Tiens, te voilà, l'interfacedeDanstonblog, tu tombes bien. Viens sur mes genoux, je vais te raconter une histoire. Je te préviens, c'est plein de morts violentes.
Attention, ça commence.
Dans une banlieue sauvage en lisière d’une métropole surpeuplée vivait une famille d’immigrés allemands. Le père, Hans, était un ouvrier métallurgiste sans travail et en fin de droits qui buvait tout son RMI sur le balcon de son T2 pendant que sa femme, Greta, arpentait les marchés après le départ des maraîchers afin de ramasser quelques légumes gâtés pour la soupe du soir. Leurs deux enfants, Hansel et Gretel, n’avaient, entre leurs os et l’acrylique de leur jogging Emmaüs, que la peau ; et encore, c’était purement esthétique. Un soir Greta, dont l’estomac vide criait sa douleur en silence, confia à Hans qu’elle envisageait de perdre le lendemain leurs enfants dans les rues chaudes de la ville toute proche. Le père haussa les épaules et reprit un verre de rouge. De toute façon il s’en foutait, il était sûr qu’ils n’étaient pas de lui, ces gnards. La mère, le trouvant sans cœur, rassembla ses forces et le poussa par-dessus la rambarde du balcon. Hansel et Gretel, qui n’avaient pas perdu une miette de la scène, trouvant qu’elle exagérait, lui firent subir le même sort.
Comme ils habitaient au premier étage, les parents s’en sortirent. La paraplégie qu’ils contractèrent lors de cet incident leur permit de toucher une confortable pension, avec laquelle Hansel et Gretel s’achetèrent des bonbons.
Voilà, je crois que ça dit à peu près ça, Hansel et Gretel. Sauf que dans la version originale, le père s’en sort beaucoup mieux à la fin, mais je trouve ça immoral, moi, que ce type, complice à deux reprises d’une double tentative de meurtre sur descendants directs, s’en tire avec une relaxe, les félicitations du jury, et un gros câlin des deux gamins. Alors que la mère, qui a joué franc jeu dès le départ, a écopé de la peine capitale.
Et je ne vous parle même pas de la sorcière. Enfin si, mais vite, alors. Cette pauvre vieille chez qui deux jeunes sont entrés par effraction pour lui piquer ses économies, et qu’on a fait griller dans un four pour lui faire avouer où était la planque... Eh bien, elle n’a rien dit, pas un mot. En fait, elle aurait bien voulu, mais ces deux jeunes idiots avaient mis le four sur 360°C (chaleur tournante, un tour complet), alors elle n’a pas eu le temps de leur révéler que les bons du trésor étaient planqués sous la pile de draps, dans l’armoire normande, comme d’habitude. Comme elle avait quatre-vingt-dix-huit ans et que son horoscope du jour était mauvais, tout le monde s'est dit que ce n'était pas la peine d'en faire un plat (et de toute manière elle était trop cuite).
Il est temps que j'arrête les contes de fées, moi. Je vais plutôt lire le petit dernier de Jean Hatzfeld. Et je vous recommande d'en faire autant, lecteurs égarés. C'est tout le contraire des contes de fées.
Et ceci, ô surprise, nous raproche comme par hasard, géographiquement tout du moins, de ces terres où, un (grand) peu plus au nord-ouest, on cause wolof. C'est donc avec plaisir, et une douce pensée du coeur et du ventre adressée à mon exilé provisoire, que je vous livre ce soir le proverbe wolof du jour. Tenez-vous, c'est parti :
"Kuy gunge boroom biirbuy daw, lu la ca "waaxusil" fekkee."*
...Alors, l'interfacedeDanstonblog, elle t'a plu, mon histoire? Tu la publies?
Ouuuaiaiaiaiais!
(Tu vois, sweet boy, il y a plein d'occasions de faire des danses de la publication)
Demain, je parlerai peut-être de choses plus sérieuses, mais ce n'est pas certain, parce que j'ai du monde à la maison, et plein de repassage en retard.
*"Celui qui accompagne quelqu'un qui a la diarrhée n'a pas à lui dire : 'dépêche-toi'".
C'est vrai, quoi, un peu de retenue.
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