4.5.07

Pfuiiiiiittt

Et là, pfuiiiittt, le PC s'éteint. Comme ça, tout seul, sans que je fasse rien de particulier.
J'appuie sur le bouton, une fois, pour rebooter. J'aurai sans doute perdu dix minutes de travail, peut-être moins.
Premier écran.
Pffuitttttt.
Oups.

Bouton à nouveau.
Ecran. Pfuiiitttt. Oups. Plus grave que je ne pensais.

Bouton.

Plus rien.
Oh hé ?
Plus rien.
Plus
rien.

Et là se lève en moi la force du lecteur assidu du traité du Zen et de l'entretien des motocyclettes. La partie qui traite du zèle (gumption, faudra que je vérifie la traduction un de ces jours), des revers à notre enthousiasme.

Right now, this screw
(une vis bloquée qui empêche d'ouvrir le capot moteur - ici, un bouton de PC) is worth exactyl the selling price of the whole motorcycle, because the motorcycle is actually valueless until you get the screw out.

Dans mon cas, le bouton du PC a même beaucoup plus de valeur que le PC lui-même : derrière lui se trouve mon travail en cours, mes textes, mon accès à Internet, ma correspondance...

Zen. Conseil n°1 : boire un café. Dans mon cas (mais je transpose), fumer une cigarette. Et laisser les pensées s'agiter, puis se calmer.
Si c'est, comme je le pense, un problème de disque, je risque fort de me retrouver avec deux semaines de travail en retard - sans même parler des textes que je ne pourrai pas récupérer.
Peur ?
Inutile. Il doit exister des solutions. Plus je m'inquiète des conséquences, plus je suis troublé par elles, moins ces solutions peuvent m'apparaître.
Zzzzzzzzzennnnn.

Appeler un réparateur. Le premier dans les pages jaunes, celui qui habite pas loin de chez moi, fera l'affaire.
Comment ça, la batterie ? Parce que j'ai une batterie, moi ? Ah.
Pour demain soir ? Un peu long. Je vais voir ce que je peux faire, je vous appelle.

Voiture. Mr Confo, qui m'a vendu mon portable il y a deux ou trois ans.
SAV. Un type charmant.
- Un problème en informatique ? Ah mais désolé, moi je m'occupe du bois, mon collègue est en vacances.

Zz (grrrbrjtrgrlrkj)
zzzzz (ayayaya)
zzzen.

Tiens, combien ça coûte, un nouveau portable ? Tout ça ? Que ça ?
En admettant que je me fasse renvoyer certains textes qui ont circulé par mail, que je me retape un carnet d'adresse et autres joyeusetés, je vais en avoir pour... mettons deux jours de retard.
Pourquoi pas ? Quand aux textes dont j'ai le plus besoin (les textes courts dont je parle ailleurs), il me suffira de les retaper.

J'hésite un poil à m'offrir un tout mignon portable ; bon, ça veut dire un petit mois de salaire en moins, mais après tout, l'argent, c'est fait pour circuler, non ?

Le temps que je réflechisse et que je passe un coup de fil à mon discounter PC préféré - qui ne peut pas me répondre tout de suite - j'ai repéré un frigo et quelques accessoires dont Princesse pourrait avoir besoin pour meubler son appart Ikéa. Téléphone à nouveau (au fait, il y a dix ans, sans portables, ç'aurait été une vraie galère, tout ça...) ; et puis, comme j'ai les mains prises par un micro-ondes volumineux, je laisse de côté l''achat du PC.

Rerereretéléphone - le réparateur est en ville, il m'attend. Gentil, affable, rassurant. Au pire, il me récupérera toutes les donnés sur des CD. Demain soir, au plus tard.

Prendre Anton et Zadig à l'école (chouette, il y a des cartons plein la voiture de Papa, un des deux est obligé d'aller devant !), un saut chez le boucher, Grande Soeur qui me prête son portable pour l'urgence, retour à la maison... et le réparateur qui m'appelle, "C'était rien, Madame Denise, juste un peu de calcaire dans votre eau, c'est comme neuf maintenant."
Tiens, je viens de gagner le prix d'un portable neuf, moi...

Anton, Zadig et moi, on cuisine en bavardant. Ils maîtrisent peu à peu les subtilités de la purée Mousseline, et j'ai même réussi à leur avouer que les trucs qui n'étaient pas jaunes à l'intérieur, c'étaient des épinards, des brocolis et des carottes ; bin, de façon surprenante, ils ont mangé quand même. Allelujah.

Fin de la journée. Calme.

Ce n'est pas (seulement) de la chance. C'est beaucoup de tranquilité d'esprit.

En une après-midi, j'ai fait marcher la grande distribution, l'artisanat de proximité, monsieur SFR, quelques distributeurs de pétrole, Monsieur Mousselin (celui de la purée) ; Princesse n'a pas à courir partout pour son électroménager, je n'ai pas pris vraiment de retard dans mon boulot ; et le soir, on a lu une histoire avec les garçons.

J'ai repensé à mes années d'enseignant (vous savez, ces fainéants qui ne bossent jamais). Je n'aurais pas pu passer une journée comme ça. Pas avec ce sentiment de tranquilité et de choses qui vont d'elles-mêmes.
J'aurais couru, tempêté, stressé, engueulé les garçons. Je n'aurais pas pu m'empêcher de penser à tout ce que je risquais de perdre.

Alors moi je dis,

1) il faudrait toujours lire Robert Pirsig (et avoir des potes et une Grande Soeur)

2) Elle est où, là-dedans, la valeur travail ?
Désolé, Nico, mais ce n'était pas productif. Juste agréable. Juste bien.

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