6.5.08

Je suis un fanatique

Bouquin diététique terminé, me voilà au boulot sur le tabac. Mon sujet d'expérimentation ? Bin, moi.

Je regarde comment ça marche, les manques et les envies, les addictions et les servages. J'essaie de trouver une libération qui en soit vraiment une, pas juste une interdiction qui fait souffrir.
Ce matin, en plein exercice (première cigarette vers 15 heures), je reçois un coup de fil de Princesse, qui m'annonce une nouvelle. Oh, ça ne me concerne pas directement, mais quand même.

Et me voilà dans une presque colère. Un vrai-faux dialogue avec elle et avec moi. L'envie de lui donner des conseils, de l'encourager - mais aussi de l'engueuler, il faut bien le dire - tournent dans ma tête. Je me sens comme ce personnage de Baudouin qui avance dans la vie avec le crâne ouvert.

Difficile. Il est midi, alors pourquoi pas une clope ? Oh, je sais bien ce qu'elle va faire : goût jaunâtre, bouche sèche ; cerveau qui redescend très vite vers un niveau d'excitation moindre, où je pourrais réfléchir, parler, essayer de comprendre.
Voilà, c'est fait.

La peur qui me reste est simple : me laisser aller à mes émotions. Crier, dénoncer, me sentir imperturbable dans mon avis. Et ça, je l'évite. Pour Princesse, d'abord - la présence à ses côté d'un nouvel ayatollah serait embarrassante. Et pour moi, aussi.

Il y a longtemps de cela, j'avais une vie, des amis, une maison trop grande, des enfants et un chien (wouif). Et puis j'ai arrêté de fumer. Je me suis peu à peu passé de mes amis fumeurs, la maison m'a semblé trop grande, les enfants grandissaient eux aussi et je les regardais s'éloigner entre fierté et tristesse. Ensuite, le chien est mort.

Tout ça parce que j'avais arrêté de fumer, non ?

Et pourtant. Au tout début de ce travail sur le tabac, ce qui me semble merveilleux, c'est justement la présence quelque part au fond de moi de ce type intransigeant, colérique, extrémiste et injuste.

Il faut juste que je prévienne Princesse que je vais le ressusciter - ne serait-ce que pour lui donner un nom et le punaiser quelque part dans ma collection de portraits de mes humeurs.

C'est un coup à me retrouver célibataire...



Quoique non.
Me voilà une heure et demie plus tard. Nous avons marché vers notre salle de gym favorite, au départ claquemurés dans nos incompréhensions. Puis - et parce que nous sommes de vraies pipelettes - nous avons parlé. Parlé, parlé, parlé, au point qu'arrivés devant la salle de gym, nous avons fait demi-tour, histoire de continuer à parler.

Princesse chaque jour est plus belle et plus forte, et mes colères ne concernent que moi.

Un autre souvenir, aussi : chacun de mes enfants qui naît neuf mois exactement après une engueulade terrible, un moment de rupture et d'incompréhension. Comme si se retrouver au bord du gouffre donnait la force de créer.

Rien de tel, avec Princesse (nous sommes encore bien trop jeunes pour procréer), mais nous allons sans doute adopter un nouvel ordinateur.

Je suis un fanatique - de la marche, parce qu'elle seule sait faire descendre les pics imaginaires.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ça me rappelle un personnage de polar qui, en deambulant dans Paris avec un crapaud dans la poche, resoud les mysteres les plus mysterieux ...
Peut etre que Princesse et toi devriez adopter un crapaud? (ou faire fumer un crapaud???)
bisoux à vous 2