22.9.07

Effraction de seconde (passe la troisième)

(ce n'est pas noir, c'est marron, c'est parce qu'il y a des effets spéciaux super chiadés dans ce texte ; enfin normalement c'est bleu, mais vous verrez ça si vous lisez plus loin)

Chuuut. Personne ne sait que je suis là.

Je me suis dit Ce soir, les enfants sont couchés, bien tranquilles sous leur oreiller, et moi j’ai la nuit devant moi, et tiens, si j’allais Dans ton blog ? Après tout, j’ai les clés, je sais que ce sera désert ce soir (le maître des lieux s’étant retiré dans des vignes voisines afin d’y méditer sur le sens de la vie, et je suis certaine qu’il conclura par « tout est vendanges, et omnia vanitas, tiens ressers-m’en une »), personne ne m’attend ailleurs, et je me sens d’humeur plus facétieuse que morose (ou sinon, j’écrirais une nouvelle).

Voilà, j’y suis. La serrure a grincé, la poignée a gémi, les gonds ont hurlé, tu parles d’une arrivée discrète. Heureusement, comme prévu, personne à l’intérieur. En ce samedi soir, tous les lecteurs sont en week-end, quel sens de l’à-propos, quel conformisme, quelle sublime lâcheté.

C’est un peu sombre, où est la lumière ? J’ai beau avoir fait un peu d’intérim par ici il y n’y pas si longtemps, la topographie des lieux ne m’est pas encore familière…
Aïeuh, qu’est-ce qu’il fout ici, ce mur ?
Bon, en même temps, si je le suis jusqu’au bout, je vais bien finir par tomber sur un interrupteur, si l’électricien a bien fait son travail…

…Ahahahahahahahaaaa ! Voilà.

(maintenant, c'est bleu, c'est un peu comme, comment dire, comme quand on fait toute la lumière sur l'identité du héros, sauf que là c'est une héroïne (c'est moi, vous me reconnaissez?) mais c'est du bleu foncé, vous allez comprendre pourquoi juste après, et ça ne vous ennuie pas que je vous fasse l'exégèse tout en écrivant?)

Bon, c’est un peu lugubre, ces appliques coiffées de crânes humains, ça vous a un côté tribal cannibale, ou alors c’est le Feng du Shui qui m’échappe…mais au moins, je vois où je mets les pieds.
Oui, juste les pieds, alors : je viens de me coincer les doigts dans un truc bizarre, c’est quoi ce machin, qu’est-ce que ça fout là, en plein milieu de la pièce… un paravent en bambou ? …Bon, pas de panique, je maîtrise, j’en ai vu d’autres (quoique), je classe mentalement la chose dans « les grandes énigmes du vivant inanimé », et je poursuis mon exploration.

Zut, une panne d’électricité. Je sens qu’on me met à l’épreuve. Ah ah, même pas peur, j’ai un briquet (Faudra quand même que je relise mon contrat, parce que la mise à l’épreuve, pour une intérimaire, à mon avis c’est limite, peut-être que je pourrais réclamer des indemnités compensatoires et des intérêts moratoires, fût-ce pour la rime)

C’est quoi, ces bruits bizarres ?

P’tin, il est où, ce briquet ? (Oui, je sais : dans mon sac à main.)

Arrêtez de faire « wouhouhouh », là, vous êtes ridicules, qui que vous soyez, et combien que vous soyez, et quelle que soit la forme que vous soyez et aussi le nombre de dents et de tentacules que vous soyez, et puis d’abord je vous préviens, j’ai un briquet (et aussi sept carnets et dix-huit stylos et douze boîtes de TicTac dont neuf vides, et vingt-sept cartes de fidélité, et quatre bâtons de rouge à lèvres dont un bleu canard, et le loyer du mois dernier à poster, et ...non, le reste, je le garde pour moi, ça ne regarde personne, sauf le briquet, mais je ne le trouve pas) non pas de briquet, ça se confirme.

…ça suffit, maintenant, vous n’êtes pas drôles, ces bruits de mastication, vraiment, c’est infect, et puis ces grognements, c’est très surfait, on dirait un film de série Z, et encore c’est parce que je ne connais pas d’autre lettre après…

Briqueeeeeeeeeeeeet ????

Mince, je me souviens, maintenant : j’ai arrêté de fumer. Vous ne pouvez pas savoir quel bonheur j'éprouve à me sentir libre, maîtresse de mes émotions et de ma santé et même de la partie émergée de mon porte-monnaie...

Sauf que.
Ah, c’est malin. Juste au moment où j’avais besoin de mettre le feu à une horde de zombies assoiffés de chair tiède et palpitante (beurk, c’est moi, ça ?) qu’ils déchireront de leurs crocs furieux et malodorants avant de… non, pas ça !
Pas chanter les Lacs du Connemara ! Surtout la bouche pleine.

(oui, bon, ça va, on a les cauchemars qu'on peut. Une prochaine fois, je vous parlerai de mes fantasmes, et vous rigolerez moins, ah ah.)

…bon, finalement, je crois que je vais laisser tomber le plan « explorons les souterrains du château quand personne ne regarde », et je recommence ce post sans faire le pitre. Parce que souvent, savez-vous (vous savez?), on dit des bêtises pour cacher le fait qu’on a des choses sérieuses à penser et à exprimer. C’est tout le problème de ces personnages dont la sensibilité est à ce point à fleur de peau qu’ils l’enfouissent au plus profond de leurs tripes (c’était pour faire écho à l’histoire des zombies, et aussi pour illustrer this very propos).

Tiens, c’est là. (Ooooh, c'est bleu, bleu lagon, donc c'est bien moi)

C'est du sérieux. (OK, alors j'arrête)
Ca commence.

Tu n’es pas là et je me sens bien quand même (oui, bon, ça va, je sais qu’il y en a qui trouvent cela facile, du domaine de l’évidence, ah ah j’y arrive sans les mains, sans le cœur, j’y arrive tout seul ! …ben oui, et alors, je parle de moi, là, alors vous pouvez la mettre en veilleuse ?). Parce que tu me dis que tu m’aimes et que je sais qu’on se voit bientôt. Il y a, comme ça, des côtés faciles à la vie, qui confineraient presque au bonheur (mais il paraît qu’il ne faut pas en parler, que quand on prononce son nom ça le fait fuir). Et je ne parle même pas du moment où nous serons de nouveau ensemble, quand les petites ailes que j’avais repliées sous ma robe se déploieront par la seule magie de tes mots doux sur moi, sans compter que ces ailes, tu pourrais les caresser de tes mains…
Est-ce que ça t’ennuie, d’avoir ce pouvoir de me rendre heureuse ?
J’imagine que non, c’est un très beau pouvoir.

Est-ce que, ce qui t’ennuie, c’est de penser que je pourrais ne pas être heureuse sans toi ?
Plus probablement.
Parce que, entre autres, ça signifie que me voir heureuse (ce qui est ton vœu prononcé) dépend en partie de toi. D’où entrave à ta liberté (je saute volontairement des étapes pour en arriver là parce qu'il se fait tard, mais je sais que tu comprends).

Oui, nos faits et gestes ont des conséquences sur les autres.
Ce n’est guère important quand ces autres tiennent peu de place dans notre vie, et que nous n’en tenons pas trop dans la leur non plus.

Mais dans « aimer » ? Pas aimer comme dans « j’aime tout le monde, tous les gens, toutes mes copines ». Aimer comme dans « on passe le plus clair de notre temps à adorer être ensemble, à vouloir continuer, à se chercher partout où l’on n’est pas encore ».

Là, oui, il y a des conséquences.
Est-ce qu’on les assume ?

Et si oui, est-ce que ça veut dire qu’on est un Couple (Couple étant un terme passablement péjoratif pour désigner deux êtres humains qui regardent peu ou prou dans la même direction, ce qui n’empêche pas l’un comme l’autre de souffrir de strabisme, et remet beaucoup d’objectifs en cause, l’objectif étant généralement ce qui mine le Couple) ?

Il y a cette notion de responsabilité. Dans quelle mesure sommes-nous responsables des états d’âmes de l’autre ? Moi de ton sentiment que j’entrave ta liberté, toi de ma crainte d’être abandonnée ?

Ben...
Euh…

Disons qu’à ce stade du questionnement, je n’ai pas de réponse. C’est compliqué. D'autant que je n’ai pas fini de lire Lila.

Ma première réaction, vu mon humeur facétieuse du soir, serait à vrai dire d'affirmer « Pas de réponse, pas de question ». (Comme dans « s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème », ou dans "Pas de bras, pas de chocolat", mais j'aime moins, c'est une interprétation trop pessimiste de la chose.)

Oui, c'est bien, ça : on arrête les questionnements, on se contente de vivre. Au fur et à mesure. Et on verra bien ce que ça donne. Qu’est-ce qu’on risque, après tout ? Que ça finisse un jour ? Mais de toute façon, quand ça fane, l’amour, quelle que soit la forme qu'il a pris pour pousser, ça fait toujours mal, alors autant avoir vécu ça le plus intensément possible, et sans les retenues qu’impose la prudence. Evitons la médiocrité des précautions d’usage et de forme, après tout on n’a pas emprunté sur vingt ans pour voir des pierres vieillir et s’effriter.
Qu’avons-nous à y perdre ?

Juste nous deux. Toi et moi. Ou toi ou moi.

Toute proportions gardées, rien de bien important.
Et en même temps, tout ce qui nous importe.

En ce qui me concerne, banco.

Est-il nécessaire, après cela, d’ajouter que je t’aime ? (nécessaire, non, mais j’en avais envie, et l'envie, hein...alors voilà).

A demain, sweet boy.

2 commentaires:

Manu Causse a dit…

J'adore te laisser les clés du camion... est-ce qu'il y a un Lofi aussi ? J'avais laissé le micro allumé...

Je t'aime

Anonyme a dit…

J'avais peur que tu me trouves un peu bizarre, comme intérimaire, et que tu me donnes mes huit jours pour dépassement de prérogatives... Enfin non, pas si peur. A bizarre, bizarre neuf dixièmes.
Pour le LoFi, le fil du micro n'était pas assez long. A la place, j'ai joué du Chostakovich à la clarinette, demande aux voisins...
Anee ohevet otkha