30.4.07
Flight delayed
Bloqué.
Ecrire ? Jouer de la guitare ? Aucune envie pour le moment. Même le joli soleil ne me décide pas à chanter. Il faudrait que je fasse des mails, que je remplisse mes impôts, que je range mon appartement, que je prépare un peu sérieusement les mois qui viennent, comme une gentille fourmi qui remplirait son grenier à blé... Mais rien ne vient.
Mon entraînement de yogi me semble inutile : j'ai beau savoir que les choses bougent, qu'il n'y a que moi qui me sente coincé et que le futur finira bien par arriver, je me sens envahi d'une agaçante léthargie.
Où sont passées les couleurs ? Chaque brèche que j'ai creusée dans le mur d'inquiétude qui était le mien, chaque pierre que j'ai descellée pour regarder dehors me semblent des efforts inutiles, comme si je devais encore et toujours les recommencer.
Alors, je lis. Je lis un ouvrage sur les bloquages, sur les pertes de zèle et de foi. Je lis un roman qui m'a appris, depuis mon adolescence, à rechercher le calme de l'esprit avant d'entreprendre quoi que ce soit - en particulier la tâche complexe de l'entretien des motocyclettes (au cas où je ne l'aurais pas cité mille fois, il s'agit du Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes de Robert Pirsig).
Je n'ai pas de moto à entretenir. Juste un blog, quelques histoires et un petit nombre de chansons. Sans parler des tâches ménagères.
Je lis, je dors, je fais l'amour, par un lundi au soleil qui attend l'heure d'un concert avec la Teigne.
J'ai vraiment de quoi me plaindre, non ?
26.4.07
Comment je me la pète...
- être patient avec mes fils
- pardonner à qui m'avait crié dessus
- méditer pour de vrai sous un arbre dans un parc (même qu'il y avait des gens qui passaient, comment c'était la honte, ah mais non je suis con puisque je méditais, j'avais dépassé la honte)
- dire non à un éditeur (même si c'était un tout petit "non")
- rater le rugby parce que j'étais trop crevé
- rentrer en tongs et chemise dans le bar le plus branchouille de Toulouse (désolé, mais ça m'a tellement fait rire que je ne peux pas m'empêcher de le dire, même si omnia vanitas et porca miseria et tout ce genre de choses)
- passer une journée à dormir et à faire l'amour pour me reposer de ces derniers jours agités (bon, j'ai quand même bossé un peu, à cause de la culpabilité et tout ça, mais pas bézef quand même).
Bon, allez, assez de rodomontades et de racontage de vie. Une historiette ? Allez, tiens, ça :
Leçon de conduite
Allez, mémé, tu la bouges, ta poubelle ? Le feu est vert, merde ! On devrait leur retirer leur permis, à toutes ces vieilles connes, bordel.
Oh putain. C'est de nouveau rouge. Et tous ces cons qui klaxonnent derrière moi comme si c'était ma faute... Eh, mamie, est-ce que tu vas... oh merde, pourquoi elle allume ses feux de recul, elle ne va quand même pas...
(choc)
MAIS ESPECE DE CONNASSE C'EST PAS POSSIBLE D'ETRE AUSSI CONNASSE PUTAIN
(portière)
Non mais vous vous croyez où, pauve conne, si vous ne savez pas conduire, faut apprendre, Madame !
Madame...
Madame Néret ?
C'est moi, Emmanuel... oui, le petit Manu, de la maternelle... Vous vous souvenez ? J'étais votre chouchou...
Ne pleurez pas, Madame... s'il vous plaît.
Hé ben voilà.
La philo est dans l'escalier
Bob'o Blog et LN habitent à trois étages de distance dans un immeuble à 2 ascenseurs ; pour aller d'un appartement à l'autre, il faut donc prendre ledit ascenseur ET une demi-volée d'escaliers.
Nous devisions gaiement (j'adore deviser gaiment, je trouve que ça fait classe) tout en montant dans la cabine pour retourner chez Bob.
Nos doigts se tendent concommitamment vers les boutons de commande. LN s'apprête à appuyer sur 10, mais Bob la devance, et appuie sur le bouton 12.
LN et moi haussons le sourcil.
L'idée ne nous avait même pas effleuré qu'on pouvait descendre les escaliers au lieu de les gravir. Spontanément, viscéralement, elle et moi aurions choisi la voie de l'effort.
Pourquoi ? Pour économiser l'énergie électrique nécessaire à faire monter un ascenseur sur 2 étages ? Pour nous donner un peu d'exercice supplémentaire (alors que nous venions de déménager un lit) ? Ou parce que, quelque part dans nos têtes, un programme résident nous fait systématiquement choisir la voie la plus ardue, comme si nous étions condamnés à toujours nous infliger des souffrances supplémentaires ?
Evidemment, parler de souffrance pour une quinzaine de marches peut paraître exagéré ; mais c'est bien le fait que nous n'ayons même pas envisagé la possibilité du moindre effort qui m'a intrigué - comme s'il y avait là ce que Robert Pirsig (Traité du Zen et de l'entretien des motocyclettes, mon livre fétiche) appelerait un "angle mort culturel".
Conclusion et moralité : Bob est un maître, et je ne vais plus regarder les escaliers de la même façon. Hé ben...
Sinon, le hasard nous a fait rencontrer le chanteur-comédien-artiste peintre (sur visage) Laurent Madiot à la sortie de son concert d'hier au Bijou. Nous avons raté ledit concert, mais les spectateurs en sont sortis émerveillés.
Le garçon nous a immédiatement séduit, et nous avons bu pas mal de bières avec lui et ses musiciens géniaux . Ce matin, en me branchant sur son site, je me dis encore une fois que j'aurais bien aimé l'entendre en concert, parce qu'autant de délicatesse, d'originalité et de fantaisie doivent être magnifiques sur scène... Ce n'est que partie remise.
Et encore plein de trucs à écouter, dont l'album de Clémentine Célarié ; mais Mr Fnac, en plus de programmer ses showcases n'importe où (on a raté celui d'hier, Fnac Labège pas centre ville - ce qui m'a permis de discuter un brin avec Guy Novès, moins bon en musique), ne m'a toujours pas rendu mon mange-disque...
25.4.07
Ayé !
Ah, non, pas le clip (même s'il est en preview sur LoFi, et en meilleure qualité sur la Teigne d'ici peu de temps, si vous avez envie de le diffuser, servez-vous).
Ce qui est vraiment important, c'est qu'un satellite a découvert l'existence d'une exoplanète de taille similaire à la Terre, qui pourrait donc potentiellement abriter la vie... de quoi élever un peu nos considérations bassement terrestres, non ?
Le truc qui me déçoit, c'est que ce n'est pas CoRot (dont j'ai parlé ici) qui l'a trouvée : mon pote Fifi, qui est le conducteur de l'engin (même qu'il ne m'a pas encore laissé jouer avec la télécommande) devait être en train de faire autre chose ou de regarder ailleurs... faut dire qu'une sortie de mêlée l'a laissé avec une arcade ouverte, ça doit être moins facile pour regarder les étoiles.
Pauvre Fifi, il doit être tout triste. Pas grave : la prochaine planète qu'on découvre, on l'appelle Fifi354 (faut toujours un chiffre après, ça fait plus mystérieux) et on organiste un match de rugby interplanétaire contre des Zblorgs mutants.
Le clip du jour
Alors voilà des aventures politiques.
J'avais prévu de passer ma journée à gagner honnêtement mon pain en travaillant sur un manuscrit de psy.
Au lieu de ça, une furia artistico-politique s'est emparée de moi. J'avais à peine téléphoné à 2 ou 3 éditeurs que je rejoignais le dernier cercle politico-littéraire des auteurs toulousains pour une réunion aussi impromptue que passionnante ; puis j'accompagnai la délicieuse LN dans le nouvel nid qu'elle s'est élue.
Un grand hasard nous fit tomber sur Maître Bob, le guitariste et bloggueur en chef de la Teigne (genre le hasard, ils habitent le même immeuble... l'art, c'est bien aussi quand c'est centralisé) qui était en train de bidouiller le clip du "Quadrille de Nico" (dispo sur LoFi, vous connaissez l'adresse).
La conversation politico-musicale du moment nous poussa même à enregistrer vite fait une chanson un poil naïve (mais c'est ce qui fait notre charme) à la gloire (toute relative) de Dame Ségo.
Je récupérai tous ces précieux enregistrements, et revins me livrer à une séance de méditation transcendentale dans mon appartement ; car ce qui m'attendait ensuite était plus que stressant, et je devais m'y préparer avec soin.
Je sortis dans le couloir de mon immeuble avec la fébrilité de l'artiste chilien pendant le régime de Pinochet et empruntai ma voiture (c'est con que je me l'emprunte, elle est déjà moi... quoique non, pas tout à fait encore) non sans respecter les limitations de vitesse et jeter des coups d'oeil permanents dans le rétro à la recherche d'une grosse voiture noire qui me suivrait.
Parce que, c'est assez étonnant, mais de penser que je transportais des enregistrements de nature politique m'emplissant d'angoisse. Est-ce qu'il n'y a que moi qui ai peur de voir débarquer les flics et les RG dans mon appart (si vous cherchez le shit, il est sous l'étagère, comme dans la chanson de Machin, mais vous n'aurez pas ma li... aaaaaargh vade retro Florent Pagny) quand je me risque à la critique de Notre Futur Maître Bien-aimé Nico ? A la lecture de l'excellent article de Michel Onfray, cette peur de me faire taper dessus par un immature jaloux de son image a bien failli croître de plus belle.
C'était sans compter Tom et Béné, vidéastes de leur état, qui avaient accepté au pied levé de monter le clip. Sans compter sur leur hospitalité et leur exceptionnelle gentillesse.
Tom, un canadien aux nerfs d'acier, a monté sans trembler le clip dans sa forme finale, pendant que Béné cuisinait un délicieux tajine en remplissant une feuille d'impôts de l'autre main.
Malgré tout le talent de Tom, il nous a fallu de longues heures pour obtenir un premier résultat, à cause d'une malédiction informatique, que nous avons bien entendu attribuée à Sarko.
Vous allez rire, mais j'avais l'impression d'accomplir un acte citoyen utile (ou dérisoire, mais c'est l'intention qui compte, non ?).
En rentrant de cette longue journée dans ma Fiesta de star (elle a transporté une vedette de l'écran, je vais la revendre dix fois son prix...), je dodelinais de la pensée autour de la notion de paternalisme.
Je pensais à tout ce que j'ai vu sur le Net en cherchant des images de Sarko (au fait, merci les bloggueurs à qui j'ai piqué des jpg, pas pu vous contacter tous individuellement et je m'en excuse, je ferai mieux la prochaine dois). Ce visage contracté, toujours à l'affût. Ces coups de colère de père tyrannique. Cette stabilité de façade dont les photos nous révèlent toutes les failles. Sommes-nous, me demandais-je, devenus si peureux qu'on se sente le besoin d'un tyran miniature ? Bon, j'admets, je diabolise un peu le bonhomme. J'ai surtout l'impression qu'il est loin d'être compétent, parce que profondément immature (et c'est moi qui dit ça, un comble !). Un peu comme Jojo Bush, qui joue si bien sur les peurs de ses concitoyens pour faire à peu près n'importe quoi...
Bref, j'analysais avec une rigueur toute scientifique les fondements de la politico-psychologie, tout en chantant à tue-tête des standards tout droit issus de Radio Nostalgie (faut bien que je travaille un peu ma magnifique voix de chanteur, eu égard à ma reconversion obligatoire depuis que Princesse s'est mise à rafler tous les prix littéraires...)
Et puis en rentrant, je me suis remis le clip, un petit coup. Pas trop mal, pour un truc fait en moins de 24 heures.
Mais vous ne le verrez pas aujourd'hui (oh putain le teasing), et vous savez pourquoi ?
Parce qu'il est presque trois heures du mat', et que Princesse dort comme un ange dans mon lit. Et que, conscience politique (et professionnelle) ou pas, il y a quand même des choses vraiment importantes dans la vie.
Comme découvrir si on peut faire l'amour à quelqu'un sans le réveiller.
Chut.
Et un peu de rab de paradoxe bloguesque : en lisant ces lignes, elle ne pourra pas penser que la réponse est "oui".
Zut, ça fait mal à la tête d'y penser.
Et à bientôt pour le cliiiiiiiip.
24.4.07
Narrations
Et puis simplement, parce qu'on ne me croirait pas.
Je ne vais pas, par exemple, vous faire croire que j'ai passé le ouikend à côtoyer des auteurs intéressants (et célèbres) et des acteurs célèbres (et intéressants) ; je ne vais pas vous raconter comment Princesse fut gloirée d'auréole au cours d'un salon littéraire international, comment nous avons collectionné les sourires et les conversations avec les stars du roman, et parlé d'égal à égal avec des gens aussi archiconnus que Phil Dechine, auteur de La Gloire en 10 étapes (chez Boucher Pastel), qui nous a fait sur un coin de table une dédicace bouleversante de simplicité et de délicatesse, et entièrement au rotring s'il vous plaît (ce qui laisse largement le temps de discuter...)
Je ne vais pas au détour d'un post balancer des petits clins d'oeil people dans le genre, hey, Phil, j'ai adoré ton bouquin, j'en ai appris des passages par coeur tellement il est drôle, lumineux et sous-tendu pourtant d'une réflexion profonde et sage sur le rôle et la vie de l'écrivain, Phil, tu es merveilleux, j'ai su dès le premier regard sur ton polo bordeaux que nous allions devenir les meilleurs amis du monde, ah ah sacré Phil, appelle-moi quand tu passes en ville, on ira se boire des thés pieds nus dans le sable et philosopher sur l'avenir du monde, je ne t'ai pas parlé de Robert Pirsig et ed Sorây?
D'aucuns penseraient que je me la pète, tout comme si je disais des trucs genre, Coucou, Clém, c'était vraiment super même si j'ai eu un drôle de passage à vide après notre lecture, je passe te voir mercredi à la Fnac pour écouter ce que tu fais, en attendant tu peux aller jeter un oeil à Lofi mon blog musical ou au blog de La Teigne - Princesse et moi avons enregistré en live une nouvelle version de notre chanson pro-Sarkozy, elle ne devrait pas tarder à y figurer....
Non, franchement, ce serait exagéré.
Il vaut mieux que j'en reste à des choses crédibles. Simples. Des histoires d'amour, comme je sais les faire.
Tiens, par exemple, je pourrais dire :
Princesse est partie.
Elle m'a quitté.
Nous avons marché quelques mois ensemble le long de la berge d'un fleuve qu'elle venait de traverser. De l'autre côté du fleuve, son gentil mari l'attendait.
Même si elle l'avait quitté pour un vagabond fou et crotté, un troubadour sans vergogne, il répétait : Reviens, il ne te sera fait aucun reproche. Je t'aime. Reviens, je ne peux pas vivre sans toi. Je ne veux pas que tu existes sans moi.
Moi, comme un idiot, je ne disais rien. J'aurais pu la forcer à s'éloigner du fleuve, lui bander les yeux, ou la tenir si fort dans mes bras qu'elle n'en aurait pas bougé.
J'ai fait exactement le contraire. Je n'ai rien dit. Je l'ai laissé marcher toute seule. J'ai simplement essayé de rendre sa promenade plus douce. Ensemble, nous nous sommes amusés à découvrir à quel point il était doux de faire l'amour sous les arbres, de ce côté du fleuve.
Et puis un beau matin, elle n'était plus là.
J'ai regardé le fleuve, avec un petit pincement au coeur. On risque toujours de se noyer, à traverser à la nage. Surtout quand on revient sur ses pas.
Mais que voulez-vous, je crois qu'on ne peut aimer que si on est libre. Je l'aime. Elle est libre. Je vais continuer ma promenade, juste pour voir où elle me mène.
Adieu, Princesse. De toute façon, dans les légendes, les princesses qui se noient dans le fleuve se transforment en blanches colombes.
On peut dire que c'était un ouikend chargé.
PS : au fait, vous saurez beaucoup plus de choses sur Phil Dechine en lisant le très brillant et drôle Ecrivain en 10 leçons de Philippe Ségur (il était déjà excellent avant, il trouve encore le moyen de s'améliorer, comment je suis jaloux...)
Et Famjo (puisque tu n'es pas une star, je te fais un clin d'oeil), tu voulais des sentiments et des coeurs qui battent, il y en a assez, là ?
Bon, faut que je rajoute un truc aussi : Princesse est partie, oui. Pour un Suédois du nom de Billy (19,99 euros) ou Brakmär (les femmes ne résistent pas au charme nordique).
Elle devrait rentrer pour midi, va falloir que je lui fasse une petite salade...
19.4.07
The rest is silence...
I was tempted by a political post, but it turned out to be not good enough, so I rather stop writing.
A few days of silence, then (beg your pardon - switching to English, for some English speaking people may visit this page, and after all I'm bilingual, am I not ?).
So I put at rest my writing (at least the French one) for some days. And may be my speaking, too - after all, am I not supposed to see some classes today for some readings of Romeo@Juliet and the Editions Talents Hauts ?
It's a deal, then.
But in order not to be unfair my non-Anglophiles readers, I guess there will be some post concerning other things than writing. Songs, on Lofi, may be. And for a start, a brand new sculpture (thanks to Anton and Zadig for their clay, and to Princess for her support, as always).
It's called Will you be my friend ? , and though the color are not quite what I expected, it's a first draft, and what are blogs for if no for first drafts ?
18.4.07
Un pur moment de poésie politique
Ce que personne ne me demande d'ailleurs.
Nous remontions le faubourg Bonnefoy, Anton, Zadig et moi ; passant devant les affiches électorales, ils disaient : lui il est gentil, lui il est méchant, lui il est postier, lui il veut faire partir tous mes copains en Algérie alors il est méchant... Ce sont eux qui ont commencé.
Finalement, la politique se résume peut-être à ça. Des caricatures pour enfant. Comme si toutes les choses plus complexes nous passaient au-dessus de la tête.
Là, en général, l'homme politique (au sens de l'homme qui fait de la politique, c'est-à-dire y compris sans doute moi quand je me mêle d'en parler...) répond :
"Oui mais vous savez, Les Gens (ou "Les Français" ou "Les électeurs" ou "La France d'en bas" - bref, les abrutis qui ont du mal à comprendre toutes la finesse de mes analyses macro-économico-politiques, et qui commentent mes petites phrases en buvant des Ricards) veulent des choses simples et rassurantes, alors on fait comme si on y connaissait quelque chose".
Moi, j'aime les gens qui hésitent, qui cherchent, qui doutent, qui se plantent. J'ai aimé voir Jospin, il y a longtemps, dire "J'ai été naïf" (sur la délinquance). J'ai aimé les larmes dans les yeux de Besancenot et de Martine Aubry un soir d'élections perdues. J'ai aimé Philippe Séguin et ses yeux désabusés, Delors qui refusait un destin (vaguement) national. Le ton paternaliste d'un Chirac, les aboiements d'un de Villiers ou d'un Le Pen, les phrases calibrées comme des balles de revolver d'un Juppé ou d'un Sarkozy me donnent juste envie de partir : les gens trop sûrs d'eux me gonflent - surtout quand ils affirment à tout va qu'ils le sont.
Ca me rappelle (je digresse un poil, mais je reviens à mon fil d'ici peu de temps) GW Bush, peu après le 11 septembre, affirmant sur fond de Star spangled Banner et de bataillons surarmés, "We have no fear" alors que la peur se voyait partout à l'image, dans ses yeux, dans les canons lustrés des fusils des GI, dans la parade ridicule qui s'étalait autour de lui.
Bref, la politique m'indiffère, mais l'intérêt juvénile d'Anton et Zadig (ainsi qu'une effervescence générale dûe au printemps et aux prochaines élections) m'a un peu motivé à lire quelques professions de foi. Je suis tombé sur celle de notre Gentil Nico, qui veut réhabiliter la "valeur travail" et encourager l'emploi en allégeant les charges.
Pourquoi pas ? Mais je dois avouer que j'ai du mal à le suivre, par exemple en faisant la queue dans mon supermarché.
On est 25 à attendre sur deux files, entre une heure et deux. Ca rame, il fait chaud, on s'énerve vaguement, vu que la moitié d'entre nous doit reprendre le boulot minutes et que la vieille de devant fait tomber toutes ses boîtes à chat, etc...
Les caissières font la gueule, et je les comprends. L'une d'elle finit par lâcher :
- Je devrais être en pause, maintenant...
- Ah, vous attendez la relève, alors ?
- Non, elle n'arrive que dans une demi-heure.
Tiens. Un trou d'une demi-heure, comme ça, dans le planning du magasin. Avec, évidemment, la possibilité pour la caissière de fermer sa caisse... et de se faire écharper par sa collègue, ou par les 12 clients en attente.
Et hop, une petite demi-heure sup non payée pour le magasin; M'sieur France Inter expliquait ça ce matin.
Alors, Nico, explique-moi : quand tu auras réhabilité la valeur travail, ça fera quoi comme différence ?
Attends, j'essaie de penser comme toi ; de ne pas croire, comme Anton et Zadig, que tu es un méchant.
Donc, toi, tu dois penser : le directeur du magasin est lui-même soumis à la course à la compétitivité et à la pression des charges salariales ; il doit économiser des bouts de chandelle - enfin, des bouts d'heures - pour assurer ses résultats.
Si l'état lui met moins de pression, il n'aura plus besoin d'économiser, et il pourra donc mieux répartir ses richesses et cesser ses rognures ; les caissières seront mieux payées, plus heureuses, plus efficaces ; moins malades, elles n'auront pas besoin de payer des médicaments, donc d'être remboursées, donc la Sécu, etc, etc...
Ouais. Ca peut marcher, évidemment.
Mais oui, au fait...
J'avale de travers ma bouchée de panini poulet-curry et lève le sourcil (je le fais super bien, regardez... là, vous voyez ?). Que veut-elle dire ?
Je viens de lui faire un résumé de ma journée Ikéa - dont vous trouverez trace quelques posts plus bas - et de m'enorgueillir à nouveau de l'équanimité avec laquelle Princesse et moi avons traversé l'adversité suédoise.
Et voilà que Sagefée ajoute (ou aurait pu ajouter, je brode un poil...) :
"- Finalement, pour toi, vivre ensemble, c'est partager la colère, les tensions, les engueulades, les escarmouches, les mauvais moments..."
Je tente de protester :
- Non, attends, il y a aussi tout le reste, comme... euh...
Oh non, ce n'est pas vrai, je ne vais pas bloquer juste à cet endroit ?
C'est pourtant évident : les moments sur un banc, regarder la plage en chantant Adamo, faire l'amour... On a déjà fait toute une liste ici même. Et puis il y a le reste, aussi, ce qui est au-delà des mots - la couleur de l'air autour de nous quand nous nous sourions, les pensées qui se rencontrent sans que nous n'ayons rien à dire, les regards qui se suffisent à eux-mêmes, l'éclat de ses yeux au matin (pas les miens, notez, j'ai des matins dans le plus pur style Wookie)...
Ben oui mais. C'est vrai que ça fait un peu plus d'une semaine que je vois bien le côté négatif des choses, et un peu moins le visage du bonheur. Ca m'inquiète, forcément, et je me sens coupable.
Couplable, peut-être.
Comme si montrer ma fragilité (pauv'petit bonhomme) à Princesse risquait de la faire fuir.
Attention, je ne parle pas de sensibilité : elle s'est habituée à me voir parler ou pleurer tout seul quand j'écris, à danser ou me tortiller quand je suis mal à l'aise...
Non, je parle bien de fragilité. D'irritabilité (quand j'arrête de fumer, vous devriez voir, c'est spectaculaire), d'instabilité (itou, même qu'on dirait mes fils, tiens, du coup j'ajoute une louche de puérilité), de faiblesse. De débilité. Toutes ces jolies choses que Princesse découvre sous le paquet cadeau de mon corps musculeux et de mon apparence charmante (bougez pas, je vais tremper ma tête dans un seau d'eau froide pour me calmer... aaaaah, ça va mieux).
Princesse découvre tout ça, et je le redécouvre avec elle. Et, bizarrement, elle ne s'enfuit pas en hurlant (moi, j'aimerais pouvoir, vraiment...).
Parfois, je me dis qu'elle est particulièrement perverse. Que c'est sur ces communes fragilités qu'on fonde un couple - et que c'est une belle connerie, comme construire un pont sur du sable.
Parfois aussi, je me dis qu'elle est simplement la plus courageuse (en plus d'être la plus belle) des Princesses, et que je remercie à genoux le destin qui m'a mis en sa présence. Et que les fragilités ne sont rien comparées à la honte d'être fragile.
Donc, voilà ce que j'aurais dû répondre à Sagefée : ce qui me rend heureux, c'est qu'aux côtés de Princesse, j'ai un peu moins honte de mes faiblesses. Du coup, on ne s'engueule pas à Ikéa. C'est simple, non ?
En parlant de faiblesse, vous auriez dû me voir hier, cramoisi, les mains moites et le souffle court, faire une présentation de Roméo@Juliet auprès d'un parterre multibilingue de qualité - les membres d'English Ltd, où l'on ne rencontre que des gens exceptionnels (merci à eux tous pour leur accueil).
Mon anglais se dérobait sous moi, ma vision périphérique ressemblait furieusement à un kaléidoscope, et je m'entendais parler comme un étranger - bref, je parlais en public. Quand je pense que c'est ce que je vais faire tous les jours d'ici lundi prochain...
Mais souvenons-nous que l'existence offre toujours ce dont nous avons besoin.
A la fin de la séance, une Fée de la Voix s'est approchée de moi et m'a glissé :
It's all about breathing, you know...
Oui. Juste une question de respiration.
Alors,
je vais
respirer.
17.4.07
A tour de bras
Ce quatrième post du jour (les trois autres sont en-dessous) pour simplement vous annoncer que la dernière réalisation de la Teigne est en ligne... J'adore ce tango.
It's the art, again
Ca a commencé par un libraire ruthénois qui m'a vivement conseillé un livre - moi qui ne lis jamais... mais l'enthousiasme du sieur était tel que je me suis dit que j'allais m'y mettre. Et bien m'en a pris.
Merci à ce libraire (et à ses semblables) pour ses choix et ses arguments...
Cela s'appelle donc "L'amant Liesse", de Bertrand Leclair, aux éditions Champ Vallon.
C'est l'histoire d'Elle, qui attend son amant - l'amant liesse, son amant qui lui donne la vie, lui offre le rythme de son amour unique, le rythme de son corps, de ses désirs, son amant qui l'emmène et l'entraîne après lui, avec lui, autour de lui, dans la fusion des sens et la confusion des certitudes ; et c'est l'histoire de lui, presque mari , presque cocu, presque écrivain, lui qui la laisse à son attente, qui la jalouse, la rêve, la fantasme et en crève, l'écrit au lieu de lui faire l'amour, au lieu de la rejoindre dans ses rythmes érotiques...
La musique de l'attente et du désir, la musique des corps qui se cherchent et s'imaginent - voilà ce qui fait de ces 124 pages un moment - un monument - de pure langueur et de désir.
Personnellement, j'aime les auteurs chez qui la musique des mots passe avant toute chose - Stendhal, bien sûr, mais aussi Honoré d'Urfé (hein ? mais ça va pas bien ?), Enrico Brizzi (et qui c'est celui-là)... bon, bin maintenant j'ajoute Bertrand Leclair sur la liste. Et je vous enjoins (si vous aimez qu'on vous enjoigne, évidemment) de le lire aussi. Allez hop, et que ça saute.
Ah, et puis, puisque vous vous précipitez sur votre libraire/votre PC, ce n'est pas tout en matière de rythme et d'amour. Je vous enjoins aussi d'aller au théâtre. Et vite (je suis très enjoigneur, en ce moment...)
Parce que mon copain Cédric Chapuis vient de lâcher sa nouvelle pièce, Une vie sur mesure, (il reste même quelques places pour les prochaines représentations, vous en avez de la chance...).
Et.
Tagada-doum.
Et.
Ratatata.
C'est, houmpf-pschhhh-pschhh
L'histoire d'un ty-y-y-y-y-pe
Dont la vie est semblable
à
un solo de batterie
dans un morceau de jazz
ou de rock, d'ailleurs
Un morceau de vie et d'amour
au rythme des baguettes
De Cédric/Adrien
de Cédric aérien dans ce rôle sur mesure
de doux dingue qui vit au rythme de sa caisse claire rouillée
de doux dingue frappé de l'incohérence du monde
Hors de son rythme
binaire, ternaire
Où chaque gifle, chaque coup
De poing
a le son d'un tom de 16 pouces
et d'un crash-ride
Il parle de ghost notes et l'histoire tragique d'une passion contrariée
S'écrit en contrepoint des sourires un peu niais du personnage.
Et encore, je ne vous parle pas des autres : Tic-Toum la batterie rouillée, Chapataktoum la batterie de l'espace, Métallica, Bernard (vague cousin du Bernie de Dupontel), un groupe de rock adolescent, des voisins, des gendarmes...
Un écho rock et éclatant à la Contrebasse de Süskind. Mise en scène Stéphane Battle, écrit et joué par Cédric Chapuis, avec la belle Mira Sorvino aux lumières et au son... un trio magique, vraiment.
Bon, vous y allez, quoi. Vous allez adorer.
Et sinon, tout va bien. J'espère que vous aurez un peu de temps pour passer au salon de Balma le ouikend prochain, vu que j'y serai, on pourra toujours boire des cafés en disant des trucs ; avant et après, j'ai aussi beaucoup d'interventions pour des collèges et des lycées (dont une avec Clémentine Célarié, lundi prochain pour le Marathon des Mots jeunesse, je me la pète un peu...), des nouvelles à terminer, deux manuscrits en lecture/révision, une soirée "Lectures érotiques" à préparer avec mes copains... Bref, le bordel habituel, rien de nouveau.
Ah, si.
Finalement, je suis redevenu ex-fumeur. Bientôt, je vous raconterai comment. En attendant, mes condoléances à mes proches, qui ont supporté une semaine catastrocyclothymique.
C'est l'amour
Merdik, lampe en benzène moiré : 39,99 €
Pakøøl, , puzzle 3D géant en bois non organique : 459, 99 zlôtys.
etc., etc., etc.... le Køchemär, quoi.
... ben oui, Princesse et moi on a dévalisé Ikéa.
Et vous savez quoi ?
On a survécu.
Même au "ah bin non, ça, yana plus en stock"
au "demandez au vendeur, sisisisisi le type en jaune après les 48 personnes qui attendent pour lui parler"
au "attention labyrinthe - abandonnez ici tout espor de ressortir sain d'esprit"
au "Ca y est, vous avez tout chargé ? Parce qu'il en reste..."
au "camion trop petit"
au "appelons les potes à l'heure de manger pour qu'ils viennent nous dépanner"
au "putain que c'est lourd dans l'ascenseur"
au "18 tonnes de carton à brûler"
au "mais où elle est la petite vis ?"
au "oh putain on a oublié de prendre le Brakmär (12,99 €)"...
Non. Rien. Même pas une petite engueulade, ni un coup de blues, ni un brin d'angoisse passagère... Juste des sourires, de la patience, et un peu de bière sur le parking en attendant la cavalerie.
Merci Kikou, merci Guégué, merci Grand Petit Yo (fainéant, t'es même pas venu, mais t'as téléphoné, ça compte quand même) pour votre soutien au moment critique.
Bref, si la journée d'hier prouve quelque chose, c'est que l'amour triomphe de tout, même d'Ikéa.
Ca laisse beaucoup d'espoir pour l'avenir de la planète, je vous le garantis.
Et si je croise un suédois aujourd'hui, m'en fous, je le brûle.
C'est la vie
Victor Hugo, Lamartine, Zola ? Des mous ! Voilà enfin du texte engagé, constructif et profond.
Donc, ça dira (une fois qu'on l'aura enregistrée, mais aussi bien ce sera trop tard après le premier tour...) :
QUADRILLE
On aura les meilleures places
Dans le train du progrès
On laissera tomber des miettes
Qu’les pauvres iront ramasser
On portera des costumes
Et des attachés-cases
On brassera des fortunes
Entre deux histoires de fesse
Oh Nicolas
Oh Nicolas
On sera tous heureux
Sauf les pauvres et sauf les vieux
Oh Nicolas
Aux joies du capitalisme
On ajoutera la tradition
On remettra l’esclavage
Pour augmenter la production
Et en tant qu’actionnaires
On s’ra vraiment comblés
On sera tous milliardaires
Il n’y aura plus de salariés
Les écrivains les artistes
Et tous les intermittents
Au lieu de nous emmerder
Travailleront dans l’bâtiment
Oh Nicolas
Oh Nicolas
Oh Nicolas
Ils construiront des usines
Pour y mettre des enfants
Et aussi quelques prisons
Pour les récalcitrants
Pour surveiller cette clique
On mettra des enseignants
Ça leur évitera de penser
A ce gros tas de fainéants
Notre belle société
S’ra ouverte au métissage
Quelques Zidanes pour le foot
Et des noirs au balayage
Oh Nicolas
Oh Nicolas
On sera égaux en tout
Sauf les moins égaux que nous
Oh Nicolas
On pourra lire au fronton
Des mairies des villages
Libéralisme, inégalité
Et copinage
On n’sera plus emmerdés
Par le service public
On n’en aura plus besoin
Puisqu’on aura plein de fric
Si des gens crient dans la rue
Il suffira d’appeler
Les flics ou les CRS
Ou nos milices privées
Oh Nicolas
Oh Nicolas
On aura plein de liberté
dans l'ordre et la sécurité
Oh Nicolas
Chacun sera enfin libre
D’ gagner tout l’argent qu’il veut
Et s’il n’y en a pas assez
On butera les vieux
On fera tout ce qu’on veut
Et tout sera permis
Enfin bon, juste à ceux
Qui ont voté pour Sarkozy
Ce sera toujours la fête
On pourra boire et chanter
L’dimanche matin à la messe
Ou devant nos télés
Oh Nicolas
Oh Nicolas
Mieux que George Bush, que De Gaulle,
Que Bonaparte au pont d'Arcole
Oh Nicolas
Tu es l'plus grand des politiques
Tu vas dépasser de Gaulle
Et si tu n'y arrives pas
On te portera sur nos épaules
On aura les meilleures places
Dans le train du progrès
On laissera tomber des miettes
Qu’les pauvres iront ramasser
On sera tous fiers et libres
Heureux et sans soucis
C'est la providence faite homme
Votons tous pour Sarkozy
Oh Nicolas
Oh Nicolas
Même si t'es plus petit que Jésus
On te fera plein de statues
Oh Nicolas
Bon, à la relire, il reste un peu de boulot - mais est-ce que ça vaut la peine ? Pour la musique, vous pouvez toujours l'écouter sur Lofi. Bon, passons à des choses plus sérieuses (enfin, pour moi, parce que vous, vous les avez déjà lues, à cause de la rétrochronobiomécanologie du blog).9.4.07
Teigneuses Pâques
Pour les rushes, voyez le blog de la Teigne dans très peu de temps, quand Bob O'Blog s'en sera chargé ; le CD arrive bientôt (après moults réunions de comité, quand même, il nous faut un peu de temps).
Sinon (hyperactivité quand tu nous tiens), Princesse et moi avons écrit une nouvelle chanson, pour les Teigneux - mais libre de droit, quand même, alors si ça vous dit... Retrouvez-la, avec toutes les paroles (enfin, celles qu'on a écrites jusquue-là, le sujet semble inépuisable) sur Lofi.
Et puis une petite semaine de break pour profiter d'Anton et Zadig et me livrer à d'obscures tâches...
6.4.07
C'est (toujours presque rien), une chanson
Mais trêves de plaisanteries et autres fariflounettes(r), au travail, parolier. C'est pas le tout de faire le malin en pondant une chanson le matin à jeûn, faudrait voir à assurer la soirée... donc, une chanson pour Princesse :
Il n'y a
Pas que toi
Qui fait tourner mon monde
Pas que toi
Près de ma vie profonde
Pas que toi
ni ton sourire
Ni l'éclat de tes yeux
Ni le sourire sur tes lèvres
Ni tes diables ni tes dieux
Pas que toi
A éclairer mes jours
Pas que toi
Et pourtant mon amour
Chaque fois
Que tu respires
Je respire avec toi
Et mon coeur se gonfle
Car je suis près de toi
Près de toi
La vie a des couleurs
Près de toi
ô mon amour, ma soeur
Près de toi
Je suis moi-même
Et je veux l'être pour toi
Qui reste toujours la même
Même près de moi
Près de moi
J'aimerais te voir grandir
Près de moi
Je veux te voir vieillir
Car je t'aime
Bien au-delà
Des mots de ce poème
Et je t'aimerai jusqu'à
Ce que la mort nous prenne
Jusqu'à
Ce que nos corps s'effacent
Jusqu'à
Ce qu'il ne reste aucune trace
De toi, de nous
Rien qu'un souffle dans les étoiles
Qui raconte notre amour
Et illumine l'espace
Au-delà de toujours
Il n'y a
Pas que toi
Qui fait tourner mon monde
Pas que toi
Près de ma vie profonde
Pas que toi
Mais tu la seule
Que je veux tenir près de moi
Pour attendre les fortunes
Oui il n'y a que toi
Que toi
Vouin voui voui, je vois ce que ça peut donner... impossible de donner ça à Lofi, avec tout ce qu'il a râlé hier matin... de toute façon, il en ferait encore une connerie, alors... Je vais voir si ça peut plaire à d'autres musiciens. Des vrais.
(non, je plaisante, je ne suis pas schizo à ce point, LoFi l'a faite avec moi, mais on se demande juste s'il y aurait une autre musique que celle à laquelle on pensait... à voir.)
5.4.07
Ce n'est pas parce que tu n'as rien à dire...
Il y a des matins, comme ça, où rien ne vient. Même pas l'inspiration de ressasser ses chers vieux thèmes.
Même pas les Je t'aime
Même pas les reviens
Question rimes, n'en parlons pas. J'ai cru un instant que j'allais pouvoir faire une chanson improvisée, mais à part ajouter
Même pas les poèmes
Il n'y a rien ce matin
je ne vois pas ce que je pourrais dire d'autre.
Ou alors un genre de quatrain, comme ça, avec des trucs en -ère et en -in, poussière, lumière, traversin, oursin - non, pas oursin, ça craint
Dansent sans ta lumière
Les questions du matin
Et retombent en poussière
Les lignes de ta main
Note, je n'ai toujours pas la moindre idée de ce que ça veut dire, mais bon, deux quatrains, on ne va pas cracher dessus... Après, je partirai bien sur un truc plus long, ce serait davantage mélodique, genre
Qu'est-ce que tu veux que ça me foute de savoir que tu reviendras ?
Si tu savais ce que ça me coûte de survivre à ces matins-là
Fans d'autofiction, attention : ceci est purement une impro, ça ne correspond même pas à mon humeur du matin ; ce n'est pas parce que je n'ai rien à dire que je n'ai pas le droit d'inventer des histoires... Bon, je sors la guitare, pour savoir s'il pourrait y avoir une musique là-dessus. rendez-vous un peu plus tard sur LoFi ?
Non, ce ne sera pas une bonne chanson, mais les gammes, que voulez-vous...
4.4.07
It's the art : le petit guide des films du cinéma
La solution est là, toute simple : faites le test qui suit, et vous aurez la réponse.
Pour vous, la musique d'Anna Gavalda, c'est :
A - des petites chansons un peu drôles, un peu rock'n'roll, façon Anaïs, Claryka ou Bénabar
B - un truc avec violons et flûtes, genre pseudo-classique d'ascenseur ?
Les images qui vous viennent en repensant au livre sont :
A - gaies, mouvantes et colorées
B - moches, floues et relativement inertes
Toujours la même question, si vous deviez l'associer à un genre pictural :
A - de petites aquarelles malines et tendres
B - des nus académiques griffonnés à la Michel-Angelo
Si vous imaginez le film, vous l'assimilez à :
A - Klapisch, Téchiné, Desplechins, Jeunet...
B - un épisode de Maigret (avec Jean Richard) filmé par un réalisateur enrhumé
Bon, le test pourrait continuer longtemps comme ça. Si vous avez aimé les portraits esquissés par Anna Gavalda, les petits riens, les tremblements, les vraies histoires cachées sous une apparence désinvolte, le rythme de ses phrases, bref, si comme moi, vous auriez systématiquement répondu par A... relisez le livre. Et si vous tenez absolument à dépenser le prix d'un ticket de ciné, achetez-le en poche.
Et si, l'ayant lu, vous l'avez trouvé creux et emprunté : vous pouvez commencer une carrière de réalisateur pour mettre en valeur votre point de vue.
Sinon, il paraît qu'il y a de bons films, en ce moment.
Ultime perversion
Un truc de dingue. Je vous le raconte ?
Nous étions en plein centre ville, chacun en attente d'un rendez-vous ultérieur ; nous nous parlions de choses et d'autres. Et là...
L'envie nous a pris au même moment. Un besoin irrépressible et doux, une évidence délicieuse.
Il a suffi d'un mot.
Pour la première fois de ma vie, je me suis assis avec la femme que j'aime sur un banc public.
Sans rien faire.
Ni penser ni projeter ni réfléchir ni éprouver.
Juste nos têtes l'une contre l'autre. La couleur du soleil sur les peaux. Les conversations. Les gens.
Et, comme l'a remarqué Princesse, il y avait même des fleurs en fleurs.
5 minutes à être, avec elle. Waouw.
C'est de plus en plus pervers...
3.4.07
Traité du Zen et de la pile de linge.
Une phrase de Princesse, au détour d'une conversation dans un café. Une phrase qui me fait penser à tous ces petits matins (genre, dix heures et demie) où des pensées hésitantes mélangées aux lambeaux des rêves me disent : et aujourd'hui ? Qu'est-ce que je vais faire, dire, écrire ? Qui vais-je voir, dans quelle humeur ? Qu'est-ce que ça m'apportera ?
Dans une ancienne vie, j'avais des réponses toutes faites : déjeûner, prendre la voiture, aller en cours ; ou bien ranger la maison, m'occuper des enfants, attendre le soir. A vrai dire, je m'ennuyais un peu. Je me demandais toujours quoi faire ; les mauvais jours, je me demandais même à quoi tout ça pouvait bien servir.
La vie de n'écrivain/célibapère dans un T3 sans jardin laisse encore plus d'espace pour l'ennui et l'hésitation. On a beau se dire qu'écrire des histoires est une activité plus noble, que chanter et composer des poèmes est une façon plus franche de se relier à l'harmonie universelle (fait y croire, je vous l'accorde, mais bon...), il n'en reste pas moins qu'au petit matin, avant que les obligations ne s'éveillent et ne s'ordonnent, il y a comme un petit flottement, un joli sentiment de vide et d'irréalité.
Alors on projette, on organise, on se fait une idée bien propre et bien nette de sa journée. Ce matin, je t'attendrai en tapant un blog et en étendant le linge. Je fumerai des cigarettes en écrivant la suite de cette série de nouvelles. Je finirai bien par prendre une douche, aussi. Puis j'irai prendre un thé, voir une amie, et je continuerai à écrire. Ce soir... ce soir, nous verrons.
Hop. Avec ce joli modèle, la journée n'a plus qu'à commencer. Amusante quand tout va bien (un post qui se déroule tout seul, du linge qui ne fait pas trop froid aux doigts), désagréable si anicroche (pas d'idée, la flemme, l'envie de fumer qui prend trop le dessus, ou, pire, les idées de "écrivain c'est sympa mais le blé, il est pas là" qui toquent à la porte...).
Donc, Princesse a bien raison quand elle dit que le bonheur, ce serait simplement que les choses que j'ai à faire aillent de soi, et que je me sente bien de les faire.
Je pourrai lui rétorquer (mais je ne lui rétorque jamais, ça va pas non ? je la traite avec respect et amour, même quand elle met le feu à ma cuisine) "bin mais si tu AS quelque chose A FAIRE, c'est déjà une obligation, donc mégastress et pas le choix, donc difficile de se sentir bien si l'envie te porte à autre chose ce matin-là, et blablabla".
En fait, je ne lui réponds rien. Je sais qu'elle a raison. Elle est douée pour le bonheur, cette fille. Alors je fais comme elle dit : j'ai un post à faire, et même si je ne sais pas quoi dire, je me sens bien de le faire.
Comment que c'est zen, tout ça...
Rappel historique : dans les monastères, les moines zen (en plus de fumer des pétards tout le temps) étaient chargés de tout un tas de tâches répétitives et contraignantes au travers desquelles ils continuaient à rechercher la sérénité.
En d'autres termes, la sagesse de la Voie doit être cachée quelque part sous ma pile de linge. Je vais la chercher de ce pas.
2.4.07
Marguerite Burnat-Provins
Nous avons ri ensemble en déclamant des passages du Livre pour Toi ; il faut dire que le vocabulaire et les comparaisons sont un peu datées, quand même. Et que certains vers semblent un peu aléatoires.
Ce n'est qu'ensuite qu'on s'est dits, en bon vingt-et-unième-siècléistes, qu'il avait sans doute fallu une bonne dose de courage, d'amour et de désir de liberté pour écrire des choses pareilles dans les années 20. Du coup, on a trouvé sa bio, et on s'est dit qu'elle avait dû avoir une belle vie. On parle souvent d'elle, depuis, et je me suis dit qu'elle méritait un petit post. Elle aurait adoré pouvoir bloguer, j'en suis certain.
Marguerite, là où tu es, sache que toute l'équipe et moi-même pensons à toi.
En plus, c'est toujours moins indécent que l'avant-dernier post.
Exercice de style
Du cul du cul du cul.
Le texte qui suit ne contient presque que ça. Presque. Enfin, un petit peu. Juste ce qu’il faut. Il contient surtout plein d’amour (avec quelques scènes à caractère explicitement sexuel, quand même).
Ceci est donc un avertissement solennel.
Si vous rentrez dans l’une des catégories suivantes, ce texte peut (vraiment) vous choquer, et je vous en déconseille très vivement la lecture, en toute sincérité :
- mère, sœur, cousine, amoureuse, ex-conjoint((e), je ne suis pas sectaire), progéniture, amis proches mais pas si proches qu’ils veulent tout savoir, lointaines relations, camarades de bureau ou de sport et autres connaissances … du blogueur susdit.
- personne à principes, rigide, intégriste, pudibonde, considérant que SA morale est LA morale et qu’une fois cela dit, tout est dit, nom d’un chien, foi de Madame Suzanne.
- personne de moins de 18 ans, vu que c’est illégal et que tu dois donc arrêter de lire maintenant, c’est un ordre, d’abord tu ferais mieux d’être en train d’étudier. En plus, sur d’autres sites il y a des photos, alors zou, va-t’en. Et je suis très sérieux. Et j’ai été prof dix ans, alors t’as intérêt à m’écouter, je m’y connais. Et puis j'ai ton nom et j'ai ta classe.
- académicien, ennemis des rideaux, membre de la société protectrice des Claviers et autres outils de bureau.
Je l’interdirais bien aux rugbymen, aussi, mais vu qu’ils me voient à poil dans les douches, je n’ai plus rien à leur cacher. Je suis un homme comme les autres (en un poil plus petit, d'accord je me répète, mais c'est parce que j'en ai beaucoup). Ceci dit, même vous ça peut vous gêner, par la suite. Et puis vous avez un vrai boulot.
OK, tout le monde a cessé de lire ? Normalement, il ne reste plus aucun lecteur, à part Famjo qui s'en fout, Marie-Cé qui cherchait des textes érotiques et LN si elle le lit toujours. Salut, vous allez bien ? Bon, patientez encore un peu, je remets une couche d'avertissements des fois qu'il en resterait d'autres...
Je vous laisse trois lignes pour faire votre choix. Vous êtes adultes et responsables, ne venez pas m’enquiquiner après. Encore une fois, tout ça est très sérieux. Il y aura plein d’autres posts (en plus, celui-là est super long, environ 16000 signes, ça fait genre 7 pages Word ou 12 pages de roman), et il y a plein d’autres blogs moins crus et pervers. Enfin, si on appelle ça de la perversion. D’autres appellent ça de la sexualité. En tous cas, ça en parle. Et c’est tout sauf pudique (au contraire de moi dans la vraie vie).
Nous nous sommes bien compris ?
J’ajoute qu’aussi agaçant que soit ce teasing, il faut qu’en toute sincérité, avant de lire, vous vous posiez la question : est-ce qu’il y a des choses que je préfère ignorer ? Si la réponse est oui, encore une fois, ne lisez pas : elles risquent d’y figurer. Au moins une partie.
Ainsi donc, le texte qui suit dirait en substance et en toute impudeur ceci :
Ce serait si simple de te parler de toi.
De ta beauté. De ton corps. De ton intelligence. De ton humour.
De ce sourire fantôme qui te vient parfois, comme si tu voyais plus loin, mieux que les autres. Mieux que tous les autres. Mieux que moi, même.
Il faudrait que je te parle de la façon dont tes yeux se posent sur moi, parfois.
De la petite lumière simple que tu allumes.
Mais je voulais te parler d’autre chose.
Je voulais te parler de cul.
Oups. Que c’est vilain, comme mot. Que c’est dur à entendre ou à lire.
Que ça évoque de choses triviales, violentes.
Merde, tiens.
Et pourtant.
Ton odeur, d’abord.
Peut-être pas celle de tous les jours. Pas celle des moments où nous nous blottissons l’un contre l’autre, fatigués, euphoriques, inquiets, rassurés, partageurs, heureux d’être ensemble.
Non. L’odeur secrète que je sens quand mes lèvres descendent vers ton ventre.
L’envie qui me vient de t’entendre soupirer.
La petite musique qui s’échappe de ta bouche quand tu souris autrement.
Quelque chose se réveille en moi.
L’envie de passer ma langue sur ton sexe.
L’envie de me saisir de tes seins. Sentir les premiers mouvements de tes hanches dans mes mains. La douceur de tes fesses.
Te laisser parler. Qu'est-ce que tu dirais, maintenant ? Quelque chose comme...
- Il me suffit de te regarder bouger, vivre, être toi. Te voir me regarder comme si j’étais quelqu’un, et pas n’importe qui. »
Je regarde tout le monde comme ça…
Et alors ?
Alors bien sûr que tu es unique. Comme tout le monde, mon amour.
Mais tu es mon amour.
- Unique et toutes les femmes. Comme dans la chanson de Pauline Crozes. Mais c’est toi. Les autres ne me font pas ça. J’aime les autres regards, mais je préfère le tien, et tout ce qui s’ensuit. Tu en dis beaucoup.
Trop ?
Jamais assez. J’attends toujours la suite. Je sais qu’elle me comblera, et que j’attendrai que tout revienne : ton regard et ce qu’il contient.
Déjà de l’attente, déjà du manque ? Même quand on fait l’amour, tu attends la suite ? (rhââââ je le savais que ça ne durait pas assez…)
Quand on fait l’amour c’est un moment de grâce. Mais l’attente, chaque fois, c’est déjà du plaisir. Une anticipation.
Et maintenant je vais me dire à chaque fois que ça doit être la grâce, la perfection. Quelque chose qui égale ou dépasse ton attente. Ça y est, j’ai des complexes, on n’a qu’à arrêter de faire l’amour, non ?
Quelle drôle d’idée. Arrête un peu de réfléchir.
Je fais de mon mieux. Surtout quand on fait l’amour. Le reste du temps, ça sert quand même un peu.
Bin quoi, tu restes silencieuse ? Je te rappelle que je parlais de ton corps, du goût, de la douceur de ton sexe (et si ça te choque, relis ça en pensant que j’écris au XVIIe siècle, ce sera plus sympa : le goût et la douceur de ton sexe, c’est-à-dire les caractéristiques propres au genre féminin, quoi… ah non, ce n’est pas mieux, ça voudrait dire que je parle encore de toutes les femmes.)
Est-ce que tu sais que j’adore ton corps, ton odeur, le goût de ton… zut, faut que je trouve un autre mot, comment tu l’appelais quand tu étais petite (question tout droit issue des « Monologues du vagin »?).(l’odeur de ton vagin…c’est limite, à écrire. Mais bon, c’est fait.)
Je crois que je ne l’appelais pas. Il me suffisait d’y penser. Je n’aime pas toujours mettre des mots sur les choses, je préfère les sentir.
Trouillarde. Tu crois que ça m’est plus facile, de penser « mon pénis », « ma bitte », « ma queue » ? Tous ces mots me semblent sales (« Bitte » avec deux t, contre l’usage. Mais j’aime bien la métaphore, on en sort grandi).
Pas facile, d’aimer son corps, quand tous les mots qui viennent sont salis.
Tiens, ton cou. Je peux dire facilement « j’aime respirer ton cou, lécher ton cou, me presser contre ton cou, avaler ton cou »… Mais tu t’imagines si je remplaçais ces mots par « anus » ou « vagin » ? Ça nous semblerait horrible à tous les deux. Comme de dire, j’ai (souvent, pas toujours, il faut bien faire les courses et le ménage de temps à autres, ce ne serait pas facile) (et tu ne crois pas que je fais une parenthèse pour éviter d’écrire la fin de cette phrase ?) envie de mon pénis dans ton vagin ? J’ai envie de tes lèvres dessus (ça m’évite de le réécrire, malin le type), j’ai envie de tes mains, j’ai envie que tu le regardes comme… comme quoi, d’ailleurs ? J’hésite. Dis-moi, toi, comment tu vois mon sexe.
Tu me troubles. Je le vois comme toi. Une partie de toi. Qui me trouble et que j’attends.
C’est déjà un bon début, si tu l’attends… Evidemment, j’ai peur que tu te fasses sauter dessus par les féministes (et pas qu’elles) quand tu écris ça, mais c’est sans importance. Je sais que tu es solide, qu’on peut te sauter dessus (je le sais, je l’ai fait). Continue (ou si tu ne continues pas, je vais te poser plein de questions).
Attends, je m’installe. Sur tes genoux, parce qu’on est proches et qu’on peut. Tant pis pour les féministes. T’ai-je parlé de tes mains ?
Habile façon de changer de sujet… Mais qu’est-ce qu’elles ont, mes mains ?
Chaque fois que je les regarde, j’ai envie qu’elles soient sur moi.
Comme maintenant ?
Oui, mais lâche un peu ce clavier.
Comme maintenant.
G 2 mains…
Et j’ai besoin des deux.
Même quand mon doigt caresse ton clitoris ?
L’attente, je te dis.
Quand mon doigt entre dans ton sexe ? O fait, pas juste, tu as 2 mains, toi…
ça dépend, plus maintenant ;
diofficile de tttaper, hein ?
ce n’est même plus une question de mains.
C’est vrai, même si on risque de casser la chaise… Remets mon sexe dans ton sexe. Et … merci d’avoir enlevé nos vêmtements. Ils nous gênaient. Parle-moi maintenant. Dis-moi ce que tu sens. Dis-moi que tu aimes mon sexe, le tien, et ce que nous en faisons.
C’est exactement ce à quoi je pensais : ce que nous en faisons. Je 3ES
Mon amour nous faisons des fautes de frappe. Attends, je vais te laisser taper un moment, je vais te faire ce que tu es en train de me faire. Je t’aime.
Je n’avais jamais fait ça avant. Les faiutes de frappe, à ce point. Et ça, aussi, tout ça, toiut ce que je fais avec toi, tout ce que tu me fais faire, tout ce que je te fais. Et c’est parce que, mon amour, mon amour, n’arrête pas. De m’aimer. Avec tes mains et tout le reste, même ce qui ne paraît pas vulgaire.
Parle-moi de ce tu sens maintenant ?
Ta peau, tes mains, ton sexe. J’ai envie
Ah. Problème technique.Avec le clavier Il s’affole, il tape à l’envers.
Je ne veux plus du clavier. Il m’empêche de. Et c’est à cause de lui qu’on arrête. Je veux continuer. Reviens. Et puis non, attends. C’est bon de faire durer. Intermède. Pas trop longtemps, quand même.
J’ai froid.
Musique.
Pas la peine de tirer les rideaux, à cette heure le métro ne passe plus. Allez, reviens. Le clavier se refroidit quand c’est moi qui le frappe.
Ah mais non attends. C’est rapport à un truc que j’ai dit dans un truc que je n’ai pas encore écrit (mais je vais le faire, et par le biais de la rétrochronologie ce sera super clair pour tout le monde, cette histoire de rideaux, pour cacher aux gens ce qu’ils préfèrent ne pas voir. Comme un avertissement au début, quoi. Personne n’est obligé de voir ça. C’est privé).
Je ne comprends rien. C’est parce que je suis passée à un autre stade de la réflexion, qui exclut le cerveau ?
Exactement. Bienvenue au niveau suivant. Tu fais l'amour sans réfléchir.
Tu écris déjà tellement bien quand tu réfléchis, ce sera encore plus beau. A toi. (et même si l’excitation est un peu retombée quand on a pensé que ceci pouvait être lu, on va continuer quand même. C’est toi qui l’as dit.
Je ne vois pas ce qui est retombé.
Mon sexe, un peu. Mais je vais arranger ça. Admire la technique…
Tu fais super bien les italiques, c’est vrai, mon amour. Tu veux m’entendre ? Je n’ainplus de mots, juste des lettres. Des onomatopées, à la limite.
Ecris-moi que tu m’aimes, si tu veux, pendant que nous faisons l’amour dans le salon (au début, j'avais écris "ton anus", mais c'était un peu cash, on avait dit érotique, pas porno...) ?
Je t’aime, je t’aime. Et ce que tu me fais.
Bouge encore. Continue d’être si fort. Utilise tes deux mains pour me tenir. Retiens-moi. Retiens-toi. Continue. Et ta bouche, aussi, ne l’oublie pas. Je l’aime, je la veux aussi.
Comme tu veux. Je taisse écrire, ma bouche va s’occuper de toi. Changeons un peu de position… Je vais sous le bureau.
Attends, pas tout de suite. Tu peux mettre ta bouche sur ma peau. Tu parlais de mon cou. J’aime quand elle est là, c’est très excitant pour moi, tu n’as même pas idée…
J’ai idée, tu sais. Comme quand tu le fais.
Mais j’ai soif. De toi. J’y vais. Laisse-moi faire.
Je te laisse. J’aurais envie d’avoir mes deux mains pour serrer ta tête contre moi,là où elle est en ce moment. Mais il y a la tyrannie du clavier. Lâche-nous un peu, toi. J’ai autre chose en tête. Pas en tête, en fait. Enfin, on se comprend. Se concentrer sur le plaisir qui vient. Au bout de tes doigts, de ta langue, mon amour.
… c’était une façon comme une autre, de le conclure, ce post. Ou cette pièce de théâtre. Ou ce début de roman. Ou cette nouvelle érotique.
Tu vois, mon amour ? Ce sont juste quelques mots. Qu’on a écrit ensemble, comme ça, pour s’amuser. Les mains dans les poches. Hop, ni vu ni connu. Parfaitement habillés l’un l’autre, à une rigoureuse distance réglementaire de 1,50 mgr ce à nos deux claviers montés en réseau. Comment ils sont forts, ces écrivains…
Attends, y’a encore pire, mon amour.
Tu te rends compte que je l’ai sans doute écrit tout seul ? Un soir que tu n’étais pas là, ou pendant que tu dormais ? Un jour où je me demandais comment les hommes et les femmes pouvaient parler de sexe, comment ça arrivait dans un dialogue ? Si ça ne pouvait pas faire une jolie pièce de théâtre, avec deux comédiens qui ne se regardent pas, habillés tout en blanc comme dans Beckett ?
Et après, comme souvent, mon amour, je te dirais :
- Tu veux lire ce que j’ai écrit ?
Et tu me répondrais :
- Ouaip. C’est pas crado, dude. Un peu tendre, sur la fin. T’as des clichés partout, mais t’écris pas trop mal, gamin…
Pourquoi tu parles comme un cow-boy maintenant ? Ah, si je sais. C’est parce que ça prouve que c’est moi qui te fais parler. Que j’imagine, quoi. En conséquence, tu n’as rien à voir avec ce qui précède. N’y vois pas le fantasme de l’homme, mais plutôt le délire de l’artiste, mon amour.
Et voilà. On s’en tirerait bien propres.
De la fiction, en quelque sorte. Tu t’imagines bien que ni toi ni moi ne nous livrerions à de telles pratiques devant un clavier.
Non mais tu t’imagines ? Jouir en écrivant ? C’est pas comme ça qu’on finit académicien, à voir leurs têtes (si, si leur-s tête-s, plusieurs têtes ils ont, des maîtres Jedi ils sont).
Donc, bon, c’est dit, on se le relit. Et éventuellement je mets ça sur mon blog pour montrer à quel point je suis bon scénariste (au moins pour les films pornos, mais faut bien commencer quelque part. D’ailleurs j’ai une soirée « lectures érotiques » dans quelque temps, ça pourra toujours me servir.).
Allez zou, au boulot les relecteurs pros.
Je t’aime, Princesse.
Une dernière question : est-ce que j’ai envie qu’on lise ça ?
Bien entendu. Je suis écrivain. C’est mon boulot. Peut-être que c’est choquant, pour certains. Je leur en demande pardon (faut dire, je les avais prévenus). Je crois qu’il faut dire des choses aussi simples que « je t’aime ». Et, finalement, c’est tout ce que je dis ici. Avec des détails, d'accord, mais au fond il n'y a rien d'autre.