28.2.09
621 - Samemidi dans le salon du bien et du mal
Dire du mal, je m'y adonnais avec délice du temps de mon adolescence ; c'est un exercice ravissant, au sens propre, où l'on se sent curieusement fort et spirituel.
Ensuite, j'ai arrêté - je trouvais que ça donnait mauvaise haleine à la pensée.
Dire du bien, alors ? Mais (et à moins qu'on parle d'amour, auquel cas on peut souvent s'en sortir le cul propre, comme on dit par chez moi) on risque souvent de passer pour l'imbécile de service, le ringard, l'extraterrestre.
C'est pour cela qu'on a inventé l'humour. Tiens, par exemple, si je dis Une fois, j'ai pleuré en lisant "Le mot ronce" d'Yves Bonnefoy, au mieux je passe pour une tapette d'étudiant en littérature, au pire pour une Emma Bovary du Sud-Ouest (une Maïté Bovary). Et encore au pire je fais un gros blanc dans la conversation. Genre
Voilà, quoi. C'est ce que Véro appelle l'affect.
Donc je dis : "Aaaaaaaaaaaankulé, comment il assure grave, le père Bonnefoy" (version sud-ouest) ou "C'est une tuerie" (version Pontoise).
Du coup, pour moi, évoquer l'affect avec le filtre du rire est parfois une habitude. Mais hier.
J'assistais donc au vernissage de Recto Verso, l'exposition où les portraits blancs, crus et presque paisibles de Juliana Musitelli dialoguent avec ceux, chargés, noirs et nerveux, de Régis Feugère. Sur un autre mur, comme une réponse ou un commentaire, quelques Tentatives d'autoportrait où Yrf (faut-il dire Yannick Zofer ?) exerce la précision lunaire de son oeil sur une forme de lui-même, tandis que Véronique Pourrinet est allé chercher dans ses travaux des portraits de femmes-oiseaux.
Noir, blanc, couleurs ; forme, contre-forme. Portraits qui parlents d'yeux de bouches de mouvements de refus et de fuite, d'imaginaire et du magma créateur.
Normalement, j'aurais dit Bon, c'est quand qu'on boit ? (je l'ai dit, d'ailleurs), regardé, fermé ma gueule, et je me serais échappé pour le match de rugby.
Sauf qu'il s'est passé autre chose. Les visiteurs, d'abord, ont commencé à poser des questions aux artistes - de vraies questions, intimes, profondes, affectueuses ; et les artistes ont répondu.
Ca faisait comme un déballage d'art et de beauté dans l'Atelier expo. Et les mots sont venus.
Il y avait un morceau de monde réconcilié - dans un espace de paradoxe, au 24 de la rue du Dix Avril.
En d'autres termes : c'est le moment où jamais de découvrir Régis Feugère, Juliana Musitelli, le lieu et les travaux de Véronique et Yannick Pourrinet-Zofer.
Pour ce qu'ils ont de vrai et d'émouvant.
Et moi je retourne faire le ménage, parce que quand même, faudrait pas déconner.
27.2.09
620 - Vendre quoi ? Vendre di
Le creux au creux du ventre,
La boule du soleil,
Un clochard qui grimace un sourire,
Le monde est-il admis ce matin ?
**
Hier, j'ai regardé dans l'oeil de Dieu : sa pupille était un peu rouge, il avait dû fumer un truc.
**
Dans le lit où je me pose, tu t'agites : je m'agite, pour que tu puisses te poser. Yin Yang de nos nuits parallèles (on dirait un serpent qui ondule derrière sa propre queue).
26.2.09
619 - Question con
Pourquoi j'ai toujours l'impression d'écrire comme une merde quand je suis heureux ? Et quand j'écris à propos d'écrire ? Et quand le ciel est bleu ? Et quand j'ai envie de faire une sieste en plantant un rosier (pas simultanément, hein)?
J'ai envie de fleurs.
618 - Où avais-je la tête ?
Hier, en parlant de JPB, j'ai écrit "mon comédien préféré" - comment ai-je pu ? Tous les comédiens sont mon comédien préféré. Sans parler des comédiennes.
Simplement, Jean-Paul, que j'avais trouvé excellent dans Et au bout du comptoir, la mer de Valetti, a lu et aimé "La fête à Fred", une des nouvelles du Petit Guide etc... (mais si, ces nouvelles qui n'en finissent plus d'être épuisées) ; il était question qu'il la lise en scène ; et puis on s'est dit que, tant qu'à faire, on allait essayer de dramatiser un peu le tout.
C'est comme ça que je me suis retrouvé, avec et sans lui, à relire/réécrire/réimproviser le texte original (il y aura peut-être ici quelques captions vidéos de ces séances) et à m'amuser comme un petit fou.
M'amuser. C'est un peu fréquent, en ce moment. Faut dire que j'ai passé l'aprème d'hier avec mon Zadig, à se balader main dans la main dans Toulouse (et un grand noir a joué du blues exprès opur lui au saxo) ; la matinée d'hier à regarder les yeux et les cheveux de ma douce en riant sur sa bouche ; la soirée d'hier à rugbymaner, toujours sous les yeux de ladite.
Oh, chiotte, je suis content de ma vie en ce moment ; comme dirait ma grand-mère charentaise, ça peut pas durer...
Ou alors si. Ou alors on peut améliorer drastiquement sa qualité de vie en écoutant le silence, en regardant l'obscurité, en écrivant plutôt qu'en rêvant de devenir écrivain, en dansant, en jouant.
Et en chantant, évidemment, pour faire plaisir à Michel Sardou.
Quand j'étais petit garçon...
Sinon, vous, vous avez aussi une chanson carambar collée entre les dents de la tête ?
Et enfin, ce qu'évoque la lecture d'un article de Télérama sur les écrivants/vains blogueurs :
Protéger l'intime - mais de quoi, sinon de la peur de soi-même
Inventer à la pointe
L'extime
Qui s'ose montrer
Les mots qui s'évaporent
pour trouver leur reflet
La photo de ce post n'est pas de moi, même si on y voit un de mes ancêtres sur son terrain de chasse ; si vous voulez tout savoir sur la photo, cherchez labatteuselepla...
25.2.09
617 - à auteur d'enfants
Nan, pour le compte des posts, je sais pas, c'est compliqué, mais.
Sinon, un compte-rendu des journées précédentes (un exercice auquel je me soumets de moins en moins souvent, faudrait pas que je me laisse aller...) : reprendre le vélo, écrire une nouvelle nouvelle pour le prix Hemingway avec du rock espagnol à fond les balones dans les orejas, finir l'adaptation de la nouvelle La Fête à Fred pour mon comédien préféré, passer coups de téléphone éditoriaux qui donnent mille fois plus envie d'être écrivant qu'écrivain, répondre à des offres d'emploi (si, si, ça existe, la crise serait donc finie ?), finir quelques séries de tableaux, échanger des mails sur le couple et ses passions avec une charmante inconnue, (glander sur facebook aussi, faut pas déconner) assister à une fin de répétition au climat plutôt orageux pour Désolés pour le Chien (à voir au printemps du rire, mars-avril, Toulouse), parler avec Yrf et Véro de Max Gallo des chantiers de Régis Feugères (pas de lien, Rég ?) du concept de l'affect du métier d'essayeur de sex toys des adolescents et des cacahuètes thaïlandaises... Et puis, après une nuit abandonnique, se mettre à hauteur d'enfants pour profiter du mercredi.
Ouais. Dis comme ça, c'est loin d'être intéressant. Je comprends pourquoi j'ai laissé tomber l'exercice.
Bon, bin je vais nettoyer les chiottes, ça me changera.
24.2.09
615 - Mardi, je te raconte
La psy scolaire, celle que je n'aime pas parce que je la trouve un peu idiote, m'a dit il y a longtemps mais cet enfant ("cet enfant", non mais quelle dinde, comment osait-elle t'appeler cet enfant, comment osait-elle parler de toi, est-ce qu'elle te connaissait seulement ? elle aurait dû t'appeler ce cadeau cette merveille ce petit bout de bonheur au regard devenu triste) veut qu'on lui raconte son histoire.
Son histoire. Non mais quelle conne. Me demander ça à moi, qui ne vit que d'histoires. TON histoire, mon trésor ? Mais tu n'en as pas qu'une. Tu en as des millions. Tu as celles que tu décideras de t'écrire. De quel droit pourrais-je en choisir une, au risque d'en éteindre d'autres qui t'auraient plu davantage ? De quel droit pourrais-je te dire, voilà ce que tu es, alors que je n'en sais rien moi-même ?
Trois ou quatre ans plus tard, je repense à cette femme, qui avait peut-être un peu raison, au fond.
Alors voilà ton histoire.
Pour bien faire, il faut commencer au début. Ca s'appelle, techniquement, une anamnèse, du grec ana, en arrière (comme dans anaconda, qui désigne un serpent qu'il vaut mieux avoir devant que derrière), et mnèse, ce qui monte quand on l'agite (comme dans "j'ai encore raté ma mayomnèse)
Au commencement...
Au commencement était le Rien. Un rien tellement rien qu'il n'y avait aucun mot pour le dire, aucun oeil pour le sentir, aucune idée pour le voir. C'aurait pu être blanc, ou noir, ou gris, mais non : c'était tellement rien qu'il n'y avait ni couleur ni lumière. Juste un gros vide avec rien autour.
Certains pensent que le vide s'appelle le Néant - ils ont l'air tout triste, boivent de la bière dans des bars enfumés en parlant de Franz Kafka (un mec qui écrit des histoires d'horreur où les gens se transforment en cafards). On les appelle des nihilistes, peut-être à cause des moments où ils disent "nihidieu nihimaître". En général, ils ne survivent pas longtemps à leur propre désespoir, et dépassent rarement le stade de l'adolescence. Ou alors, ils se mettent à écrire des choses du genre "L'existence est un passe-temps rédhibitoire", on les publie dans de gros livres et ils finissent leurs jours dans une chaise longue au soleil, un chat sur les genoux, à se souvenir des bars enfumés.
D'autres pensent que le vide s'appelle Dieu. Ils sont très agités (mais calmement), ils sourient d'une manière un peu inquiétante dans des lieux qui sentent l'encens et le vieux tissu. L'avantage, c'est qu'ils savent tout, ils peuvent te raconter le vide comme s'ils y avaient participé. On ne les appelle pas : ils viennent tout seul, sans que tu leur demandes. Parfois, ils frappent à la porte en costume noir, ils disent qu'ils ont une bonne nouvelle à annoncer, et tu ne comprends pas pourquoi je referme la porte en disant que j'ai du boulot, merci. En général, ils se regroupent en grands troupeaux, restent paisibles jusqu'à ce qu'ils décident d'aller foutre sur la gueule d'un autre troupeau qui prétend mieux savoir la forme qu'avait le vide.
D'autres enfin, pensent que le vide s'appelle Moi - ils se disent que leur cerveau ne peut pas tout comprendre, qu'ils ont été, avant d'exister, un ovule et un spermatozoïde parmi des millions d'autres, sans compter que cet ovule et ce spermatozoïde provenaient d'un homme et d'une femme eux-même issus de millions de spermatozoïdes et d'ovules qui... bref, ceux-là se disent qu'ils ont été le Vide, et ils ne se la pètent pas pour autant. Ils sourient, versent quelques gouttes d'huiles essentielles dans une tasse et nourrissent les poissons rouges.
Mais ces trois catégories de personnes ont un point commun : ils croient qu'après le vide s'est produit quelque chose.
Je te raconte ça la semaine prochaine.
23.2.09
614 - Demande de recours grâcieux (brouillon)
Madame, Monsieur,
(tout un tas de références)
Suite à votre courrier recommandé du tant me réclamant la somme de (...,..) indûment perçue, je me permets de formuler auprès de vous une demande de recours grâcieux, ma situation financière personnelle étant depuis quelques mois mise en péril par le krach des places boursières de la planète.
Je précise également qu'à la suite de nombreux entretiens dans vos services, j'ai toujours du mal à comprendre dans quelle catégorie je me classe exactement, et entretiens de fait le secret espoir de revenir un jour dans vos grâces - et que vous m'allouiez une aide au logement dont vous m'avez fait profiter par le passé.
Aussi souhaiterais-je que vous acceptiez d'échelonner la paiement de ladite dette de (..,..), voire de la remettre jusqu'à ce que ma situation administrative soit clarifiée et/ou mon assise financière plus solidement établie.
Croyez bien que je me considère entretemps comme votre débiteur et votre obligé ; ainsi, pour vous dédommager de toute votre peine, j'aimerais vous proposer en contrepartie quelques productions artitiques .
Ateliers d'écriture, accueil du public, tableaux, reportages poétiques ou happenings musicaux pourraient apporter à vos locaux à vos administrés une dimension métaphysique et artistique qui leur manque parfois cruellement. Me permettrez-vous de me laisser régler ainsi la dette qui nous occupe ?
Je suis votre très dévoué,
(signature)
Oui, mais qu'est-ce que je vais dire au radar automatique de la RN88 ? Que j'étais en train de chanter Stand by you Man en rêvant de Joe Dassin ?
22.2.09
613 - J'aime
au silence de l'autre
Au point d'équilibre exact entre le tragique et le comique - l'existence exigeante,
les cris et les artifices
d'une âme, qui voudrait être.
Combien de temps encore dépendants à nous-mêmes ?
612 - Prière du dimanche
Oh, ça,
donne-moi la force d'être faible humble humilié
donne-moi l'abandon le calme et le repos,
donne-moi le sourire et le goût toujours nouveau des choses,
donne-moi les couleurs, le secret du silence,
donne-moi aujourd'hui le bonheur quotidien d'avancer d'être ivre de chalouper sur la mousse des friches,
donne-moi de cesser de réclamer,
efface mes souvenirs du bonheur pour que plus jamais je ne compare,
apprends-moi à étreindre les arbres à entendre ma voix,
à cesser de confondre peur et envie, à croire, à sourire, à remercier.
611 - Une soirée comme une autre
Avais-je à ce point peur
des mots que disait le silence ?
je fuyais les regards, et mon ventre aveugle cherchait
le réconfort des mains,
pendant que les sillons de ma mémoire détruisaient le couple,
coup, coupe, coule, coulpe
pendant que je rêvais d'extases souriantes,
ou bien encore, du corps de cet enfant abandonné enfin
au néant de lui-même,
pendant que je guettais l'harmonique des formes dans l'air orange de la lampe,
papillon, toujours, effrayé de voler.
La nuit se referma chaude sur nos creux étreints - les ailes des fantasmes glissaient sur nos paupières
(pendant quelques minutes, je me permis de dire j'aime).
21.2.09
610 - Painting day
20.2.09
609 - Quote
*je ne peux résister à l'envie de citer une phrase :
"Mes enfants, ils ont plus un an de moins que deux ans de moins, de différence."
E.U, romancière - vous avez vu c'est quoi le style ?
Mais au fond, en citant cette phrase sortie de son contex, qu'est-ce que je cherche ? A lui plaire ? A rire (rimer) avec elle ? A la diminuer ?
Je l'ignore. Tentons la p., pour le dire (je n'ose pas écrire poésiiiie) :
Comme un enfant je pense le dernier mot que l'on me propose, mais
car il y a un mais,
Je l'aime et je m'en fous
Elle est folle et elle m'aime
Un, deux,
Nous nous aimons,
n'est-ce pas ridicule ?
/et franchement, est-ce qu'Yves Bonnefoy a eu un jour à lutter contre une rime en -ule ?/
il y a ce que j'appelle toi,
il y a ce qu'on appelle moi,
il y a ce que nous nous appelons,
il y a ce qui appelle,
Et, une Bonnefoy pour toutes, peut-on parler de Rimbaud Verlaine sans avoir aimé un homme un artiste,
peut on parler d'amour sans avoir tous aimés
peut-on parler (ah oui, bonne question) peut-on dire,
Je me souviens du Causse du Rougier du Ségala,
des terres incertaines et fragiles
qui affichaient leur mystère au front des usines,
Je me souviens de raisins,
Je me souviens des draisines,
Je me souviens de Pauvre Martin
D'où ? Je ne suis pas né là. Je suis né en 1974, à deux ans près,
Pure product of the 70ies,
Je me souviens d'Aldo Moro, du coffre d'une 4L,
de sous-pulls rose qui grattaient,
d'un cours d'expression corporelle,
de ma prof de Fran, çais, de 4e
Je me souviens que je pourrais,
mourrais, peut-être,
je me souviens que tu mourras
nous mourrons,
nous mourrez,
ils mourront (mais it's ok, babe),
je mourrai,s demain
(et je l'accepterai)
si je n'avais mieux à faire
que d'obéir à des préceptes.
En attendant,
Je refuse de parler de posé, depoesi, de poésie,
ce serait sacrilège -
Aum. Om. aom.
Tu vois, je me dis qu'il serait difficile de redevenir professeur quand on écrit ce genre de choses, manifestement sous l'emprise du Canabols(r) mais pas toujours.
C'est vrai que sans C., il n'y aurait pas d'excuse.
(Oh, C. iel, je me parle à moi-même)
L., elle existe,
j'ai parfois du mal à l'avouer.
(Elle s'appelle Emmanuelle, et me suggère souvent : tu devrais voir quelqu'un. Sinon, vous, vous en pensez quoi ?)
608 -Manu Causse contre le libéralisme du couple
Ploum, ploum, ploum, me voilà revenu d'une charmante entrevue avec une charmante AS de la CAF (attention, sigles en vue).
Alors soit un
- salarié de l'EN sans salaire
- écrivain (quelle case ?)
- travailleur indépendant
gagnant près de 7000 euros par an depuis deux ans (je dis près de, parce que 7000, c'est là où l'AGESSA me considérerait comme un vrai écrivain digne d'avoir une Sécu Soc plutôt que de juste cotiser),
passant d'un appartement à 500 euros de loyer à une moitié de maison à 1000 euros par mois (vous saurez tout sur les easy);
ce même petit bonhomme, suivant la case que l'on cochera, bénéficiera de 180 euros d'ALS, de rien du tout, ou même du droit à rembourser ce qu'il percevait auparavant.
Et c'est quoi ce libéralisme où un travailleur indépendant (même s'il cherche du travail) gagnant juste de quoi payer son loyer n'a pas droit à l'aide au logement ? Nico, merde, tu fais quoi, là ? Tu les aides, les créateurs d'entreprises (ou les entrepreneurs de création ?)? Tu veux que je te chante C'est quelqu'un qui mardi ?
I love this.
Mais ce n'est pas tout ; car ledit bonhomme ne s'est pas contenté de déménager ; il partage des lieux avec une autre écrivaine, dans la même situation ou presque (à l'exception d'une bourse assez conséquente en 2007). Ladite écrivaine ayant deux enfants à charge, elle perçoit quelques picaillons. Non, percevait ; car depuis qu'elle a emménagé avec ledit bonhomme, elle n'a presque plus rien.
Oh. Ca se corse.
Oui, mais si on était deux colocataires ? Deux hommes ? Deux femmes ?
- Ah là, vous percevriez quelque chose. Mais vous avez couché la case "en couple"...
En couple. Le mot est lâché.
"- Vous partagez le même lit, non ?" me demande l'AS.
- La plupart du temps." réponds-je avec un genre de sourire.
- Oui, ça, ça vous regarde... mais dans l'année, vous vivez dans la même chambre ?"
Non, des fois, on se lève...
- Pour moi, vous êtes en couple.
Conclusion et moralité (s'il y en a une) : je partage ton lit, donc je partage tes comptes, ton argent... c'est beau, le libéralisme, au fond : c'est quand on confond le sexe et l'argent.
Ca me rappelle la blague du mec qui est libéral depuis 5 mn et qui a déjà envie de baiser quelqu'un.
Et si j'avais dit à l'assistante sociale : je vis en compagnie d'une femme qui comme moi élève deux enfants à temps partiel, comme moi galère pour vivre de sa passion, comme moi s'interroge sur le couple, la sexualité, la notion de devoir dans un fonctionnement en binôme ? Si je lui avais dit que nous partageons notre maison et nos chambres avec, en particulier et en alternance (mais pas toujours), des mômes, un musicien androgyne, une punkette lesbienne avec ses animaux, des amis, des artistes, voire, pourquoi pas, quelques partenaires sexuels de passage ?
Bin oui, mais on a coché couple... Et si on décoche ?
Si on décoche, bin ça change tout.
Dites, ce serait pas une discrimination fondée sur les particularités sexuelles, ça ?
Je vous jure, je n'y comprends rien (sauf que l'écrivaine qui m'avait demandé en mariage retire sa proposition - ça ne m'étonne pas, elle vient de sortir un roman haletant, elle ne demande plus qu'à m'oublier).
Mais.
Pas de problèmes, que des solutions.
En sortant de la CAF, j'ai croisé une superbe amie que je n'avais pas vue depuis quelques mois ; elle est toujours aussi belle et fraîche, nous nous revoyons bientôt. Il faisait beau sur mon vélo sur le bord du canal - j'avais ce post à écrire, ce blog où écrire ; et depuis qu'Oh l'a signalé, j'adhère totalement à cet appel vibrant : la poésie pour tous, ici et maintenant.
Et les picaillons, ma foi, sont sans importance, tant qu'on se laisse nager dans les eaux de l'amour.
Sinon, vous, ça recompte ?
607 - Vendredi, mission impossible
Tenter de convaincre l'administration qu'artiste n'est pas un métier de luxe,
Qu'1+1 n'= pas forcément 1 couple,
Que décider de vivre ne fait pas forcément de nous des parasites,
pfff, du social, décidément.
Mais auparavant :
démixer les pensées dans ma tête (pour les fournir telles quelles, le cas échéant, à celle qui se trouve au plus près d'elles),
dérouiller mes yeux mon coeur mon dos,
bonne nouvelle : je me demande quelle odeur a l'air dehors.
19.2.09
606 - Aujourd'hui, ici et maintenant
Répondre par mail facebook msn téléphone
aux questionnaires et sollicitations (merci de me rappeler que j'existe - jhe vous les prêterai, s'ils l'acceptent),
célébrer hier (anniversaire de Zadig, pièce magnifique de avec Benoît Bourbon et Marie-Cé)
voir arriver aujourd'hui un enfant qui s'échappe des jupes de sa mère,
se laisser aller à être,
respirer, se trouver étrangement calme souriant doux,
penser aux amis,
au noir,
aimer la lumière,
flotter, finalement.
18.2.09
605 - Mercredi n'importe quoi
- Encore une fois, je me souviens de l'époque où je disais "je t'aime" sans que ça veuille dire "je vais passer ma vie avec toi"
- mmmh
- et où le sexe était de la tendresse multipliée par la confiance multipliée par l'abandon multipliée par la beauté (et avec un piquant de sport pour corser le tout)
- ah le bon temps
- et j'appelais ça de l'amour
- ouais, ça a l'air bien
- c'est très bien
- je comprends que ça te manque
- ça n'empêche ni le sentiment du vide ni la peur ni le manque
mais ce sont de jolis moments
et oui, il arrive que ça me manque,
quand le sexe devient une exigence, une preuve d'attachement,
un serment qu'on se fait l'un à l'autre
un aveu exclusif pour les tabloïds du coeur
mais à l'inverse, peut-être que je me mens,
que je ne suis qu'un bite dans un monde de fouffes,
qu'il ne m'importe que de fourrer mon nez mon coeur mon sexe dans les affreuses affaires d'une femme pour oublier que j'en fus une.
- une quoi?
- Une femme, tiens
que je sors d'une, au moins. Est-ce l'envie d'y retourner qui me pousse à, Docteur Frouyd ?
- moi pas docteur
moi malade comme toi
- Bon, tu sais quoi ? On pourrait en reparler plus tard, quand j'aurais réparé mon cycle et terminé la fête à Fred ert douché mon oeil
et moi plutôt en voie de guérison, je crois
(avec la complicité graphique et littéraire d'Emmanuelle "Tu devrais voir quelqu'un" Urien.)
17.2.09
604 - In the quest for light(ness)
Sorry (mais pas vraiment) je m'absente quelques jours,
j'ai une recherche urgente de légèreté et de lumière,
je reviendrai sans doute
(pourquoi croire le contraire ?)
Je t'aime, toi, comme je m'aime - c'est-à-dire du mieux possible, imparfaitement, une image joyeuse humaine de l'amour qui gravite
dans l'univers
603 - Mardi, je te raconte
Ton histoire a commencé, je crois que je te l'ai dit, dans une voiture. Sauf que je ne sais plus laquelle.
Il y avait la ZX dont j'avais rêvé (à l'époque je rêvais de voitures rapides quoique familiales - et celle-là était d'autant plus familiale que tes deux grands-pères en avaient une aussi). Dans celle-là, je me suis arrêté sur le bord du chemin pour hurler ta venue au monde,
et quelques années plus tard, un matin trop rapide, je l'ai finie contre un camion.
Tu vois, mon ange, quand je pense aux voitures, je pense aussi aux disputes que nous avions ta mère et moi - souvent dans les voitures, ça commençait comme ça :
Tu me fais chier.
Tu me fais chier aussi.
C’est toujours la même chose, avec toi.
Avec toi aussi.
1. Le dialogue est essentiel
Ça commencerait sur une route de montagne, à l’intérieur d’une petite voiture. Un modèle à essence, boîte à quatre rapports, du genre de celles qu’un grand-père offre à ses petits enfants étudiants - à la fois pour leur faire plaisir et parce qu’il ne peut plus la conduire.
Troisième. Deuxième. Accélérer. Troisième.
L’un de nous dirait, d’une voix qui se veut neutre
une voix : Tu roules vite
l'autre voix : Je connais la route par cœur.
une voix : Ça tourne beaucoup. On n’est pas pressés.
l'aurte voix : J’ai dit qu’on arriverait vers cinq heures. Et puis je déteste me traîner… elle marche bien, cette voiture.
Deuxième. Freinage. Accélération. Troisième.
une voix : Ton grand-père sera content de nous voir.
l'autre voix : Oui.
Nous n’aurions pas grand-chose à nous dire, dans cet habitacle.
Et puis il y aurait cette petite phrase,
une voix : On s’arrête prendre un café ?
l'autre voix : Ici ?
une voix : Il y a un genre de buvette, là…
l'autre voix : Tu veux t’arrêter dans un endroit comme ça ?
une voix : Pas toi ?
l'autre voix : Trop tard. On ne va pas faire demi-tour maintenant, si ? On sera arrivés dans moins d’une heure. Tu auras ton café, il sera meilleur.
une voix : Ce n’est pas le café qui m’intéresse.
l'autre voix : Tu viens de dire le contraire.
une voix : Je voulais simplement qu’on s’arrête. Qu’on soit ensemble.
l'autre voix : On n’est pas ensemble, là ?
On secouerait la tête.
une voix : Tu fais la gueule ?
l'autre voix : Non.
une voix : On dirait que si, à ta voix.
l'autre voix : Si tu insistes, je vais faire la gueule.
Le soleil se coucherait déjà derrière les montagnes. A moins qu’il ne passe derrière un nuage.
une voix : Tout ça pour un café. Parce que pour une fois, on n’a pas les mêmes envies au même moment. Ça peut arriver, non ?
l'autre voix : Ça arrive. Tout le temps.
une voix : Tu exagères.
Tu vois à quoi ça ressemblait ? Pas des disputes, vraiment (même si les mots étaient durs). Des petits moments de disgrâce, des moments où l'un n'arrivait pas à écouter l'autre - ou à s'écouter lui-même.
Ton histoire, je le crains, commence par une dispute. Tu as été conçu en mai, dans ma chambre d'enfant - et ta mère et moi nous réconcilions après une scène que j'ai oubliée, mais pendant laquelle, j'en suis sûr, nous avions parlé de nous séparer.
Tu étais tout l'amour en nous qui se battait pour sortir
16.2.09
602 - Ne pas regarder "L'homme de sa vie", Z. Breitmann
Malgré ce que mes mains lui prouvent
instant après instant,
mon esprit pessimiste s'oblige à nier
la connexion possible, l'ouverture,
la guérison.
601
Lundi, on écoute -
la voix de R. dans le grave entre deux sommeils ; il parle de tragique, je crois. Lundi, on écoute le sourire repousser sur les feuilles.
On écoute le bruit d'un sourire quand il se forme en secret,
on écoute le bruit des couleurs chaudes au creux du ventre,
on écoute immobile, en fermant les oreilles aux murmures malicieux du futur,
On écoute en soi le silence fécond
(et la voix qui murmure, c'est toi le fécond)
15.2.09
600
Un lien spécial vers le Gmörk n°50, avec une traduction anglaise particulièrement géniale (je comprends moins bien les autres) de devinez qui (qui décidément a tous les talents).
Le dimanche...
Il avait ce jour-là peur d’écrire,
La veille il avait dit :
« Je déteste vivre avec toi parce que je t’aime ».
Il se demandait où était la virgule, et ce que pouvait signifier cette phrase.
Il se demandait où étaient passées les couleurs, la grâce, quand le vin à leurs lèvres était devenu lourd, quand amer le tabac à leur bouche,
Il s’en voulait d’être prisme au lieu d’être lumière,
Il parlait à d’autres, rêvait à d’autres, écrivait à d’autres, mais pas à Toi – le toi lui ressemblait trop, le repoussait.
Les enfants jouaient. Entre eux, le silence. Il se demandait depuis combien de temps cela durait.
Il avait ce jour-là envie d’écrire,
Car la peur souvent le tentait, comme la peau d’un ventre, comme un cri de plaisir.
Il se rêvait tactile, purement ressenti, mais les mots faisaient compresse.
Il avait ce jour-là besoin d’écrire,
A force de s’être coupé la respiration.
14.2.09
Vendredi, c'est fini...
... depuis quelques minutes ; il faut dire qu'entre PC aveyronnais sous la neige, nenfants et soirée tranquillotorride en cours, pas eu le temps.
Alors juste un petit clin d'oeil aux miens (dont je m'essaie parfois à être le miroir) et à nos mots libérés.
Et c'était jour de chance : en passant à côté d'une petite boîte, elle s'est allumée (mais j'aime bien les flashes).
Dites, vous savez qu'il est bien, le prochain roman d'Emmanuelle Urien ? Je le (re)lis en avant-première, et je retrouve ce style inimitable, cette respiration calme et terrible, dont on attend à chaque instant qu'elle éclate... Allez, plus que quelques jours à attendre.
12.2.09
Le Jeudi, c'est pour moi ?
Jeudi je me dis
qu'il ne faut pas parler de corde dans la maison du pendu, que les mots
dépendance alcool suicide dépression
attendront quelques jours encore ;
je me dis qu'il neige, mais je n'y crois pas trop,
je me dis que demain, mais c'est peu vraisemblable.
Et que me dis-je d'autre ? Que mon véhicule me coûte trop de pensées, comme peut m'en coûter cette tendance actuelle à moins d'emploi plus de froid plus de vent fin du monde - après tout je peux retourner au chaud à côté du poêle dans l'éducatruc nationale. Autour de moi on m'assure que cela ne changera rien à ce que je suis, mais j'y suis déjà resté au moins une fois (était-elle accidentelle, cette sortie de route, ce camion qui arrivait, mes jambes sous la colonne de direction et ces cons de pompiers qui me trouvaient agité - agité sans blague, alors que la mort une fois encore avait posé son doigt de silence entre mes yeux au milieu de mon front ?)
Pour moi, aussi, je parle
des chemins qui partent d'ici,
de ce chemin par-derrière qui annonçait l'enfer,
du mystère envolé dans le bruit des usines (installées en pleine campagne qui défigurent le paysage de mon enfance).
Je parle, j'explique, que je me sens aussi parfois velléitaire, même si je crois au fond à l'existence au-delà des voiles, au delà du maya, d'une force source forge que nos choix de faire ou ne pas faire laissent intacte (mais cela peut-être aussi illusion).
Je me dis que ma mère a fait un couscous, que les enfants pourront s'amuser dans la neige, que je subviendrai bientôt aux besoins de ma belle,
et que cela me suffirait pour disparaître en paix.
11.2.09
Mercredi, n'importe quoi (signes vides)
Mercredi, très en retard, je lis Samedi - et je prends une claque.
Je cherche à tout prix le silence, malgré les mots dans ma tête. Il faut dire qu'à trop prendre de photos, j'en oublie parfois de regarder.
***
Les matins où je me demande si j'y arriverai, il me faut parfois bien des efforts pour me souvenir que c'est sans importance - le bout du chemin, quel qu'il soit, est toujours... bin je sais pas moi, au bout du chemin ?
µµµ
L'importance. La confrontation. La quête. Ce sont des mots qui tournent en boucle dans mes conversations avec moi-même. Alors que je cherche seulement à m'en débarrasser, à conquérir le bonheur.
ùùùù
Anton vient de perdre une dent qui l'agaçait : tout arrive. Si la colère que nous sentons parfois en lui pouvait me quitter de la même façon, le monde ne serait-il pas un peu plus beau ?
§§§§§
Dans le temps que j'écris ici (ma chambre d'enfant), des nouvelles d'un vieux monde filtrent de la télé à travers le bois de l'escalier ; je me précipite vers elles comme si je repartais en arrière. Encore un signe vide, sinon pour les enfants.
10.2.09
Mardi, je te raconte
9.2.09
Lundi, on écoute...
On écoute quoi ?
- les rêves d'action théâtrales, qui se terminent dans une honte légère ;
- le monde et les vacances, qui commencent sans moi (je reste au lit jusqu'à 13 heures, c'est normal, docteur ?);
- LoFi, les 5 titres, pour finir de se faire un avis avant chamboulement ;
- les timides cris de joie d'une écrivaine collègue (et néamoins amie) qui voit son livre tout bébé ;
- les scénarii qui naissent, pour comprendre de quoi ils sont les signes ;
- ce que disent les enfants.
7.2.09
Samedi n'importe quoi
Samedi je me réveille :
le petit a découché,
il fait gris sombre et pourtant
nous recevons par la poste tout un lot de sex toys, dont le dernier roman d'Emmanuelle Urien (qui semble fourmiller de promesses, le roman, évidemment),
Je devrais voir quelqu'un ?
je crée un monde sur la table de la cuisine,
mes fils sont grands, beaux, je les aime (l'un d'eux devant une pub télé détourne : pour bien grandi, ne mange pas... en plus, ils me font rire)
Elle part se promener au travail.
J'évite de penser au concert de ce soir, aux répéts, aux découpages d'images, à la solitude dont je vais me régaler ;
je me souviens sans y penser de la raclette d'hier soir, de la façon dont nous avons ri, tellement simples, tellement comme avant (moi, sans doute, mais pourquoi ai-je douté ?), de la discussion que j'ai eue avec Petit Grand Indien, deux ans tout rond - je me souviens sans y penser du bonheur.
je n'accorde qu'un sourire aux mots de cette vieille compagne qui me retrouve et se sent fière de me voir polyartiste (pourquoi le serait-elle ? Et pourtant, comme souvent, elle a raison : je n'attends au fond qu'un jugement admiratif, dont le sien ; ce faisant je m'expose en permanence au jugement, et quand on me traite de salaud de voleur, j'ai beau réfléchir, je fais confiance).
Samedi, je lis une dédicace et je me dis que je vis,
au présent, j'essaie,
Samedi.
6.2.09
Encore un vendredi
Vendredi est un bon jour pour :
- retourner au lit ;
- trouver les Gmörks métaphysiques ;
- errer sur le Filet où des romans sans auteur ni titre flottent comme des débris de satellites dans l'espace (j'ai fini par trouver ce que c'était, je vous laisse faire) ;
- se souvenir avec effroi qu'on a appelé son ex, au téléphone, par le prénom de son amoureuse. Deux fois (sous les rires des apériphiles : eux prétendent que c'est préférable au contraire) ;
- piller ses propres ressources ;
- dépanner les pannes ;
- se souvenir de la batteuse, et conséquemment des fêtes ;
- rêver des scénarios épiques.
5.2.09
Vendredi, c'est le jour...
Deaimin, Vendredi, sdera le jour pour
se sentir bien ;
amitié, humeur, finess, pourquoi pas ?
oublie l'ortghaqpliur laisse toi guider
jeune skyxlaker.
Faire attention aux choses qu'on lâche
devant les gens (et à ce qui nous yoblige)
Oser.
Oser.
Osons (c'est le propre des cons ?)
bin tant pis.
Ou tant mieux, va savoir
(note pour plus tard : une armée de cons armés autour de pistoleros autour de milices autours d'individus autours de deux personnes autour de 4 lèvres autour de la question épineuse du commencement de l'univers : cela ferait un joli mexican stand-off)
Je t'aime. C'est écrit.
Séparation
À Paris, deux frères siamois ont été séparés, miracle de la technologie, beauté du monde (non je ne pense pas aux millions d'autres enfants qui sont nés en même temps et ne bénéficieront pas, malgré une espérance de vie dix fois supérieure, des troupes médicales et des regards attendris).
Plus simplement, je t'ai déposée devant la salle d'Aucamville où tu ateliais d'écriture ; nous venions de décider que nous travaillions ensemble (à condition que j'arrête de crier comme si j'étais un père).
Le jeudi, c'est pour moi
Vous avez ce matin peu de temps ; à peine celui de lire les premières lignes avant de retourner à.
Parfait. Le reste c'est pour moi.
Donc, je résume ce qui suit : je m'y pose la question de savoir si le "va te faire" est un oui inconditionnel à la beauté du monde ; je n'y réponds certainement pas, et je m'y perds dans le détour de mes parenthèses. Mais peut-être...
Sinon, vous, ça propose ?
******
Oué. Bon. Là, c'est pour moi.
Pouf, pouf.
D'abord : les râleurs. Car il y en a, croyez-moi -ou alors crois-moi, vu que je suis seul à lire parler ici plus personne ne lit ahahahah).
Des râleurs sympas, j'en connais. Là, par exemple, mon coloc de chambre (un musicos plein de talent) râle sur le fait que je râle. Mais j'ai de quoi moi - le PC qui devient en anglais, une râleuse qui me râle pour trois notes de musique, les rugbymen d'hier, soi disant gay friendly, qui étaient surtout... râleurs ?).
Donc le mot qui me vient, de ma plus belle voix, c'est le
FUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUCK
ou en VO "Va te faire enc..."
Oups. Je me reprends. I take back myself. Ouch.
How dare I ? I want to be wise, sage, I want to welcome the world in it beauty, to welcome world's beauty in me, et je dis va te faire enculer ?
Psychanalogiquement, ça pose des problèmes.
OK. ALl you need is love, ça on le savait déjà (quoi que bon, un peu de thune ce serait bien aussi ?) (nooooooooooo : aaaaaaall you neeeeed is loooooooove, think love, dude) (attention, parenthèses).
Love.
Love for the rugbymen : non, ce n'étaient pas vraiment les To'win, seulement un ou deux d'entre eux, qui avaient recruté une équipe très... inexpérimentée, pleine de bonne volonté mais peu au fait des pratiques du rugby (j'hésite énormément à écrire : une équipe plutôt banlieue triste ; je ne veux choquer personne. D'ailleurs, si je n'étais pas seul, je ne pourrais pas écrire : une équipe avec plein d'arabes de banlieue dedans, c'est... surprenant. Et agréable, d'une certaine façon, même si une agressivité inhabituelle crépitait autour de nous. note pour plus tard : écrire au sujet du racisme me paraît impossible)
Ca y est, je me suis perdu. Je parlais des râleurs. De moi ce matin. Du fait que I feel like screaming in the face of the world, screaming like a mad squirrel : hu).
Je me souviens du temps, I remember when I felt like writing all day long, and loved the strain and stress the world was putting upon me, because the simple idea of writing, and thus releasing the strain, was enough to make me feel glad all through day long.
On ne dit pas all through day long
Oublier donc, forget about, cette colère (wrath) quand mes projets s'étiolent et se fanent entre mes mains : faire confiance à la graine, aux racines, au rhizome
(even though, like now, I firmly believe all can be erased and disappear in a fuck of the eye)
espérer (esperar) que s'étiole aussi la colère, le masque qui garantit de l'affront,
respirer.
"Toi ouais" (voire nous ouais voire moi ouais voire lui ouais) est notre cri de guerre. Comme choisis par le vigile moustachu du purgatoire : toi non, toi non... toi ouais.
Etre le toi (trois) qui se dit moi (ouais !)
(passage purement incompréhensible : l'auteur est en train de gérer sa propre agressivité, et en particulier le rapport de celle-ci à l'agressivité des autres - mais y at-il une différence ?)
Ca fait si longtemps que je ne m'étais pas permis, that I was forbidding myself, un post déstructuré
se permettre, s'interdire, avancer entre les deux, se demander pourquoi,
can I allow myself to, do I feel the right to,
Je me souviens de l'entrepont d'un navire sur un bras de mer, je me souviens du don,
Je te souhaite un enfant, à toi que j'aime,
un enfant qui sera un morceau de toi, une image,
pour que tu apprennes pas à pas à t'en séparer,
pour que tu le voies vivre, peut-être mieux, peut-être plus fort, peut-être plus émerveillé que toi,
que tu l'aimes mieux que tu ne t'es aimé toi-même (ou que tu lui transmettes l'amour qu'on t'a offert, la vie, avec la conscience aussi dont tu disposes)
(va te faire - aimer)
je te souhaite un enfant pour qu'il te dépasse, outgrows you in strenght and beauty,
I wish you a child, my love, I wish you a trace of you in this world
and this child could be the way you caress a stone amongst the morning dew,
and this child could be your breath on a page you read, or a word on your tongue, or a smile you whistle under the sun,
Voilà ce que je voudrais dire à ceux que, à moi aussi peut-être
toi, ouais,
je t'aime.
Sinon, j'aime bien cette idée des rubriques par semaine. Le Lundi, on écoute, le mardi c'est pour A., le mercredi c'est les enfants (ie n'importe quoi), je jeudi c'est pour moi, le vendredi...
C'est demain.
*****
Vous voyez bien, que vous n'aviez pas le temps...
4.2.09
Lett de motiv (de E. et moi)
J'ai pas envoyé ça :
Madame, Monsieur,
N’sommes auteurs. Pis traducteurs, aussi. Pis d’autres trucs, genre scénaristes, dramaticiens (dans la vitrine). Bref, on écrit, mais je veux dire bon, on écrit quoi.
On a travaillé pour des gens, plusieurs, dans des domaines, plusieurs aussi. En général, ils sont contents (ils peuvent avoir des trucs à redire, mais on va pas vous les redire, hein, sinon. Disons qu’on essaie de s’améliorer à chaque fois et qu'on est ouverts au dialog).
Là où on fonctionne super bien, c’est quand on bosse à deux : rapidité, efficacité, complétité. Un peu le genre Gillette, avec les deux lames qui et tout ça. C’est pour ça qu’on envoie deux CV à la fois.
Parce que là, on cherche du taf. Bon, du taf, du vrai, du qui paie, on en a eu : l’un est fonctioprof en retrait, l’autre chefdumonde (Junior) dans des domaines de commarketingprogrammationsalesmanager de l’espace. On peut recommencer, évidemment, mais on a peur de s’ennuyer. Et l’ennui, ça nous fait vite chier (en plus, ça fait tomber les cheveux). Sinon, on pourrait également se perdre dans nos projets persos (qui sont légion) en attendant les huissiers ou la hausse des actions Natixis ; mais allez savoir pourquoi la perspective ne nous.
Donc, on cherche des trucs innovants, excitants, challeanjean et tout ce genre de mots – des trucs à base de mots, justement. À cause qu'on est bons avec, là y'a pas d'histoires. Et en histoires aussi, justement, on touche le steack de la bille de notre cannette.
Ce qu’on attend de vous ? Bin, on est certain qu’on peut vous amener quelque chose – dans la trad, l’auteurisme, les livres, le fouettage d’auteurs, tout. On tient toujours nos délais, on respecte le cahier des charges, on s’implique dans le boulot ah oui. Juste vous nous dites.
CV joints (ça fait 105 pétards en chiffres romains) sur demande.
Voice
Ma voix est à la radio, ici : merci à Claire pour l'invitation et ses questions...
***
Cherchant simplement le bonheur, le juste, la lumière, nous fouillions dans le triste, le noir et le dur.
***
Mercredi, c'est la journée enfants : le temps se contracte autour des activités inutiles, nos attentions s'éparpillent. Le plus important, au fond, semble être la couleur de la sauce du plat de raviolis.
3.2.09
Mardi, je te raconte
C'était donc un matin - la campagne était orange.
Je roulais entre les arbres quand j'ai dû m'arrêter - il fallait que j'explose de joie à l'idée d'avoir un fils. Le monde avait du sens.
Plus tard - quelques mois, sans doute : je marche dans les champs labourés ; le chien gaope et gigote, tout heureux de se promener sur le sentier du vieux château. Tu es sur mes épaules - je reviens du travail, qui m'importe, et je sens tes mains sur mes cheveux (à l'époque il m'en reste), qui me guident.
Tu ris quand je tangue, quand je deviens cheval, quand le chien jappe ; tu ris quand les feuilles, quand le soleil, quand le chemin.
Puis une pointe sur mon occiput : ton menton, petit menton triangulaire, ton visage, tes mains qui glissent... tu t'es endormi pendant la promenade, à notre rythme à nous.
Tu es si doux, si confiant sur mes épaules ; tu es toute ma force, mon mystère, mon émerveillement.
Tu es toi, si beau.
(Et sinon, comme annoncé hier, mais oublié dans la foulée, je rétablis le commentaire. Pourquoi, et pourquoi les avoir coupés dans un premier temps ? Je l'ignore. Pour certains, il semblerait que le boulot d'auteur se résume à : "ferme ta gueule - et tes oreilles - et écris". C'est parfait. Il y a juste que je travaille à autre chose qu'à être auteur. Donc, les comms sont les bienvenus. J'en profite pour vous rappeler que LoFi démote en ce moment, avec un deuxième titre aujourd'hui).
2.2.09
Lundi, on écoute
Savoir se taire est essentiel. Tamiser le silence, ensuite, pour s'assurer de ce qu'il dit (en général, pas grand-chose, mais on n'est jamais sûr de rien, alors on prête l'oreille et cette délicate partie du cerveau qu'on appelle l'amour).
On écoute, tiens, d'abord, Rodolphe Arthaud et son çmr du dimanche (auquel on peut s'abonner, fouillez un peu le blog). Celui-là, je ne l'ai pas compris, mais du pote mathéticien pourra peut-être me l'expliquer (au cas où, je rouvre les commentaires).
On écoute, ensuite, Maka, croisées lors d'un improbable concert de la Teigne dans un préfabriqué très années 80 (on peut en profiter pour réécouter la Teigne, ou attendre le concert là samedi 7 février)
On jette une oreille au premier morceau de la nouvelle démo de LoFi, pour donner son avis s'il y a lieu et plus si affinités ; à la version audio de Roméo@Juliette si on veut se remettre à l'Anglais sans lire ; un oeil aux Gmörks, qui attendent toujours des traductions dans plein de langues ; on profite des pensées joyeuses de ceux qui fêtent le nouvel an (il paraît qu'on dit je vous souhaite tout le succès dans nouvel), de ceux qui skient, de ceux qui crient, de ceux qui cherchent, de ceux qui prient et finiront par trouver.
Quoi, on n'a pas le temps d'écouter ?
Peut-être que si, finalement...
Sinon, vous, ça avance ?
(photo Mathieu Detaint)