12.12.08

Ce jour-là


Ce jour-là, j'étais mort, depuis plusieurs années peut-être (une maladie surprenante et un peu ridicule, inattendue). Elle remontait crânement une mèche de cheveu sur son front en prenant sa voiture - sans même se souvenir de ces années où conduire lui semblait une défaite, une abjection, plusieurs décès.

Elle remontait sa mèche en pensant à mes fils - si grands si beaux, dans les yeux desquels elle reconnaissait mes épaules, même si leurs regards ne s'échangeaient pas toujours ; elle pensait à ses enfants, qui ne m'avaient pas eu pour père, et à ceux que nous avions failli avoir, ou croire, ou adopter.

Il faisait beau sur sa ville, ce jour-là ; j'aurais voulu, sans doute, qu'elle pense à autre chose qu'à moi - mais puisqu'elle y pensait, son sourire, où que je fusse, m'enchantait. Elle était forte, belle, immense - et fragile, et douce, et attendrie.

Elle prenait sa voiture et souriait - en face d'elle un homme souriait, prêt à l'aimer.

C'est alors qu'elle sentit ma main sur son épaule - ma main qui lui disait : oui, c'est une belle chose à faire. Oui, toi et moi, ensemble, l'avons toujours dit.

Oui.

Ce jour-là j'étais mort, elle était belle ; nos enfants le savaient - le bonheur existait.

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