3.2.08

Parangon de lâcheté

"Emmanuel", me dis-tu, "tu es lâche et je t'aime".

Que répondre à ça, sinon que les deux sont probables ? Et même que je pourrais me justifier, tiens. Te raconter à nouveau les quelques histoires d'amour qui m'ont grillé les neurones du coeur, les quelques rencontres qui m'ont fait croire que je pouvais les remplacer.

Te dire encore une fois qu'être amoureux pour moi c'est être malade, tendre vers un autre maquillé d'idéal et de manques pour éviter de tendre vers soi-même.

Te dire que non, je le jure, le quotidien ne m'aura pas - pas sans que je me sois battu façon Rambo pour défendre ma peau et mes doutes.

Peut-être que je suis un clown au bord de la nausée, au bord de dégueuler dans sa trompette. Peut-être que je suis un pervers, un malade mental, que je me suis inventé une foi pour excuser mes errances.

Peut-être que tout ça et je m'en fous.

Anton, Zadig et moi parlions du plaisir - après que quelques sirènes se furent déclenchées pour m'accuser d'être un mauvais père, un mauvais amant, un mauvais joueur et un pauvre bougre. Je leur disais que j'aurais aimé leur apprendre à vivre dans le plaisir, le simple plaisir de soi et du partage. Et que je m'en voulais souvent d'en être incapable.

Je balance quelques prières, à tout hasard. J'esquive les mouvements moraux qui me visent à la tête.

Toi ? Toi, je te trouve belle, drôle, émouvante, attachante. Nous faisons souvent des pas côte à côte - et souvent aussi, j'aimerais sauter dans le vide et te laisser seule sur le chemin. Je te laisserais un joli mot, des paroles qui danseraient dans le vent autour de toi pendant que tu marcherais seule. Des chansons, des poèmes - le reflet de ma voix qui te chante une chanson d'amour.

Parce que pour moi, visiblement (et j'aimerais bien savoir pourquoi) aimer c'est mourir ; parce que le moindre revers de bonheur me donne envie de sauter de la barque et de m'enfuir. Et que oui, je t'en veux de te tenir si près de moi que tu connais mes faiblesses et que tu me montres les tiennes.

Lâche, bien entendu. Aussi lâche qu'on peut être.

Et tout ça ne sont que des mots, qui sortent pour m'éviter de faire ce que j'ai à faire : t'appeler au téléphone, te faire rire.

Et aussi : je puise en toi la force d'avancer, de guérir, de créer.

Bon, et, d'accord, j'avais oublié samedi matin que cela faisait pile-poil un an que nous avions consommé physiquement pour la première fois notre relation, je sortais d'une nuit chiasseuse et j'avais encore sommeil : OK, j'aurais dû te faire l'amour avant que le réveil sonne, avant même que tu le demandes, façon prince charmant qui a mangé un étalon... Des fois, le désir, c'est con, ça oublie les anniversaires.

Je ne suis pas que lâche, je suis goujat aussi. Malheureusement, je m'en fous un peu.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Etre amoureux, c'est aussi se sentir mille quand au départ nous n'étions qu'un chacun. Ce n'est pas renoncer à soi, ni vouloir anéantir l'autre.
Le quotidien n'existe pas, ce n'est qu'une vue de l'esprit -mauvais esprit- que l'imagination peut tenir à l'écart.
Des anniversaires, il y en aura plein. La première fois que tu m'as fait chanter, la première fois que je t'ai vu abattu, la première fois que nous avons foulé le sol de nos ancêtres respectifs, la première fois que je t'ai fait honte dans un supermarché, la première fois que nous sommes passés à la télé, la première fois que tu m'offriras des fleurs (en pot pour qu'elles continuent de vivre), la première fois que tu enfileras une aiguille du premier coup...et non, on n'est pas obligés de faire l'amour à chaque fois. La goujate dans tout ça, c'était moi, pour des tas de raisons, petites et grandes, bonnes et mauvaises. Et alors, on s'en fout...
Je suis lâche et je t'aime.

Anonyme a dit…

C'est beau des humains.

Moi aussi je vous aime.