Il fut un temps où tout était facile.
Le premier texte que j'ai écrit, "Personnel de maison", terminait 3e au concours des correspondances de Manosque. Mon premier recueil de nouvelles (avec dedans les premières nouvelles que j'écrivais) allait chez le premier éditeur qui me plaisait, et bing, ça devenait Petit Guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux.
Le parcours de rêve. La fortune et la gloire attendaient devant ma porte avec leur bouquet de fleurs. J'allais changer de maison, de voiture, de guitare, de vie...
Ah bin ouais, je l'ai fait (bon, pour la maison, ç'a été pour un mobil-home, mais j'ai adoré ça).
Et pis voilà que les choses changent. Loin de moi l'idée de me plaindre : un ami (petit) gourou de son état m'a convaincu depuis longtemps que c'était inutile. Qu'il fallait savoir accepter les choses qui arrivent, en remerciant la providence.
Alors c'est vrai que d'apprendre par la bande que ledit Petit guide n'était plus distribué m'a picoté les quelques sentiments qu'il me reste ; et que d'entendre dire, toujours par quelqu'un à qui quelqu'un l'aurait dit, que les exemplaires restant sont partis au pilon sans mon accord, m'a un peu peiné - ne serait-ce que pour les arbres qui ont souffert inutilement, ou pour le fait que j'ai eu quelques temps confiance en un éditeur qui visiblement ne se sent plus tenu au respect de ses engagements...
Hier, Princesse a dû supporter mon agacement passager. Qui est vraiment insupportable (par exemple, j'en perds toute libido, si c'est pas dommage, alors qu'elle est si belle et si désirable...).
Et puis non, on ne va pas se laisser abattre. On va se dire que c'est juste un nouveau départ. Juste une petite leçon, bien amère, qui portera ses fruits sucrés plus tard.
D'ailleurs, j'ai de quoi être fier, non ? Mes livres ont été mis au pilon, ce qui est presque aussi bien qu'au pilori, lui-même lointain cousin de l'index qui n'est pas sans lien avec l'autodafé... bref, je vais pouvoir postuler au Club des Ecrivains Môdits, et geindre à longueur de journée sur l'Injustice qui est Phaite à Mon Noeuvre... J'ai pensé immédiatement à me suicider une oreille ou à partir errer dans le Cantal (nettement moins touristique que le Harar, là-bas on ne peut pas s'asseoir sur une dune sans se faire péter les noix par un poète qui remâche ses succès d'ados, je vous jure, on n'est jamais tranquille) ; mais non, je reste, fidèle au poste (quoique de plus en plus tenté par des formes de récit qui n'auraient pas besoin d'éditeurs dépressifs, peut-être juste de public) et trois fois plus déterminé que Rambo quand il noue sa serpillère autour de sa tête :
"Si tu veux faire de la littérature, il faut être la littérature. Et on va les bousiller, ces fumiers de viet..." Ah non, pardon, je m'égare.
Bref, the chauve must go on.
Je polis soigneusement mon style (et aussi, un petit peu, mes crampons de rugby, pour le cas où ils se trouveraient à proximité des noisettes d'un certain... ami), je redresse la tête et je ne bave pas d'envie devant mes collègues qui vendent au taquet.
Sinon, pendant les vacances, l'heure est aux contes pour enfants. Jusqu'à présent, nous avons "Petit Dragon apprend à voler", "Merdakrott", "Le Forgeron et la Fée", "La véritable histoire du trou de Bozouls" (vérifiez ce que c'est sur Google, ça vous fera voyager un brin) et "Sébastien et le lapin blanc" (qui ne pourra devenir un livre que si on trouve un moyen de sonoriser un rot dans les pages, mais bon...)
Pour adultes, comme je n'ai pas beaucoup de temps, je prépare sur le pouce (euh...) une série de contes érotiques, que j'aime bien tester sur Princesse.
D'ailleurs, elle a l'air de s'ennuyer. Faut que je lui raconte une histoire...
1 commentaire:
Si c'est vrai que ton exxxcellent recueil est parti au walhalla des bouquins sans préavis,
1/ puisse ton "ami" subir le meme sort que le bailly du limousin, (oooh que ça doit picoter...)
2/ en fait, c'est merveilleux, tu assures la fortune de tes lecteurs de la première heure. Passsque, quand tu seras supercélèb', la première édition du Petit Guide etc sera devenu une pièce extrêmement rare que les collectionneurs s'arracheront. Même que moi, je l'ai en 2 exemplaires, gnéhéhéhé...
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