19.10.07

Je me plaindrais bien, un peu, si seulement

En sortant de ma séance de kiné, j'avais presque les larmes aux yeux.

Encore raté. Encore une fois, les efforts la rééducation l'envie d'y croire, et puis ce tout petit mouvement, cette impulsion vers le haut qui fait que tout lâche, comme si j'étais condamné à rester à hauteur de cheville, à hauteur de gadoue pour toujours - depuis, s'il m'en souvient bien, un plaquage à retardement sur un terrain de merde, il y a quatre ou cinq ans...

Une pensée m'a fait sourire : celle d'écrire ici l'autopsie de ma jambe droite - des orteils écrasés il y a si longtemps sous le sabot d'un cheval à la cheville laissée dans mes baskets d'ado, du genou tordu au lendemain de mon mariage (et s'il y a des lacaniens parmi nous, ils pourront s'amuser avec Je-Nous pendant que je m'amuse avec Par Minou) à la rotule écrasée contre une colonne de direction à une époque où ma vie allait à contresens de mon coeur - peut-être même qu'on pourrait remonter un peu plus haut, toujours à droite, vers des choses plus intimes (mais il faut avoir lu Petit Guide des Transports... pour en être certain).

Bref, quand d'aucun me disent, Causse, tu as les chevilles qui enflent, je réponds que c'est faux. La cheville, seulement. Et elle a de bonnes raisons. Et je travaille pour que ça cesse.
(Et il me reste une jambe pour leur botter le cul si nécessaire).

Quoi qu'il en soit, cette volonté de vous tenir la jambe avec la mienne a failli ne pas résister à un examen plus sérieux.

Et elle, que j'aime malgré notre distance, qui souffre d'un mal plus insidieux ? Et elle, que j'aime en silence, qui ne m'en dit pas plus sur son état ? Et lui, que j'aimais comme un frère, qui a disparu à l'âge d'avant vivre ? Et lui, et lui, et elle ?

Fais chier, Causse. Tu ne vas pas te plaindre d'un petit bobo. Même si tu l'associes à tout ces petits trucs qui te pourrissent un peu le monde - le doute la peur la colère la méchanceté les jours où tu jetterais bien l'éponge de ton âme. Toi, au moins, tu as une chance de pouvoir un jour oublier et déposer ce fardeau.

Donc, non, je ne me plaindrai pas. Pas plus que je ne me réjouirai des jolies choses qui égoïstement m'arrivent - recueil de nouvelles fini, roman réréréenvoyé, chansons...

Je vais faire comme m'a appris mon pote Petit Gourou : penser à aimer et me réjouir de pouvoir le faire.


Et maintenant pour quelque chose de complètement différent : samedi et dimanche, Salon des Gourmets de Lettres, brasserie Flo des Beaux-Arts, Toulouse - de là où on peut voir le soleil sur Garonne...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je connais une fille avec pleins de bobos à l'âme qui a écrit un livre qui s'appele "combat".
Les gens ratachent souvent la création au mal-être.Faux quand je vais pas bien je vomie et je dors.
Et chaque fois que je me reveille c'est une nouvelle vie qui commence.
Vive la solitude.