5.12.06

Rambo

Une amie (appelons-la Rambo comme elle le souhaite) m'a envoyé hier un mail où elle me disait être gênée par un post qui concernait mon père, ainsi que par la mégalomanie impudique qui frappe ce blog.

J'ai appris, comme on l'a vu récemment, à ne plus être vexé par mes amis, à écouter ce qu'ils me disent et à tenter de leur répondre en toute honnêteté (pas facile, hein...)

Et puis voilà ce qu'elle m'écrit :

Un jour, j'ai dessiné un coeur sur une feuille de papier et j'ai écrit "Je t'aime". J'ai glissé le papier dans le tiroir de la table de nuit de mon père. Je devais avoir une dizaine d'années. Le lendemain j'ai eu droit à une baffe de ma mère qui m'a dit froidement : "on ne dit pas je t'aime à son père" en me rendant le papier en boule. Je savais que ma mère était la voix de mon père. Je me trouvais monstrueuse.
J'étais monstrueuse d'enfance en y repensant.
Quand je rentre chez mes parents, je prends parfois la main de mon père à moitié grabataire, une vieille main épaisse cornée presque. Je l'embrasse et je la caresse doucement. Parfois mon père me regarde la larme à l'oeil. Souvent il est absent.
Je tiens sa main dans la mienne et puis je murmure "je t'aime" dans son oreille.
Il est complètement sourd.

J'aime beaucoup Rambo. Si vous avez l'occasion de faire un commentaire (en admettant que le merdier marche, ce qui n'est pas souvent le cas), dites-lui comme moi que les mots ne perdent jamais rien à être écrits, et qu'ils tournent à l'aigre quand on les garde trop longtemps sur son coeur.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Rambo, tes mots sont beaux. tu fais ce que je n'ai jamais réussi : dire à mon père que je l'aimais avant qu'il meure. je n'ai pas pu pas su ce qui m'a en partie vrillée pendant des années. depuis longtemps j'ai envie de lui écrire un livre pour me guérir de ça. une correspondance père fille. ça viendra. mais je ne rattraperai jamais ce manque-là.
les mots écrits ne sont pas vains. ils circulent dans nos têtes pendant des années. bien plus profondément que ceux qui sont dits et parfois interprétés.
LN

Anonyme a dit…

Ben, un blog c'est forcement impudique (a moins de faire un blog decrivant une formule chimique developpee par jour, mais je vois pas bien l'interet). Et c'est un lieu ou l'on parle de soi ou de ce qui nous touche, donc forcement egocentrique (a moins de faire un blog decrivant... rhazut je l'ai deja faite). Donc, moralite, au final et en conclusion, si on est genes par les blogs megalomaniaques -z-et-impudiques (pleonasmes sortez des rangs), on les lit pas; a la place, je recommande le Paul Arnaud de chimie organique, bien que la nouvelle edition soit un peu trop personnelle a mon gout.
Ceci dit, Rambo, c'est bien de dire et d'ecrire aux gens l'amour qu'on a pour eux. Apres quand ils sont morts ou tres faches c'est trop tard, et on reste comme un con avec un bout de coeur tout necrose d'amour non formule. Ouh c'est vraiment con que j'aie pas les accents sur mon clavier britannique.
Sur ce, C6H12O6, c'est la formule brute du glucose (mais aussi celle de ses isomeres comme le mannose et le fructose, d'ou l'interet de la formule developpee), et sa masse moleculaire c'est 180,156 g.
Comment ca on s'en tape???

Anonyme a dit…

ce qui est doux dans les mots c'est qu'il est toujours possible de les relire écrire à quelqu'un je t'aime n'est pas eternel en tant que sentiment mais tu peux le relire et le souvenir devient alors trés doux.