3.4.10

853 - En attendant Pâques


1) Une autre fois où


Une autre fois où je suis mort, c'était de ridicule et de honte. Nous marchions avec la classe sur le chemin du trou, et nous jouions, avec C., à nous fouetter avec des herbes longues. J'ai joué à crier.
Le maître a joué à crier, lui aussi, sur cet élève qui troublait la paix d'une promenade - et a puni la classe d'un retour immédiat vers l'école.
J'ai appris depuis à retenir mes cris quand on me fouette, même par jeu. Mais quelle importance ? J'ai cessé de respirer cet après-midi-là.

2) The man with the face

J'ai rencontré JP au bout d'un comptoir, près de la mer ; il jouait, ce grand couillon, à être superbe, entre ivresse et philosophie. Son corps destructurait l'espace autour de lui ; chacune de ses embardées nous emportait dans son monde. Nous avons fini un peu ivres - d'espace, de rêve ou de théâtre, je ne sais plus.
Après le spectacle, nous avons parlé. Deux grands timides (dont l'un plus petit), qui échangeaient leurs histoires de vie et de famille, qui riaient des même blagues et se taisaient au même instant.
Il cherchait une pièce, un monologue ; Fred, un personnage du Petit Guide des transports exigeait de sortir de son recueil. Ca tombait bien, oui, vraiment : j'ai réécrit la nouvelle, pour que Fred puisse s'exprimer sur scène.
Avec JP, nous nous sommes plongés dans l'étude anthropologique - en particulier au cours d'une fête de village, une de ces fêtes vo(mi)tives dont les familles du Sud ont le secret. C'est là, pour la première fois, sous un chêne immense, que JP est devenu ma grand-mère - ou la sienne, ou celle de Fred, je ne sais plus.
C'est là que j'ai compris qu'un grand acteur, ce n'est pas simplement un acteur qui me dépasse d'une tête, mais un acteur qui sait devenir, d'un geste de l'épaule ou d'une expression du visage, à la fois tous les autres et personne d'autre que lui.

Hier, donc, ont commencé les répétitions de La Fête à Fred, prévue pour Septembre, avec une metteuse en scène aux yeux de pleine lune.

3) Ce truc sur mon épaule #9

Il n'a pas ajouté "Comme la dernière fois". C'était inutile : le souvenir entre nous restait présent, aussi vivace que silencieux.
C'était il y a quelques mois. La lune était pleine - et comme souvent pour cette occasion, j'avais fumé une pipe d'herbe pure. Assis en tailleur, dans mon salon, je contemplais par la baie vitrée le ciel superbe et le bordel brumeux de mon cerveau.
Le téléphone a sonné. Le téléphone a sonné et mon coeur a bondi. J'ai sauté sur mes pieds - enfin, j'ai cru sauter, même s'il m'a fallu de longues secondes, quatre ou cinq sonneries je suppose.
- Ah tu es là ? C'est moi. Je pensais te laisser un message.
Il y avait dans sa voix une graine qui a sauté dans mon ventre. Une graine de tristesse terrible. J'ai su, directement. Je me souviens que j'ai prié pour que mon instinct se trompe.
- C'est maman. Ca s'est passé cet après-midi.

4) Bienvenue en Sarkosie
Dites, c'est moi ou plus personne ne fait de poisson d'avril ?
On devient trop sérieux, les gens.

5) Pour préparer les vacances
La dernière fois que nous avons pris des vacances, Emmanuelle et moi, c'était dans une ville inconnue et étrangère : Toulouse.
Cette fois-ci, et pour éviter l'hôtel Framissima de Tchoutchouque-les-bains, on part en tournée troubadours.
Oyez, oyez : on saute dans notre carrosse, et on débarque chez vous ; en échange du gîte et du couvert, nous offrons quelques lectures et leur illustration musicale.
On étudie toute proposition entre le 19 et le 25 avril (surtout si c'est joli vers chez vous).

Et ce n'est pas une tanche de printemps.

4 commentaires:

Oh!91 a dit…

Bah! pour le poisson, on - enfin, je - comptait(s) un peu sur toi. Cette histoire avec ce truc sur ton épaule est de plus en plus prenante. Tu pourrais pas faire comme les grandes chaînes de télé : deux épisodes par séance ?
Tu sais que ça fait un an, notre dernière rencontre ? C'était sur le salon de Paris, non ? Oui, je sais, le temps file à toute vitesse. Et de plus en plus.

Manu Causse a dit…

Pas d'inspiration piscicole le 1er avril, je comptais aussi sur les autres... C'est comme ça que meurent les traditions, non ?
Pour le truc sur mon épaule, ça va être difficile s'il faut que je fasse comme TF1 diffusant Dr House dans un ordre plus qu'aléatoire - il faudrait que j'ai déjà écrit la saison 8 et la saison 2 et la saison... mais j'y réfléchis, promis.
Un an qu'on ne s'est vus, oui ; est-ce une proposition pour accueillir le Troubadour Tour 2010, ou m'annonces-tu que tu viens bientôt dans la gasconne capitale ?

EmmaBovary a dit…

Pour le Troubadour Tour 2010, je vous aurais bien accueillis mais fait trèèès froid à Orléans et puis l'appart' est tout petit. Dommage... La fête à Fred ça me dit bien ça! J'aimerais bien voir la chose quand elle sera prête, calée, misenscenée. :-)

Manu Causse a dit…

Oui, le Troubadour Tour exige de la chaleur ou au moins du soleil... Premières représentations de Fred en Septembre, du côté de Toulouse - and then, the woooooorld !