4.6.08

A letter to myself


- Putain comme parfois je me sens moche et sale et sale mioche et à côté... je replongerais avec délices dans quelque drogue affectueuse - sauf que je n'en prends que quand je me sens bien, tiens.
- Ou le contraire ? Que tu te sens mal quand tu ne prends rien ?
- Bin non, ça ça paraît réglé je pense... J'ai même eu aujourd'hui de jolis moments - des petites histoires qui montaient et me racontaient le monde.
- Ouah l'autre hé, comment il se shoote aux histoires !
- Ca, au moins, ce n'est pas illicite, et si c'est dangereux, ce n'est que pour la santé mentale... J'étais bien, jardin Bonnefoy, à lire en écoutant pousser l'herbe. J'ai même écrit un tout petit texte qui me plaisait bien, un texte qui racontait comment j'étais heureux il y a dix ans - heureux et con, heureux d'attendre, heureux de penser que mon futur ressemblerait à mon passé.
- Là, c'est vrai, faut être con. Les gens heureux le sont toujours un peu, non ?
- Je l'ignore. Le truc bête, c'est que je l'ai fait lire à Princesse, qui m'a regardé d'un air triste, et m'a dit "c'est con que tu sois malheureux" (aussi bien, elle l'avait pris pour elle, alors que ce n'était que pour moi).
- Et ?
- Et d'une certaine façon ça m'a mis en colère. Contre moi et contre elle. Oui, parce qu'il y a des gens qui se suffisent à eux-mêmes - ça s'appelle des couples, je crois - que la présence de l'autre ranime et ramène des profondeurs de la désolation. Moi, ce n'est pas le cas : je plonge seul, souvent, et je remonte en battant des pieds. En revanche, faire plonger quelqu'un d'autre est loin de m'enchanter.
- Tu veux dire que, comme souvent, tu as été distant, froid, silencieux ?
- Comment ça ? Mais non, c'est elle qui l'a été, évidemment...
- Bin tiens. Ca t'arrange, hein ?
- Au moins je suis moi-même. Je ne me sens pas le besoin de la faire rire, de faire le clown et de m'occuper de la conversation. Pas comme toi, bouffon.
- Tiens, des insultes. Toujours amusant.
- Pardonne-moi. J'aimerais être comme toi - léger, détendu, ouvert. Mais je n'y arrive pas. Un truc s'est fermé dans ma tête, ça l'empêche de respirer (d'après Gomez en tout cas). Tiens, par exemple, qu'est-ce que tu crois que je fais, à m'écrire à moi-même sans savoir ce que je veux me dire ? Je bloque, je tourne, je retourne. Et les mots ne sont d'aucun secours - au point que je me demande si ça vaut vraiment la peine d'écrire.
- C'est peut-être ça, la question.
- Pff, trop compliqué. Je vais faire la sieste.
- Bonne idée, moi aussi. Et puis il y a un match de rugby ce soir, ça devrait remettre pas mal de choses en place.
- Je sors les crampons et le protège-dents.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Je plonge seul, souvent, et je remonte en battant des pieds"...

Ça nous fait un point commun. On est toujours seul quand on va mal. Sauf que quelquefois, ce n'est pas (plus) un choix.
Allez, j'enfile mes palmes et j'y retourne.

Manu Causse a dit…

En même temps certaines fois c'est si beau loin de la surface... Si on se croise au fond, on se fera un signe - les plongeurs et les dauphins ont un langage à part.