19.12.06

Bonnes nouvelles


Je viens de recevoir ça :

Cher Manu Causse,


Nous vous remercions de la confiance que vous nous avez accordée en nous
adressant votre manuscrit Un bref traité de la chute.

Malheureusement, nous ne le retenons pas car il ne correspond pas à ce que
nous souhaitons publier.

Le nombre très important de manuscrits qui nous est adressé ne nous permet
pas de vous faire une réponse personnelle agrémentée de conseils et nous
contraint aujourd¹hui à ce genre difficile et un peu froid de la lettre
type. C¹est cependant la seule façon de vous répondre aussi rapidement que
possible.

Merci de votre patience.


Vous souhaitant bonne chance dans vos démarches, nous vous adressons nos
sincères salutations.


L'adresse mail de l'envoi est stagiaire@unéditeurquejenemetspassonnom.fr.

Je lui envoie un bisou, quand même. Ca ne doit pas être facile d'être stagiaire... Courage, petit(e), l'édition est un beau métier, un jour tu seras stagiaire en chef.

Bon, ben un râteau. Ca arrive, dans ce métier... le pire, c'est que par un esprit chevaleresque tout droit sorti du Japon ancien, je n'envoie en général mes manucaussescrits qu'à un éditeur à la fois. Ca avait bien marché avec le premier recueil de nouvelles, Petit Guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux (je ne mets pas de lien, halte à l'auto-promo), immédiatement et glorieusement acquis par les éditions Page à page de Lille ; pour le deuxième, vaguement intitulé Un bref traité de la chute, ça ne me fait que deux ou trois refus... Ce sont des nouvelles tristes, avec des hommes qui meurent et d'autres qui laissent mourir.

Faudrait peut-être que je le pousse un peu, celui-là, non ?

Mais non. Comme j'ai écrit ça en 2005, je ne vois aucune bonne raison de chercher un autre éditeur (les nouvelles se vendent mal, mes pauvres...). En fait, je me sens mieux, libre de droits et tout.

Du coup, je vais pouvoir vous arroser de textes inédits (surtout si je trouve comment on cale des PDF dans les pages blogspot). Ca fera un chouette cadeau de Noël (malgré le thème).

En échange, vous m'enverrez des sourires, des commentaires, ou vous me paierez à boire à l'occasion. C'est toujours mieux que les droits d'auteur.

En attendant, je bosse à autre chose, et inch'allah. Si un éditeur est intéressé, il n'a qu'à sonner à la porte, non mais...

Ca fait longtemps que je n'ai pas mis de photo, alors je vous en propose une qui n'a aucun rapport. Sympa, non ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, le stagiaire.

Bonne route à vous, nos routes se séparent, je file vers la précarité non stagiarisante.

A bientôt, on se recroisera peut-être.

C.

Anonyme a dit…

Peuh les gros nazes
z'y connaissent ren
savent pas c'qu'y perdent
(Haiku, anonyme)

Anonyme a dit…

j'aimerais lire ....

j'aimerais te lire....

pas encore admiratrice,

Anonyme a dit…

Écrire c'est prendre un temps parfois immense pour raconter des histoires inventées, passées par le filtre de la fiction..., des histoires qui tiennent au coeur et au corps pendant toute leur création et qui continuent souvent ensuite de vous remuer ; c’est accepter cette soumission à l’urgence des mots, au réveil en pleine nuit avec un fil génial qu’il faut consigner au risque de le laisser s’en retourner dans les limbes ; c'est parfois même essayer de se brimer quand les mots viennent en écho à ceux dits par d'autres et qu'ils vous pousserent à lâcher tout ce que vous êtes en train de faire pour n'être qu'avec eux et continuer cette histoire avec laquelle vous vivez à temps plein ; c'est prendre le risque que vos proches vous détestent parce que vous n'avez rien d'autre en tête que cette cordelette de mots à sens, vitale pour vous, tandis qu'elle est tellement vaine pour d'autres ; c’est accepter de ne faire de place à personne d’autre qu’au chantier historique et là, les enfants (comme d’autres plus grands) ont du mal à se passer de votre temps, de vos câlins, de votre habituelle disponibilité.

Écrire c'est donner à lire ce qu'on a peint en noir et blanc sur le papier à partir du moment où l’ensemble semble accordé à ses yeux. C’est prendre le risque que ses mots ne soient pas appréciés : avec toute la subjectivité du lecteur qui vient de s'engueuler avec son patron au moment où il ouvre le manuscrit ; qui est peut-être joyeusement épuisé par une nuit torride ; qui est débordé de manuscrits et se sent un peu à l'usine avec son rythme d'abattage de boîtes de conserve à mots, difficiles à ouvrir pour certaines ; ou qui est peut-être juste critique et justement critique, mais qui ne vous dira pas ce qu'il a lu dans vos mots qui ne lui allait pas parce qu’il n’a pas le temps. C’est risquer d’être lu par un stagiaire qui se fait les dents et l’acuité éditoriales sur votre texte.

Donner à lire c’est risquer de ne jamais avoir de réponse. Les éditeurs sont submergés et débordés de textes (comment interpréter cette affluence de choses écrites ?) et n’ont plus le temps de faire des retours argumentés comme il s’en faisait il y a une quinzaine d’années. Certains qui ont aimé votre livre sans pouvoir l’éditer pour autant (pourquoi faire simple ?) font parfois des retours éclairés et éclairants. Rare et très précieux.

Écrire c’est vivre avec la frustration de ne pas être édité tandis que le texte n’attend que ça. Maintenant qu’il a terminé de vous envahir, vous avez envie qu’il en envahisse d’autres en montrant des voies que vous ne soupçonnniez pas, des échos qui dénotent, des trouvailles que vous ne saviez même pas avoir écrites. C’est le bonheur mâtiné d’inquiétude du coup de fil reçu d’un éditeur à qui vos mots plaisent et qui vous bouscule parce que ça y est : le livre est en passe d’exister en public. Et là ça fait des frissons dans le dos. Signature de contrat négociations diverses d’avance de droits d’auteur et de pourcentage sur les ventes (à dix pour cent du prix de vente hors taxes du livre… je vous laisse calculer combien il faut vendre par mois pour gagner le smic).

Écrire c’est attendre souvent longtemps (et pour rien parfois) que le livre ne soit plus le vôtre. Qu’il passe entre de multiples paires de mains afin que le lien qui vous retenait à lui s’aténue jusqu’à disparaître. Écrire c’est accepter d’être dépossédé de ce qui est soi.

LN

Anonyme a dit…

je viens en ligne directe du blogroll du Alter ego/echo de Marie obsédée textuelle.

que de souvenirs de rateaux... et dire que je n'ai pas la main verte, en prime !
il n'y a qu'une chose qui marche dans le monde éditotorial français, le roman. et encore...
courage, de soli d'airs à solidaires !
@+++

si toujours besoin de savoir comment glisser un pdf je peux donner un tuyeau, je l'ai fait moi, ailleurs que chez blogspot et c'est très simple.