19.12.06

chose promise

Je l'ai promis à LN hier soir, au cours de notre répèt du lundi : aujourd'hui, je parle politique.

J'en baille d'avance.

Disons qu'hier soir, entre le moment où nous chantions Eleanor Rigby en reggae et celui où nous nous étions lancé dans une reprise en valse de Boys don't cry (si, si), il m'a paru soudainement important de faire part de mon indignation.

Je vous fais donc part de mon indignation.

Voilà. Je trouve cela indigne.

Bon, j'arrête de faire le clown et je parle de quelque chose qui me tient à coeur.

J'ai parlé récemment avec un cadre d'Airbus (qui, pour les non-toulousains, est LE centre économique de la ville), à qui j'ai demandé de m'expliquer les difficultés récentes du groupe.

Ledit cadre, garçon posé, honnête et réfléchi (mais qui rentre tout de même comme un âne dans la défense adverse), pense que le problème provient à l'origine d'un manque de coordination entre chaîne de production et secteur commercial. En gros, les commerciaux ont vendu des Airbus rose, avec des allume-cigare, des phares au xénon, des Airbus breaks, des Airbus avec les ailes montées à l'envers... sans se rendre compte que toutes ces options n'étaient pas réalisables, ou en tous cas modifiaient profondément les délais de fabrication (j'abrège, il expliquait mieux).

Ce qu'en langage populaire, on résume général par "oups, j'a fait une connerie".

Que ladite connerie menace quelques milliers d'emplois et pousse Airbus au remaniement est assez embarrassant. Mais Nico et moi nous posions la question de la responsabilité.

Ah, vous voyez poindre mon indignation ?

D'après l'image qu'on en a, le responsable de tout ça (c'est-à-dire celui qui avait la responsabilité d'équilibrer les différents secteurs, d'avoir une vue d'ensemble du projet) doit être actuellement en train de compter ses stock-options en Suisse, en attendant son prochain poste de Responsable en chef.

C'est caricatural, sans doute. J'ai déjà attendu certains grands patrons justifier leurs salaires par l'immensité des responsabilités qu'ils ont, par le nombre de personnes qui dépendent d'eux...

Inutile de recalculer la différence entre un mois de leur salaire et dix ans de SMIC : Marianne et les hebdos de gauche le font depuis longtemps, sans que cela semble émouvoir grand-monde.

Inutile de se mettre en colère : ce serait beaucoup d'énergie pour quelque chose qui nous échappe. Après tout, on a des mains pour voter et des pieds pour botter les culs, il suffit d'attendre l'occasion.

Mais c'est vrai que dans mes fantasmes tintinophiles, je me verrai bien en petit reporter (sans la houppe, m'en manque un peu) s'installant en tailleur devant le ci-devant Grand Patron, pour lui demander :

- Vous avez raté votre mission, mis en jeu la vie économique européenne, et ce sans la moindre excuse* envers les gens dont vous aviez la responsabilité. Pourtant, vous avez quitté votre poste avec suffisamment d'argent pour vivre 70 vies.
Franchement : vous vous sentez comment ?


Je suis certain que la réponse m'apprendrait beaucoup sur l'âme humaine.

Bon, c'était mon premier post politique, faut que je me dépêche pour les élections ;-)
Un peu tarte à la crème, tout ça, mais c'est LN et Nicodesgonins qui m'ont poussé.


*les excuses, c'est un vieux truc ringard : dans des époques reculées, quand on devait répondre de l'accomplissement de la tâche, et que la tâche avait foiré, il y avait un genre de formule magique qui disait : veuillez m'excuser, je n'ai pas réussi.
Et puis ça pouvait suffire, quand c'était sincère. Parfois, on endossait aussi la responsabilité de ses erreurs.
C'est tellement démodé...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Lulu a lu

Les excuses ça concerne qqun en particulier ?