Dans le message ci-dessous, j'avais promis de vous faire rire... hé bin c'est pas gagné, vu la météo générale gris souris, sur Toulouse et dans ma petite tête. Mais bon, j'ai promis, j'assume.
Je fouille dans mon répertoire de blagues de Toto... Non, pas assez littéraire (quoi que, il y en a une qui se termine par "Et Toto répond, Non, de la moutarde, celle-là on dirait du Shakespeare)... Des blagues de blondes ? Mince, il y a des sites pour ça...
Alors quoi ? Vous raconter la vraie vie des écrivains ? Ah non alors. D'abord c'est impudique (oh la bonne excuse) et puis, franchement, il y a des jours où ce n'est pas très drôle, de taper des petites histoires sur un clavier en évitant à tout prix de se demander si quelqu'un les aimera un jour.
Non, je m'en tiens à ce que j'ai dit précédemment : je fais juste une mini-nouvelle et basta. Rien de personnel, rien d'intime, rien de réaliste.
Une histoire d'amour, tiens.
Bruits de couloir
Ils ne sont pas vraiment libres, d'un point de vue sexuel ; mais ils se sont rencontrés à un âge de leur vie où ces choses-là prennent une certaine importance, et ils sont tous les deux curieux et décidés; Alors, ils explorent.
Ils font tout ce qui est préconisé dans Psychologie Magazine pour pimenter leur vie de couple : des jeux et des jouets, des surprises et des inventions. Et puis, surtout, ils parlent. Ils n'arrêtent pas de parler. Et même si c'est pesant, parfois, ils se forcent : un journal comme Psychologie ne peut pas se tromper.
Le sexe, c'est marqué p.38, est un remède souverain contre tout : l'ennui, la peur, les doutes, et même les digestions difficiles. Et puis il paraît que ça vous rajeunit.
Il est treize heures, et ils se retrouvent chez elle. Ils se racontent leur matinée, se coupent une tomate et la mangent au sel. Ils parlent de leurs projets, des courses qu'ils doivent faire pour finir la déco de leurs appartements. Ils parlents de leurs gosses. Lui parle de son boulot, de son chef qui l'agace et de la crise qu'il traverse. Elle le rassure, comme d'habitude ; c'est pour ça qu'ils s'entendent aussi bien, chacun arrive à équilibrer les angoisses de l'autre.
Il la regarde tendrement quand elle lui dit que ça ira mieux demain, que ce n'est que temporaire, qu'elle croit en son talent et qu'elle lui fait confiance. De temps à autres, une amoureuse, c'est nettement mieux qu'un miroir.
Ils posent les assiettes dans l'évier ; il s'apprête à faire la vaisselle, au moins ça lui vide l'esprit.
Et puis du coin de l'oeil, il voit un petit geste qu'elle fait, ce petit mouvement où elle frotte l'espace qu'il aime embrasser, dans son cou, juste sous son oreille ; et soudain, il change d'idée.
Comme elle passe près de lui dans la cuisine, il l'attrape par la ceinture de son jean ; elle est un peu surprise, mais elle comprend au premier regard.
La vaisselle attendra.
Il l'entraîne dans la chambre ; très vite, avec des gestes impatients, ils se déshabillent tous les deux.
Ils le disent dans Psycghologie Magazine : parfois, pour faire l'amour, il faut changer ses habitudes.
Ils décident de ne pas s'allonger sur le lit. Debout, c'est bien aussi. Si tu te mets comme çi, si je te tiens comme ça, qu'est-ce que ça donne ?
Ils sont bruyants, aujourd'hui, eux qui d'habitude se contentent de soupirs.
Un tabouret dans le couloir les attire ; regarde, si tu poses tes mains ici, je pourrais...
C'est purement physique, purement hygiénique, purement mécanique et purement bon. Et c'est vrai que ça détend.
Ils sont vraiment très bruyants.
Lui pense, avec ce qui lui reste d'espace-cerveau disponible, qu'il va attendre qu'elle jouisse ; aux cris qu'elle pousse, ça ne saurait tarder.
Ils se laissent porter par l'odeur de leurs corps, et leurs cris et leurs râles se font plus intenses.
Et la sonnette retentit.
Pas la grille, en bas de l'immeuble. Non, la porte de l'appartement.
Ils se taisent immédiatement. Ils se regardent - et pourtant, leur position ne le permet pas vraiment.
Ils se retrouvent nus dans le couloir, inquiets et pris de fou rire.
- Tu crois qu'on a fait trop de bruit ?
- Ca doit être une erreur, je n'attends personne.
Ils restent immobiles ; leurs jambes tremblent un peu.
On ressonne.
Elle s'enfuit dans la chambre.
Lui :
- Qu'est-ce que je fais ? J'ouvre ?
- Habille-toi, d'abord...
Et il le fait. Et il ouvre la porte. Les hormones et les influx mélangés dans sa tête le préparent à vociférer contre la voisine du dessous qui viendrait se plaindre du bruit, à cause de ses enfants ; à supporter le regard goguenard du livreur qui n'en a pas perdu une miette, à virer le démarcheur et son fabuleux produit détache-moquettes...
- Bonjour, je suis le voisin d'à côté...
Regard vide.
- Je suis sorti dans mes clefs, il faudrait que je passe par votre balcon pour rentrer chez moi.
- Hmm ?
- Pour rentrer chez moi. Par le balcon. C'est facile. Je peux ?
- Ho...
- Merci... regardez, comme ça... voilà... ça y est. Merci beaucoup, hein !
- Hein.
Elle ressort nue de la chambre.
Ils rient comme des idiots, comme deux enfants pris en faute.
Ca, vraiment, Psychologie Magazine n'en parlait pas.
Bon, ils en étaient où ?
C'est tout pour aujourd'hui, les gens.
Ah, oui, au fait, une info sans la moindre importance : on a rencontré le nouveau voisin de Princesse, un petit jeune qui a l'air sympa. Quoi qu'un peu distrait.
1 commentaire:
Bravo l'exercice est difficile je ne sais comment tu fais pour trouver l'énergie d'écrire même quand tu n'as pas envie.Et le voisin il est comment?
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