L'avantage du blog, c'est que ça me permet d'ordonner le bordel dans ma tête...
Réveillé dès l'aube (9h30) par un coup de fil anonyme, me voilà tout plein du stressou du matin, luttant farouchement pour organiser le plan de ma journée, vu que mon agenda magique (tm) est vide ; alors par quoi je commence ? Coups de fils à ds éditeurs de guides, pour leur vendre de la traduction ? Ecrivage du projet que je dois présenter à deux-trois personnes la semaine prochaine l'occasion du salon de Montreuil ? Nettoyage du grand bazar de l'appart ?
Sans parler des choses aussi triviales qu'acheter des cordes pour la guitare (voir
LoFi, peut-être), poster des
Petits Guides pour un copain dans le besoin, faire les courses, répéter avec la Teigne (ah non, ce n'est pas trivial, même que le CD est enfin en vente, si ça vous intéresse postez un commentaire, je vous en mets un de côté pour une somme modique)...
Et puis ce n'est pas tout : il faudrait que je vous raconte la fin du ouikend : la crise d'écriture en plein dans un bar tendance, les dessins qui émergent sous l'influence bénéfique de Cédric Gomez, les coups de fil de Princesse harcelée par tous les gens qui la voient et tombent amoureux d'elle au premier regard (et comme je les comprends...), et tout un tas de petits trucs... mais ça fait trop liste, d'ailleurs je viens d'utiliser deux fois de suite des points de suspension, ça prouve bien que je pédale dans la semoule.
Alors, attends, ordonnons ça...
"We may be through with past, but past ain't through with us". Voilà ce que répète le film Magnolia, prêté par Gomez (avec une jolie BO d'Aimee Mann), dont nous avons décortiqué le scénario jusqu'à des pas d'heure du matin.
Non, le passé n'en a pas fini avec nous. La somme des colères et des doutes, des sentiments coupables et des regrets nous poursuit de sa vindicte, comme un talonneur adverse qu'on aurait poussé un peu trop en travers.
La solution qui s'impose alors, plutôt que de s'exposer à ses basses vengeances, est de l'affronter sans attendre. C'est peut-être douloureux, et on peut perdre, bien sûr ; mais cela économise au moins le temps d'attente et/ou la surprise, plus tard.
Ainsi, hier, je suis rentré dans la gueule de mon passé. Accompagné de Princesse et de Cédric Gomez (lui-même affligé d'un joli petit chagrin d'amour qui lui fait prendre les chiens perdus qu'il croise pour des compagnes idéales), je suis retourné sur le terrain de mes anciens bonheurs.
Le Gers, par la route touristique. La maison qu'on avait construite quand on était encore "Nous", avec mon ex - la maison dont si souvent rêvent Anton et Zadig, sur la butte, entre les arbres, dans une campagne désolée.
Bref passage, moins amer que dans mon souvenir : la mêlée s'annonçait bien.
Puis nous avons obliqué vers les collines du Gers ; passage obligé dans la tartinerie-librairie de Sarrant, qui vit grandir Anton et Zadig entre les livres et le chocolat ; retour vers les collines de Gers où, oui, je le certifie, j'ai été heureux, il y a une vie ou deux.
La ville de Fleurance offrait une brocante : en artistes amusés, nous y avons flâné. Fidèle à son surnom de "Gros Chien from Nowhere", Cédric Gomez a déniché un bouquin magnifique, lui aussi connecté au passé :
Chien Bleu, de Nadja, un poème peint que j'adorais lire avec mes fils.
L'air était aussi léger que nous, froid peut-être : dans ce coin-là, je ne risquais pas de mauvais coups.
Ensuite, il était temps de rendre visite aux gens (et à leurs chiens) que j'aimais bien, dans ce pays. Là, le talonneur du passé, que je croyais calmé, est devenu plus belliqueux : une petite gifle en retrouvant des amies, que j'avais laissées amoureuses et pleines de doutes, devenues femmes au foyer attendant des jumeaux. Bon, j'étais quand même au courant, et ça m'a fait plaisir de les voir toutes les deux dans leur petit paradis pour chiens et futurs enfants à deux mamans.
Rien de grave : le passé avait décidé de répondre présent. Le pugilat avait commencé.
Quelques maisons plus loin, j'allais retrouver D., mon vieux pote de quand j'étais prof, et sa petite famille. Un seconde ligne solide, calme et intègre comme un terril.
Un chien nous a accueilli. Un chien, et un coup au plexus : non, D. n'habitait plus là. Il était en quarantaine, ailleurs, avec une autre femme.
Et je me suis retrouvé à rendre visite à celle qu'il avait laissée dans sa maison, qui faisait face à tout ça avec son courage de grande fille ; et je me suis retrouvé à faire face à celle que moi-même j'ai laissé, dans des circonstances identiques, il y a quelques années.
Sur le cul, secouant la tête pour retrouver mes esprits, j'ai bien dû en convenir : le talon du passé a un sacré métier. Il venait de me renvoyer à mes chères études d'un bon coup de boule.
La partie n'était pas finie : le retour vers Toulouse s'est fait dans l'obscur, entre les silences et la météo marine de France Inter. Puis, un peu plus tard, pour des raisons qui nous échappent, Princesse et moi avons affronté ensemble le baroud d'honneur du passé : une vieille colère que nous croyions muselée s'est dressée entre nous.
Alors, en personnes sensibles, nous l'avons écoutée et apprivoisée.
Ce matin, le téléphone a sonné la fin du match. Je regarde le talonneur adverse dans les yeux. On a gagné, je crois. J'ai gagné, même si la vie est un sport collectif.
Je lui serre la main et je lui dis "
Good Game". Il me sourit de l'air du type qui en a vu d'autres.
Peut-être qu'on se retrouvera. Je serai prêt - je sais à présent qu'il a une sacrée droite, mais qu'il joue plus ou moins dans les règles.
....
Ca y est, mon agenda s'est rempli, je me mets au taf. Enfin, pour être précis, je me fais
un LoFi sur le même thème.
Et sinon, vous, ça va ?