31.10.07

Fidèle au post*

Bon, j'avoue, j'ai triché : hier, je n'ai pas posté, et pourtant voici la chronique du jour, agrémentée (?) de son petit proverbe wolof quotidien que la blogosphère tout entière s'arrache.
C'est beau, la technique. Il suffit d'appuyer sur deux-trois boutons et de trafiquer des chiffres, et on n'y voit que du feu. A commencer par l'interfacedeDantonblog : elle voit la date en bas, 31/10, et elle se dit C'est bon, j'ai mon post, mon quota du jour. Et voilà comment on calme les foules.
Ce qui nous amène tout droit à la problématique des apparences, aux illusions, à la relativité, il était temps que les sujets de conversation s'élèvent un peu, en l'absence du maître des lieux, ça commençait à devenir n'importe quoi, ici.
Ceci est donc un post philosophique. Allez, poussons jusqu'à métaphysique. Et un peu social, aussi, à cause des masses qu'on manipule avec les chiffres.
Ca fait réfléchir, hein?
Et donc, pour en revenir au sujet qui nous préoccupe (ce nous est purement royal, je sais bien que je parle toute seule, n'allez pas croire que je n'en sois pas consciente, mais rassurez-vous, je n'en fais pas une habitude, non plus que je m'en flatte particulièrement), hier, je n'étais pas là, j'étais enrhumée à la campagne au pied des montagnes.
Ah zut, il faut que j'écrive ça au présent, vu qu'hier, en fait, c'est aujourd'hui, à cause du trafic de dates.
C'est compliqué, la métaphysique des apparences.
Alors aujourd'hui, je ne pourrai pas venir, je suis enrhumée à la campagne. Heureusement, j'en profite bien quand même sachant que demain, ça va déjà beaucoup mieux.
C'est une journée bio avec des gens que j'aime et des éclats de rire entre les branches des arbres, un déjeuner au soleil, du coeur dans les conversations, et des enfants qui jouent.

C'est bien.
(Et là je repasse à l'imparfait parce que, usage de faux ou pas, en général quand on a passé une bonne journée et qu'on la raconte le soir, on n'en parle pas au présent)
C'était bien.
Et la prochaine fois, ce sera encore mieux, pour la simple raison que "Lu nex du doy"**. Wow, la transition.

Bon, à tout à l'heure demain.

* Ce n'est pas une faute de frappe mais un trait d'humour, dont je suppose cependant qu'il a dû être lancé un nombre incalculable de fois. Je demande à Google, pour voir. 515. Ah, tiens, j'aurais dit plus.

** "On n'a jamais assez de bonnes choses". Et en plus, avec Noël qui approche, c'est le moment de réclamer. Allez, tout le monde dans la rue, après il va faire trop froid.

30.10.07

Caprices, c'est fini, ou de la lourdeur de certain titres

Quand on n'a rien à dire on se tait.
Ou alors on l'écrit : ce soir je n'ai rien à dire.
L'ennui, c'est que ça ne fait pas un post, ça.

Et l'interfacedeDanstonblog qui me regarde avec ses grands yeux pleins de reproches en murmurant Tu m'avais promis, lâche, sans coeur, parjure, traître à la cause bloguienne, et c'est quoi le féminin d'imposteur.
Bon, ça va : je suis là, non?

Alors aujourd'hui, il a fait beau, un peu froid mais pas trop, et seulement jusqu'à midi. Après, ça s'est réchauffé, mais avec l'accumulation de nuages, il s'est mis à pleuvoir très fort en début de soirée.
Et je n'ai toujours pas fait mon repassage.
Je ne suis pas non plus passée à la poste chercher mon recommandé , ni à la Banque de France changer les vieux francs que j'ai retrouvé sous mon matelas, ni à la librairie pour feuilleter le dernier numéro de Brèves qui consacre une chronique à mon dernier bouquin, et mes mails en souffrance n'ont pas fini de crier.

Mais bon sang, qu'est-ce que j'ai fait, aujourd'hui, alors?

Euh... J'ai fini le tome 3 de Jeeves, Omnibus, de P.G. Wodehouse (tiens, un lien. Et puis tiens, un autre, en français).
J'ai fait une heure de clarinette (je le précise pour mes voisins qui sont persuadés que j'élève clandestinement des troupeaux de canards dans ma baignoire).
je suis également allée et venue, de ci, de là, comme toute bonne mère qui se respecte, pour transporter ma progéniture en divers lieux où les loisirs l'appelaient.
J'ai eu des pensées enflammées et de fugitives torsions du coeur (oui, on appelle ça des palpitations, mais ça devrait s'arranger d'ici quelques jours. ou s'emballer, allez savoir...).
J'ai tapé deux textes pour madame la Radio.
Et je n'ai toujours rien écrit sur ce blog.
Et attends, tu sais le pire, l'interfacedeDanstonblog? Demain, je ne pourrai pas non plus.
Parce que demain, j'ai piscine dans l'Ariège (ou tout comme).
...allez, pleure pas, on trouvera peut-être à s'arranger quand même.
Parce que, comme le dit si bien notre proverbe wolof du jour, "Dax du jaaru, nen du maac, njoolum peñ du lugët baak"*.
Et regarde, je t'ai fait un dessin. C'est toi, tu as vu comme tu es belle quand tu es en colère?
...oui, bon, ça va, si vous croyez que c'est facile, de dessiner avec une souris...

Et sinon, je suis toujours toute seule, sur ce blog?

*"Le beurre ne se réchauffe pas, l'oeuf ne joue pas au petit soldat et le pain de sucre ne va pas dénicher le seau coincé au fonds du puits". On est bien d'accord. Ce que j'aime aussi, dans le wolof, c'est la concision.

29.10.07

Exercice de remplissage, acte I

Après un départ radieux, ce lundi a mal tourné : voilà-t-il pas qu'il pleut! Et dire qu'on n'est même pas en novembre...

Cette magnifique introduction vous était offerte par Madame Suzanne, préposée aux considérations météorologiques et humaines de quartier ; à présent, nous pouvons commencer.

...Sauf que ce soir, je suis terriblement paresseuse. Pas forcément en panne d'idées, mais un peu à court d'énergie pour les exprimer, là, maintenant. J'ajouterais même hic et nunc, si ça ne sentait pas son remplissage à des kilomètres, oooh trop tard c'est fait tant pis je laisse.

Ce soir j'ai envie de :
- me reposer à présent que les enfants sont couchés,
- lire dans mon bain avec de l'eau jusqu'au menton (c'est maaaaaaaaaal! me hurle ma conscience écologique forte. Elle a raison, sauf que quelquefois je ne l'écoute pas. Mais juré, je ne construirai pas de centrale nucléaire, même si on me le demande très gentiment, et je viens tout juste de détruire les plans de la nouvelle arme subatomique qui, d'une seule pression même pas forte de l'index, pouvait anéantir l'ensemble des galaxies connues et inconnues. Vous reconnaîtrez que c'est plutôt sympathique de ma part, vu que George Bush m'en donnait un bon prix, et que j'avais le droit de le tutoyer après),
- retrouver dans l'intimité le frisson gai et chaud qui m'a secouée en entendant sa voix ce soir au téléphone (Même qu'après j'ai fait le kangourou mais cela, je ne l'avoue que parce que nous sommes entre filles, l'interfacedeDanston blog.)


Et donc bref : fainéante que je suis, ce soir je vais vous donner à lire un petit texte que j'ai écrit chépukan sous la contrainte, celle d'un exercice oulipien avec mots imposés. Peut-être qu'un jour, j'en ferai une véritable histoire. Si vous êtes pour, envoyez vos dons à
L'interfacedeDanstonblog
CCP 2 584 54 H
Toulouse Chèques
(je ne sais pas à qui appartient ce compte s'il existe, mais on ne sait jamais, ça fera peut-être un heureux...)

Et si vous êtes contre, faites comme tout le monde, ne changez rien, ne dites rien, ne lisez pas ce blog, ou alors revenez dans 3-4 jours, quand Master Causse sera revenu de chez les gazelles (bien fraîches, s'il vous plaît).

Enfin voilà.
(Et si vous ne voulez pas lire le texte qui suit, je vous invite à l'enjamber d'un grand pas digne afin de vous rendre directement à notre rubrique quotidienne, "toi aussi cause en wolof et dis des trucs sages et incompréhensibles".)

Comme une fraise trop mûre écrasée sur sa joue, l'envie sur son visage annonçait sa disgrâce. Elle la portait depuis l'enfance, une enfance sans amour, discordante dont, petite, elle essayait déjà de se défaire en frappant bruyamment le clavier du piano quand on la laissait seule chez elle. Elle haïssait son père, elle détestait sa mère ; elle les trouvait cruels de l’avoir mise au monde. Elle ne voulait pas d’eux comme miroir, puisqu’ils ne lui ressemblaient pas et, plus que tout, elle regrettait sa naissance. Exister, ce n'était pas, en définitive, ce bonheur promis que s'échangent les parents d'un enfant à venir. La fusion des cellules, avec ou sans amour, aboutissait parfois à un collage hideux et à des êtres impropres à vivre, qu'il faudrait abattre, tout comme ces arbres tordus dans le verger, qu’elle marquait périodiquement à la peinture rouge. Posé sur un tabouret derrière elle, un poste de radio diffusait sa musique, toujours un requiem. Elle pensait qu'ils étaient mortels, tous, les humains comme les arbres, et elle se demandait s'il lui serait donné, un jour, d'inscrire cette même croix rouge sur le front de certains d'entre eux. Se poser cette question absurde apaisait sa colère, et elle se mettait à sourire. Caché derrière la haie, je l’observais, les yeux rivés sur la tache presque noire qui maculait sa joue. Avec l'élan de la lumière, elle paraissait toujours plus sombre. Pour me distraire de sa vue qui me poussait au bord des larmes, je cherchais autour de moi un sujet qui prêtât à rire, j’aurais voulu plaisanter avec elle, partager quelque chose. Mais la faire rire, même sourire, me semblait impossible. Alors je la regardais, elle, encore, incapable d'écarter le désir qu'elle m'inspirait en dépit de sa folie et de la tache sur son visage, et plus proche chaque fois de faire le grand saut : un jour je lui dirais, à travers la clôture, que j’avais envie d’elle ; ou bien sur le trottoir, devant chez elle, quand elle y prenait ses quartiers d’été. Pendant la saison des moustiques, elle s’installait dans un fauteuil, et posait sur sa tête un large voile de tulle qui, descendant jusqu'aux chevilles, la protégeait des insectes. Surtout, il la soustrayait à la vue des passants, lui permettant de se consacrer sans gêne au livre qu'elle tenait sur ses genoux et dont le titre, lui aussi, échappait aux regards. Parfois, elle écrivait, et l'on voyait la forme de sa main soulever légèrement l'étoffe, laissant entrevoir quelques lignes griffées par une plume mal taillée, des lignes dont je savais, avant même de les déchiffrer, qu'elles parlaient d'attente et de haine.


Ayé. Et brisons-là, braves gens car, d'une part, le texte est fini, et d'autre part j'entends la foule se presser sur ce blog pour lire le proverbe wolof du jour. Que je vous livre sans plus attendre, trop de suspens, ça donne des cors aux pieds (à cause qu'on piétine d'impatience, merci Mme Suzanne pour ces éclaircissements).
Or donc : "Am naa giléém ca Gànnaar yomb naa wax."*

Et là, je suis censée ajouter quelques phrases nonchalantes mais pleines de sens, ne fût-ce que pour séparer le proverbe de sa traduction, et ainsi donner à ma petite astérisque sa raison d'être ; comment ça sent le remplissage à mort par ici, décidément cette soirée est placée sous les signes conjugués (à un temps simple, forcément) de la nonchalance et de l'envie de prendre un bain (MAAAAAAAAALLL ! ...OH c'est bon, j'ai compris, pas la peine de crier. Ecoute, tu me laisses le prendre, ce bain, et en échange, j'imprimerai désormais tous mes manuscrits sur du papier brouillon, genre verso du précédent manuscrit refusé ; et toi, ma conscience écologique, puisque t'es si forte, tu t'arrangeras avec mon éditeur, et peut-être que tu la ramèneras un peu moins après.)

Bien le bonjour chez vous, en attendant.

* "J'ai un chameau en Mauritanie, c'est facile à dire."
C'est en effet plus facile à prononcer que "J'ai six sensibles saucissons en Ecosse du Sud". Mais moins facile à rapatrier, au prix où est le container à chameaux, surtout en DDP. Enfin bon, débrouillez-vous, moi j'ai arrêté la viande et les importations.
(c'est n'importe quoi, tout ça. Je vais me faire gronder par Manu Causse quand il va revenir du Sénégal, il va me réclamer les clés du camion, après il va vérifier la jauge, le compteur, tout ça, il verra que j'ai éraflé les ailes et dépassé les bornes et après je serai privée de camion. C'est dommage, on commençait à bien s'amuser, l'interfacedeDanstonblog et moi. Et c'est super dur à lire, quand c'est écrit tout petit comme ça.)

28.10.07

On ne rigole pas tous les jours

Plus qu'une demie heure avant demain, alors je vais devoir faire court si je veux respecter mes engagements envers moi-même (en même temps, si je ne les tiens pas, personne ne viendra m'en faire le reproche. Sauf que justement, ce sont peut-être ceux-là qui... Alors, trève de tergiversations, allons-y).

Du sérieux.
C'est le thème du jour, me rappelle l'interfacedeDanstonblog qui, jusqu'à ce beau dimanche, et depuis quelques jours (mince, une répétition, tant pis, je laisse), reste mon seul interlocuteur ici.

Pfff. Si on ne peut même plus rigoler (et à propos d'atermoiements...).

Je pourrais raconter ma journée de Princesse sans son Prince. En compagnie des trolls, ces petits (oui, les miens n'ont pas encore atteint leur taille adulte standard de 2,50m) êtres rugissants et sautillants qui peuplent une journée au point qu'on les croit trois mille alors qu'au moment de les coucher on s'aperçoit qu'ils ne sont même pas cinq cents, mais seulement deux. Et en plus on n'a pas pu aller jusqu'au port, parce qu'ils avaient mal aux pieds et envie de faire pipi (le sérieux peut avoir des aspects triviaux, cela n'ôte rien à la chose). En compagnie aussi de Mr. C., autrement nommé le Gros Chien from Toulouse, avec qui aborder des sujets plus adultes, c'est réjouissant, et se réjouir, tant qu'on y est, de la bonne nouvelle qu'il annonce (chut, c'est encore un secret, et de toute façon on a dit pas de noms). Et avec Melle K., avec laquelle nous avons partagé ce soir une partie de nos vies, celle qu'on croyait immergée, mais qui remonte lentement à la surface, à croire qu'elle avait besoin de respirer. Merci Melle K. pour ces retrouvailles, la fumée blanche et les bulles roses, on recommence bientôt.

Encore plus sérieux?
Une photo sur mon téléphone portable, et quelques mots pour l'illustrer. Du rose, encore. Qui me dit qu'il va bien ; justement, avec l'interface de Dans ton blog on se demandait. Alors oui,il va bien, Manu Causse, il a gagné ses matches, normal c'est le plus fort, ils le sauront pour la prochaine coupe du monde. Et des je t'aime en ping-pong, on est super doués là-dessus, sans doute parce qu'on se le pense, et qu'on se le croit (je la fais à l'occitane, ça peut pas faire de mal).

Ah : le proverbe du jour, tant qu'il est encore tant et temps. Ahem : "Sentou assamane diaroul boukhane té"*.

Et bonne nuit tout le monde, dans deux minutes c'est demain** et je vous aime quand même, quel formidable optimisme.

Pouf.

Et je n'ai même pas fait mon repassage, revenez (repassez, ah ah) demain, pour voir.

*"Ca ne vaut pas la peine de se bousculer pour voir le ciel"... sérieux, non?

**j'aurais pu bricoler quelque chose avec le changement d'heure, mais je suis tellement nulle à ce truc que je ne suis pas certaine qu'il aurait joué en ma faveur... "qui suis-je, où vais-je, et puis-je vraiment sauver la planète ?" se demande la pendule dans l'étagère (mais laquelle).

27.10.07

Suite et fin de contes

Ah mince, déjà demain.
Tiens, te voilà, l'interfacedeDanstonblog, tu tombes bien. Viens sur mes genoux, je vais te raconter une histoire. Je te préviens, c'est plein de morts violentes.

Attention, ça commence.

Dans une banlieue sauvage en lisière d’une métropole surpeuplée vivait une famille d’immigrés allemands. Le père, Hans, était un ouvrier métallurgiste sans travail et en fin de droits qui buvait tout son RMI sur le balcon de son T2 pendant que sa femme, Greta, arpentait les marchés après le départ des maraîchers afin de ramasser quelques légumes gâtés pour la soupe du soir. Leurs deux enfants, Hansel et Gretel, n’avaient, entre leurs os et l’acrylique de leur jogging Emmaüs, que la peau ; et encore, c’était purement esthétique. Un soir Greta, dont l’estomac vide criait sa douleur en silence, confia à Hans qu’elle envisageait de perdre le lendemain leurs enfants dans les rues chaudes de la ville toute proche. Le père haussa les épaules et reprit un verre de rouge. De toute façon il s’en foutait, il était sûr qu’ils n’étaient pas de lui, ces gnards. La mère, le trouvant sans cœur, rassembla ses forces et le poussa par-dessus la rambarde du balcon. Hansel et Gretel, qui n’avaient pas perdu une miette de la scène, trouvant qu’elle exagérait, lui firent subir le même sort.
Comme ils habitaient au premier étage, les parents s’en sortirent. La paraplégie qu’ils contractèrent lors de cet incident leur permit de toucher une confortable pension, avec laquelle Hansel et Gretel s’achetèrent des bonbons.


Voilà, je crois que ça dit à peu près ça, Hansel et Gretel. Sauf que dans la version originale, le père s’en sort beaucoup mieux à la fin, mais je trouve ça immoral, moi, que ce type, complice à deux reprises d’une double tentative de meurtre sur descendants directs, s’en tire avec une relaxe, les félicitations du jury, et un gros câlin des deux gamins. Alors que la mère, qui a joué franc jeu dès le départ, a écopé de la peine capitale.
Et je ne vous parle même pas de la sorcière. Enfin si, mais vite, alors. Cette pauvre vieille chez qui deux jeunes sont entrés par effraction pour lui piquer ses économies, et qu’on a fait griller dans un four pour lui faire avouer où était la planque... Eh bien, elle n’a rien dit, pas un mot. En fait, elle aurait bien voulu, mais ces deux jeunes idiots avaient mis le four sur 360°C (chaleur tournante, un tour complet), alors elle n’a pas eu le temps de leur révéler que les bons du trésor étaient planqués sous la pile de draps, dans l’armoire normande, comme d’habitude. Comme elle avait quatre-vingt-dix-huit ans et que son horoscope du jour était mauvais, tout le monde s'est dit que ce n'était pas la peine d'en faire un plat (et de toute manière elle était trop cuite).

C’était juste pour montrer que dans les contes, il n’y a pas de quoi s’extasier sur la gentillesse des gentils. Ils sont tout ratés, les héros de Perrault (désolée, j’ai rien qui rime avec Grimm, mais le cœur y est). Quant aux méchants, ils sont trop bêtes.

Il est temps que j'arrête les contes de fées, moi. Je vais plutôt lire le petit dernier de Jean Hatzfeld. Et je vous recommande d'en faire autant, lecteurs égarés. C'est tout le contraire des contes de fées.

Et ceci, ô surprise, nous raproche comme par hasard, géographiquement tout du moins, de ces terres où, un (grand) peu plus au nord-ouest, on cause wolof. C'est donc avec plaisir, et une douce pensée du coeur et du ventre adressée à mon exilé provisoire, que je vous livre ce soir le proverbe wolof du jour. Tenez-vous, c'est parti :

"Kuy gunge boroom biirbuy daw, lu la ca "waaxusil" fekkee."*


...Alors, l'interfacedeDanstonblog, elle t'a plu, mon histoire? Tu la publies?

Ouuuaiaiaiaiais!

(Tu vois, sweet boy, il y a plein d'occasions de faire des danses de la publication)

Demain, je parlerai peut-être de choses plus sérieuses, mais ce n'est pas certain, parce que j'ai du monde à la maison, et plein de repassage en retard.

*"Celui qui accompagne quelqu'un qui a la diarrhée n'a pas à lui dire : 'dépêche-toi'".
C'est vrai, quoi, un peu de retenue.

26.10.07

Parle à mon interface

Ah mais non. Certainement pas.
Tu l'as déjà eu ce matin, ton post du jour. Ne me dis pas le contraire, il y a même une photo, regarde, juste en-dessous, celle avec le caribou*.

Alors barre-toi, l'interfacedeDanstonblog. Va te coucher, je te dis. On verra demain. Hansel et Gretel. Ou autre chose. De toute façon, jusqu'à samedi prochain, je suis ici chez moi, je fais ce que je veux (j'aurais bien ajouté une série de points d'exclamation, mais j'ai développé tout récemment une allergie à ce signe de ponctuation).

Tout ça pour dire que non, non et non, l'interfacedeDanstonblog, tu n'auras pas de second post aujourd'hui.
Et ce n'est pas parce que ton maître t'en écrivait quelquefois jusqu'à trois par jour, fol qu'il est, que je vais agir de même. Il t'a donné de mauvaises habitudes. Il arrivait par ailleurs que ses articles dépassent les 10.000 signes, personnellement je pense que c'est beaucoup trop pour une interface de ton âge, songe que tu viens tout juste d'atteindre ta première année. Oui, je sais, pour les blogs il faut multiplier par sept (c'est comme pour les chiens, on ne t'a pas dit, lecteur demeuré sur le bas-côté des histoires?), mais tout de même. Sans compter le contenu, pas toujours facile à avaler pour un petit gabarit comme toi, on y trouvait parfois des mots de quatre syllabes ou plus, je t'ai vu une fois ou deux t'étrangler dessus, je me suis dit ça y est, le lecteur va nous faire une fausse route.
Alors c'est non. Je ne cèderai pas. Tu vas te coucher et tu attends demain. Et tu dis au lecteur d'essuyer ses pieds en ouvrant la fenêtre des commentaires. Et de ne pas faire de bruit en les déposant, il y a des enfants qui dorment. Et de bien refermer la fenêtre parce que j'ai mis le chauffage et que j'ai une conscience écologique forte et que je couve (jalousement, comme il se doit) un rhume.

Et puis d'abord, les blogs, moi je n'aime pas tellement, il est totalement illusoire d'espérer développer sa spontanéité à l'écrit en usant de tels artifices, personnellement je serais totalement incapable de tenir plus de trois lignes sur un blog, et puis pour dire quoi, de toute façon. Alors deux posts par jours, non mais quelle grotesque utopie (je suis sûre qu'il y a une figure de style cachée derrière ces deux mots, mais laquelle, il faudrait que j'ouvre mon Gradus, et puis peut-être que ça marcherait mieux avec chimère à la place d'utopie, et je n'ai jamais lu d'anecdote aussi fascinante© MC).

Et sinon, cher ami lecteur demeuré etc., dans le cadre de la semaine sénégalaise, la maison t'offre un proverbe wolof par jour, non mais quelle chance tu as, en plus ça démarre fort, écoute :
"Kooyi bukki du njoowaanug tef"**.

Voilà, comme ça elle va moins la ramener, l'interfacedeDanstonblog.

Sur ce, hein, comme on dit.


* Orignal, caribou, c'est caïman la même chose (je voulais essayer de trouver un truc avec élan ou renne, mais finalement c'est plus drôle avec nos amis les sauriens)
**"Le pénis de la hyène n'est pas une balançoire pour un chevreau". (Je te jure que ça veux dire ça. Une chose est sûre, ça ne peut rien vouloir dire de pire).

Un cadeau pour Simone sans le son


Puisqu'il n'y a que vous/toi qui me lis/lisez, un petit cadeau en forme de pot de départ (et sans son, puisque ce serait inutile) : il n'y avait eu jusqu'à présent aucun orignal sur ce blog, et j'ai reçu des plaintes à ce sujet.

Je me rattrape donc aujourd'hui, en présentant mes excuses à tous les orignaux qui se sont sentis délaissés, sinon méprisés, et je les assure de toute ma considération. Continuez, les gars, j'adore ce que vous faites, et je sais à quel point votre contribution au fonctionnement de l'harmonie cosmique est important.

Messieurs les orignaux, chapeau bas.



(ah bin putin on peut dire que ça repart au taquet, c't'histoire de blog...)

Résurrection

Depuis qu'Yrf est parti en Tunisie, seule Princesse répond à mes posts, ce qui m'ancre dans la certitude que personne ne me lit.
Ca ne fait rien, au contraire : j'en profite pour annoncer en secret que, oui, c'est décidé, je continue ce blog. Dès que je reviens du Sénégal. Un par jour, foi de Manu Causse (bon, si j'en rate un deci-delà, vous m'en pardonnerez).
Avec des objectifs précis : vivre confortablement ; devenir le père de mes enfants ; proposer le mariage à Princesse (mais avec un contrat en béton, non mais ho, foi de Maurice Zarfaty) ; monter enfin le grand cirque dont je rêve avec mes amis et mes amours ; et puis, surtout,

écrire, bordel,
et jouer
et m'amuser, foi de cigale,
à rendre les gens heureux

(à quoi la fourmi répond, non mais ho putain t'as pas vu la crise des intermittents du logement du spectacle de l'art de la culture de la société et HO BORDEL, C'EST bon l'interrompt la cigale, goûte donc ce petit Armagnac qui adoucit le goût de la vie, et au fait la fourmi, tu veux goûter un cigarillo à la vanille avec du cumin dedans ? Là... ça va pas mieux, comme ça ?

- ah ouais si t'as raison... alors, tu disais, écrire ? Rendre les gens heureux ? Mais, tu veux dire, tout le monde ?)

Ah putain non, reprends-je, tout le monde ça fait quand même du taf. Je vais faire de mon possible, loulou la fourmi. Les gens autour de moi, d'abord. Ma tribu, mon amour, ma famille (range ton couteau, Luigi). Puis les autres, peu à peu, s'ils en veulent. Forcer les gens au bonheur, ça marche moyen. Ca a toujours un sale goût, après. Donc, bref, je vais faire de mon possible. Comme un tout petit bout d'humain, qui n'est là pour rien s'il n'est pas là pour ça. Et il est là pour ça.

J'ai un plan de carrière tout tracé, des envies, des rêves : vous me connaissez, j'adorerais vous les raconter.

Bref, c'est reparti pour un an.

(comment ça, vous avez lu jusqu'ici ? Ah mince, je croyais qu'il n'y avait que Princesse... Bon, bin c'est dit, c'est dit. On se revoit après le Sénégal. Vous voudrez voir mon diaporama du Sénégal ?)

Ukulélé (je ne sais même pas ce qu'on parle, au Sénégal, mais ils doivent dire à plus tard comme ça, non ?).

Et sinon, vous aimez les orignaux ?


Ah et puis il y a un autre truc aussi que je veux faire. Ah non, plusieurs autres. Je commence par un qui me flotte dans la tête : nager avec les dauphins.

Bin tiens, pourquoi pas ?

24.10.07

Happy birthday dans ton blog

Je ne sais pas vous, mais moi, l'automne,

Ca fait comme des lames vagues

Au milieu des promesses

Qu'on aimerait croire.



... Bref, la cigale ayant marné tout l'été, se trouva fort dépourvue quand ses projets n'aboutirent plus,
et bisque bisque rage disait la fourmi industrieuse - qui oubliait dans le même mouvement à quel point elle aimait que l'été on lui chante, à l'ombre des pins, une chanson sur deux notes.

Pouf, pouf, pouf, ahannons-nous parfois avec Princesse, comme deux bûcherons qui n'en peuvent plus de bûcher sans toujours couper trois pattes à un arbre.

- T'es fatiguée, toi ? La tête vide et le coeur désoeuvré ?
- Nan, ça c'est toi.
- Et toi ?
- Ben, moi aussi.

Où sont ma foi ma générosité mon envie mon enthousiasme ? ,, (les virgules c'est cadeau, pour vous, vous vous les mettez où vous pensez) Sans doute avec mon moral, dans mes chaussettes de rugby qui dorment dans une armoire pour cause de cheville mal assurée.

Et, question grains pour subsister, le terme de "houlà" me paraît assez bien résumer la chose.
D'ailleurs, vous l'avez vu : je poste moins sur ce blog, parce que je me perds dans une multitude de tâches qui un jour, un jour peut-être...

Alors quoi, retourner frapper à la porte de Madame l'Education Nationale en lui chantant Salut c'est moi c'est le caussien, apre-me, apre-me la porta, yo noon le posso posso piu ? Compter sur les potes pour les petits bouquins les petits chantiers les petits arrangements avec la réalité ? Rêver, rêver encore de musique et de tournées ? Ou ne compter que sur moi (ça fait un, peut-être un peu plus avec Princesse et ma schizophrénie galopante ?)

Bref, vous l'avez compris, l'automne aux doutes est propice, d'où mon silence récent.

C'est d'autant plus dommageable que j'aurais pu, j'aurais dû même, vous raconter de belles choses. Le concert d'Herman Dune, hier soir, avec le sourire de cet espèce de Che Guevara qui, seul avec son ukulélé ou avec ses frères d'armes allumés, rythment de pure nonchalance la naïveté de leurs refrains (oué, bon, comme phrase j'ai des doutes, mais je laisse quand même).
J'aimerais savoir comme David chanter My baby is afraid of the sharks, les yeux dans le ciel, entre force et de douceur, pour que Princesse sourie tous les jours.

J'aurais pu vous raconter, aussi, une séance chez le psy. Ca aurait donné un truc comme :

Et là, j'arrive dans un cabinet meublé 1920 ; le vieux type, avec sa barbe blanche et sa verrue sur le nez, me regarde sans dire un mot.
"Euh... je viens vous voir...
- Barce que fous afez un broblème."
- Bin... non... ou alors si... c'est juste, docteur, ces hésitations, ces chavirages d'âme, ces stupéfiants délires suivis de retombées brutales, ces rêves d'amour et de liberté, de beauté et de gloire, vous trouvez ça, comment dire... normal ?
- Abzolument bas, mon fieux. Fous êtes vous à lier, ça se foit comme le nez dans la vigure. J'appelle Marchand pour fous faire enfermer.
- Ah bin oui, mais là ça va pas être possible... J'ai rendez-vous avec les belles choses, dehors, avec le soleil sur Toulouse, avec les amis de mon coeur...
- Fous êtes zur ? Pien, pien. Refenez la zemaine brochaine, on en reparlera...

Il y a plein de trucs que je ne lui ai pas dit, au type (qui est d'ailleurs une femme, mais c'est pour la couleur locale). Et d'autres que je lui ai dits, parfois à ma grande surprise. C'était un peu vrac, un peu n'importe quoi. Ca ressemblait assez à ce blog, d'ailleurs. Sauf qu'il n'y avait pas les liens, pas encore.

Et puis hop, montée, descente, petites claques de petits éditeurs, petits délais supplémentaires, petite séance de travail intense au troquet avec Princesse et Gros Chien from Toulouse, et hop, on était mercredi, jour des enfants - Zadig a peint des toiles très belles, avec un vert angélique, pendant qu'Anton racontait des histoires ; avec les rejetons de Princesse, ils ont joué à la famille, et j'ai joué à ne pas être fatigué.

Oh, vous savez les garçons, je vous aime et vous êtes formidables, et souvent j'ai mal au ventre parce que je ne crois pas être un formidable papa.

J'aurais pu vous raconter, aussi, ce nouveau roman qui pousse comme une belle fleur de Noël, tout seul, dès que j'ai une minute ; j'aurais pu vous raconter que, allez, une fois n'est pas coutume, j'ai pleuré en entendant au téléphone une voix qui m'a rappelé mes souvenirs rêvés, dire en occitan des mots que j'ai écrits, et qui mettent un point final à mon recueil de nouvelles (titre provisoire : Visitez le purgatoire - Emplacements à Louer). J'ai entendu la voix des morts, la voix d'un mort ; après tout, si je peux être son héraut, j'aurais fait quelque chose de bien dans ma vie.

J'aurais pu vous dire que je pense très sérieusement à arrêter ce blog, pile-poil pour ses un an ; pas que ça me fatigue, non, mais à force, j'ai un peu l'impression d'avoir fait le tour, le tour de moi-même, et que franchement, l'horizon parfois y est un peu borné. Faudrait que je change de sujet, que je change de personne ; mais pour dire quoi ?

Vous raconter la vie des autres ? Vous donner mes idées en espérant vous les faire partager ?
Ah non, pas possible. Les jugements et les opinions tranchées ne me sont plus naturels. Ecrire que ceci est juste, ceci vrai, ceci révoltant ? J'ai comme un défaut de jugement.
Tenez, un exemple entre Emiles, et parce qu'elle me regarde tous les jours dans la rue : Cécilia Sarkozy. Une partie de moi la pense créature de médias, avide de pub et d'hommeage (nan, laisse, y'a pas faute, c'est exprès) ; une autre se dit que, bordel, pour quitter un homme qui a le métier le plus médiatisé de France alors qu'on pourrait se contenter de jouer les potiches ou les superwomen en sauvant les apparences pendant cinq ans, bin, faut un sacré courage.

Et si quelqu'un peut me dire pourquoi je parle de Cécilia Sarkozy, il a vraiment beaucoup de talent. Note, si elle me le demande gentiment, j'accepterais même de lui faire un livre, façon Yasmina Reza. Aussi bien, c'est une offre de service déguisée. Cécilia, si tu me lis, laisse un commentaire au post sous un habile pseudonyme, on s'arrange ça au téléphone.

Oui, j'ai un peu perdu le fil ; il faut dire que je reviens d'un apéro avec les potes du rugby, où nous avons parlé de ce qui nous préoccupe en ce moment : le fait que nous nous accordons, entre hommes, une semaine d'été supplémentaire, ensemble au Sénégal. Normalement, ça devrait guérir le vague à l'âme - qui sait, peut-être définitivement. Et ça me laissera le temps de ne pas penser à ce que je vais faire de ce blog.

Alors toi, lecteur (puisqu'encore une fois il n'y en a qu'un), que vas-tu faire de cette semaine de vacance ? Bin, je te conseille de repasser quand même par ici, à l'occasion ; d'abord, Princesse et l'ami Julien Campredon ont dit qu'ils me feraient peut-être quelques piges : ça te changera des jérémiades. Et puis, si l'envie t'en prend, tu peux aussi remonter un peu dans les archives de ce blog : tu me diras s'il vaut la peine que je continue. Tiens, d'ailleurs, je vais le faire moi-même, j'ai une idée derrière la tête...

Ayé... Bon, c'est officiel : je suis de moins en moins drôle. Je parle de psys, du métier que je voudrais faire plus tard quand je serai grand, peut-être même de mes projets : ayé, j'ai devenu adulte, un peu.
On dira ce qu'on voudra, mais en un an c'est du rapide. Ah et puis tiens,

parce que les minutes viennent de passer à la journée d'après, hop, une illus, ça faisait longtemps.

Donc, il m'a fallu un an pour écrire comme ça : au pire, je resigne pour un an, voir si je peux me remettre à écrire comme un gosse.

Et pis c'est tout, d'abord.

Joyeux....

23.10.07

La stratégie du principe de la diagonale de la proie (et autres contes à régler, paiement à 60 jours)

Bonjour, aujourd'hui c'est bleu, comme le ciel de Toulouse depuis plusieurs jours, pourvu que ça dure.
(Tais-toi, Suzanne, tu vas faire fuir le lectorat)
Alors comme ça, il paraît que j'ai laissé en plan le lecteur haletant sur le bord d'une histoire?
Attendez, je remonte un peu, je vais voir, de quoi s'agit-il exactement?
Le principe de la proie, blabla, attendre, blabla, le petit Chaperon rouge, blabla, le loup et mes petits agneaux, blabla.
Non, je ne vois pas. Pour moi, elle était finie, l'histoire. Et en réalité, on ne peut pas réellement affirmer qu'il y ait eu histoire à un moment donné.
Alors cesse de haleter, le lecteur, quitte le bas-côté, rentre chez toi, cesse d'attendre comme la proie que tu croyais être, et recommence à vivre.

...ou alors, à la limite, on peut considérer qu'une phrase, une seule, et probablement la dernière, n'était pas tout à fait achevée. Elle commençait ainsi :
Et Peau d'âne qui râle parce
Le mot suivant était, je vous le donne en mille Emile, et reprenez un chewing-gum (couchée, Suzanne!) : que.
Ce qui nous donne :
Et Peau d'âne qui râle parce que. (Je conserve le code couleur parce que aussi, ah non c'est pas le bon bleu, attendez je rectifie.)
Je vous vois venir. Vous allez me dire "et parce que quoi?"
Vous êtes d'un prévisible, vous.
Je vous répondrais bien "parce que parce que", la réplique a fait ses preuves, mais vous, cher lecteur qui êtes demeuré sur ce blog en dépit des vents, tempêtes, tsunamis et chutes du CAC40, vous méritez mieux. Et d'ailleurs, on ne se tutoyait pas, quelques lignes plus haut?
Tu mérites mieux, ô lecteur.
Et c'est gentil d'être resté.
On y retourne?
Et Peau d'âne qui râle parce que, quoi qu'il arrive, elle ne sera jamais en tête du Top 10 des contes populaires. Elle râle contre le petit Chaperon rouge qui lui vole la vedette dans toutes les adaptations modernes, contre le loup qui ne lui a jamais fait l'honneur d'une visite nocturne même en plein jour, contre le bûcheron dont elle n'a jamais vu la cognée, contre l'ogre qui n'en a que pour les petits Poucets, contre le chat qui ne lui a jamais proposé la botte, contre Cendrillon dont la marraine a des talents de couturière bien supérieurs à la sienne qui rate tous ses modèles, contre la Belle au bois dormant qui se la coule douce en attendant le Prince charmant pendant que d'autres triment comme des malades pour boucler les fins de mois.
Tu vois bien qu'elle avait de quoi râler, Peau d'âne.
Et en plus, cette peau, elle sent mauvais, encore un coup de la marraine.
Et cette bague qui a cuit dans la pâte du gâteau, elle est foutue, heureusement que c'était un diamant en oxyde de zirconium, mais tout de même c'est râlant, pour une fois qu'elle en trouvait une à sa taille.
Et ce Prince qui tombe malade pour un oui ou pour un non dès qu'il pense à elle, elle n'en veut plus, il n'est bon à rien, elle préférerait celui de Blanche-Neige, qui au moins a des notions de secourisme et des épaules de débardeur.
Sans conter (ne te gausse pas, c'est fait exprès) que le roi son père veut coucher avec elle.
Voilà, c'est pour tout ces raisons que Peau d'âne râle. Il y avait de quoi, non?
Peut-être qu'il y aura une suite.
Parce qu'on n'a pas parlé d'Hansel et Gretel.
Mais pas maintenant. Là, il faut que j'y aille, j'ai faim.

Et sinon, il paraît que ce blog, prochainement, va jouer au phénix polymorphe.
On vous expliquera ça plus tard. Genre dans le post du dessus.

22.10.07

Le baromètre kelkoo de mon âme

Tout est affaire de la valeur qu'on donne aux choses.

Vendredi soir, par exemple, le débat entre auteurs toulousains (avec entre autres Pascal Dessaint et Emmanuelle Urien dans son grand numéro de "Sois belle et tais-toi") sur la condition de l'écrivain, qui s'est déroulée à quasi-huis clos à la Librairie Renaissance, au fin fond du Mirail, était plein de remarques et d'infos intéressantes ; mais, non, décidément, entre fatigue physique et petit coup de blues d'après terminage-de-recueil, je voyais tout en terne.

Pascal Dessaint, ex-mineur de l'écriture, m'a mis en garde contre la montée de l'amer ; parce que oui, c'était décidé, j'allais abandonner l'écriture et ses vanités au profit d'une vie saine en plein air, à couper des arbres à la cognée au fin fond de l'Ariège ("fin fond" et "Ariège" étant je le rappelle un pléonasme plus qu'un cliché).


Et puis c'était samedi, et il faisait un poil frais sur les bords de Garonne où se tenait le Salon des Gourmets de Lettres. Le public, peu averti, ne se pressait pas franchement ; j'ai distraitement enfilé mes habits de super VRP pour vendre mes livres et ceux de Princesse. Ca a assez bien marché, le marché, merci ; on n'aurait pas dit non à repartir avec un petit (ou un gros) chèque du jury, mais ce sont entre autres nos amis Frédérique Martin et Julien Campredon qui les ont emportés - et comme on aime ce qu'ils font, hé bin on est tout contents pour eux (tant qu'ils paient leur coup après coup...).

Dimanche soir enfin arrivé, les z'écrivain avaient fini leur semaine ; nous nous sommes donc livrés avec quelques amis dont il vaut mieux taire le nom à une soirée échangiste.
Nous avons échangé, entre autres, nos opinions sur le monde, l'adresse youtube de nos groupes favoris, un bon nombre de quolibets (soirée déstestable où une phrase sur deux se termine en général par "... les cheveux de Manu Causse, ahahahahah"), quelques phrases bien senties sur les gens qui se permettent de mettre en doute le travail, le talent et l'abnégation de Princesse (un petit con sur un forum lui trouve un beau cul en la voyant de face, et pas assez de talent à la lire : remercions-le, et remercions avec lui tous les gens qui pensent du mal de nous : ils nous apprennent à les ignorer), une traduction en live d'une magnifique chanson en allemand interprétée par la grand-mère des Tokyo Hotel, et qui dit, en gros, "J'aurais voulu être un garçon, jouer au rugby et couper des arbres, mais mes parents m'ont forcé à mettre une robe (eine rooobe) et un coiffeur a massacré mes cheveux..., etc, si vous parlez allemand vous pouvez toujours écouter la suite ici.

Bref, et si je ne vous ai pas perdu avec cette narration d'une soirée arrosée, vous voyez que ce joli ouikend d'automne a été l'occasion d'un grand tour d'horizon de mes humeurs, des plus sombres aux plus lumineuses ; bon, tout ça n'est pas très stable, je vous l'accorde, et j'en parlerai à mon psy. Sinon, bin tout va bin, je me remets au boulot (comment ça, un nouveau roman ? Mais on avait dit la pièce ? Et les nouvelles érotiques ? Et les traductions ? Et les textes jeunesse ? Et... oh et puis bosse, on verra bien) et hop...

En parlant de prix (et c'était là où je voulais en venir) Colibri, le nouvel album du grand Guillaume Trouillard, vient d'être couvert de gloire dans un festival, et ce deux jours après sa parution ; comme quoi le travail et le talent, quoi qu'en disent les forumistes cons, ont toujours leur récompense quelle que soit la forme du cul de l'auteur...

19.10.07

Je me plaindrais bien, un peu, si seulement

En sortant de ma séance de kiné, j'avais presque les larmes aux yeux.

Encore raté. Encore une fois, les efforts la rééducation l'envie d'y croire, et puis ce tout petit mouvement, cette impulsion vers le haut qui fait que tout lâche, comme si j'étais condamné à rester à hauteur de cheville, à hauteur de gadoue pour toujours - depuis, s'il m'en souvient bien, un plaquage à retardement sur un terrain de merde, il y a quatre ou cinq ans...

Une pensée m'a fait sourire : celle d'écrire ici l'autopsie de ma jambe droite - des orteils écrasés il y a si longtemps sous le sabot d'un cheval à la cheville laissée dans mes baskets d'ado, du genou tordu au lendemain de mon mariage (et s'il y a des lacaniens parmi nous, ils pourront s'amuser avec Je-Nous pendant que je m'amuse avec Par Minou) à la rotule écrasée contre une colonne de direction à une époque où ma vie allait à contresens de mon coeur - peut-être même qu'on pourrait remonter un peu plus haut, toujours à droite, vers des choses plus intimes (mais il faut avoir lu Petit Guide des Transports... pour en être certain).

Bref, quand d'aucun me disent, Causse, tu as les chevilles qui enflent, je réponds que c'est faux. La cheville, seulement. Et elle a de bonnes raisons. Et je travaille pour que ça cesse.
(Et il me reste une jambe pour leur botter le cul si nécessaire).

Quoi qu'il en soit, cette volonté de vous tenir la jambe avec la mienne a failli ne pas résister à un examen plus sérieux.

Et elle, que j'aime malgré notre distance, qui souffre d'un mal plus insidieux ? Et elle, que j'aime en silence, qui ne m'en dit pas plus sur son état ? Et lui, que j'aimais comme un frère, qui a disparu à l'âge d'avant vivre ? Et lui, et lui, et elle ?

Fais chier, Causse. Tu ne vas pas te plaindre d'un petit bobo. Même si tu l'associes à tout ces petits trucs qui te pourrissent un peu le monde - le doute la peur la colère la méchanceté les jours où tu jetterais bien l'éponge de ton âme. Toi, au moins, tu as une chance de pouvoir un jour oublier et déposer ce fardeau.

Donc, non, je ne me plaindrai pas. Pas plus que je ne me réjouirai des jolies choses qui égoïstement m'arrivent - recueil de nouvelles fini, roman réréréenvoyé, chansons...

Je vais faire comme m'a appris mon pote Petit Gourou : penser à aimer et me réjouir de pouvoir le faire.


Et maintenant pour quelque chose de complètement différent : samedi et dimanche, Salon des Gourmets de Lettres, brasserie Flo des Beaux-Arts, Toulouse - de là où on peut voir le soleil sur Garonne...

And the rest is silence

Et le repos est silence.

Ou je me trompe dans la traduction.

Quelques jours de silence, quelques jours en forme de préparation. À quoi ? Je ne saurai le dire.

Oui, les choses se mettent en place sans que je comprenne ce qu'elles veulent devenir,
oui, je m'efforce d'être uniquement moi-même (même si ça me paraît grossier) et d'écouter,

le travail, bien sûr, et nous ne savons où donner de la tête,
sauf quand nos sourires se retrouvent pour le chaud et pour le doux.

Princesse de retour m'interrompt un bref instant : de quoi parler, en-dehors de cette inspiration un peu lyrique ?

Des répétitions de Lofi (je l'avoue, je suis la réincarantion d'Ike Turner, et Tina se plaint parfois), des textes pour la radio ou pour les éditeurs ? Du concert, énorme, de Domb hier soir pour de chevelus étudiants ? Des amis dont le retour fait chaud au coeur ? Des rêves et des espoirs ?

Nan, décidément, pas un soir à faire un post : je ne sais pas pourquoi, je n'ai envie que d'écrire de la poésie (au niveau plan de carrière, c'est le top du top, Bill Gates a commencé comme ça), ou à défaut de lire la suite du post de Princesse sur la Stratégie de la proie...

Et vous ?

14.10.07

PEut-on faire de la poésie alors que N. Sarkozy n'a pas inscrit le moindre essai contre les Anglais ?

This is one morning for you

Il y a des jours je le jure
Où je me sais capable
D'être heureux du vent d'automne
Séduisant parmi les feuilles,

De l'odeur de l'air gris
Sur les pavés disjoints,
De la mousse qui ronge ou amuse
Le trottoir de la cité

Il y a des jours je le sais
Où je m'estime non coupable
De la marche inutile et du futur flottant

Il y a des jours je le sais
Où je m'en jure capable
- Il y a des matins comme toi.

12.10.07

Quand j'étais petit, j'étais un Jedi

Et le matin se réveiller en pensant qu'il nous restait 500 millions d'années à vivre,
ou peut-être plus tout en sachant
qu'au bout il y aurait une étoile
nos cendres devenues cendres
et nos chairs tendres poussière

Se lever vers le grand large sans y croire vraiment
Emerveiller ses yeux aux chahuts d'hirondelle
Dans le clair d'un matin dont le lait sous la crème jamais ne reviendra
Le tendre vert disparu à jamais de nos prunelles

Le petit chat est mort, ce matin-là et je m'en sentais coupable comme d'avoir trop désiré








Oh bin merde, les mecs, je crois que je fais de la poésie...

11.10.07

La diagonale du loup

Le loup attend, sous un chêne. Il a tout le temps du monde.

Parfois, c'est vrai, il se sent un peu coupable : soit il se laisse aller à ses pulsions de loup - et forcément il passe pour un Grand Méchant - soit il se surveille, se réforme, se morigène.

Et là, qui sera-t-il ?

Le bon loup ? Le gentil chienchien à sa mémère ?
Ou encore pire, le héros ?

Non, parce que le héros, dans l'histoire, c'est quand même un chasseur, croisement improbable entre Burt Lancaster et Jean Saint-Josse, qui non content de buter le loup et de lui ouvrir le ventre (ce qui ressemble à mon humble avis à un fantasme homosexuel à peine voilé) pour délivrer Chaperon et la vioque, recoud ladite panse après l'avoir emplie de pierres (d'où le fameux titre Pierres et le loup).

Violent, revanchard et pervers : voilà l'archétype de l'homme qui triomphe dans Le petit chaperon rouge. Inutile de préciser que le désir est le dernier de ses soucis : il ne chope ni Chaperon, ni la grand-mère, se contente de vivats et de congratulations, puis retourne couper ses arbres - ce qui me fait immanquablement penser au bûcheron travesti des Monty Python, (ah oui, parce que j'avais oublié de le préciser, mais à l'époque, tous les chasseurs étaient bûcherons et réciproquement, parce que l'un dans l'autre (ehehehehehe) ça rapportait mieux comme ça)

I am a lumberjack and it's ok,
I sleep all night and I work all day...
I wish I'd been a girlie, just like my old papa...

Alors oui, le loup, en tant qu'archétype masculin (et bien embarrassé de l'être, parce que lui ce qui l'intéressait au départ, c'était la philo et jouer à la poupée), attend sous un chêne - comme un gland.

Je rends àPrincesse la responsabilité de cette dernière comparaison, et vous laisse sur votre faim - de loup, cela va sans dire - quant à la suite de leur histoire...


Et sinon, comment j'ai honte d'avoir oublié d'en parler (du coup, il ne commente même plus mes posts), mais l'ami Yrf a pris ses quartiers d'automne dans ce rade à part qu'est l'Imprévu, faubroug Bonnnefoy ; et même que je lui taperai bien un peu de pub si la grande LN ne l'avait pas déjà fait...

10.10.07

Y'en a beaucoup plus, qu'est-ce que je fais, je vous le mets quand même ?

Longtemps que nous n’avons pas écrit ensemble…

24h au moins !

Ouah la hhonte elle a mis un !

Et alors pour toi, s’exclamer est une honte (et là je mets un point d’interrogation, tu ne m’en veux pas) ?

Meuh non mais une auteur de chez Gallimard ne s’exclame pas !

Sauf moi.

…et sinon, c’est sûrement une erreur de ma part, mais il me semble que tu viens de dégrafer mon soutien-gorge et que tu as posé tes mains sur mes seins Mais je me trompe sûrement…

A but purement relaxatoire, ma Princesse. NE va pas m'accuser de pensées lascives, cela ne m'arrive jamais. Ou alors avec des animaux, ou à plusieurs, ou dans un chalet bavarois où une tête de cerf... Mais je m'égare. Nous en étions à démontrer une technique de respiration abdominale inspirée du yoga, où je mettais mes mains comme ça... pour que tu fasses çaq....

Tu as remarqué que tu mettais des "q" dans toutes tes fautes de frappe?
(oui, je mets de la musique).

Je mets du q partout, mon amour. Du désir, en tout cas. C'est peut-êrte anormal - en tout cas, on me l'a reproché quelquefois - et ce soir même, tiens, encore que sur le mode de la plaisanterie. Et puis tu me connais :je suis le premier à me le reprocher.

Oui, je sais, celle qui te l'a reproché m'en a parlé déjà. ...moi je ne te reproche rien. Mais ça m'effraie. Je voudrais bien penser comme toi, pour me rapprocher de toi. Et puis souvent je me dis, si nous étions tous deux comme ça, qu'adviendrait-il de notre amour?


Si je te disais qu'il m'arrive de coucher avec d'autres femmes, ça te rendrait triste. Et pourtant, j'aurais envie d'ajouter que je le fais (si je le faisais, ce qui est loin d'être établi) parce que je t'aime. PArce que c'est de t'aimer qui me donne la force d'aller plus loin dans tout ce que je fais, dans les mots, dans la musique, dans l'amour.

Pour l'amour, tu n'as pas eu besoin de moi pour aller plus loin. J'ai souvent l'impression qu'avec moi, de ce côté, tu as régressé. Et que tu rêves de bonds en avant. Sauf que je ne saute pas aussi loin que toi. Moi j'ai peur, pas envie, je suis heureuse avec toi, juste toi, pour l'amour. Oui, j'ai peur de me perdre. Et toi avec.

JE sais çaq (oups). J'ai les mêmes peurs, parfois. Et puis j'ai dans la tête des mots négatifs, comme ceux d'amies qui te diraient Mais il ne fait que justifier son infidélité, justifier sa conduite, il se moque de toi, tu n'es rien pour lui, etc.

Peut-être qu'elles auraient raison. Et pourtant si, c'est grâce à toi, à travers toi, pour toi, pour nous, que je trouve la force d'aller toujours un poil plus loin (à moins que ce soit une fuite ?).

Est-ce que j'ai régressé du point de vue de ce qu'il conviendrait d'appeler ma liberté sexuelle - je préfère parler de PpoliFidélité ? Je crois que c'est l'inverse.

Et puis si tu as peur de sauter, ce n'est pas grave : on a tout le temps du monde. Et on est assez bien, ici, sans avoir besoin d'aller ailleurs.

Meêm si je crois que toi et moi, profondément, chercherons toujours à aller un poil plus loin.

On n'arrête pas d'aller plus loin, nous deux. Et je ne parle pas que d'amour, enfin de sexualité (j'ai du mal à le dire, tu remarques?). Enfin, en ce qui me concerne du moins, depuis que je te connais j'ai fait des milliers de choses que je n'aurasi pas pu faire avant. Ou même pas pu imanginer. Des trucs quotidiens, tout banals, mais très importants quand même. Et puis le reste, comme chanter, écrire des chansons, écrire à deux, répéter dans la voiture jusqu'à ce que colère rentrée s'ensuive, et éclater devant toi, pleurer en sachant que tu ne m'en ferais pas le reproche des jours durant, enfin voilà, des tas de choses. Je vais plus loin depuis des mois. De ça aussi j'ai peur, parce que je me rends compte à quel point je me connaissais mal. Et j'ai l'impression qu'il y a encore pas mal de choses à explorer. Alors peur, oui. Mais comme une gamine qui cherche son chemin dans les bois. Comme le petit Chaeron rouge. Mais avec un P, sinon on comprend rien.

Tu veux que je te raconte l'histoire du petit chaperon rouge ? Une version modernisée en 4500 signes ?

(et là je ne réponds pas, car qui ne dit mot...)


Chaperon embrassa sa mère. Oui, M'man, j'ai compris, la galette, le pot de beurre, la bobinette cherra et tout le tintouin. Et gaffe dans les bois, bien sûr, à cause du méchant loup, etc.

Bien sûr. Et je reviendrai avant la nuit.

Elle ferma la porte de la chaumière et s'en fut à travers bois.

Il avait plu la veille – une petite pluie tiède de printemps sur la mousse, une petite pluie qui avait rincé les bourgeons et les fougères, poussant vers le dehors les odeurs de baies et de bois mouillé.

Elle avait bien grandi, Chaperon, depuis la saison dernière. Elle avait cessé de croire aux histoires de Grand Méchant Loup qu’on lui racontait. Elle avait lu Freud et Bettelheim, et avait vu Shrek 2 au cinéma de la clairière : vraiment, toutes ces bêtises étaient d’un autre âge.


Elle aimait des choses nouvelles, Chaperon. Elle aimait sortir avec ses amis. Elle aimait la façon dont les garçons aux longs cils regardaient ses boucles sous sa capuche rouge, elle aimait la façon dont son sang battait plus fou dans ses veines quand ils lui disaient comme elle était belle, comme ils avaient envie d’elle et de sa douceur tranquille.


Elle riait d’un rire clair, tu dis ça pour m’avoir dans ton lit, et le garçon avec son air sérieux disait peut-être mais je le pense.

Et parfois, elle se laissait tenter. Il suffisait qu’il le pense assez fort pour qu’être au lit avec lui soit agréable.


Après, il arrivait que les garçons deviennent collants. Désagréables. Qu’ils veuillent la garder pour eux seuls ; leurs longs cils se froissaient de colère, ils étaient beaucoup moins mignons, et leur voix lançait des coups de tonnerre.


Mais Chaperon, encore, riait d’un rire clair. Elle les rassurait d’un mot doux ou d’une claque, d’un sourire ou d’un bouquet de larmes ; et puis elle reprenait son chemin, le pied léger, vers la chaumière de sa mère – certes, ce n’était pas le top en matière d’indépendance, mais les loyers dans la forêt avaient grimpé récemment, et puis ça faisait plaisir à Maman qui était devenue presque une amie et ne lui faisait jamais la moindre remarque, à part bien sûr ce rituel de la galette, de la bobinette et du grand méchant loup.


Chaperon, sur le chemin, respirait les odeurs de la nature ; le soleil du matin jouait entre les feuilles naissantes des hêtres – il y avait des jonquilles, oui, un tapis de jonquilles jaunes vif à la place où, la semaine d’avant, il n’y avait que quelques tiges détrempées.

Chaperon adorait les jonquilles, et les hêtres, et les viornes. Elle ne put s’empêcher d’en composer un bouquet.

Et soudain, il fut sur lui.

Immense. Enorme. Menaçant. Le poil noir comme l’enfer, les yeux luisant comme le soleil. Celui d'avant la nuit.


- Je te dérange, Chaperon ?


La voix du loup était basse et profonde, c'était un velours râpeux. Chaperon sentit son cœur se mettre à battre dans son ventre.

- Vous êtes un loup ?

- LE loup. Grand Méchant de mon prénom. Mais… » -et son sourire étincela comme la promesse d’une lame- « Vous seriez surprise de constater à quel point les mots sont trompeurs. Je peux être d’une gentillesse extrême. »

Chaperon se mordit les lèvres. Elle avait envie de sourire, mais ce n'était pas le moment.

- Et… qu’est-ce que vous allez me faire ?

Le Loup sut presque réprimer dans ses yeux une étincelle de désir pur ; et c’est à cause de ce presque que Chaperon tomba aussitôt amoureuse.

- Mais je ne ferai rien, mon enfant. Rien que vous me demandiez.

- Ah bon ? Pour tout vous dire, je suis déçue. Je pensais que vous alliez me violer, me battre, me dévorer, m’humilier, me laisser pour morte…

- ...Et ça va peut-être aller comme ça? ...Permettez-moi de vous dire que tout ça, c’est votre Surmoi qui a intériorisé les normes de la sexualité féminine véhiculées par un conte inventé au 19e siècle, période moraliste et antiféminine s’il en fut – d’où la beauté des romans de Jane Austen ou de DH Lawrence, voyez-vous… Mais moi aussi je m’égare. Personnellement, je ne suis qu’un loup. Un archétype du désir. C’est sans doute à ce titre que je vous fais peur, non ?

- C’est possible, oui.

- Mais la peur, savez-vous, ça se travaille. Avec un peu d’envie.

- Ca tombe bien : j’ai très envie de vous.

- Mais votre grand-mère pourra-t-elle attendre ?

- Je dois avouer que je suis déchirée entre mon devoir familial et l’envie qui me tenaille de...enfin, vous savez.

- Ecoutez, Chaperon, voilà ce que nous allons faire : le désir ne fait que gagner à être retardé. Allez porter sa pitance à votre mère-grand, et vous me retrouverez ensuite, sous le grand chêne de la clairière. Si vous le souhaitez, évidemment.

Depuis, patiemment, le loup attend…

Et alors?

Et alors il fait quoi, pendant ce temps, le Petit Chaperon Rouge? Non, parce que le loup qui attend, c'est bien beau, mais c'est juste le principe du loup. Attendre, et on sait comment ça finit de toute façon.

Moi, ce que je voudrais vous raconter, c'est

le principe de la proie.

(c'est le titre, et je le dépose à l'instant, vous permettez?)

Pendant ce temps Chaperon se demande. C'est une fille de son temps, une fille libérée. L'ennui, c'est qu'elle ne sait pas trop de quoi. Sa mère esst une soixante-huitarde vraie de vraie, la preuve, c'est que Chaperon n'a pas de père. Chaperon a entendu des tas de trucs, des discours sur l'émancipation, le crépitement des soutien-gorge en acrylique qui brûlaient dans la cheminée dix-huit ans après la bataille, les slogans repassés des femmes en colère pour elle ne savait quoi, le miaulement des chats qui attendaient leur boîte pendant que les femmes défilaient dans les rues leur bébé sur le dos, à l'Africaine, sans de demander à quel point de la liberté les Africaines, de leur côté, en étaient.
Bon, bref, tout ça.
Donc, Chaperon s'entendait seriner tout le jour qu'elle était une femme libérée. A cinq ans, ça promet.
Et puis en même temps, il y avait toutes ces petites voix. Petites, mais drôlement persuasives, qui lui disaient "Les filles c'est pas pareil, fais gaffe on va abuser de toi, Chaperon tu seras toujours une proie, et si tu te laisses aller ce sera encore pire on te traitera de salope."

Prise entre les deux feux, dont l'un lui chauffait fort les fesses, Chaperon hésitait sur l'attitude à adopter : femme émancipée ("salope!" proclamaient les petites voix) ou amoureuse fidèle ("pigeonne, poire, t'es la honte de ton sexe!" piaillait la voix de sa mère)?
Entre nous, son corps avait un peu décidé de la chose : Chaperon l'offrait sans frémir à divers mâles de la forêt. En général des garçons très bien. Sauf quand elle décidait ne plus vouloir d'eux, auquel cas ils devenaient méchants, difformes, trollesques. Et ils prenaient de toutes petites voix : "salope, t'es vraiment qu'une allumeuse", et la suite est évidemment censurée, parce que Chaperon, en ces circonstances, était baptisée de noms tels que la décence nous interdit de les épeler -même ici, c'est dire.
Du coup, Chaperon se demandait : faire ce qu'on veut avec son corps, faire ce dont on a envie, des trucs pas possibles, des machins qui font voir des étoiles, qui font crier, presque hurler à la lune -franchement, est-ce que c'est bien? Bien comme dans pas mal?
Sa mère, à Chaperon, prétendait que bien sûr.
Les petites voix, quant à elles, réclamaient la peine capitale. Et des tortures, avant, quand même. Genre le supplice du pal. Comme si, d'une certaine façon, les petites voix n'attendaient qu'un prétexte pour verser dans la perversité même qu'elles condamnaient.

Chaperon ne savait que penser. Elle aimait bien abandonner son corps au plaisirs ("salope!") et aussi penser au Prince Charmant, celui auquel elle resterait fidèle ("notion petite-bourgeoise de la fidélité!"), surtout s'il s'arrangeait pour toujours lui faire bien l'amour ("salope de petite bourgeoise!").
Dans le doute, elle préférait ne pas s'abstenir. Elle profitait. Parce qu'elle se disait, n'est-ce pas, qu'on finit toujours par mourir à la fin.

Oui, mais, et le loup, dans tout ça?

Eh bien, le loup, patiemment, attendait.
(puisqu'on vous dit que c'est le principe du loup).

Et puis les sept nains qui vous disent "ça fait pas 3500 signes, ça, Mam'zelle, sauf vot' respect!" (Les sept nains ont ceci d'attachant que, en dépit de leur crasse et de leur barbe à poux, ils demeurent fort civils).
Et Peau d'âne qui râle parce

Wow.
Et même wow, wow, wow.
On en dit beaucoup, ce soir, Princesse. Faudrait quand même pas exagérer. Il y a des bonds qu'on fait sans réfléchir, d'autres qui se mûrissent lentement. (enfin, moi je dis ça surtout parce que tu m'as laissé le clavier avant d'avoir terminé ton histoire, sinon, les bonds, je suis pour, c'est mon côté Chat Botté). Et si on en revenait au début de cette conversation, le moment où tu étais sur mes genoux et que j'essayais de te détendre par diverses manoeuvres dilatoires qui, certes, nécessitaient le dégrafage de ton soutien-gorge (en copine, comme on dit), mais t'assuraient d'un bien-être nocturne dont je me targue de te gratifier car moult m'en chaut - aaaarghghghg putain je me mets à parler en 17e, j'arrête tout de suite...

Oui, tu as raison, arrête.
Enfin si tu veux.
Parce que tu devrais savoir que, au fond, tu feras toujours ce que tu veux, et que je n'y serai pas pour grand chose. J'aime te laisser faire.
Comme là.
Bon, c'est fini pour ce soir. Il est tard.
Dodo (pour ceux qui veulent).

toi aussi tu fais ce que tu veux







La méthode Z

Nous voilà revenu tout frais de notre échappée belle dans les cols pyrénéens.


Au programme, massages, jacuzzi, hammams, randonnées et autres chambres d'hôtes aux draps épais : la douleur, avouons-le, était supportable.

On méritait bien ça, voilà ce qu'on s'est dit pour tenir à distance la culpabilité qui nous tenaillait à l'idée de n'être pas au taf en ces jours ouvrés, fainéants d'artiss. Parce qu'on avait passé le ouikend et une partie des jours précédents à accomplir une partie non négligeable de notre saine activité, à savoir la vente.

Et là, il s'est passé quelque chose.

Dans mes projections personnelles, voyez-vous, je me vois souvent comme un jeune disciple, un shoshîn, genre Petit Scarabée tentant de saisir la pierre dans la main de son maître ou JC Vandamme face à un train (ou une noix de coco, faudrait que je vérifie). C'est dire si je suis capable de reconnaître un maître quand j'en croise un.

Et c'est ce qui est arrivé. Il se tenait là, à la même table que moi, avec son costume impeccable et sa fine moustache ; le verbe haut, l'oeil engageant, il interpellait chaque acheteur potentiel dans les allées du magasin où nous dédicacions de conserve, et lui déroulait un speech idoine avec un accent chantant façon Roger Hanin dans les films d'Alexandre Arcady.

Je venais de rencontrer mon maître, Monsieur Z.

A l'occasion de courtes pauses où il me regardait un poil de travers, j'ai appris qu'il avait été VRP, promoteur immobilier et d'autres choses encore ; et que, devenu auteur, il mettait à profit son expérience de la vente.

Normalement, nous autres z'écrivains, pendant nos séances de dédicace, nous restons sagement derrière nos tables, en essayant d'éviter le regard de celui qui saisit nos livres, histoire de ne pas l'effrayer ; les plus hardis d'entre nous, au bout de quelques minutes, arrivent à expliquer en murmurant que oui c'est un livre que je l'ai fait moi-même, une histoire si vous voulez, avec comme qui dirait des personnages, je ne sais pas si ça peut vous plaire, comment ça, vous voulez l'acheter ? Vous en êtes vraiment sûr ? Vous ne voulez pas voir ce que font mes collègues, d'abord ? Bon, vous l'aurez voulu...

Mais mon compagnon du jour, lui, avait à sa disposition un argumentaire infaillible, des réparties et des enchaînements d'idée qui ne laissaient à l'acheteur potentiel que le choix entre acquérir un roman extraordinaire ou rater une opportunité en or de découvrir l'auteur le plus prometteur de sa génération.

Pendant les dix premières minutes, j'ai fermé ma grande g, ce qui est plutôt rare ; j'hésitais entre admiration et moquerie : ahahaha le vil bateleur, mais monsieur la LLLLLLLittérature ça n'est pas ça, la LLLLLLLittérature ça se mérite, et fi de celui qui délaisse nos oeuvres, c'est un sot et un ignorant, laissons-le mariner dans sa crasse inculture (dis, Princesse, "inculture" et "crasse", c'est bien obligé des les écrire l'un à la suite de l'autre, non ?), nous n'écrivons que pour les apifioux (je ne sais pas vraiment ce que c'est, peut-être un genre de tripou), bienheureux ceux qui savent et tam nideat ingenitur qui propioque laudeant, comme on dit en latin Kaamelott en tout cas).

Sauf que le type vendait, et vendait bien.
- Mais Monsieur, la LLLLLllLlLLLLitttérature n'est pas affaire de vente ou de clients, mais d'affinités et de
OH TA GUEULE MAINTENANT.

Que vouliez-vous que je fissasse ? J'ai copié. Même si dans ses yeux je lisais un genre de "Manu Causse fait rien qu'à copier, Manu Causse salaud !", je lui ai emprunté sa façon de prendre contact, de vanter le produit (du bonheur du rêve de l'émotion à toutes les pages, et tout ça pour combien je vous le demande pas cent euros pas cinquante euros... euh, pardon, je m'emporte), de charmer le client...

Et ça a très bien marché. Enfin, disons, mieux que d'habitude.

Le lendemain, Princesse et moi étions de salon, à Gaillac (avec en guest stars Anton et Zadig, qui ont passé la journée de livres en dessins et souriaient aux anges) ; et, derechef, j'ai employé la méthode Z, sous le regard un peu consterné de mes collègues.
Je me suis même fait traiter de bateleur par notre voisine de table ; mais elle était tellement, tellement charmante que je l'ai pris pour un compliment.

Total, le soir même, j'avais épuisé la pile de Roméo@Juliette que m'avait préparée le libraire, et Fair-Play n'en était pas loin. Et surtout, surtout, j'avais discuté avec beaucoup de gens, je m'étais amusé d'un bout à l'autre de la journée et je me sentais, allez, disons-le, assez content de ce que je fais.

Le lendemain, le salon Lire en poche de Gradignan m'accueillait, avec beaucoup plus d'auteurs, de libraires, de public, et beaucoup moins de temps.

L'ampleur du truc m'a un poil impressionné, je l'admets ; mais j'ai serré les dents, invoqué mon maître à penser, et ressorti la méthode Z. Miracle : les deux piles de livres ont fondu en moins de trois heures.

Merci, M'sieur Z. J'ai tout appris de vous (en revanche, pour l'accent de Tlemcen, je ne suis pas certain, je le garde ou quoi ?). Dorénavant, ma devise après un salon sera "je suis venu, j'ai bu (si, si, ça se fait), j'ai vendu..."

Il faut dire, aussi et surtout, que l'intérêt des Dual Books de la maison Talents Hauts est incontestable, et que, je vous assure Monsieur Z, vendre de la qualité, c't'un vrai plaisir...

Bon, enfin, voilà tout ce qu'on fait avec miss Princesse, et puis maintenant on retourne au taf vu qu'il est presque l'heure de s'y mettre...

Et sinon, il y a encore du nouveau sur LoFi.



8.10.07

Coming next

Vous voulez tout savoir des salons que nous courûmes, de la "méthode Z", des soirées "créativité débridée" avec le terrible Gros Chien From Nowhere, des projets accomplis et de ceux qui naissent ? Vous voulez entendre la suite de l'album PpolyFidL sur Lofi ?

Hé bin vous avez le droit.

Mais Princesse et moi, on se casse à la campagne se faire un petit break. Alors il faudra attendre un peu.

Bisoux.

4.10.07

Promo galactique

Vendredi 5 (14h-17h), Cultura Labège,

Samedi 6, Salon du Livre de Gaillac

Dimanche 7 (15h-17 h), Lire en poche, Gradignan...

Tout ça en particulier pour Fair Play et Romeo@Juliette



Dites, vous me laissez pas tout seul, hein ?

La face cachée des dieux du stade


Insomnie et contusions sont les mamelles de la création nocturne : je profite d'un réveil dans le plus pur style "aouch, j'ai pris un pain hier soir" pour me lancer dans un peu de photojournalisme.


Dans ma voiture, le mercredi soir, après avoir posé Anton et Zadig chez leur mère, il y a toujours un moment où je me sens trop fatigué, ou l'envie d'autre chose ; mais ma Fiestita est fidèle et me conduit dans le sud-est de Toulouse, vers le quartier de Montaudran.
Là, un peu à l'écart, posé entre des immeubles tranquilles, le stade attend.

On se gare comme on peut, on descend de voiture encombrés par le sac ; on bise ceux qui arrivent en même temps que nous, et puis on fait le tour du vestiaire, entre les blagues rituelles et les sourires, pour dire bonjour à tout le monde.

Tout le monde, c'est l'équipe des Gonins. Une équipe comme une autre - c'est à dire, pour ceux qui la composent, unique, différente, pas comme les autres .

Je n'ai jamais entendu d'équipe de rugby se définir autrement que comme des copains ; mais celle-là, pour moi, l'est plus qu'aucune autre.

Tix-le-chef gueule un peu : on est en retard, on se traîne, on a autre chose à faire qu'à bader ou bavasser. Tix-le-chef, c'est un peu comme l'entraîneur du RC Cathare, la finesse, et l'humanité en plus (ce qui, vous en conviendrez si vous cliquez, n'est pas super difficile).

Alors on court. Longtemps. Et on discute. Et Yoyo (dit l'arracheur de slips) vanne pendant la série de pompes - oh, les vannes ne sont pas des plus fines ni des plus nouvelles, évidemment ; elles sont juste très efficace quand on tente de rester en appui dix secondes de plus.

Puis on commence à jouer. On fait les équipes. La blague obligée, toujours la même, est : "Oh, Tix, d'habitude tu fais une équipe de cons ; là tu en as fait deux". Et on se marre toujours autant, parce qu'on est heureux de se sentir un peu cons - ensemble, tous ensemble.

Les surnoms pleuvent : Gamate (qui ramasse tout ce qui traîne), Mobylette, Caouit, RFM (pour Radio fouille-merde, qui en plus est mon frère jumeau, en plus rapide), Hercule (qui a laissé une cheville hier soir sur le terrain, comment tu vas mon grand ?), Double-bite (ah bin oui, hein... on est ensemble dans les vestiaires, il y a certaines particularités physiques qui n'échappent pas)...

On ne se fait pas mal, ou pas souvent ; certains d'entre nous ont dépassé la soixantaine, d'autres ont à peine plus de vingt ans ; certains ont un passé en club, d'autres ont appris sur le tas (no comment).
Les courses et les regroupement s'enchaînent. Au bout d'un moment, les copains de trente ans s'engueulent, Putain mais t'es trop con t'as pas le droit de faire ça - mais si j'ai le droit, t'as qu'à demander à Tix, ou Tu peux pas faire gaffe quand tu plaques ? - T'as qu'à tenir debout...

Mais ça, c'est juste la fatigue. Dans les vestiaires, un peu plus tard, on se débriefe à coup de vannes Hé, merci de m'avoir laissé passer - J'ai pas voulu te faire mal...

Et puis je reprends mon sac en me disant comme tous les mercredis que j'ai bien fait de venir, que je me sens mieux, le dos en vrac, la tête dégonflée, les pieds sur terre (sauf le droit qui boitille un peu encore) et au milieu de ma tribu.

Alors oui, c'est l'esprit macho, régressif, un peu idiot des garçons dans les vestiaires (mais les filles peuvent y venir - enfin, à l'esprit, pour les vestiaires je ne sais pas, faut demander) ; l'esprit de corps, d'agressivité et de violence, ritualisé et magnifié (enfin, c'est pas forcément visible à l'oeil nu pour la magnification, mais je vous assure qu'elle y est) ; l'esprit de clochers, de groupe, de camaraderie, de terroir, de légendes.

Je connais des gens qui détestent, d'autres qui ne jurent que par ça. Quelque part au milieu, je me dis que c'est l'esprit tout court, l'esprit d'un mercredi soir sur terre et sur gazon. Je ne sais pas s'il y a lieu de se sentir fier ; je sais seulement qu'on s'y sent heureux.

3.10.07

C'est quoi ton style ?

Paroles en l'air


Un garçon m'a offert des fleurs et je
me suis demandé ce qu'il fallait comprendre
ce n'est pas mon genre
ce n'est pas dans mes moeurs


Faudrait vraiment que je sache
dans quel style me mettre
Dans quelle case me ranger
Pour ne pas me déranger

Pour si peu...



Question de style, donc : j'hésite encore entre électrorock et chanson française, entre remix et souvenirs, entre joie du matin et douleur des ruptures...

LoFi, tout ça.




Psss : visiblement, les publications de LoFi ne marchent pas toujours comme il faudrait ; on en est au troisième extrait, je pense...

2.10.07

À l'aveugle

Avancer sur le fil sans jamais se dire

Sans s'entendre penser tendu vers le désir

Regarder d'en haut jaloux de ses barrières

Sans accepter la peine le temps ou le plaisir

...

C'est l'histoire de M'sieur Luc.

1.10.07

En forme de rupture

Les allées Jaurès, le pas comme flottant de bonheur simple - retrouver Princesse Emmanuelle, voir les gens qui se pressaient autour du rugby, qui se croisaient avec leur poussette et les sacs fnac...

Et puis il s'est tourné - pas directement vers moi , non ; en fait, il s'et détourné d'elle et j'ai vu son visage à cet instant-là.

Le "C'est comme ça que ça finit". Le "Et pourtant je t'aime". Le "Comment peux-tu être égoïste à ce point". Le "Oh le vide que tu me laisses".

Mais il n'a rien dit, sans doute. Il y en avait trop sur son visage pour qu'il en ait laissé couler ailleurs.

Fragment d'une rupture ordinaire.

Et elle ? Elle, je n'ai pas vu son visage. Je l'ai suivie un moment - jean foncé, blouson noir, cheveux longs, silhouette épaissie déjà. Elle s'était saisie de son portable - je ne suis pas certain qu'elle l'avait lâché quand elle lui a dit c'est terminé.

Elle appellait qui, au fond ? Une copine ? Un témoin de la scène fugitive ? Quelqu'un qui la rassurerait, lui dirait qu'elle avait eu raison ?

Et puis je l'ai perdue de vue à un feu rouge. Je suis reparti vivre mon petit bonheur - match dans un café, Princesse qui me surprend d'un baiser dans le cou par derrière, voir, boire, parler, partager... dimanche fut ensoleillé, le marché St Aubin étant le Camden de Toulouse et les vieux potes toujours dispos pour un match à la télé ou une discussion tordante (you should hear Miss F. knocking on heaven's door to get someone a bigger hard-on...)

Mais oui, ce moment-là, cette rupture dont je n'ai vu ou imaginé qu'un fragment, c'était le coeur secret du ouikend. Peut-être parce que ça me rappelait quelque chose.