8.2.07

Love, love, love

Mon amoureuse avait un amoureux.
Ce serait bien qu'il soit jaloux, stupide, méchant, abusif.
Ce serait bien pour nous deux. Elle, pour le quitter sans le moindre remords ; moi, parce que je n'aurais aucun remords à le rendre malheureux.
Mais j'en ai. Et elle en a.
Parce que nous sommes deux personnes sensibles.

Seulement voilà. L'amoureux en question lui a fait une jolie lettre. Et sans doute de jolies scènes. J'ai lu la lettre. J'ai imaginé les scènes .
Une fille comme Elle ne vit pas avec un mec pendant vingt ans s'il n'y a pas de bonnes raisons.
Elle essaye de ne pas les voir, pour que ce soit plus facile de le quitter.
Je le sais, je l'ai fait avant.

Je la comprends, ma belle. Je l'admire d'aller tous les jours prendre sa dose de culpabilité et de tristesse dans sa Vieille Maison, avec un mari plein de fleurs et de mots doux, de beaux souvenirs et de j'ai changé-j'ai compris- je t'en prie recommençons, avec ses enfants qui lui écrivent "Maman, reviens-nous vite".

Je souffre en silence de ne pas être avec elle dans ces moments-là. Et pourtant, je sais qu'elle doit les traverser toute seule.
Peut-être que je peux l'aider, du bord. Peut-être qu'elle se noiera. Peut-être qu'elle fera demi-tour.
Mais je lui fais confiance, et je veux le lui montrer. Je la laisse toute seule. Je l'attends.

Oui, j'ai lu la lettre. J'admire Vieux Mari. Changer si vite, si totalement que même elle ne peut pas y croire.

J'admire Vieux Mari. Je suis désolé pour lui. Franchement, ce ne serait pas personnel, à elle, je lui dirais qu'elle peut retourner avec lui. Essayer. Qu'elle peut apprendre à être heureuse, forte, belle à ses côtés à lui.
Parce qu'Elle a ça dans Elle, mon amoureuse.
Du talent qui me fait pleurer. De la beauté radieuse. De la tendresse, de la douceur, de l'ouverture aux autres, d'une intelligence précieuse et quelques techniques imparables.

En ce moment, elle est à côté de moi et elle écrit. Elle me chante une chanson qu'elle a écrite.

Non, mon vieux complexe d'infériorité ne se réveille pas (sinon, je l'assomme).

Mais, oui, elle me fait vibrer, me donne envie de lui écrire des mots, et de la faire rire, et de la voir briller. Et elle me donne envie de briller pour elle.

Alors.

Alors je suis doublement désolé pour Vieux Mari.

Parce que je ne vais pas la lâcher, la belle. Foi de rugbyman.

Peut-être qu'elle reviendra vers lui, et que ce sera sans doute un joli trou d'air pour moi. M'en fous. J'ai en eu d'autres, je cours le risque.
Elle en vaut la peine, et Vieux Mari le sait.

Elle est à côté de moi, et je suis à côté d'elle. Et je vais tout faire pour que ça continue.

Et pour les lecteurs de ce blog qui trouvent que ce passage est vraiment trop perso (mais si, c'est à vous que ça s'adresse, c'est juste pour faire une étude détaillée d'un homme amoureux...), un interlude musical : j'enregistre ce ouikend avec la Teigne, dépêchez-vous d'aller nous écouter sur le site indiqué à droite avant qu'on ne commette d'autres chansons. Attention, les trucs persos continuent ci-dessous, il est encore temps d'aller cliquer ailleurs)


Il a raison de tenir à elle, Vieux Mari. Moi, trois semaines qu'elle est dans ma vie et déjà j'ai envie de l'y garder pour, sinon toujours, du moins le plus longtemps possible. Elle a joué avec Anton et Zadig. Elle a rencontré ma famille. Elle a mis mon T-shirt Budweiser et a fait l'objet d'une blague de Jeff. Elle m'a vue écrire, et je l'ai vue écrire.
Et puis Elle, Elle, Elle.

Quant à Vieux Mari, il a tout pour lui : des enfants splendides, une belle maison, un métier de rêve et de la thune tout plein partout. Et plein de belles qualités que j'ai vues dans sa lettre.

Parfois, je me demande ce qu'Elle vient faire avec un troubadour crevard comme moi.

Mais je ne me le demande pas longtemps. Je le sais. Elle vient chercher autre chose. Avec moi. Genre Laura Ingalls et son homme en train de fouiller la rivière à la recherche de l'or. Ou des diamants au fond de la mine, si ça ne noircissait pas le tableau, dehors, Lantier, vous salissez tout avec vos pieds...).

Alors voilà, comme on disait dans les cours de récré, je l'ai, je la garde.

Oui, Vieux Mari a vécu avec un trésor pendant des années, et il ne s'en rend compte que maintenant. C'est con, le trésor est parti. Avec un voleur, un vagabond (un juif errant un pâtre grec avec deux cheveux et demi aux quatre vents, vade retro Moustaki).

Interlude musical : si le passage précédent vous fait aussi penser au "Bal des Laas" de Polnareff,
1) je décline toute responsabilité
2) je suis vraiment désolé si vous entendez chanter "Je serai pendu demain matin" dans votre tête toute la journée... au pire, essayez "Des nuages noirs qui viennent du nord colorent la terre les lacs..." Ah ben oui, ça détache toutes les autres chansons, mais ça colle encore plus après

Bon, mais je crois qu'avec mon amoureuse, on a passé le Rio Grande

interlude musical : elle attache pas mal, celle-là aussi, non ?

et qu'on va s'éloigner sur l'océan de toutes nos ailes (euh... ça se mélange un peu, les références à la liberté, à force...).

Des nouvelles de tout ça dans de prochains posts, et puis aussi dans toutes les chansons qu'on est en train de s'écrire.

et pis sinon, désormais c'est officiel, Elle et moi on est pétés de boulot, et on s'amuse quand même comme des fous.

Et en plus, elle est capable de me faire des blagues de chiottes en relisant ce post super-important, et elle est capable de briser mon coeur comme ça, d'un sourire.
Elle vient de promettre qu'elle n'en abuserait pas (du coeur, pas des blagues, parce que celles-là, je les adore).

Je suis tellement heureux que je vous la présente :
- Elle, les lecteurs du blog ; les lecteurs du blog, Elle.

(Elle : faut que je dise un truc ? C'est où, le micro ?)

Bonjour, il est deux heures trente du matin, et nous devrions tous être couchés. C'est donc l'heure idéale pour vous dire que je l'aime. Lui.
(Lui : Mais c'est qui, lui?
Elle : Mais toi!
Lui : Ah d'accord.
Elle : bon, on y va, maintenant?
Lui : Où ça?
Elle : ferme les yeux, tu verras.)
(Lecteurs aussi, fermez les yeux)

Ok, je ferme les yeux... et, au fait, si vous êtes polis, dites bonjour à la dame dans vos commentaires.




6 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle lecture sur Radio Occitanie ce matin, ça donne envie d'en savoir plus sur les signes vu par Manu...

Anonyme a dit…

Et bonjour à la dame.

Anonyme a dit…

Bonjour Madame,
Bonjour Manu,

Putain de Saint-Valentin en 2007, non ?

Une citation d'un collègue auteur de théâtre pour la circonstance :

"Ah! n'allons point songer au mal qui nous peut arriver, et songeons seulement à ce qui nous peut donner du plaisir."
Dom Juan - Molière.

Anonyme a dit…

Je vous souhaite tout le bohneur du monde.
Et nous vieux mari sachons apprécier le nouveau bohneur de celle qui nous furent cheres mais que nous avons mal-aimé. Soyer heureux meme si ce n'est qu'éphemère;l'amour rend beau.
L'amour rend fort.
Je ne te connais pas Manu mais j'espère que ce petit bout d'histoire que tu nous à livrer si gentiment dur
encore et encore.

Anonyme a dit…

pstttt Laura Ingalls, super pour la radio hein ! pfff ! raté !! y a des redifs ??

zoubis à toi et ton namoureuse ;-)

Anonyme a dit…

bonjour à la dame dans vos commentaires.