2.4.08

Covoiturage

Frédérique Martin, incorruptible présidente du jury à l'arrière ; Sergi Pamiès, concurrent transpyrénéen à la place du bon vivant, et moi au volant - en direction de Mirande, Gers, pour le prix Lire en Vert des lycéens agricoles.

Cinq nouvelles sélectionnées : "Foetus", de Sergi dans Aux confins du Fricandeau, (Rocher, 2001) "La trompe d'Eustache" de Marie-Josée Bertaux dans Talons de Verre (Rocher aussi, 2005), "Juju la Poulpe" de Patrick Laurent (Une baleine dans le désert, Elytis, 2003), Plongée, de moi dans Petit Guide, et "Les temps changent, mon bon monsieur" de Jean-Pierre Treilles dans la très bonne revue Brèves n°80, lauréat ravi d'avoir fait 500 kilomètres pour se retrouver au milieu de la douceur gersoise et des lycéens passionnés.
Une journée à parler d'écrire, à écouter les questions, à présenter lectures musciales et tentatives d'atelier d'écriture, et surtout à profiter de l'enthousiasme des étudiants, de leurs sourires et d'une organisation aussi complexe que sans faille : le bonheur, quoi.

J'ai tenté d'expliquer au groupe qui m'écoutait comment la vue d'une taupe morte dans l'herbe était pour moi un signe (ouais, parce que me retrouver sur le lieu de mes vieux crimes, et dans une situation presque identique - des élèves qui m'écoutaient - faisait remonter en moi un goût étrange, l'envie d'y être et de ne pas y être, de rester et de repartir) ; vu les regards qu'ils m'ont jeté, j'ai changé de sujet avant qu'ils ne préviennent l'hôpital psy le plus proche... lectures, donc, la guitare en bandoulière, questions et réponses, et ces moments où on se dit que rencontrer des lecteurs - même ceux d'un bouquin qui n'a plus vraiment d'existence propre - est un des meilleurs moments de la vie du n'écrivain.

Rencontrer d'autres écrivains, aussi, est un plaisir rare ; même si nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour discuter avec Patrick, Marie-Josée ou Jean-Pierre, je me suis rattrapé en bavardant à bâtons rompus avec Frédérique et Sergi dans ma voiture - aidé en cela par les bouchons qui assiégeaient Toulouse et nous ont forcé à des détours retors.

Bonne nouvelle, donc : les nouvelles sont lues - peut-être plus en Catalogne qu'ailleurs, mais elles sont lues, parfois même appréciées.

Un mot tout particulier sur Sergi Pamiès, dont j'avais adoré l'avant dernier livre, intitulé Le dernier livre de Sergi Pamiès, et rien que le titre, vraiment, résume le personnage : drôle, détaché et curieux. J'ai même osé lui dire que j'adorais sa façon de tordre-assembler les phrases et la langue, de travailler le style sans avoir l'air d'y toucher pour des histoires à la construction inimitable. Bref, je suis fan, et si vous ne l'êtes pas encore, lisez et vous le deviendrez.

Bon, retour aux réalités : me revoilà scotché à mon PC, avec du taf à tomber (et un Zadig maladou à garder), pas plus de doutes que d'habitude - pas moins non plus - et quelques idées qui remuent doucement dans la tête.

Sinon, dans la série "Dans ton haïku", il y a celui-ci que je n'ai pas eu le temps de taper hier matin :

Sept oiseaux en ligne ondulent
Des lampadaires éteints
Au croissant de la lune


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