré à des spectacles de cirque, enregistré, peu écrit ; rencontré des yeux et des histoires qui touchent, soutenu, regressé.
Progressé, peut-être, un tantinet
Illus : Quelqu'un découvre, ep
3.11.09
761 - MArdi, je te raconte
- Au commencement était le vert ? marmonna Esag comme pour lui-même.
Les écailles de la pléïstéchione prirent une teinte grisâtre ; le sequse demeura immobile.
Non, ce n'était pas ça. Ca y ressemblait, pourtant - et puis c'était vrai, au fond, au commencement, il y avait l'herbe, les arbres, toute cette végétation épaisse qui accueillait les Zoms. Mais bon, ça ne servait pas à grand-chose de le savoir, sauf évidemment si l'on voulait faire valoir ses droits d'héritage sur une salade.
Le sequse bougea un tout petit peu.
- Salade ? hasarda Esag.
Il lui semblait comprendre que le sequse, comme la pléïstéchione, répondait en quelque sorte à ses pensées, sans qu'il ait besoin de les formuler. Du coup, il les formulait quand même ; cela faisait toujours un peu de bruit, au fond de cet Arbre où il se sentait étrangement seul.
Le sequse ne bougeait plus. Esag tenta de retrouver ce qui, dans la phrase qui venait de lui traverser l'esprit, avait pu le mettre en mouvement.
- Malade ?
Rien.
- Héritage.
Une infime secousse.
- Malade héritage ?
Deux secousses minuscules. Cela pouvait vouloir dire non. Ou oui-oui, allez savoir. Bref, il se passait quelque chose, et Esag continua.
- Alors, on dit ça, un coup pour oui deux coups pour non... Voyons ; malade, héritage... marmelade ?
Le sequse bougea trois fois. Les écailles de la pléïstéchione prirent une teinte rougeâtre.
Esag n'était pas plus avancé. Il décida de tout reprendre au début.
- Au commencement... au commencement, tu es né.
Il y eut une secousse vigoureuse ; la pléïstéchione se colora de mauve. Encouragé, Esag poursuivit :
- Au commencement tu es né ; à la fin, tu mourras ; entre les deux, tu vivras, euh... tu vivras des changements.
Les contractions du seqsue devenaient régulières, la pléïstéchione faisait de petits bonds sur elle-même - quelque chose se passait.
- Tu vivras des changements... de taille ? de poids ? d'habitudes alimentaires ?
Mais l'intérieur de l'arbre, à nouveau, s'était immobilisé ; la pléïstéchione semblait se désintéresser des paroles d'Esag.
Il eut la sensation bizarre que, quelque part, quelque chose attendait. Attendait qu'il raconte une histoire.
Un bon gros juron des cavernes monta à ses lèvres. Gordel, mais c'était ce qu'il était en train de faire, non ?
Le seqsue remua deux fois.
Ill. : Quelqu'un s'abstrait, ep
2.11.09
760 - Le lundi au sommeil
Le lundi déjà se pliait aux contraintes du genre -
Travail, rituels, cellule familiale
Et dans un pan reculé de sa tête se jouait la partie habituelle, entre incertitude et peur d'être par trop ; il cherchait le souffle, conscient de l'air dehors, du dehors en lui-même, qu'il évitait autant qu'il le pouvait.
De son ombre étendue, du catalogue en couleurs de la vie qu'il aurait rêvé d'être.
Il se demandait parfois s'il vivait ses meilleures années, s'il les avait vécues, ou, question formidable,
S'il les reconnaîtrait quand elles arriveraient.
La pluie, évidemment, ou bien la grise mine
Du ciel sur son manteau, du froid sur son futur.
Alors, dans un geste explicable, il s'engageait
A faire agir s'agiter, histoire de laisser croire
Autre chose que le souffle mécanique de son ordinateur,
Autre chose que la fumée des cigarettes et l'amer du café,
Autre chose que l'amour simple et tempéré -
Autre chose comme
Une histoire
Une légende
Une aventure
Un récit illustré de couleurs vives (et bien sûr mensongères)
Une vie, néanmoins.
Il se grattait les couilles pour éprouver la conscience
De son corps, son désir
Son envie d'exister.
Quelque chose coulait de son nez, quelques centimètres carrés de sa peau racontaient une molle souffrance,
Il attendait l'appel, la vague,
Faiblement certain de pouvoir, à l'heure dite,
Se tenir debout, oublier sa forme,
Faire corps avec le mouvant, l'écume,
Sur une mer étale qui ressemblait au jour.
Illustration : "Quelqu'un se méfie", ep
29.10.09
759 - Premières fois
Depuis ce qui fut ma chambre d'ardolescent, et pour répondre à un double tag d'Oh et Frédérique Martin...
La première fois que de ma langue, il y avait un appareil dentaire, le goût fade de la salive, les yeux vifs d'une Elisabeth à qui je plaisais, et qui me faisait peur ; et derrière la porte du préfabriqué de l'étude, sans doute la moitié d'une classe, ou bien l'avis des autres, ou ce qu'on m'avait dit, ou l'envie de connaître, qui me poussaient.
La première fois que mon sexe, il y a eu du sang. Nous avons ri de laver les draps. Ce n'était pas le sien.
La première fois que ce fut sa première fois à elle, j'ai eu peur de la blesser - toute une vie, employée à me faire pardonner.
La première fois que dans mon ventre est née une jouissance, j'étais amoureux, éperdument ; elle était en colère, de ne pas avoir joui.
La première fois que nous étions un peu plus de deux, je m'inquiétais des conséquences, et des dangers - je comptais sur l'alcool pour effacer les bulles de doutes dans ma tête. Nous restons toujours assez nombreux, là-dedans.
La première fois que j'ai fait l'amour sous un arbre, je me suis rêvé chêne, et pin parasol.
La première fois que j'ai fait l'amour à une fille, de tout mon coeur je désirais la rendre vierge.
La première fois que j'ai fait l'amour à une femme, j'ai douté d'être un homme.
La première fois que j'ai fait l'amour à une amie, je me suis demandé si je faisais l'amour avec elle.
La première fois que j'ai fait l'amour à une autre, j'aurais voulu me retrouver.
La première fois que j'ai fait l'amour, elle m'a dit que je baisais bien.
La première fois que je t'aimerai, j'aurai enfin appris à ne plus avoir peur de moi-même, et des dents, et du sang, et des fleurs dans mon ventre ; j'aurais appris à ne plus attendre une première fois, à ne plus rêver de pousser les portes, mais à marcher calmement, sur un chemin entre les arbres, au milieu de l'automne.
Oui, bon, deux posts en même temps, c'est les vacances... Et j'avais oublié la règle de ce jeu, qui consiste à contre-tagguer mes petits camarades ! Ce serait donc au tour, si ça leur dit, d'Emmanuelle Urien, Zoë Lucider, Mam'zelle Luna et Caillou tendre. Et puis de Rouge, aussi, pour faire bonne mesure...
758 - Fils de la vierge
Et parce que toi, ma douce ma beauté (pardonne-moi ce satané possessif), parce que toi un instant tu doutes, parce que la déception la vexation la non-réalisation des choses encore,
Parce que je veux te protéger et te voir éclore (pardonne-moi ces satanées désirs de changement), parce qu'aussi je n'ai pas toujours la force de forcer tes doutes,
Parce que nous sommes si près et tellement à distance, aujourd'hui ou parfois,
Parce que ta splendeur noire, parce que nos folies sages et nos confiances fragiles,
Parce que nos amours nos envies parfois autrement,
Parce que tout cela je regarde les fils de la vierge, sur l'orange du sol, dans le vif du soleil,
J'en vois deux, deux brillants encore, parmi des millions,
A la conjonction exacte de l'air de la lumière, au ras du sol,
Je regarde les arbres qui laissent tomber leurs feuilles dans un bruit de papier, les cailloux du chemin balayés, la rampe de métal où je m'accroche, capitaine solitaire, pour une cigarette qui me reproche de ne pas assez aujourd'hui
Cueillir les roses, malgré les épines,
Aimer, dans les limites du déraisonnable,
Te fabriquer la vie où nous nous rêvions mages ;
et repousser la fatigue, le froid, le besoin pathétique du feu de la lumière
et rêver de nos ventres apaisés, de nos coeurs en confiance,
du sourire qui ravit l'arrière de nos crânes,
respirer, dans le silence,
au milieu de l'automne
éphémères fils qui élèvent
dans un réseau de vent le sol de nos pensées.
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