8.4.10

856 - Au furibard et à mesure


1) Absurde
- Tonton, tonton, tu veux jouer avec nous ? - A quoi ? A quoi bon ? Jouer, pourquoi ? Moi aussi, j'ai joué, autrefois.
Les neveux de Samuel Beckett se sentaient souvent un peu mal à l'aise.

2) Traître à la cause
Puisque j'avais déjà joué la première mi-temps, et qu'il manquait un avant à l'adversaire, j'ai enfilé un maillot blanc. Plus chaud, débarrassé de la pression collective (je peux faire toutes les conneries que je veux sans faire perdre l'équipe), plus en forme en fin de match, je me suis bien amusé - d'ailleurs, regarde, j'ai encore mal là, et là, et là...
De retour au vestiaire, l'oeil noir et la main leste, notre entraîneur-chef a lancé des réflexions aigre-douces sur ces joueurs qui "attaquaient plus le ballon quand ils jouaient en face".
Zut, j'avais encore oublié qu'il ne s'agissait pas d'un jeu.

3) Un rêve, une image
En amuse-bouche de ma vie, ces années d'adolescence aux saveurs piquantes, prometteuses,
puis cette entrée, réussie, où je vivais avec toi, dans les grandes maisons (les enfants qui y naquirent) - un peu fade, néanmoins, je pense,
le trou gascon, la pause liquide brûlante d'alcool
et - du moins je le suppose - le plat principal (dont je rêve que, scandale, on refuse de me l'apporter, alors qu'il est peut-être déjà sur ma table),
tout cela préparé par un chef aussi doué que loufoque - un chef toqué, bien entendu.

Sinon, sans lien aucun, nous finissons aujourd'hui une traduction pour un livre de cuisine...

4) Elle m'y a poussé...

Voilà le mail que je reçois d'un espace d'art très contemporain installé juste à côté de chez moi, et qui me présente sa prochaine exposition,

Les artistes retenus pour cette exposition tentent, chacun à leur manière, par le biais de vidéos et/ou d’installations simples ou multi-écrans, d’étudier les rapports étroits et complexes qui lient, d’une part les notions de territoire, d’espace et d’autre part celles de temporalité et d’attente, pour révéler les mécanismes et processus de plus en plus impalpables et transparents qui gouvernent notre soif sans limite de communication.
De manière complémentaire et contradictoire, nos comportements font l’objet d’un contrôle généralisé dans l’espace public (caméras de surveillance, contrôle systématisé,…) comme dans l’espace privé (surveillance de la nature de nos visites et correspondances sur internet), et paradoxalement, les espaces concrets et virtuels qui nous sont proposés, ne nous ont jamais autant promis en termes de désirs et de sollicitations, qu’aujourd’hui.
L’abstraction de l’espace par la possibilité inouïe de déplacement virtuel sur internet nous a fait oublier que ce repli de l’espace n’était qu’un leurre constitué de flux nous soumettant à la dictature implacable du temps.
Cette promesse d’espaces à découvrir et à s’approprier possède son lot de contraintes dont la principale d’entre-elles demeure celle du temps. Et bien que la réduction, sans cesse repoussée, de la latence séparant nos désirs de leur réalisation, nous rapproche de manière exponentielle de l’immédiateté et de la simultanéité, les promesses des espaces virtuels demeurent irrémédiablement dépendantes de l’attente car constituées à l’image de tous les processus de communication d’un langage propre, dont il est impossible d’abstraire le temps qui conduirait à leur matérialisation spontanée.
C’est dans cet interstice temporel que se trouvent prisonniers nos désirs de liberté mais également nos craintes de contrôle. Un temps que la machine ne pourra jamais abolir, laissant planer sur nos vies le doute réel qu’il existe bel et bien des espaces concrets où l’on ne peut plus se trouver sans se sentir coupable de s’être posé la question des raisons qui nous ont poussé à nous y rendre.

Impressionné je suis ; et, je le jure, je lis tout en entier, et même j'essaie de comprendre. Je ne daube pas, promis, sur le nombre incalculifiable d'adjectifs complexifiants et d'adverbes paradoxicalement liés à la représentativité des verbations, ni sur les, virgules placées de façon très arty ; et l'ex-universitaire prof renégat en moi ne relève pas la double faute / service à suivre sur "son lot de contraintes dont la principale d’entre-elles demeure celle du temps" (d'entre elles, sans tiret, et c'est une répétition de "contraintes" déjà présent dans la phrase), ni l'accord presque correct du participe à 4 mots de la fin. Ce serait un réflexe de protection un peu stupide, je suppose.

Je me sens simplement un peu bête de me dire que je ne comprends pas la phrase "les promesses des espaces virtuels demeurent irrémédiablement dépendantes de l’attente car constituées à l’image de tous les processus de communication d’un langage propre, dont il est impossible d’abstraire le temps qui conduirait à leur matérialisation spontanée."

Euh... Les promesses dépendent de l'attente, comme le langage qui ne peut être réalisé dans l'instant ? C'est ça ? Non ? Les promesses ça fait attendre et les mots aussi ? Je ne l'ai pas, désolé. Faut dire que pour "leur matérialisation", j'ai du mal à trouver l'antécédent... les promesses ? Les processus de communication ? Rah merde...

Du coup, nos petits bricolages d'avec Marie Lamarche, qui ne parlent que de désir, de cadres et de temps, me paraissent bien naïfs...

Je réfléchis. J'ai fait quelques études, tout de même. J'aime bien le art contemporain, en général, même s'il est parfois si cérébral que je me demande si on joue tous dans la même équipe. Ca doit être avec les "processus de communication" que j'ai du mal. C'est comme quand on dit aux gens "Viendez voir, même si vous êtes un peu cons, on va vous espliquer quoi c'est le art. Si, si, je vous assure, vous êtes un peu cons, sinon vous comprendriez nos phrases..."

Zut. Dire qu'en plus, je les trouve assez sympas, les gens dudit Lieu... Un jour, je leur proposerai peut-être mes services de traducteur, dans la paire Art contemporain / Français.

5) Dire du mal
C'est un truc que je ne fais jamais. Pas positif, pas zen.
Remarque, en ce moment, le zen m'énerve.

6) Pas de politique
Non, il ne faut pas écrire au conseiller immigration de l'élysée, Maxime Tandonnet, maxime.tandonnet/arrosage/elysee.fr, pour lui parler de Guilherme HAuka Azanga, dont l'embarquement a été refusé hier et qui serait actuellement en partance vers le Bourget, l'objectif étant de l'expulser avant demain 11h histoire de faire semblant d'être en règle avec la loi.
Ce serait faire de la politique.
En attendant, je lui envoie ça,

Maxou,
déconnez pas, merde. Vous voyez bien que vous faites n'importe quoi. Au nom de la loi, vous bafouez la justice, et plus grave, la simple humanité. Evidemment, ce type, vous pouvez le renvoyer "chez lui", le foutre dehors le plus vite possible pour montrer à quel point vous êtes fermes dans votre politique.
Et vous auriez prouvé votre force autant que votre stupidité.
Vous pourriez au contraire intervenir et vous montrer beaux perdants.
Maxime, pense juste à ton père, et à savoir ce que ça t'aurait fait de le voir partir entre deux gendarmes,
des bises
Manu
PS : Il paraît qu'on peut faxer aussi, au 01 47 42 24 65, voire passer un sms à ce numéro. Je tente le coup.
NON A L'EXPULSION DE GUILHERME HAUKA AZANGA!
Votre nom + adresse postale ou tél ou adresse mail

2 commentaires:

Emmanuelle a dit…

"les promesses
des espaces virtuels demeurent irrémédiablement dépendantes de l’attente car constituées à l’image de tous les processus de communication d’un langage propre, dont il est impossible d’abstraire le temps qui conduirait à leur matérialisation spontanée."

C'est pourtant simple, il me semble. Ça veut dire que ta connexion est super lente, et que tu ferais mieux de passer en ADSL si tu veux que les images s'affichent sur ton écran.

Sinon, côté antécédent, je serais assez sur "espaces virtuels".

C'est tout de même un bel exemple de ce que l'Ârt contemporain peut donner de meilleur et d'inaccessible aux bêtas de la population lambda...

Zoë a dit…

un seul commentaire à la phrase sus-dite mouahahahahah!