16.3.08

à mon tour

Blog, blog, blog... un peu de fatigue à toujours parler de moi. Pas que ça m'intéresse pas, mais en ce mois de mars, le travail me tombe dessus et pour la première fois depuis longtemps, je m'inquiète pour mes délais.

Ceci dit, je me suis tellement régalé à faire des posts sur des thèmes imposés que j'aimerais bien continuer un peu.

Tiens, ça, par exemple.




Maman

Pourquoi j'ai les larmes aux yeux quand je raccroche ?
Ce n'est pas le ton de sa voix - rassurant, calme. Je dirais serein si ça ne me faisait pas penser à un oiseau. Un serin qui serine. Un oiseux, tiens.
Merde, c'est quoi c'est mots qui se mélangent ?
Bla bla blah.

Il est 20h et le repas n'est toujours pas prêt.

Je lui ai tout dit, à Maman. Les nuits d'Emilien, les dents, le pédiatre.
Les questions que je me pose - elle a les réponses, toujours simples, toujours faciles.
Antoine qui est si bien dans son rôle de nouveau père.

Parfois il m'agace, avec son air radieux quand il regarde son fils. Peut-être parce qu'il me fait honte.
Il faut dire que c'est facile pour lui.
Il rentre tard du travail ; il desserre sa cravate, m'embrasse à la volée. Ca c'est passé comment avec Emilien ?
Bien, bien, toujours bien. Le pédiatre la nounou les dents. Il a eu un renvoi à midi mais le petit pot de quatre heures est passé comme une fleur. Et toi au travail ?
C'est à peine si j'écoute la réponse ; il me propose déjà de s'occuper du bain. Comment le lui refuser ? De toute façon, j'ai si mal au dos en ce moment que j'aime moins me baisser pour tenir la nuque d'Emilien, pour faire glisser l'eau tiède sur son petit ventre, pour le relever et le mettre sur la table à langer...
Mal au dos, à force de le tenir à califourchon sur les hanches. Cette position de mère que j'aimais tant, au début.
Parfois il me pèse, j'ai envie de le poser et il crie, me réclame. Je le reprends dans mes bras. Il faudrait faire une sieste. Il faudrait manger. Il faudrait jouer dans ton parc. Il faudrait que je fasse à manger, que je change les draps, que je fasse la vessive et la laisselle. Que je m'occupe aussi de trouver du travail, de répondre à des annonces, de faire des papiers.
Et il me demande me réclame m'intime de ne jamais le lâcher.

Pourtant, c'est un enfant tranquille. Régulier. Un enfant comme on rêverait d'en avoir. L'enfant que nous rêvions.

Je finis d'éplucher des pommes de terre. Repas simple, salade, léger. Si j'ai le temps j'irai rejoindre mes hommes. Ou bien je m'assiérai avec un verre devant la télé. Même si la plupart des programmes en ce moment me donnent envie de pleurer - c'est idiot, je pensais que ça me passerait après la grossesse.

Je suis conne ou quoi ? Que demander de plus ? J'ai un homme parfait, un garçon magnifique ; tout va bien, j'ai de la chance - c'est que me répète maman au téléphone.

Peut-être que je ne la mérite pas, cette chance. Ou peut-être que je suis malade.
Mais malade de quoi ? Ou c'est cette fameuse dépression postnatale dont parlait la sage-femme.

Peut-être que je suis folle, tout simplement.
Mais non, je n'ai rien.

Rien.


Juste ce sentiment de vide, là, sous la poitrine. L'impression que je risque de tomber au moindre faux pas, d'être aspirée, avalée par un gouffre.


Quand je dors il m'arrive que ce gouffre soit une bouche. Une bouche avec trois dents.


Et je me raisonne - c'est ce que je voulais, non ? C'est ce que nous voulions. Et je suis heureuse.
Heureuse, obligatoirement.

Ca doit être pour ça que je pleure dans les épluchures, pendant que je les entends jouer dans la baignoire.

Je pose le couteau au milieu des oignons. Un con d'oiseau dans mon coeur chante une chanson de merde, un truc assourdissant, une trille immobile.

Oh je ne suis pas idiote. Je me doutais que je ne me sentirais pas mère dès qu'il arriverait. J'avais lu un livre qui en parlait.
Il ne disait rien sur le sentiment de n'être plus rien. Un oiseau dans une cage, la cage qu'il s'est fabriquée.

Trili, trili, tri.
Je ne sais plus qui je suis.
Nourrir.
Pourrir.
Mourir.

Le couteau me regarde.





Bon, bin voilà. Un texte qui a pour personnages une jeune maman et un oiseau.
À vous, si ça vous dit.

Et sinon, Pierre Cohen est élu à Toulouse, comme quoi ça sert de me serrer la main quand je bois un verre en terrasse.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

oh lui eh !!! comment tu savais SI TOT que Cohen était élu ??? tricheur ??

j'suis bien contente moi ;-) même si je n'ai pas voté dans Toulouse !!

bisous le Manu ;-)

à très vite

M