9.1.08

Les raisons de mon silence (faites gaffe, c’est super long)



Alors oui, à peine prise la décision de ne plus écrire sur ce blog, je la brise : voiilà que je me lance dans l’explication de mes raisons.

D’abord, comprenons-nous : quand je dis « ne plus écrire », I tell a lie. J’écrirai ici, régulièrement. En gros, tout ce qui concernera l’actualité de mes amis et la mienne (on n’est jamais si bien servi que…) ; de la pub pour les livres, les films, les gens que j’aime (peut-être quelques portraits, qui sait, depuis le temps qu’ils sont rangés dans mes placards…) ; de la poésie, que j’ai toujours envie d’écrire pouésie parce que j’ai honte d’en faire mais comme c’est compulsif, hein… tiens, par exemple, je n’ai toujours pas terminé l’épopée des Gonins au Sénégal, et j’ai comme l’impression de la leur devoir ; il serait temps, aussi, qu’elle sorte de ma tête. Actu, pub, pouésie, un point c’est tout (en plus, ça facilitera le rubriquage). Quant au reste, les sempiternelles hésitations du trenteno-célibataire amoureux, je vais y mettre un bémol.

Pourquoi ? Mais pour plein de bonnes raisons.

D’abord, parce que j’ai l’impression de me répéter. Non, non, ne protestez pas (allez, si protestez quand même, ça me flattera toujours l’égo), au bout d’un moment, le ouin-ouin « je me sens seul » alternant avec le « ah pitain comment je suis amoureux moi » et le « pff, les gonzesses, on dira ce qu’on voudra, c’est quand même des emmerdes », je crois que j’avais fait le tour de mes humeurs possibles – tout comme passer du coq de la fierté transcendante à l’âne des jours gris finissait, à la longue, par faire un motif uniforme qui risquait de devenir ennuyeux à la longue. Donc, si vous voulez connaître au jour le jour mes émotions, sensations et humeurs, un conseil : piochez trois articles au hasard dans les archives de ce blog, faites plif-plaf et choisissez une des trois humeurs : si ce n’est pas la bonne ce jour-là, elle le sera le lendemain. Non que je sois cyclothymique, mon Freud à moi me l’a assuré : simplement, y’a des jours avec et des jours sans, chez les z’écrivains comme chez tout le monde. Je suis certain que vous le saviez déjà, aussi je considérerais comme une insulte à votre intelligence de lecteur de vous le seriner tous les jours.

Et puis se taire est bon, non ? Tiens, je suis sûr qu’il existe un dicton bouddhiste qui dit que la parole inutile est un péché. Véniel, mais péché quand même. Et j’aime bien les bouddhistes, parce que je ne pouvais jamais regarder Kung-Fu dans mon enfance, et depuis j’essaie de me rattraper (note pour plus tard : si je trouve une vidéo de Petit Scarabée sur Internet, je deviens le héros de mes fils. Quoique, ils n’ont pas trop aimé Shaolin Soccer, qui est pourtant un monument, parce qu’à un moment le héros pleure, et forcément, ça les fait pleurer. Sont trop sensibles, ces gosses, faudrait les piquer. Comme on aurait dû le faire pour leur père. Sinon, je disais quoi ?). Ah oui, silence, parce que répéter des paroles sans valeur nuit à la sérénité.

Ah oui, la sérénité. Vous imaginez, vous, ce que c’est, de tenir un blog tous les jours (oui, je continuerai à le tenir plus ou moins tous les jours, mais bon, c’est différent) sans savoir ce qu’on va dire ? En pensant dès le lever à ce qu’on va bien pouvoir écrire de drôle, d’original, de solennel, de nouveau ? Un calvaire, ma bonne dame, je vous l’assure. Et rien ne dit que cette quête d’originalité soit intéressante en elle-même : c’était juste un défi personnel, une bravade un peu idiote, genre, « ah mais je vais le prouver, moi, que ma vie est intéressante ! ».

Faux. Mu, comme on dit en zen. Ma vie n’est ni intéressante, ni inintéressante. C’est ma vie, et ça doit être plus sympa de la vivre que de l’observer en se demandant à quel moment elle va devenir palpitante.

Tiens, ma vie, puisqu’on en parle (enfin, puisque j’en parle). Ça aussi, c’est une bonne raison d’arrêter d’écrire tout et n’importe quoi. D’abord parce que, même si mon banquier ne le sait pas encore, j’ai un vrai métier d’auteur-traducteur-correcteur-interprète-journaliste-auteur-compositeur, qui me prend plein plein plein de temps. Et quand on passe cinq heures devant son PC pour une traduction, le goût du petit billet bien senti tend à se dissiper… vous imaginez, vous, un chef de gare en train de jouer au petit train en rentrant chez lui ? Non, je sais, l’exemple est mal choisi, parce que chef de gare comme jouer au petit train, ça a un côté exotique, si, si… bon enfin, mutatis mutandis comme on dit chez Jules : vous pouvez comprendre que j’ai mal à mon le dos et à mon le cul, les doigts rouillés et la tête comme une cougourde, et que le truc dont j’ai le plus envie c’est de changer un peu (et je cite en vrac marcher, parler, rire, jouer, fumer, glandouiller en regardant passer les femmes au bord du canal, aller faire des recherches sur des trucs hyperintéressants pour du boulot, acheter n’importe quoi histoire de rendre mon banquier fou, etc.).

Donc, si je résume : refus de me répéter, de vous lasser, besoin d’un peu d’air… et puis il y a des raisons vraiment positives.

D’abord, je vais avoir le temps de lire les blogs. Dans l’exploration personnelle du cerveau et des tripes dont l’origine remonte à Montaigne, si ce n’est à Marc Aurèle, d’autres sont là. Tenez, la liste à droite, là, tout contre : il y a au moins 4 ou 5 blogs sur le sujet, et ils sont au moins aussi efficaces que le mien : je vais enfin pouvoir me régaler à les lire et les commenter…

Et puis j’ai envie d’écrire – oh, j’espère que vous me pardonnerez cet accès d’égotisme – sur des supports moins délétères qu’Internet. Un peu, permettez l’image, comme un naufragé qui décide d’arrêter de jeter des bouteilles à la mer parce qu’il se dit qu’il pourrait commencer à tenir un journal ; qu’il soit secouru on non tient plus à la Providence qu’à la multiplication illusoire des probabilités (là, je me sens un poil elliptique, mais l’image est en train de me casser les noix – de coco, bien entendu - alors j’en change).

Il y a autre chose encore. Le côté schizo-lofi. Compartimenter les blogs, comme je l’ai fait jusqu’ici, me convient moyennement. Ce qui m’amuse en ce moment, c’est de remplir des carnets ( vous voulez les voir ?) Certes, un blog, c’est comme un carnet : ça sert à tenir au jour le jour le compte des idées qui nous traversent. Sauf qu’en ce moment, mes idées sont musicales, graphiques, désordonnées ; je me demande s’il n’y aurait pas un moyen de mettre tout ça ici… (oh et puis pendant que j’y pense, je n’ai pas oublié votre cadeau de Noël ; je le peaufine, croyez-moi, mais les journées ne font que 72 heures…)

Enfin, maintenant, j’ai envie de raconter des histoires avec d’autres personnages que moi, ou avec d’autres moyens que l’écriture. Na. C’est comme ça et on ne discute pas. (ou alors faut qu’il m’arrive des histoires extraordinaires qui ne peuvent que s’écrire, mais c’est rare, surtout quand on passe sa vie derrière son PC).

Quoi d’autre ? Ah oui, la pudeur, la honte, la culpabilité. Mes vieilles compagnes. Je sais à présent que je peux tout dire (même si des blogs comme celui d’Entre2eaux me font me sentir encore sur la réserve) et que j’ose parfois le faire. Mais le tout en question ne recouvrant qu’une partie infime de ce qui pourrait être dit, il y a un côté tonneau des Danaïdes à l’entreprise. Et puis j’ai progressé, non ? J’arrive même à parler de cul, de Dieu et d’amour tout en sachant que ma pôvre vieille mère, ainsi que les copines (voire les ex) de Princesse, vont peut-être lire. Bon, bin ça c’est fait, on n’y revient plus. Ou alors seulement si nécessaire.

Quoi, je me censure ? Non, pas vraiment. Je me concentre, c’est tout. J’évite d’écrire trop vite, trop précocément. Faut laisser mûrir, mon gars, c’est l’secret des belles récoltes.

Bon, faudrait que je songe à terminer, moi. Alors, le dernier aspect, maintenant.

D’une certaine façon, ce blog m’a permis jusqu’ici d’expérimenter certains trucs qui m’intéressaient dans l’écriture. Des genres de petites éprouvettes, des ébauches, des fœtus (foeti ?). Et c’était bien. Très bien. Ça m’a délié les doigts et la langue, appris quelques ficelles du métier, ça m’a fait réfléchir, et même (parfois seulement) penser. C’était un vrai bonheur. Maintenant, quand j’écris des nouvelles ou des textes, j’ai l’impression de le faire sans forcer, comme une chose facile ; et j’aime cette sensation de glissement. J’ai aussi appris à trouver la satisfaction dans mon propre regard.

Je me serais bien arrêté là un moment, à m’autocongratuler en goûtant un repos bien mérité ; mais c’était compter sans ma nature hyperactive. Maintenant, je me dis que, puisque je l’ai fait pour l’écriture, et un peu pour la musique, je peux recommencer pour le dessin.

Des dessins, donc. Avec leur lot d’erreurs, de ratages, d’incomplet. Parfaitement perfectibles. Je me retiens même, à chaque dessin, d’ajouter des commentaires genre « aaargh j’ai raté le trait » ou « on dirait une souris, ta charentaise ». Parce que vous pourrez le faire, vous, ça m’évitera de bavarder. Et ça m’apprendra des trucs. Puis, quand je me sentirai prêt… bin, je passerai à autre chose, tiens. Faut être logique avec soi-même. Un peu comme ces indiens (les hopis ?) dont les tapis ne sont jamais tout à fait terminés : la perfection, quoi qu’on en dise, est au-delà de nous, autant l’admettre. Je conclus (ouais, parce qu’il y une question de délai, je vous explique ensuite) par cette définition que m’appliquait un prof d’espagnol, au lycée : Ah, Manou, la desinvoltura hasta la sepultura… Ouais, j’aimerais bien.

Ouala, ouala, ouala.

Et je termine en vous expliquant la vraie raison de ce post : je voulais savoir combien de signes je pouvais taper en une heure chrono à jet continu, en essayant de rester (vaguement) cohérent et sans relire. Bin je vous le dis tout de suite, vu que l’heure est terminée : 8140. J’arrête de compter à partir du 4 de 8140, vu que j’ai fini mon heure. Ouf. Allez, la suite bientôt, avec les mésaventures de notre coupl’ en illustrés.

Sinon, vous, ça tape ?

8000 signes, quand même, c'est pas mal, ça ferait un bon p'tit roman en une trentaine d'heures, ouais bon faudrait l'histoire et les personnages et puis relire quand même, parce que là, y reste du taf, mais bon moi je dis que ça démontre bien que le blog, ça aide à écrire, si j'étais prof de français j'y réfléchirais et blablabla normalement là c'est tellement petit que vous n'arrivez plus à lire...

4 commentaires:

Oh!91 a dit…

Bon, j'ai pas une heure devant moi, j'ai pas huit mille signes à aligner, mais là, comme ça, après avoir lu ton texte, je me retrouve trop con pour pas attendre d'avoir fini de tout soupeser pour réagir. Au moins un premier coup, comme ça, à chaud. Après, j'y reviendrai peut-être, si je trouve d'autres façons, ou d'autres mots pour le faire.
Franchement, je te comprends. Tout ce que tu dis, toutes ces questions, tous ces choix, toutes ces priorités... putain, y'a rien à contester : y'en a plein, même si je ne suis pas auteur, pas artiste, pas traducteurs, que mes pressions à moi elles sont d'un autre ordre (et elles ont aussi avoir avec le temps), dans lesquels je me retrouve complètement.
Ce qui me flingue, c'est que te connaissant à peine, mais m'habituant à ce petit rendez-vous avec toi, et avec tes états d'âme, et avec ta façon de nous les livrer, sans pudeur ni dépudeur, avec ces petites touches de ta vie parfois simplement allusives, ce petit rendez-vous-là, justement, il commençait à compter. 9a me tue que tu dises que t'arrête ça, là, comme ça.
Bon, en plus : "Je sais à présent que je peux tout dire (même si des blogs comme celui d’Entre2eaux me font me sentir encore sur la réserve) et que j’ose parfois le faire". Sur la réserve, j'y suis bien plus que toi. Moi ce qui me touche c'est l'expression de sentiments, parce que c'est là qu'est l'intime. Mon sexe est peut-être plus cru, mais je me livre souvent moins, ou je livre moins mes moments présents, je suis plus un adepte du retour sur image, rapport aux sentiments... Toi, tu nous dis les choses, t'échappes au larmoiement, certes, parce que tu sais manier l'ironie, mais les choses percent, évidentes, et j'aime ce talent-là. C'est lui qui me touche, en tout cas.
Alors OK pour revisiter tes pages d'archive, je dois avouer que je m'y suis peu plongé, puisque tu m'alimentais. Mais merde, on laisse pas les potes sans nouvelle, quoi ! Et les nouvelles, ça peut pas être que la dernière création, ou le coup de pub pour les copains...
Bon, voilà, j'ai un rencart hyper important, ma collègue m'attends, j'ai même pas le temps de relire. Bises. Je reviendrais... Olivier

Anonyme a dit…

Moi je suis toujours ému quand tu parles de tes maladresses.
A bientôt YRF.

Manu Causse a dit…

Faites chier, tiens, à être sympa comme ça... bon, on tente le coup avec les dessins, et quand vous en avez trop marre, vous hurlez. On fait comme ça ?

Anonyme a dit…

Faudra que tu passes essayer ma basse!
12 signes en trois heures je progressessssss;YEAH!!!!

Bizzzzssss schtrungluesquess