13.10.11

989 - Le courant passe

Bin, deux
1. Il diavolo (2)

M : Euh.... on en reparle ?
PD : De quoi, mon gros ?
M : Des trucs d'hier.
PD : Non. Tu as du boulot. Ca fait trois jours que tu n'avances plus, que tu ne t'occupes que de. Alors on attend un peu. On en reparle ce soir, d'accord ?
M : Pfff... d'accord.

2. Reprise des

M : Et maintenant ?
PD : Quoi ? C'est urgent ? Je n'ai pas le temps, j'ai des...
M : Tu le sais, putain, que c'est urgent. Tu vois cette colère, tu entends ces hurlements, tu devines ces putains de pleurs derrière mes yeux. S'il te plaît. Prends le temps de m'expliquer ce qui se passe.
PD : Comment je le saurais ?
M : Allez, quoi.
PD : Allez, d'accord... bon, tu te sens enfermé, épuisé, désabusé. Tu n'as plus la force de t'accrocher. Tu voudrais bien sentir, être amoureux, désirer ; mais tout se brise entre tes mains. Alors tu voudrais dormir. Oublier. Lâcher. Et si tu commençais par ça ?
M : J'essaie.

3. The morning after

PD : Alors? Ca va mieux ?
M : Euh... oui. Me suis fait engueuler par des, ai retraversé une crise de colère avec Elle, repris une paire de cigarettes... Tu sais quoi, Diabolo ? Je me dis que ce genre de minicataclysmes existentiels m'arrivent toujours après une ou deux semaines sans tabac.
PD : Bin, reprends la clope.
M : C'est ça, oui. Mais non. Tu vois, Didi, c'est comme si la fumée des cigarettes me masquait un gouffre, l'endroit où je deviens dur et perdu et incontrôlable et au bout du rouleau... Limite dépressif. Et...
PD : Et tu voudrais explorer ce gouffre. Malgré ton vertige.
M : Bin oui. On est là pour ça, non ? Je veux dire, apprendre, connaître, explorer...
PD : Mais bien sûr, Haroun Tazieff. Cela dit, souviens-toi de ce que t'ont dit tes, hier soir (d'ailleurs, tu sors souvent, en ce moment, tu ne mettrais pas une petite écharpe ?) : il arrive que tu blesses des gens, ce faisant.
M : (une écharpe avec une moustache ? d'accord, mais il faut que je change de type de bars, alors). Blesser les autres. Les manipuler. Les entraîner dans mon. Oui, j'ai entendu ça, récemment. Et je comprends. Pas entièrement faux, d'ailleurs : à force d'avoir peur de mon propre désir, j'en viens à en vouloir aux autres. Je les questionne et les harcèle jusqu'à ce qu'ils. Bref, je fais chier.
PD : Tu peux avoir cette impression, oui. Et eux aussi. Mais je ne suis pas d'accord. Quelque part, tu cherches avant tout à être honnête et sincère.
M : Tu parles. On m'appelle Moâ Bitenmain. Ma phrase fétiche ? "Je bande, on baise" ? Sauf que je ne la dis pas. A la place, je construis des kilomètres d'équation, des monceaux de paroles emberlificotés. Putain d'araignée qui tisse sa toile.
PD : L'araignée... tu veux m'en parler ?
M : Arrête, petit diable de merde. Tu sais très bien que c'est ridicule.
PD : Tu veux dire que tu as honte de ce fameux épisode où tu as vu tes premières BD porno, et qu'elles étaient mélangées à une BD d'horreur intitulée La veuve noire où une femme se transformait en une horrible araignée ?
M : Belle mémoire, enfoiré.
PD : Pour les images de cul, toujours. Et tu te souviens aussi des photos que t'avait montré un copain d'école, ces photos de bites et de bouches et de nichons ? Ces photos qui portaient un texte que tu ne comprenais pas, verge gonflée de sang prête à exploser ?
M : Celles-là aussi, oui. Et la réaction de mon père, ce sourire gêné et sardonique, alors il paraît qu'on regarde des images porno (je ne savais même pas ce que ça voulait dire), c'est du propre, vraiment.
PD :  Et pas un mot d'explication. Sexe=horreur=douleur=sale. Faut dire, tu commençais bien.
M : J'ai pas mal progressé depuis, non ?
PD : Progressé, oui. Au point que tu cherches et cherches encore. Mais, justement... si ce n'était pas une question de progression, mais d'envie ? Pas un exercice, mais un acte ?
M : Oh, allez, bon. Tu sais bien que. Il faudrait quand même. Et puis...
PD : Non, tu ne parleras pas d'elle. Pas d'elles.
M : Pourquoi ?
PD : Parce que ce serait, encore une fois, te jouer d'elles. Les utiliser dans la pièce compliquée de ta tête.
M : On pourrait les inviter, non ? A dialoguer, à débattre, à...
PD : T'es vraiment un malade, mon loup.
M : Je te rappelle que tu es censé me traiter avec délicatesse et compréhension.
PD : Pourquoi ? Je suis ton diable, pas ton psy.
M : Tu ne ressembles pas beaucoup à un diable. Les diables divisent, c'est leur taf. Toi, j'ai l'impression que tu... euh... unifies.
PD : Moué. Faut voir. Bon, on se met au taf ?
M : Pas mal, comme idée. Faut dire que ces derniers jours, je suis un peu à la ramasse...

4. Le pays des bisounours échangistes

Nous ne remercierons jamais suffisamment DSK et des siècles de domination masculine pour avoir empêché que l'amour, physique en particulier, soit simple et agréable pour tous les participants. Nous ne remercierons jamais assez la nature humaine pour nous avoir doté de l'instinct de propriété, empêchant si souvent le partage. Et nous ne remercierons jamais assez nos corps et nos esprits, pour nous trahir parfois quand nous nous voudrions un/e/s.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ces "kilomètres d'équation, et ces monceaux de paroles emberlificotés", ne serait-ce pas ce qu'on appelle une œuvre, au final ?