J'ai pas un peu grossi, Lannou ? |
1. Lettre au proxy Lan14
Par la bande, j'apprends que le proxy d'Airbus refuse la lecture de ce blog à ses employés.
Je m'insurge. M'enfin quoi, ProxyLan14 (permets que je t'appelle Propro, ou Lannou), tu déconnes ou comment ? J'ai tenté de me souvenir de ce qui aurait pu provoquer ta colère ; alors bon, oui, il est possible qu'il y ait dans ces pages quelques photos de mes fesses, côte pile ou côté face ; il est possible que mon langage ne soit pas des plus soignés ; mais tout de même, bordel à fion de pute borgne, tu ne vas pas m'ostraciser pour ça, si ? J'ai connu des robots plus tolérants que toi.
Ou alors c'est ce très vieux post où je parlais de ton fameux plan Power 8, le joli nom d'huile moteur pour désigner une restructuration massive, synonyme de licenciements dûs à la gestion calamiteuse de certains projets ? Oh non, mon Lannou, ne me dis pas ça. Ce serait mesquin de ta part.
D'autant plus que, tu vois, je n'écris pas dans ces colonnes que désormais, les sous-traitants d'Airbus sont cantonnés dans des locaux plus ou moins insalubres, n'ont pas droit aux mêmes restaurants ni aux mêmes toilettes que tes employés, reçoivent des contrats de six mois même pour des projets qui durent plusieurs années et, de façon générale, sont tenus bien à l'écart des avantages acquis par tes employés... Non, mon proxynetou, je ne dis pas que tu t'es payé des employés à mi-tarif pour faire le même boulot qu'avant, pas plus que je n'insinue que les actionnaires doivent être bien contents, et le salaire du patron doubletripler grâce à ces substantielles économies réalisées sur les dos des salariés.
Si j'écrivais ça, alors bien sûr je comprendrais que tu m'en veuilles ; mais je me tais, je me cantonne, je ne fais mine de.
J'espère donc que cette grosse fâcherie entre nous va s'éteindre, et que tu me liras, mon proxynou, comme avant, quand tu m'aimais. Tiens, c'est pour toi que j'affiche cette jolie photo, voilà. Tu ne diras pas que je ne te soigne pas.
A très bientôt, et comme on dit dans ton langage, syntaxerror#212/vvck/eid/zob4 communication failed/danston.
2. Gueuloir
Tu sais ce qu'on fait, Elle et moi quand on a terminé un roman ? On se le lit à haute voix, en général en voiture, sur des routes qui s'effacent derrière les histoires. On repère nos petits défauts, on échange nos impressions... La semaine dernière, c'était La femme de Schrödinger, que j'ai aimé, beaucoup : cette musique à la fois complexe et directe, ces interrogations, ce personnage perdu au centre d'elle-même... A présent, c'est au tour de L'eau des rêves. Elle lit, ce qui est surprenant : ce n'est pas ma voix, ma grosse voix pleine d'accent que j'entends, mais la sienne, précise, mesurée, aiguë.
Je ne suis pas certain de passer l'épreuve du feu, et bien sûr je m'inquiète des réactions d'éventuels éditeurs. Je sais à quel point il est frustrant de rester lettre morte.
Une chose à la fois. D'abord, la lecture.
Je descends au salon avec une boule d'appréhension dans la gorge.
3. Mais où donc était passé 977 ?
Il était resté coincé dans l'ordinateur ; il traitait d'un billet de blog, probablement de mon pote CSP, et du massacre de ce début d'été. Il disait :
Je pinaille sur ce billet (?) que je trouve très juste, mais... si un excité d'extrême-gauche faisait péter une bombe sur le siège du FN ou autre, ne dirait-on pas qu'il y a été poussé par les envolées vidéogamesco-tronçonno-massacreuses que l'on trouve parfois dans les billets du camarade CSP ?
Je sais, lui reste sain d'esprit et parvient à établir une limite entre la pulsion du "qu'ils crèvent tous" et son assouvissement dans les faits.
Cela dit, on peut tenter de discuter avec un malade (même si, pour l'avoir fait, c'est terriblement complexe), et si un type veut me montrer sa bite dans la rue, je lui demanderais pourquoi il y tient. Avant d'appeler les secours si besoin est.
Alors mettons que oui, les blonds sont génétiquement condamnés à disparaître - parce que le gène de la blondeur est récessif, ce qui veut dire que soit il évolue soit il crève de consanguinité, tout comme les civilisations ne sont pas faites pour durer plus de quelques siècles - ce qui est tout de même mieux que nos corps périmés avant même d'atteindre la centaine d'années. S'en prendre à ces évolutions, c'est nier l'impermanence des êtres et des choses, l'effrayante beauté du changement. C'est, d'une certaine façon, se suicider. Mais un suicide qui fait plus de 90 morts, c'est une insupportable tyrannie, qu'il faut prévenir pour le futur.
Le degré de souffrance exprimé dans l'abondance des délires ultranationalistes est remarquons-le sans commune mesure à la souffrance réelle : nous sommes "envahis", "volés", "assassinés", prétendent ces commentaires, quand dans les faits ils sont installés avec un toit sur la tête, l'électricité et de quoi se nourrir.
Au mieux, les délirants se réfèrent à des statistiques, des théories, des projections, bien au chaud derrière l'écran de leur ordinateur. Mais leur refrain n'est qu'une variante de ce fameux "c'était mieux avant".
...
Ce que j'ai voulu dire ensuite, je ne m'en souviens pas. Cela dit, bon, c'est un exemple de prose politique, je suppose. Et de pourquoi je ne poursuis guère dans cette voie.
4. Et quoi d'autre ?
Non, mais imagine un instant que L'eau des rêves, tout comme Le garçon au bord du monde, se prenne râteau sur râteau auprès des éditeurs ?
Alors, la solution serait simple : arrêter d'écrire.
Ou commencer cet autre roman, dont le titre m'intrigue déjà, et réciproquement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire