12.1.10

807 - MArdi, je te raconte

Tu as été, mon fils.
Tu as été" poursuivit Esag.

" Tu as été ma joie, tu as été ma lumière.
Tu as été insupportable ces nuits où ta mère et moi ne savions plus que faire pour calmer tes cris tes peurs les angoisses de nos angoisses.
Tu as été cette vie qui valait plus que nos vies, qui les dévorait, qui en devenait centre.
Tu as été la raison, chaque jour, le progrès, la nouvelle,
Tu as été chaque geste qui redonnait le sens au geste, chaque bruit qui racontait le bruit,
Tu as été l'amour, le soleil, le nom de nos noms, l'être de nos êtres,
Tu as été nos larmes de plaisir de bonheur
Tu as été.
Oh tu avais ton nom ton existence,
Et pourtant nous vivions, ne vivions que de toi."

La lumière, dans le sequse, se mit à clignoter étrangement.

"Tu as été la source, je le sais, tu as été le nouvel autre,
Tu as été ce que jamais nous ne serons,
Tu as été le futur, tu le restes,
Tout le reste,
Tu as été notre joie."

Esag se tut un instant. Il lui restait tant de choses à dire.

"Tu. Voilà le premier mot.
Le tu de Je t'aime.
Le tu de Tu seras.
Le Tu de Ton histoire.
Qu'avons-nous tu, mon amour, qui te fasse si mal ? Qu'avons nous échoué, qu'avons-nous ne pas fait, qu'avons-nous souffert qui fasse que tu souffres ? Dis-le-moi, Amour, je t'en supplie."

C'était stupide, Esag le savait. Plus rien, sans doute, ne lui ramènerait son enfant. Son fils, son unique.
Plus rien, sans doute.
Ou un doute minuscule.

Alors, il continua.

"Tu. Oh, tu. Que faudrait-il que je te dise ?"

Et le silence retomba au creux du sequse au creux de l'Arbre.






Pour des raisons techniques et morales (l'absence d'hommage aux 807 de Franck Garot), ni illustration ni lien sur ce post. Veuillez pardonner le scribe.

1 commentaire:

fg a dit…

Le scribe est pardonné, le scribe fait ce qu'il veut, le scribe est chez lui.