29.10.07

Exercice de remplissage, acte I

Après un départ radieux, ce lundi a mal tourné : voilà-t-il pas qu'il pleut! Et dire qu'on n'est même pas en novembre...

Cette magnifique introduction vous était offerte par Madame Suzanne, préposée aux considérations météorologiques et humaines de quartier ; à présent, nous pouvons commencer.

...Sauf que ce soir, je suis terriblement paresseuse. Pas forcément en panne d'idées, mais un peu à court d'énergie pour les exprimer, là, maintenant. J'ajouterais même hic et nunc, si ça ne sentait pas son remplissage à des kilomètres, oooh trop tard c'est fait tant pis je laisse.

Ce soir j'ai envie de :
- me reposer à présent que les enfants sont couchés,
- lire dans mon bain avec de l'eau jusqu'au menton (c'est maaaaaaaaaal! me hurle ma conscience écologique forte. Elle a raison, sauf que quelquefois je ne l'écoute pas. Mais juré, je ne construirai pas de centrale nucléaire, même si on me le demande très gentiment, et je viens tout juste de détruire les plans de la nouvelle arme subatomique qui, d'une seule pression même pas forte de l'index, pouvait anéantir l'ensemble des galaxies connues et inconnues. Vous reconnaîtrez que c'est plutôt sympathique de ma part, vu que George Bush m'en donnait un bon prix, et que j'avais le droit de le tutoyer après),
- retrouver dans l'intimité le frisson gai et chaud qui m'a secouée en entendant sa voix ce soir au téléphone (Même qu'après j'ai fait le kangourou mais cela, je ne l'avoue que parce que nous sommes entre filles, l'interfacedeDanston blog.)


Et donc bref : fainéante que je suis, ce soir je vais vous donner à lire un petit texte que j'ai écrit chépukan sous la contrainte, celle d'un exercice oulipien avec mots imposés. Peut-être qu'un jour, j'en ferai une véritable histoire. Si vous êtes pour, envoyez vos dons à
L'interfacedeDanstonblog
CCP 2 584 54 H
Toulouse Chèques
(je ne sais pas à qui appartient ce compte s'il existe, mais on ne sait jamais, ça fera peut-être un heureux...)

Et si vous êtes contre, faites comme tout le monde, ne changez rien, ne dites rien, ne lisez pas ce blog, ou alors revenez dans 3-4 jours, quand Master Causse sera revenu de chez les gazelles (bien fraîches, s'il vous plaît).

Enfin voilà.
(Et si vous ne voulez pas lire le texte qui suit, je vous invite à l'enjamber d'un grand pas digne afin de vous rendre directement à notre rubrique quotidienne, "toi aussi cause en wolof et dis des trucs sages et incompréhensibles".)

Comme une fraise trop mûre écrasée sur sa joue, l'envie sur son visage annonçait sa disgrâce. Elle la portait depuis l'enfance, une enfance sans amour, discordante dont, petite, elle essayait déjà de se défaire en frappant bruyamment le clavier du piano quand on la laissait seule chez elle. Elle haïssait son père, elle détestait sa mère ; elle les trouvait cruels de l’avoir mise au monde. Elle ne voulait pas d’eux comme miroir, puisqu’ils ne lui ressemblaient pas et, plus que tout, elle regrettait sa naissance. Exister, ce n'était pas, en définitive, ce bonheur promis que s'échangent les parents d'un enfant à venir. La fusion des cellules, avec ou sans amour, aboutissait parfois à un collage hideux et à des êtres impropres à vivre, qu'il faudrait abattre, tout comme ces arbres tordus dans le verger, qu’elle marquait périodiquement à la peinture rouge. Posé sur un tabouret derrière elle, un poste de radio diffusait sa musique, toujours un requiem. Elle pensait qu'ils étaient mortels, tous, les humains comme les arbres, et elle se demandait s'il lui serait donné, un jour, d'inscrire cette même croix rouge sur le front de certains d'entre eux. Se poser cette question absurde apaisait sa colère, et elle se mettait à sourire. Caché derrière la haie, je l’observais, les yeux rivés sur la tache presque noire qui maculait sa joue. Avec l'élan de la lumière, elle paraissait toujours plus sombre. Pour me distraire de sa vue qui me poussait au bord des larmes, je cherchais autour de moi un sujet qui prêtât à rire, j’aurais voulu plaisanter avec elle, partager quelque chose. Mais la faire rire, même sourire, me semblait impossible. Alors je la regardais, elle, encore, incapable d'écarter le désir qu'elle m'inspirait en dépit de sa folie et de la tache sur son visage, et plus proche chaque fois de faire le grand saut : un jour je lui dirais, à travers la clôture, que j’avais envie d’elle ; ou bien sur le trottoir, devant chez elle, quand elle y prenait ses quartiers d’été. Pendant la saison des moustiques, elle s’installait dans un fauteuil, et posait sur sa tête un large voile de tulle qui, descendant jusqu'aux chevilles, la protégeait des insectes. Surtout, il la soustrayait à la vue des passants, lui permettant de se consacrer sans gêne au livre qu'elle tenait sur ses genoux et dont le titre, lui aussi, échappait aux regards. Parfois, elle écrivait, et l'on voyait la forme de sa main soulever légèrement l'étoffe, laissant entrevoir quelques lignes griffées par une plume mal taillée, des lignes dont je savais, avant même de les déchiffrer, qu'elles parlaient d'attente et de haine.


Ayé. Et brisons-là, braves gens car, d'une part, le texte est fini, et d'autre part j'entends la foule se presser sur ce blog pour lire le proverbe wolof du jour. Que je vous livre sans plus attendre, trop de suspens, ça donne des cors aux pieds (à cause qu'on piétine d'impatience, merci Mme Suzanne pour ces éclaircissements).
Or donc : "Am naa giléém ca Gànnaar yomb naa wax."*

Et là, je suis censée ajouter quelques phrases nonchalantes mais pleines de sens, ne fût-ce que pour séparer le proverbe de sa traduction, et ainsi donner à ma petite astérisque sa raison d'être ; comment ça sent le remplissage à mort par ici, décidément cette soirée est placée sous les signes conjugués (à un temps simple, forcément) de la nonchalance et de l'envie de prendre un bain (MAAAAAAAAALLL ! ...OH c'est bon, j'ai compris, pas la peine de crier. Ecoute, tu me laisses le prendre, ce bain, et en échange, j'imprimerai désormais tous mes manuscrits sur du papier brouillon, genre verso du précédent manuscrit refusé ; et toi, ma conscience écologique, puisque t'es si forte, tu t'arrangeras avec mon éditeur, et peut-être que tu la ramèneras un peu moins après.)

Bien le bonjour chez vous, en attendant.

* "J'ai un chameau en Mauritanie, c'est facile à dire."
C'est en effet plus facile à prononcer que "J'ai six sensibles saucissons en Ecosse du Sud". Mais moins facile à rapatrier, au prix où est le container à chameaux, surtout en DDP. Enfin bon, débrouillez-vous, moi j'ai arrêté la viande et les importations.
(c'est n'importe quoi, tout ça. Je vais me faire gronder par Manu Causse quand il va revenir du Sénégal, il va me réclamer les clés du camion, après il va vérifier la jauge, le compteur, tout ça, il verra que j'ai éraflé les ailes et dépassé les bornes et après je serai privée de camion. C'est dommage, on commençait à bien s'amuser, l'interfacedeDanstonblog et moi. Et c'est super dur à lire, quand c'est écrit tout petit comme ça.)

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