5.4.08

Beati pauperes spiritu

La foi est un réflexe de défense.

Un des meilleurs, à ce qu'on dit. C'est vrai quoi, avec une foi vous êtes protégé contre tout, y compris les douleurs les plus fortes, non ?
Peut-être pas protéger-protéger, hein. Mais amortir, sûrement.

Quelqu'un que vous aimez meurt ? Pof, religion. Royaume des Cieux, Nirvanâ, Océan de Lumière, hop, il est casé, vous souffrez moins.

Et ça marche. Regardez ce qu'a dit un homme d'église (espagnol, je crois) en parlant d'une non-euthanasie récente (celle de Chantal Sébire) :
"Jésus, lui aussi, a beaucoup souffert, et il a une une fin très digne".

Seul un homme rempli à ras bord de foi peut dire une chose pareille.
Au début, je l'ai pris pour un argument anti-euthanasie. Le genre : bon allez, regardez ce qu'il a souffert, lui, vous allez pas nous enquiquiner avec votre cancer/maladie dégénérative/état de légume".
Je l'ai même pris pour une accusation directe de la personne en question (faudrait que je cherche son nom, ça ferait plus court) : "Bin quoi, c'est juste un visage qui se déforme, il le reste tout le reste, les livres, la beauté, la nature, la contemplation... Tandis que le Jésus, lui, il a pas eu le choix : il avait un monde à sauver, et c'est autre chose qu'un p'tit problème esthétique".

A la radio, un homme était en colère après ces paroles. Et putain, je pouvais le comprendre.

Et puis non. J'ai compris. C'est la foi qui parle. Le réflexe de défense contre la douleur ultime - celle de se voir obligé de mettre fin à ses souffrances.

J'imagine ce qu'il pensait, ce type. Que si on avait la personne en question, après avoir consulté moults psychologues et hommes de foi, avait décidé en son âme et conscience qu'attendre la mort serait trop humiliant, trop épuisant, trop douloureux sans que rien ni personne ne puisse la soulager, alors on aurait confié cette femme à sa propre foi, et on l'aurait aidée à mourir dans la dignité. Parce qu'on peut le faire.

Et il pensait aussi "En Inde, j'ai vu un mendiant horriblement défiguré, qui riait et acceptait son sort. Il avait la foi. Pourquoi ne parviens-je pas à insuffler la même foi à cette pauvre femme ?". Donc, référence automatique au patron et à sa vie. Enfin, à la dignité de sa mort.

Finalement, ce prête, il prônait l'encadrement légal de l'euthanasie, non ?

J'avoue que je ne sais plus (et je n'arrive pas à retrouver la référence exacte, j'ai attrapé ça d'une oreille hier soir sur France Info et ça m'a titillé le pensage pour plein de raisons).

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