15.9.07

Des trucs d'écrivain

Wouw, ça commence fort : je met en titre un mot que je ne dis jamais sans une grimace quand je parle de moi.

Mais mon camarade Lapin, ainsi que les conseils répétés de la douce Princesse, vont finir par me convaincre que ça désigne assez bien ce que je fais, en général.

Des trucs d'écrivain, donc. Qui commenceraient par ces mots :

Observation et équanimité sont les mamelles de l'écriture.

L' observation paraît une évidence. Un écrivain scrute ; c'est d'ailleurs pour ça que parfois il ne sait pas quoi dire. A moins que le rapport de causalité ne soit inverse, et qu'il n'observe que parce qu'il ne sait pas quoi dire, mais ça ne change rien.

Dans l'exemple du post précédent, où je m'avoinais gentiment la tronche avec un ex-futur éditeur, c'était assez flagrant : je ne peux pas m'empêcher de regarder la situation sous tous ses angles. Essayer de me mettre à sa place, de comprendre comment il fonctionne ; me laisser, au besoin, atteindre par ses remarques blessantes (il m'a mordu à l'ego, le roquet... heureusement, je suis assez rembourré de ce côté-là) ; analyser la situation pour voir si elle a une issue (autre que le concours de quéquette ou de mains dans la gueule). Tout ça tourne et retourne dans ma tête, dans un processus de rumination somme toute assez intéressant (sauf quand on a autre chose à faire, ce qui était mon cas, mais bon, il y a des impératifs dans ce métier).

Cette observation, ensuite, se transforme en écriture.

Par exemple, je pourrais inventer un jour un personnage d'éditeur associatif ouvert, sympa, chaleureux, fourmillant d'idées et de dynamisme, qui tombe sur un auteur un peu spécial et prétentieux, qui ne lui parle que contrats, chiffres et plans de vente.
Ca montrerait sans doute que le milieu de la littérature est en train de changer, que ces bâtards d'américains déteignent sur nous avec leurs méthodes. Yankee go home et tout ce genre de choses.

Ou alors, je pourrais raconter comment les atermoiements larmoyants (je sais, l'adjectif est en trop mais je me fais plaisir) d'un vieux babos qui se prétend éditeur finissent par décourager un jeune auteur talentueux, qui s'en retourne à ses occupations ; ça pourrait être l'objet d'une comédie sociale, d'une lutte symbolique des générations autour du flambeau de la culture ou un truc comme ça.

Pourquoi pas ? A moins que, autre solution - qui reste du domaine de l'écriture - je reprenne mon histoire et ses illustrations ; dans ce cas, je les sors au format dont je rêve, et je me contente d'observer comment elles vivent leur vie.

Ou les trois à la fois, bien évidemment.

Voilà pour l'observation.

Sur l'équanimité, je crois en avoir déjà parlé : seuls l'acceptation et l'équilibre des émotions permettent d'écrire juste.

Je ne suis pas toujours certain de ce que ça veut dire, et parfois même je me demande si c'est vrai ; après tout, j'ai créé beaucoup de mes textes au milieu d'émotions particulièrement vives et mal contrôlées. Peut-être que je m'oblige à les écrire simplement parce que c'est une bonne façon pour moi de les maîtriser un tant soit peu.

Hier, je me suis senti étrangement fier parce que, malgré cette merde matinale, j'ai pu enregistrer la maquette d'une chansons (dont le titre est "Vieux con", et seuls les esprits retors y verront de l'ironie), écrire la suite d'une nouvelle que j'aime beaucoup, et passer du bon temps avec mes amis, tout ça sans me tordre les méninges, comme je l'aurais fait encore il y a quelque temps.
Oh, je ne dis pas qu'il ne m'est pas arrivé de lever le stylo, le médiator ou la canette pour laisser passer une bouffée de colère ou d'inquiétude ; mais ça n'a pratiquement pas perturbé le résultat final.

C'est ce que Princesse, qui m'offre des mots en cadeau au saut du lit, appellerait la longanimité (j'ai vérifié, mon amour, ça désigne "la patience à endurer les tourments de l'âme", et pas du tout une méthode d'échauffement pour ne pas se claquer au rugby*).

Et pis du boulot, hein. Parce que tout ça, d'abord, c'est du taf. De l'abnégation et de l'opiniâtreté (les deux autres mots que j'ai trouvés ce matin sous mon oreiller et que je me devais de caser ici sous peine de les voir traîner en vrac dans mon appart). Bosser, bosser, bosser : le seul hic, c'est que ça m'amuse tellement que je ne me sens pas vraiment au travail... Sinon, pourquoi est-ce que je serais en train de taper ce post ?

Bon, c'est tout pour le ouikend : Princesse et moi partons à Lauzerte (82) pour la manifestation "Place aux nouvelles" où on va rencontrer plein d'auteurs talentueux et de lecteurs sympas ; cerise sur les gâteux (coucou, Brock et Shnock, meuh non je ne parle pas de vous), La Teigne fera un mini-concert dimanche à 16 heures au Puits de Jour, LE bar musical le plus galactique de tout le Tarn-et-Garonne. Comme en plus c'est la journée du patrimoine et qu'il y a plein de trucs à visiter (essayez le château de Reyniès, c'est très rassérénant), vous n'avez strictement aucune excuse pour ne pas être des nôtres.

A bientôt, alors.



* une astérisqusme pour signaler que c'est bien la charité rugbystique qui m'oblige à ne pas commenter le fanny des Rosbifs d'hier : que celui qui n'a jamais pris 90 à 0 contre le RC Cathare à Bélestat un dimanche de cuite générale leur jette la première pierre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je n'ai strictement aucune excuses
donc à plus.
Bizz schtronglesque YRF.