31.10.06

Eli, Eli...


T'as vu mon dessin ?
Y' a plus de lait...
J'ai envie de dessiner.
Papa j'ai fini de faire caca...
Comment ça s'écrit poissonrougequivivaitdanslamer ?
Papa, ton appart' il est trop petit
!
Je m'ennuie, je voudrais regarder la télé...

Oui, Anton et Zadig, mes deux fils à mi-temps, sont de retour chez moi...

Question championnat du monde de la culpabilité, ils m'offrent un sérieux entraînement : j'ai toujours été physiquement incapable de me lever quand ils ont besoin de moi.

C'est comme ces cauchemars où tout s'englue autour de moi.

Dis papa tu te lèves ?

Mais non. Papa est crevé, Papa se lève plutôt à 9h qu'à 7, Papa préfère que tu ouvres la bouteille de lait toi-même...

Papa se sent moche et incapable - et pourtant Papa a l'impression de faire tout ce qu'il peut.

Papa se sent déchiré chaque fois qu'il dit NON (et souvent, aussi, quand il dit oui, mais de toute façon ça n'arrive jamais), Papa s'en veut à mort d'être parti de la maison.

Quand il est seul, Papa sait qu'il a bien fait. Que c'était la meilleure solution - la seule, en fait.
Qu'à cause de cette fois-là, quand Papa pleurait dans la maison sans plus savoir pourquoi vivre, Papa cherche comment on fait pour être heureux.

Evidemment, c'est égoïste. Plein de gens le lui ont dit.

Et puis c'est illusoire. Beaucoup de gens le lui expliquent : laisse tomber, tu n'y arriveras pas.
Ils ont raison. Je n'y arriverai pas.

Je le fais, c'est tout.

Donc, le principe, mes agneaux, est simple : je veux être le plus heureux possible.

Au début, comme tout le monde, je voulais vous rendre heureux. Et ça me rendait malheureux, évidemment, parce que je ne suis qu'un papa comme les autres, et que rendre quelqu'un heureux tout le temps, ça n'existe pas.

En plus, je crois à la pédagogie par l'exemple : je vois bien que vous aimez le vélo parce que je l'aime, la musique parce que j'en fais, les livres parce que je vis au milieu d'eux... Evidemment, el doctor Sigmund nous a expliqué que tout ça, c'était parce que vous vouliez me tuer pour me piquer la place... Oué, ben allez-y, quoi... mais doucement.

Donc, pédagogie par l'exemple : si je suis heureux, vous apprendrez à l'être.

Pas gagné, hein, mes loulous ?

D'autant plus que j'ai piqué une petite crise de fascisme paternel (pléonasme, non ?) la semaine dernière, et que j'ai interdit télé et McDo jusqu'à nouvel ordre.

Viva il Duce ! Viva il Papa !

Du coup, ce matin, j'ai failli craquer. C'est vrai, quoi, ils s'ennuient, ces gosses... Un petit Marsu - quoi, c'est du Franquin, c'est de l'art, oui ou non ? Un petit Yu-gi-Yo ?

J'ai failli craquer, j'avoue. D'ailleurs, je réfléchis depuis hier à comment je vais organiser ma journée pour pouvoir les emmener au McDo...

Mais non. Ils ont fait leur petit-déj tout seuls, et j'ai fini par me lever. Je leur ai installé la petite table au milieu du salon, et ils se sont mis au boulot...

Anton, mon grand, hésite toujours à commencer. J'ai du mal à savoir ce qu'il aime, j'ai souvent peur qu'il soit triste. Il arrive que les autres enfants se moquent de sa sensibilité, de sa colère rentrée, de ses hésitations.

Je te jure que je les tuerais si je m'écoutais.

Zadig, mon 2e, mon Z, court après son frère depuis tellement longtemps qu'il finira peut-être par le rattraper. Il commence à écrire des histoires, pour faire comme Papa et comme Grand Frère. Personne ne se moque jamais de lui - c'est un peu plus facile d'être 2e, la route est déjà tracée...

Et voilà mes deux princes en train de se fabriquer des ordinateurs et des billes. Je suis un bon Papa qui dope la créativité de ses gosses, comme c'est marqué dans Psychologies Magazine.

Et pendant ce temps, je glande à mon PC sans m'occuper d'eux...

N'importe quelle excuse pour ne rien faire, hein, sale père abandonneur ?

...

Allez, je fais comme on vait dit : je range le matos et on part en vacances sans plus s'occuper de ce blog.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bah, eh, meme pas vrai Manu Causse que t'es un pere abandonneur. Et les histoires que t'inventes que pour eux? Et les arcs et les fleches et les epees supersoniques que tu leurs fabriques, a tes Princes? Et la liberte que tu leur laisses de grandir a leur rythme?
Pfffff, pas la peine de la ramener devant tes blogolecteurs, on sait combien tu les aimes tes petitous.

Cetdemi

Anonyme a dit…

Partir ou rester on se sent toujours coupable/cassé l'environnement idéal pour les enfants:un père une mère un foyer une famille a quoi bon si l'on se dechire si on ne fait plus attention à l'autre car seul le soi est important. Je vis l'inverse et bien aussi car il n'y avait pas d'autres solutions. Manu il faut juste les aimés et leurs dire .
Un papa (PS:les zozos existent déja tu en connais deux, nous sommes cinq je revendique se terme qui n'est autre que notre nom)

J'aime beaucoup ce que tu ecris.