30.7.07
Gooooooooooooool !
Je vous jure, c'est vrai.
Il ya des jours où tout va bien, où la grâce s'agite à mon front, où chaque souffle est en accord avec celui de l'univers...
Il puis il y a les jours de merdre, les biens tristes, les bien gris, où tout a goût de cendre, où le futur sent le brûlé.
Et moi, moi,
moi,
au rythme de ces vagues,
une fois triste une fois sang
une fois sans rien
et une fois plein
de
tout
complètement fou
d'une dune à l'autre
je passe de mystique
en sensuel
en l'espace d'un instant
une fois seul une fois solitaire
une fois heureux une fois double une fois mort
une fois sans rien
et une fois plein
de
tout
complètement fou...
29.7.07
Décoincé
Bloqué, pour préciser, c'est ce stade de l'écriture où on a l'impression de souffler du vide, d'aligner des mots sans suite, où quelles que soient les histoires qui naissent, elles semblent recouvertes de toiles d'araignées et tout ce genre de choses... C'est assez agaçant, parce que ça a tendance à rejaillir sur toutes les phases de l'existence.
Notez, ça ne m'empêche plus trop de continuer à écrire ; après tout, tout sort du même cerveau, non ? Je me dis qu'au pire, ça servira pour plus tard...
Et puis ce matin, un petit cadeau (en plus de celui, quasi-quotidien, de la présence rayonnante de Princesse - mais qui est-elle au juste ?) : les débuts du travail de Juliette Armagnac sur Seul(e)(?), un ouvrage illustré à paraître chez Où sont les enfants...
Moi, quand je lis des choses gentilles sur moi, ça me rend tout chose...
It's all about breathing, dit Princesse. Peut-être qu'ellle et moi, on va s'en aller respirer dans un pays que j'aime bien.
Et hop.
28.7.07
Dilemme
Non, parce que faudrait pas croire qu'amoureux, c'est une mince affaire. Pour moi, c'est plus ou moins une maladie, d'ailleurs. Je m'en ouvre souvent à Princesse, que ça agace. Quand je lui dis que je préfère penser à un amour absolu, éternel, à une force qui va bien au-delà de deux petites poupées de chairs et de rêves qui s'agitent dans une réalité transitoire, elle hausse les épaules.
Elle me dit qu'elle n'est que de passage (et de repassage, certains soirs). Qu'elle pense qu'elle doit s'éloigner de moi.
C'est du sérieux, l'actu, hein, coco ?
Bon, faut dire, j'avais oublié une précision d'importance : Princesse et moi-même sommes en train de terminer notre devoir de vacances, à savoir arrêter de fumer. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu'on entreprend de le faire, pendant quelques jours, on rit moins, on se fustige, on s'angoisse.
Peut-être même que ça a un rapport avec le manque de nicotine, va savoir... en attendant, on est quand même mieux sans, donc on va attendre que nos humeurs retournent au mode "normal" avant d'explorer plus loin les inquiétudes qui nous assaillent (enfin, qui assaillent Princesse, moi, je ne fais rien qu'à dormir, imaginez comme c'est agréable pour elle...).
Bon, alors dans les notes que j'ai prises, et dans l'actualité moins perturbée, il faut que je vous parle des salons, des drôles de dames, de Laurent Madiot et du thé du matin.
Les salons d'abord : de La Fouillade à La Bastide-de-Sérou et de Pampelonne à Carqueiranne, le "salon du livre" se marie bien avec l'été.
On y trouve en vrac des auteurs qui discutent et boivent, des organisateurs qui courent et sourient, des lecteurs qui prudemment vadrouillent de stand en stand, parfois pour rien, parfois pour un regard furtif, parfois pour une signature...
On y parle, essentiellement. On s'y raconte, on s'y rencontre, on y échange.
Parfois je me dis qu'en nos époques de communication automatisée de masse, le jeu n'en vaut pas la chandelle ; que trois minutes de télé ou une bannière publicitaire sur Internet feraient davantage pour la promotion des auteurs (parfois aussi, je me dis que tous ces livres ne servent à rien, mais c'est une pensée de nicotinodépendant qui se soigne).
Mais il y a autre chose dans les salons. Autre chose comme jouer de la guitare avec Jean-Yves Mitton et parler avec Sandrine Revel et sa gracieuse coloriste, imaginer une scénario pour le dessinateur Daf (hé bin, c'est quand qu'il me rappelle ?) se faire offrir un tripou dès le matin, rencontrer le créateur de Rahan, et faire un bout de chemin avec Eric Hérenguel... Ca en fait, des liens, tout ça - et encore, il en manque.
Et ça, c'était avant que Princesse ne m'entraîne jusqu'à Carqueiranne...
Mais je n'en peux déjà plus de taper. Je laisse le clavier à Princesse (qui ne veut plus que je l'appelle comme ça, d'ailleurs...)
On va laisser Princesse, sinon ça risque de perturber tes lecteurs, et puis je viens de décider qu'à mon âge, il était temps d'arrêter les caprices, en plus de la cigarette.
Carqueiranne...
Non, d'abord je reviens sur ce que tu dis un peu plus haut. Quand je hausse les épaules. J'ai vraiment fait ça, moi? Une chose aussi mesquine? Alors que tu parlais d'absolu? Non, en vrai, l'absolu, j'y crois. Sauf que j'aime bien l'idée qu'il puisse exister dans nos petites réalités transitoires, et que ça me plaît d'en semer partout, jour après jour si possible, et sans pour autant prétendre que "jamais" ou "toujours" (je sais d'où je viens, et je ne sais pas exactement où je vais). Et je n'arrive pas à penser que l'amour est une maladie.
...évidemment, au vu de ce que je te fais subir de navrants états d'âme et de coeur ces jours-ci, il y a de quoi se poser la question. Mais enfin, ça va aller, tout ça. Moi, toi, et nous deux si l'absolu veut bien de nous pendant quelque temps encore (Dis, M'sieur l'Absolu, tu me ferais pas une petite rallonge?).
N'empêche, côté poumons, ça va mieux. Et ça augure plutôt bien de la suite, vu que, si vous vous souvenez bien, it's all about breathing...
Et alors Carqueiranne, n'oublions pas Carqueiranne.
Petite station balnéaire située entre Toulon et Hyères...
Non, je ne peux tout de même pas le raconter comme ça.
(je barre, parce que Manu ne voudrait pas que ça se sache, et d'ailleurs si ça se trouve ce n'est pas vrai, mais je trouve que ça ajoutait au romantisme paradisiaque de la situation, il faut bien faire rêver le lecteur) la sieste, nagé dans la vraie mer, celle avec du sel et des galets au fond, bu une bière en terrasse en faisant connaissance avec Ludovic, le caméraman du salon, et puis, comme dit Manu, on a retrouvé les trois drôles de dames : Nicole, Judith et Janine, les adorables organisatrices du salon. Ensuite, ces deux auteurs ont rejoint les soixante autres sur la place de la ville où le buffet était ouvert et généreux, avant de rejoindre leur table, quelques marches plus bas.
A première vue, le point noir, c'était la nappe blanche : une grande nappe sans tache (ou alors immaculée), bien repassée (c'est le thème - t'aime du post), 100% coton (j'avoue que je n'ai pas trouvé l'étiquette, mais Madame Suzanne m'a assurée que c'en était, et du beau, de la qualité, pas comme celui qu'on trouve maintenant dans les boutiques où c'est que les Chinois ils travaillent dans la cave). Et alors, me direz-vous, c'est agréable, une belle nappe comme ça, pour mettre en valeur les livres et les mains de l'auteur? Oui, je ne dis pas. Mais voilà : on ne peut pas écrire dessus. Or, les deux auteurs en question en avait fait une habitude lors de précédents salons.
Bref, on a sorti les carnets à la place.
Et (je poursuis la description de la table), sur la gauche, des bouteilles, des verres, des bonnes choses à manger. Chacun des soixante-deux auteurs présents avait de quoi attirer le lecteur, le retenir, tailler le bout de gras (j'exagère, elle n'était pas grasse, la pizza) avec lui et, qui sait, le soûler suffisamment pour qu'il lui achète son stock de livres. Non madame, vous ne verrez pas ça chez tout le monde!
...Tout ça pour dire qu'ils savent recevoir, à Carqueiranne. En plus de ça, nous sommes passés à la télé. Tous les soixante-deux. Une journaliste est venue nous interviewer et, cadrés par Ludovic, nous avons vu nos têtes d'auteurs défiler sur l'écran géant installé sur la place.
Nous avons discuté avec des gens, qui nous ont acheté nos livres. Ou pas. Mais c'était sympa, d'un bout à l'autre. Nous avons découvert des écrivains comme Jean-Pierre Thiercelin, auteur de théâtre et comédien, Serge Casoetto, Daniel Thouvenot... et plein d'autres (Manu, tu peux compléter la liste?)!
Belle ambiance sous les étoiles, donc. Vers minuit, quand les visiteurs se sont faits plus rares (malédiction des feux d'artifice!), les jeunes gens en veste blanche et noeud pap noir qui veillaient au réapprovisionnement des tables sont venus apporter le champagne... Des bulles sous les étoiles.
Après (je fais vite, parce que Manu, à force de récurer la cuisine, vient de passer le poing à travers la cloison, ce jeune homme est très entier, attends, j'arrive, je viens t'aider), il y a eu bain de minuit, dormage, petit-déj en terrasse en regardant passer les grands voiliers (bon, ils étaient trop loin, mais le coeur, à défaut des yeux, y était), re-plage, périple en arrière-pays pour rejoindre le beau restaurant de Nicole où nous avons dégusté les petits plats du coin, les petits vins du coin, avant de retourner à la gare de Toulon, toujours en décapotable, merci Janine.
Alors pour tout cela, un grand merci à Plume d'azur, et tout particulièrement aux drôles de dames, qui n'ont pas leur pareil pour l'accueil, et qui savent comme personne refaire le monde à quatre heures du matin sur les terrasses désertes des hôtels. Avec des bulles et des étoiles. On les embrasse, et à très bientôt.
Et puis il y a eu Paris. C'était le lendemain.
(moi, j'ai eu droit à 2 mn de pause pendant le récurage de cuisine, alors j'en profite pour continuer le récit).
En parisienne accomplie, Princesse me guidait par la main, en me disant de faire attention à ne pas tout crotter avec mes sabots de paysan ; moi, bavant légèrement, je répétais sur un ton rêveux et solennel, Macarel, que c'est grrrand...
Parce qu'il faut que je vous explique : à un niveau de la réalité (mais je m'y perds un peu), je suis moi-même parisien. Je suis né vers là-bas. Mais, tout petit, j'ai été enlevé par une tribu de bohémiens qui m'ont entraîné dans le Sud-Ouest, m'ont forcé à boire des aligots en mangeant des ricards, le tout avec un accent épouvantable.
Et je suis devenu comme eux, alors que j'avais, de par ma naissance, le droit et le privilège de :
- passer des heures dans le RER entre stress et hébétude de masse,
- contempler la beauté de ciment et de béton du périph'
- humer le gaz d'échappements des taxis en maraude,
-etc.
Mais non. J'ai respiré l'air du causse, regardé les plaques de calcaire affleurer entre les herbes hautes et appris à vivre au rythme du vent.
Comment j'ai honte de cette vie gâchée...
Alors à chaque fois qu'un parisien s'émerveille sur la beauté de mon accent (ah ça sent le ricard... vous êtes marseillais ? Il y a du soleil dans votre accent... vous êtes du sud, non ?), je serre les mâchoires, blême, pour ne pas lui révéler les secrets de ma destinée.
Pour ne pas lui dire, je suis comme toi, mon semblable (en rachitique), mon frère (qui parle pointu).
Bon, bref, je ne m'étais jamais senti très à l'aise à Paris.
Mais Princesse m'a pris sous son bras et a levé la malédiction : j'y ai passé des moments superbes, rencontré Yann L'imposteur (c'est comme ça qu'il se fait appeler, mais c'est un vrai auteur, on en a des preuves), attendu patiemment dans un studio parisien...
Ah oui mais non. Là, c'est un truc que je ne peux pas raconter. D'abord, parce que je ne le vivais qu'en témoin ; et puis à cause de ces histoires d'anonymat.
Bon, alors, comment dire ça ? Je n'étais pas seul à Paris.
J'étais avec Princesse, vous avez suivi ; mais il y avait aussi (parce que j'aime bien faire ça à plusieurs) une auteur- très- célèbre-de-chez-Lattès qui allait faire une interview radio, et que j'ai couverte de baisers et d'attention pour que ça se passe le mieux possible. Sauf que voilà, impossible de révéler son nom d'auteur-très-célèbre-de-chez-Robert Laffont-qui-est-passée-mercredi soir à 20 heures-sur-Inter.
Ca y est, je me suis perdu dans mon histoire. J'appelle Princesse à l'aide.
(- Docteur, on a besoin de vous au blog!
- Ok, je finis mon placard, je mets les éponges neuves au coffre, je me passe les mains à l'hémophile indien (manu avait une autre version mais je ne peux pas la révéler à cause de la sensibilité des lecteurs et de ma réputation d'auteur-de-chez-Fayard)
Oui, alors on est allés tous deux chez M. et Mme France Inter en passant par les quais, et on a joué à Bodyguard, Manu tirait sur les passants menaçants tandis que je chantais à m'en déchirer les poumons, c'était marrant, et même' qu'on n'a pas eu le droit de monter dans le RER vide avant qu'il ne soit vide, ce qui a donné lieu à une belle réflexion sur les paradoxes parisiens, mais on parle, on parle, et voilà que c'est là qu'on descend.
A la radio, ils m'ont enfermée dans une cage en verre et de l'autre côté des gens avec plein d'appareils bizarres me regardaient, et à un moment ils ont dit qu'ils allaient faire des essais sur moi et j'ai eu peur j'ai tapé sur la vitre en collant mon nez dessus et en criant Manu, viens me chercher, mais tu n'entendais pas et tu continuais de me sourire en faisant coucou tout va bien se passer, et j'ai pensé Tu quoque, Manu, et j'ai voulu mettre fin à mes jours en me pendant aux fils des micros, et puis on m'a dit "c'est juste des essais de voix, faut vous calmer, un peu", et alors l'interview a commencé, et j'en ai appris de belles sur le chien de Tintin.
Et on a réussi à faire passer un morceau de la Teigne.
La révolution est en marche, moi je vous le dis.
Et alors, après (on dirait le compte-rendu d'un après-midi au zoo fait par un enfant de cinq ans...) on est allé au concert de Laurent Madiot (manu, où tu as rangé le lien? ...ah, tu l'as mis à tremper. OK, mais pas trop longtemps, après ça rétrécit) au Limonaire (ça, c'est donc la suite de la phrase), un bar-restau très sympa et comble ce soir-là. Un magnifique concert acoustique où Laurent, très bien accompagné par ses deux acolytes, a ravi nos tympans (c'est bon, maintenant, Laurent, tu nous les rends) et nous a donné une leçon de perfection musicale et scénique que je ne suis pas près d'oublier (Manu non plus, mais là, il ne peut pas vous le dire en personne, il passe l'aspirateur). C'est de la nouvelle chanson française, comme il dit en se moquant (Laurent semble être assez moqueur en général, ce qui, sans doute, ajoute à son talent), la voix est belle, la musique est belle, les paroles sont belles, et l'ensemble est beau. Et drôle. Et émouvant.
je vous laisse vous débrouiller pour trouver où acheter son album.
Et pis alors (4 ans, mais c'est parce qu'il se fait tard, je régresse) on est allés attendre un taxi qui, ne sachant pas où nous allions et nous non plus, a refusé de nous prendre à son bord. Enfin si, pas plus de 30 secondes, le temps pour lui de voir que nous n'étions pas faits l'un pour les autres, et pour moi de perdre mon téléphone portable.
En rentrant par un autre taxi chez les amis qui avaient la bonté de nous héberger, comme il nous restait un peu de temps, nous avons tenté de pénétrer par effraction chez des gens. Bon, en fait non, je me suis trompée d'immeuble, mais j'implore la clémence du jury : la clé rentrait!
J'ai faim, il y a encore des choses à raconter, là, ou je peux arrêter?
(Et puis j'ai les vapeurs de Monsieur Propre qui me montent à la tête, et les doigts qui commencent à tomber à cause de l'eau de Javel, le ménage avec toi est vraiment une expérience extrême, sweet boy... chut, taisez-vous, les lecteurs, il chante. C'est beau, vous pouvez pas imaginer, en plus il a retrouvé sa voix...)
Comment ça, j'ai retrouvé ma voix ? Non, non et non, je t'assure : je ne chante bien que quand j'ai fumé du tabac ou du canabols, ou bu trop de vin, ou que je suis ému. Donc, comme là je suis à sec/jeun/crû etc., il est impossible que je chante bien, CQFD. Ou alors il faudrait reprendre les prémices (ceux avec un c ou celles avec deux s ?) du raisonnement.
Donc, on disait quoi, avant de digresser ?
Ah oui, Laurent et ses textes, sa présence scénique, ses musiciens géniaux... à te dégoûter de chanter, moi, je te le dis. Si le disque 'excellent par ailleurs) avait la même puissance évocatrice que ce qu'ils font voir en scène, on entendrait beaucoup plus parler de Laurent (et du coup, il nous snoberait et ne nous parlerait plus, comme quoi c'est un moindre mal), voilà ce que j'en dis, madame.
Bon, ça y est, on l'a raconté, notre semaine ? Oui, on dirait. On n'a pas raconté toutes nos histoires d'angoisses et d'inquiétude, ni révélé le terrible secret qui pèse sur ton anonymat d'auteur-de-chez-Seuil, mais à mon avis, si je le laisse comme ça à la fin, ça fait suspens et tout le monde (oui, eux deux) va revenir demain.
Ah-aaaaah...
26.7.07
De toute mon âme
Je ne suis qu’une femme de passage…
J'explique le contex, : voilà quatre ou cinq jours que nous nous promenons partout, avec Princesse, à passer d'univers en universe, de salons en radios en concerts...
Et ce soir, nous nous posons tranquillement à une de nos terrasses, à manger et deviser gaiement (sans fumer, on a arrêté, top forts on est quand on est tous les deux) ; et voilà que pris d'une soudain inspiration, je lui fais lire le plus ancien de mes textes érotiques.
Oups. Faut dire, il était un peu "pris sur le vif" et s'appelait "masturbation". Un truc assez mystique, furieusement inspiré par le Canabols ( à l'époque, je ne maîtrisais pas la méditation, fallait bien que je m'aide).
Donc, voilà que l'idée me prend de lui présenter ce texte, que j'avais dédié à une autre femme. Où je parlais, à une autre qu'elle, d'amour absolu. C'était avant que je la rencontre, ma princesse, mais enfin, "absolu", ça veut quand même dire quelque chose.
Oui, Princesse, j'ai aimé d'autres femmes. Beaucoup. Et d'un amour absolu.
Et tu vas me dire, oui, mais c'était les unes après les autres... (en fait je ne t'aurais pas dit ça, je t'aurais juste demandé s'il était possible que tu m'appelles autrement que Princesse)
Bin, pas toujours. Et tu le sais.
Bref, mon texte sur l'amour absolu, qu'est-ce qu'il veut dire si je ne l'assume pas ? Que j'ai aimé comme ça, si fort, et que je puisse encore lui parler d'amour absolu, à elle, c'est forcément un mensonge, no
Je ne sais pas si tu t'es arrêté là exprès, on dirait que ta phrase n'est pas finie... Tant pis, moi je continue.
Bon, alors déjà, je crois que ce que tu dis, ce que te penses, ce que tu sens, c'est sincère et honnête, et je ne mets rien en doute. Tu ne mens pas. C'est juste une question de moment. D'occasions. De circonstances. De durée. Et moi, devant tout ça, je pense juste une chose, de plus en plus fort : protège-toi, ma vieille. Pas trop près, ça brûle. Garde tes distances.
Eloigne-toi.
Saute, ça va passer.
Sauter où ? Tu veux partir ? Tu es libre. Où tu veux sauter à côté de moi ? Sur mes genoux ? Dans un lit ? A mon cou ? Au visage ? Au paf (merci San-Antonio) ? Ou par-dessus bord ? De l'avion ? De l'immeuble en flamme ? Et d'ailleurs, pourquoi pas Princesse ?
25.7.07
En transit
D'où la courtitude de ce post.
Mais promis, on vous raconte bientôt, et dans l'ordre :
- comment Princesse a signé la dédicace la plus "Remets-la dans ta culotte" de l'année ;
- comment j'ai été (ré)introduit dans la sainte confrérie des chevaliers de l'aligot, et comment j'ai écrit sur un coin de table un best-seller intitulé "Harry Potter et le tripou maudit" ;
- comment on a retrouvé les Drôles de Dames - qui vont bien, merci pour elles - et roulé en décapotable sur la croisette ;
- comment Princesse m'a sauvé d'une crise de panique dans le train ;
- etc.
D'ici là, quelques aventures nous attendent encore. Je resserre les sangles de mon sac à dos, je lustre mes sabots de paysan, et à nous la capitale (enfin, l'autre, celle d'au-dessus de la Loire).
Incidemment, l'émission "Ecrivains de l'été" sur France Inter accueille ce soir à 20 heures la charmante, la magnifique, la tonitruante, la fascinante (ayé, j'ai bien fait la pub ?) Emmanuelle Urien, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler ici (et qu'à force, on pourrait se demander s'il n'y a pas anguille sous roche, mais non : je l'admire en toute pureté, et je suis intellectuellement fidèle à Princesse, alors vous voyez bien...) et qui aura bien besoin de votre soutien auditif ce soir...
Go North, young man.
(oooooooh, tiens, si vous voulez voir à quoi ressemblait Carqueirannes, le blog d'une lectrice intitulé Cmic).
21.7.07
Gloom gloom
Je ne suis pas ça comme tous les jours, heureusement. Je sais bien que demain, ou dans quelques jours, ça ira mieux, ça ira bien, que je serai heureuse. Je repenserai à ce soir en haussant les épaules comme si ce n'était pas arrivé. Il n'y aura plus trace de tout ce plomb. Juste une petite cellule qui clignotera dans mon cerveau pour dire : "attention à la prochaine fois". Peut-être que si je m'y prépare, il n'y aura pas de prochaine fois.
J'ai envie que tu me serres dans tes bras, parce que je m'y sens toujours bien, et que je sais que ça m'aidera à faire passer tout ça, ce sale moment qui ne veut rien dire.
Je le publie, ça?
Ben oui.
Vive les vacances, personne ne lit... tout pour toi.
une conversation du soir entre z'écrivains
J'écris pour guérir ma mère.
Merde.
Si elle guérit, est-ce que j'arrêterais d'écrire ?
Et si elle meurt ?
Si elle meurt, peut-être que tu écriras pour la faire revivre.
Ah bin ouais, tiens, c'est malin. Donc tout cette écriture serait liée à la pensée de la mort de ma mère ? Je croyais que c'était la mort du père qui faisait vendre, en ce moment.
Moi, je n'écris pas pour ma mère, ni pour mon père. Juste pour la mort, je tourne autour.
Ca m'étonnerait que tu tournes. Les étoiles et les soleils ne tournent pas (ou alors à l'échelle des galaxies, mais bon, c'est infime, on ne va pas chipoter). Moi, de mon côté, j'écris beaucoup pour mes parents. Pour les guérir. Pour me guérir d'eux.
Ca paraît accusateur, comme ça, mais c'est tout le contraire. Quel plus beau cadeau peut-tu faire à tes parents que leur dire : voici la personne que je suis. Grâce à vous, beaucoup. A cause de vous, un peu. Mais une personne, à part entière. Pas juste un morceau de vous.
C'est vrai que c'est beau. Au moins, tu sais pourquoi tu écris. Moi, je crois que je l'ignore encore. Au départ, c'était peut-être juste un besoin, écrire, puisque je ne parlais pas. Ca me permettait de vivre un peu plus fort. C'est sans doute toujours vrai, mais il y a autre chose que je ne cerne pas. Pas encore. Mais je cherche...
et je me dis aussi qu'au lieu de chercher, je ferais mieux de me contenter d'écrire sans me poser de questions.
Ah, tu veux dire l'état de grâce ? Quand tu écris sans penser à ce qu'il y a après le stylo ?
Je te connais, maintenant, Princesse. Je sais que tu en connais, de ces états (hell, sometimes I tezll myself you're the only one not to know how graceful you are. Everyone sees it but you)
...
Pardon, je croyais que c'était ton tour. Donc, je disais que moi, j'écris pour sauver ma maman, en priorité (mon papa, je sais qu'il va bien. Enfin, sauf qu'il est un peu inquiet pour elle, comme moi, même s'il ne le laisser pas voir, on sait se tenir, en Charentes).
A cause d'une nouvelle qu'elle nous a fait lire, il y a longtemps, et qui nous a brisé le coeur.
Est-ce que tu peux me la raconter ? Pas forcément ici, mais j'aimerais comprendre. Toi, ta maman.
Attention, pitch ("lou pitchou" en occitan) : Dans une société future, fondée sur l'obligation du plaisir et de la consommation, une vieille femme mourante, que seul son grand fils accompagne, se remémore son passé.
Fin du pitchou.
Ce qui m'avait marqué, c'était :
- le personnage du grand fils qui était à ses côtés (message subliminal, si possible avec l'accent juif "Mon fiiiiiils ! Reste làààààà !")
- un détail assez troublant sur l'incapacité à jouir à se masturber, sous l'injonction d'un bracelet électronique, dans le genre Paradis pour tous (un vieux film avec Deweare).
Tu vois le tableau : le désir vécu comme une contrainte qu'on ne peut pas satisfaire.
Un truc typique des soixante-huitards, je pense. D'ailleurs, le peu que j'ai lu de Houellebecq me fait penser à ça. Aussi bien ma maman c'est Houellebecq et personne ne le sait). La volonté, la possibilité de "jouir sans entraves" confrontée à des siècles de morale chrétienne.
Je te le dis, ils en ont fait un sacré boulot pour nous, ces gens-là.
Ayé, tu vois le topo ?
Je vois, oui. Et, bizarrement, ça me fait penser à mes parents, dont je me suis toujours dit qu'ils vivaient sans plaisir, comme si c'était interdit.
J'espère que tu la guériras. Je suis sûre que tu vas y arriver. Et ensuite, tu continueras d'écrire, encore mieux.
Et ensuite, tu continueras d'écrire, encore mieux. Je t'aime, allons nous coucher.
Bonne idée...
16.7.07
Golden boy
Le premier texte que j'ai écrit, "Personnel de maison", terminait 3e au concours des correspondances de Manosque. Mon premier recueil de nouvelles (avec dedans les premières nouvelles que j'écrivais) allait chez le premier éditeur qui me plaisait, et bing, ça devenait Petit Guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux.
Le parcours de rêve. La fortune et la gloire attendaient devant ma porte avec leur bouquet de fleurs. J'allais changer de maison, de voiture, de guitare, de vie...
Ah bin ouais, je l'ai fait (bon, pour la maison, ç'a été pour un mobil-home, mais j'ai adoré ça).
Et pis voilà que les choses changent. Loin de moi l'idée de me plaindre : un ami (petit) gourou de son état m'a convaincu depuis longtemps que c'était inutile. Qu'il fallait savoir accepter les choses qui arrivent, en remerciant la providence.
Alors c'est vrai que d'apprendre par la bande que ledit Petit guide n'était plus distribué m'a picoté les quelques sentiments qu'il me reste ; et que d'entendre dire, toujours par quelqu'un à qui quelqu'un l'aurait dit, que les exemplaires restant sont partis au pilon sans mon accord, m'a un peu peiné - ne serait-ce que pour les arbres qui ont souffert inutilement, ou pour le fait que j'ai eu quelques temps confiance en un éditeur qui visiblement ne se sent plus tenu au respect de ses engagements...
Hier, Princesse a dû supporter mon agacement passager. Qui est vraiment insupportable (par exemple, j'en perds toute libido, si c'est pas dommage, alors qu'elle est si belle et si désirable...).
Et puis non, on ne va pas se laisser abattre. On va se dire que c'est juste un nouveau départ. Juste une petite leçon, bien amère, qui portera ses fruits sucrés plus tard.
D'ailleurs, j'ai de quoi être fier, non ? Mes livres ont été mis au pilon, ce qui est presque aussi bien qu'au pilori, lui-même lointain cousin de l'index qui n'est pas sans lien avec l'autodafé... bref, je vais pouvoir postuler au Club des Ecrivains Môdits, et geindre à longueur de journée sur l'Injustice qui est Phaite à Mon Noeuvre... J'ai pensé immédiatement à me suicider une oreille ou à partir errer dans le Cantal (nettement moins touristique que le Harar, là-bas on ne peut pas s'asseoir sur une dune sans se faire péter les noix par un poète qui remâche ses succès d'ados, je vous jure, on n'est jamais tranquille) ; mais non, je reste, fidèle au poste (quoique de plus en plus tenté par des formes de récit qui n'auraient pas besoin d'éditeurs dépressifs, peut-être juste de public) et trois fois plus déterminé que Rambo quand il noue sa serpillère autour de sa tête :
"Si tu veux faire de la littérature, il faut être la littérature. Et on va les bousiller, ces fumiers de viet..." Ah non, pardon, je m'égare.
Bref, the chauve must go on.
Je polis soigneusement mon style (et aussi, un petit peu, mes crampons de rugby, pour le cas où ils se trouveraient à proximité des noisettes d'un certain... ami), je redresse la tête et je ne bave pas d'envie devant mes collègues qui vendent au taquet.
Sinon, pendant les vacances, l'heure est aux contes pour enfants. Jusqu'à présent, nous avons "Petit Dragon apprend à voler", "Merdakrott", "Le Forgeron et la Fée", "La véritable histoire du trou de Bozouls" (vérifiez ce que c'est sur Google, ça vous fera voyager un brin) et "Sébastien et le lapin blanc" (qui ne pourra devenir un livre que si on trouve un moyen de sonoriser un rot dans les pages, mais bon...)
Pour adultes, comme je n'ai pas beaucoup de temps, je prépare sur le pouce (euh...) une série de contes érotiques, que j'aime bien tester sur Princesse.
D'ailleurs, elle a l'air de s'ennuyer. Faut que je lui raconte une histoire...
13.7.07
Shooting star
Peureuse, va. Dégonflée.
Comment ça, les étoiles qui brillent sont mortes depuis des éons ? Mais leur lumière est encore là, non ? Alors qu'importe ?
Pendant que je réfléchissais à comment j'allais faire assaut d'astuce avec toi (à défaut d'autres assauts, mais je me rattraperai bientôt, promis), fumant une cigarette sous le ciel aveyronnais, je vis passer une étoile filante.
Nous, les Aveyronnais, on a l'âme économe : si on te donne un voeu à faire, tu réfléchis bien fort à ce qu'il te faudrait, histoire de pas te tromper. Les miracles, c'est pas tous les jours.
Alors quoi ? L'amour, le succès, l'abondance ?
J'ai cherché un bout de temps. Bien sûr, ce serait plus facile d'être des z'artissécrivains si on n'avait pas à se demander d'où viendra la prochaine noisette de beurre pour les épinards ; mais ce sont peut-être aussi ces calculs scabreux qui nous poussent à écrire un peu tout ce qui nous passe par la tête, à nous raconter des histoires, à nous chanter des chansons... finalement, on est si bien cigales qu'on pensera plus tard à redevenir fourmis (encore que, techniquement, la cigale est plus grosse ; une des conclusion peu connues de la fable est que la cigale bouffe la fourmi, et passe l'hiver à le digérer, ça lui apprendra à l'autre connasse...).
Et pendant ce temps-là (je réfléchis parfois à la vitesse de la lumière), l'étoile filait comme un aligot dans un buron (pour les lecteurs non aveyronnistes, voir ces termes dans le lexique).
Alors je me suis dit que, des voeux, finalement, je n'en ai plus. Je rends simplement grâce de te connaître, de vivre concommitamment à toi, de faire ce que j'aime.
Du coup, il reste un voeu magique qui ne m'a servi à rien. On n'a qu'à l'offrir au(x) lecteur(s) de ce blog.
Allez-y, faites un voeu.
12.7.07
Sur la route du tour : dernière étape avant les étoiles
Le problème, avec les étoiles, c’est qu’on les voit souvent briller alors qu’elles sont éteintes depuis longtemps.
L’ennui, avec le tout, c’est qu’il est relatif.
Alors autant profiter de tout maintenant, étoiles ou pas. On n’a qu’à juste briller comme des tessons de bouteille, comme des bijoux de pacotille, comme de petites casseroles en inox, des boucles de ceinturon, le plastique des Bic cristal, deux paires d’yeux qui se croisent. Briller dans le quotidien, l’un pour l’autre, et pour tous ceux autour parce que c’est agréable aussi.
Finalement, ce n’est pas plus facile que de se vouloir libre. Mais chaque fois qu’on y arrive (et on est assez forts, pour ça, non ?), ça fait comme une étape franchie avec succès. Parés pour la prochaine.
Rester ensemble, non. Trop statique. Trop camping. Bouger, avancer, se bousculer, oui. …tu vois, on est d’accord : on ne va même pas arriver à se disputer. Tu me diras, on n’avait pas tellement de raisons de s’y essayer non plus, on fonctionne plutôt bien sans ça, et avec tout le reste.
Je ne sais pas si un jour nous serons vieux, et comment nous nous verrons. Je sais seulement qu’il m’arrive de regarder en arrière, pas très loin, et de revivre nos plaisirs passés en me disant que nous continuons de faire mieux tous les jours, sans forcer. Sans nous forcer à rien.
Alors, forcément, l’avenir, comme à toi, il me paraît beau : des étoiles dans un ciel clair.
...Et toujours à propos d’étoiles, j’ai hâte de replonger dans tes yeux, sweet boy.
On ne sera jamais un couple
Je relis tes peurs d'hier ; c'est vrai qu'elles font froid dans le dos. Je me demande comment on peut faire pour ne jamais en arriver là.
Le plus simple, sans doute, est de cesser d'y penser (facile à dire, non ?). Ou alors, de se préparer un synopsis, les grandes lignes d'une vie, les règles de base du camp de vacances.
D'abord, rien ne te force à rester sous la tente, ou sur la plage, ou près de moi. Quand le soleil est trop chaud ou la neige trop molle, fais ce qui te chante, bouge, ou va-t-en, ou plante-moi là ; quand c'est la peau d'un autre vacancier que tu désires, va prendre une douche avec lui ; quand tu as envie de manger au restau et qu'on n'a pas de thunes, rassure-toi, Bonny : on peut toujours partir en courant sans payer.
Je t'aime libre, parce que libre tu es encore plus belle. Alors évidemment, au début, ce n'est pas très facile, la liberté. Ca fait tout bizarre dans le ventre et dans la tête. Mais je crois qu'on s'y habitue.
Le mieux, c'est qu'on ne soit jamais un couple. Juste deux personnes libres, et qui s'aiment.
Je refuse qu'on reste ensemble. Je veux simplement qu'on se retrouve aussi souvent qu'on en aura envie, comme des électrons qui flirtent dans le vide.
Alors d'accord, le vide, parfois, c'est haut (et puis va-t-en meubler tout ça, même avec du Ikéa) et ça fait un peu peur ; mais c'est toujours mieux que les odeurs de vieille tongs sous une toile de tente en plein après-midi, non ?
Un jour, on sera vieux. Je regarderai ton visage, ton corps, et j'y retrouverai les signes de tout ce que j'aime. Tu seras belle, souriante, libre - la fleur épanouie dont tu caches encore la graine. Tu seras une étoile, Princesse, loin des mini-doutes et des pincements au coeur qui nous agitent encore.
J'espère l'être aussi.
Et nous serons amoureux comme au premier jour - comme quand nous chantions du Adamo sur la plage, comme quand je te regardai signer tes livres en mourant d'envie de toucher tes cheveux et ton coeur.
Bon alors, il n'est pas mieux, ce programme ? En attendant, je regarde le Tour.
11.7.07
Le petit couple de l’emplacement D28 à Port-Leucate
Au camping, la tente plantée en plein soleil contient toute la chaleur du Sahara, l’odeur de renfermé en plus. Je râle parce qu’il fait trop chaud, parce que c’est trop petit, parce qu’on va mal manger, mal dormir. Tu dis que je n’avais qu’à choisir l’emplacement, et puis trouver un boulot mieux payé tant qu’à y être, comme ça l’année prochaine on ira aux Seychelles. Je hausse les épaules, je suis trop fatiguée pour me disputer avec toi.
Il faut faire la queue au bloc sanitaire, il n’y a plus d’eau chaude, les douches sont sales, et les gens sont toujours aussi moches, avec leurs tongs et le ventre qui déborde du maillot de bain. Tu as oublié ton savon, je t’envoie le mien par-dessus la cloison, avant nous prenions notre douche ensemble, aujourd’hui nous n’y avons même pas pensé.
Nous mangeons aussi mal que prévu, les tomates sont insipides, le steak est plein de nerfs, les haricots en boîte ont le goût de haricots en boîte. Tu me fais remarquer que si j’avais pensé à prendre du beurre, on aurait presque pu trouver du plaisir à manger.
Le soleil s’est couché mais la chaleur sous la toile ne cède pas. On s’installe dehors, le tissu synthétique des transats nous colle au dos et aux cuisses. Tu prends un livre, le même depuis le début des vacances, un best seller corné dont tu ne viens pas à bout ; je m’escrime sur un sudoku, je n’arrive pas à dépasser le niveau 2. De temps en temps tu me regardes faire avec un coin de la bouche relevé, comme pour dire que ça se confirme, les chiffres c’est vraiment pas mon truc, d’ailleurs c’est quoi, mon truc ?
Nous allons nous coucher dans la chambre occupée tout entière par le matelas pneumatique. Nous faisons l’amour dans le noir, malgré les coups de soleil et l’absence d’envie, parce que nous avons dit que nous mettrions un bébé en route cet été. Il est temps, bientôt nous n’aurons plus l’âge, nous pensons que nous voulons tous les deux un enfant, ça nous rapprochera. Le matelas couine, pas bien longtemps.
Nous nous endormons dos à dos, sans nous toucher, sans nous parler.
Demain, on recommence, on retourne à la plage. Plus que trois jours, c’est les vacances, il faut en profiter.
… Mon amour, si un jour on fait mine d’en arriver là, promets-moi que tu me débrancheras.
(et continuons de vivre le contraire de tout ça…)
Le silence de ces espaces infinis m'effraie - tu remets "Les Grosses Têtes" à la radio ?
Plus tard, nous prendrions nos serviettes et nous nous éloignerions, petites silhouettes sur fond de dunes et de genêts.
Et la nuit tomberait. Et les jours.
Et les millions d'années.
Peut-être que la mer monterait, monterait, jusqu'à tout recouvrir de sable, jusqu'à effacer même le souvenir de la vie.
Peut-être que la mer ensuite s'assècherait, qu'il ne resterait qu'une étendue aride ; la Terre se rapprocherait du soleil - une planète désolée dont le Big-Bang à l'envers ne ferait qu'une bouchée.
Et tout disparaîtrait.
Il n'y aurait plus rien, plus de mer, plus de terre, plus d'univers.
Juste quelques atomes, comme des grains de sable flottant dans le vide.
Tu sais quoi, mon amour ?
Un de ces grains porterait la trace de notre baiser.
10.7.07
Tête à tête
Un jour, on ira à la mer.
Un jour, on ira se baigner.
Un jour, on écrira sur le sable le mot borborygme, et on s'entraînera à le prononcer, jusqu'à ce qu'il éclate à la face du monde.
(Au fait, Météo France prévoit un rapprochement des fronts en fin de semaine, et une forte hausse des températures… les normales saisonnières n’ont qu’à bien se tenir.)
Il y a le ciel, le soleil et mon blog : la météo du front des vacances
(oui, c'est que toi, c'est ton côté sainte trinité)
Nous voilà séparés par la force de choses, toi et moi, dans notre rôle de célibapère/célibamère de juillet. Le temps est à l'incertain, aux coups de fil, aux mails qui disent "je t'aime", aux retrouvailles rapides entre deux trajets, aux enfants partout quand on voudrait juste s'allonger en silence au bord de la mer - avec une tendance prononcée aux pluies fines de projets, aux ondées passagères de doutes, aux petits coups de stress et de blues (ce sont deux mots anglais, va savoir pourquoi), mais aussi aux bouffées printanières et aux coups de chaud...
Bref, il n'y a plus de saison de l'amour, ma pauvre Suzanne. Je suppose que c'est lié aux dérèglement de la couche d'ozone, à l'augmentation de la recrudescence ou à l'impermanence des choses.
En plus, tous nos lecteurs sont en train de se taper des pages de Marc Lévy (dont tu connais, paraît-il, certaine particularité physique dont il a tout lieu d'être vain) et ont abandonné le front des commentaires : il n'y a que nous, ici.
C'est joli, non, tout ce vide ? Un peu comme la côte normande hors saison, ou une île néerlandaise : on se dit qu'on est peu de choses, une poignée de sable qui danse dans le vent frais - et que finalement, ce n'est pas si grave.
Ca fait juste comme un soupçon de tristesse qui fondrait doucement, une pastille de mélancolie qui rit, à la Souchon, sur la plage.
Tu veux un transat ?
Je t'aime, Princesse. Vu que personne ne nous lit, j'utilise cet espace pour te le (rererererere)dire, au cas où tu l'aies oublié depuis ce matin.
Anton et Zadig t'embrassent : pour eux, les vacances, c'est la seule vie qui vaille.
8.7.07
Brèves de salon
Le public et l'organisation ont été d'une grande courtoisie : il nous ont laissés tranquilles pour discuter, profiter du repas, discuter de nouveau en rêvant de sieste , se dire qu'il allait pleuvoir, partir.
Bon, peut-être pas une journée exceptionnelle du point de vue des ventes, mais qu'importe.
L'image que je garde du salon (à part le village et ses environs, magnifiques) : tout ce beau monde écoutant une discussion entre un auteur qui signait à côté de nous et un lecteur.
Le lecteur, charmant au demeurant, est parti dans de longues considérations sur "ces salauds de rouges qui ont fait tant de mal" et sur "ces nazis dont on a dit trop de mal, mais qui ont sauvé beaucoup de monde", pour conclure (dixit) "Moi, je me suis engagé dans l'armée parce que je voulais être indépendant".
C'était très amusant de voir Francis se concentrer sur ses lunettes, Emmanuelle essayer de respirer sans produire des bruits rauques, et LN tenter de retirer ses dents de dans le bois de la table...
Et moi ? Moi, vous savez, les discussions politiques... J'ai noté sa phrase. Ce serait un joli début de nouvelle, non ?
Ah, et puis : je vous mettrais bien des liens pour tous mes copains qui font des trucs si bien et qui gagnent à être connus, mais c'est juillet, j'ai la flemme et vous êtes en vacances. Alors tiens, voilà une liste pour faire des copier-coller dans Google, et pis voilà.
Hélène Duffau
Pampelonne (Tarn)
Francis Pornon
La Teigne
Guillaume Trouillard
Un Monsieur qui a consacré sa vie à sauver la France du péril rouge
Emmanuelle Urien
Et faites gaffe au sable dans votre PC, ça craint.
5.7.07
Toujours la même histoire...
D'accord, les autres nouvelles du recueil donnaient une idée assez précise de ce qui avait pu se passer ensuite ; mais quand même, l'idée de le planter là devait me chiffoner un brin. On me l'a même reproché une fois ou deux : mais merde, Marguerite, la chute...
Comme j'ai bon fond, je me suis dit que je pouvais aller le chercher. Mais ce coup-là, au lieu de mon stylo, j'ai pris ma guitare. Ainsi (et au milieu de nombreux autres projets) est née l'idée de LoFi.
Alors, comme dirait Jean-Claude Bourret, LoFi, comment ça marche ? Bin, pour les novices, au départ, c'était juste une façon très approximative d'enregistrer des petits morceaux de musique (gloire au Magnétophone Windows !) ; ensuite, c'est devenu un synonyme de "petite improvisation à un ou plusieurs (en général bien arrosée) qui se retrouve le lendemain sur un blog à la plus grande honte des participants".
Et puis, vous savez comment c'est : la folie des grandeurs. Le type qui se dit, ah ouais, si on fait ça, ça fait une chanson sympa.... et si on met plusieurs chansons ensemble, ça fait comme une histoire...
Je vous rassure, j'avais plein de complexes (à chanter, à improviser, à inventer...) ; mais au bout d'un moment, on s'y fait. Au pire, on lit le livret de La Flûte enchantée, on se dit que le Canabols devait être bien connu à Salzbourg et qu'après tout on n'a jamais plus de 8-10 visiteurs par jour, alors...
Alors LoFi, une histoire chantée. Un genre d'épopée, quoi. Peut-être même une chanson de geste.
Pour l'instant, c'est encore très artisanal, mais voilà comment commencerait l'histoire.
Va-t'en trouver des mots pour les oreilles bouchées, mal à la tête et l'inquiétude au ventre
Pendant que l'avion de la British descendait sur Heathrow,
Va-t'en trouver des mots pour ces mots qui résonnaient dans le South Terminal,
Ces voix anglaises et ces gens fatigués qui ne savaient pas
Ce que j'étais venu faire ici...
Dans les haut-parleurs, au milieu du bruit du hall, il y avait je crois cette chanson
Qui me faisait penser à toi
À toi jusqu'à ce que tu arrives, derrière moi,
que tu m'appelles,
que tu appelles un taxi et que tu m'emmènes au coeur de Londres,
dans le parc d'Hampstead Heath...
(et si vous ne cliquez pas, vous n'allez pas tout comprendre...)
3.7.07
L'éditrice n'aime pas mon blog
Mais le coup dur d'hier, c'étaient ces mots inflexibles d'une éditrice que je ne nommerai pas (parc que je l'adore) : "C'est en tant que "lectrice" que les blogs me barbent : je trouve que cela prend du temps, est souvent prétentieux et presque toujours amateur. Bref plutôt contre-productif."
Ah.
Ben.
Euh.
Ah.
Alors, rien que pour lui prouver qu'elle a tort, je vais faire pro, sérieux et productif. Le plus pur style "news" :
- Henry Broncan, sorcier gersois, signe la préface de mon Fair-Play, à paraître chez Dual Books le 26 août ;
- La lecture par Vincent Grasz de "Silence Radio", texte coécrit avec la délicieuse Emmanuelle Urien, sera diffusée jeudi soir à minuit sur le réseau France Bleu ;
- En Juillet, vous pourrez me voir en chair et en T-shirt sur quelques salons et manifestations littéraires : le Salon du livre et de la gourmandise à Pampelonne (celui du Tarn) le 8 juillet, le Festival Livres et BD de La Fouillade (en Aveyron) le 21 et le 22, et la veillée littéraire du 22 juillet à Carqueyrannes (Var).
- Et puis sur TLT... bin j'en sais rien (merde, ça fait plus pro, là). Quelqu'un m'y a vu ? Non ? Pas moi, en tous cas.
L'a raison, l'éditrice : pas très pro, tout ça...
2.7.07
Brock et Schnok
Faudrait taper une recherche sur Googlefight entre "devenir grand père" et "créer un blog" (bougez pas, je le fais...) (oh putain, sévère défaite Broc fce à Schnock, ou l'inverse, c'est selon)... ouais bon, ça fait égalité, deux bons amis (et en l'occurence, deux bonzes amis) qui m'annoncent une bonne nouvelle presque en même temps.
Hé bin je m'en réjouis, et pour vous en réjouir avec moi, voir le duo de duettistes dans leurs oeuvres... oh ben non, il l'a supprimé... bon, alors tout ce que j'ai c'est une chute de concert, avec Broc au micro/guitare et Schnock (putain que c'est chiant à taper, comme nom) à la guitare/micro.
Je leur souhaite plein de bonheur à eux deux. Le petit-fillot de Bob a bin de la chance d'avoir un grand-père pareil (mais Bon, STP, ne l'envoie pas en mer tout de suite, ce petit, laisse-lui le temps de s'habituer à la terre ferme).
Et, Yrf, tu peux lire maintenant, il y a un post de princesse en dessous (même que j'enlève le tiret parce que ça fait rêver).
1.7.07
Doctus cum libro et chaussettes*
En plus, ces jours-ci, elle se promène pieds nus, ce qui n’arrange pas son cas, et ne va pas non plus améliorer le vôtre.
Zap.
Bon, alors je vais vous raconter… non, pas ça, ça ne va pas vous plaire.
Zap.
Il était une fois… ah, vous la connaissez déjà ?
Zap.
Tiens, il pleut.
Zap.
Ce soir, un inédit de la série « Déchaînons par l’écrit les passions de nos contemporains », avec, en guest star, une fille qui bloque un peu du clavier. …On n’est pas rendus, et peu importe où.
Zap.
Pfffffffff...
Zut, pas la bonne paire. En plus il fait trop chaud (et la neige elle est trop molle).
(My love, je crois que je suis en train de te saboter ton blog en douce… tu es sûr que tu ne veux pas exercer ton droit de censure ? Non, ne réponds pas tout de suite, prenons le risque, soyons fous, vivons dangereusement, surtout toi. Ensuite, tu pourras toujours me jeter la première pierre, surtout si tu ne vises pas très bien… Aïeuh !)
Mais où en étions-nous, chers lecteurs dont l’affluence est telle que tous les mégabits du monde ne sauraient la contenir (serrez-vous un peu, ça va passer) ?
Les chaussettes. Oui, parce que j’ai fini par les enfiler. Et pas la trace d’une inspiration au fond, même roulée en boule comme quand on les reprise douze fois d’affilée. Vous voulez que je vous les décrive ? Les chaussettes. …voilà : la gauche est noir et blanc, et l’autre c’est l’inverse, mais les motifs sont plus petits. Et alors, pourquoi je ne vous décrirais pas mes chaussettes, maille par maille, au cœur de la trame ? Hugo a bien étalé Notre-Dame sur des milliers de signes-espaces-comprises. En vertu de quelle tyrannie culturelle une cathédrale vieille de (attendez, je vérifie la date sur Wikipedia) huit siècles et quelque serait-elle un sujet plus intéressant que mes chaussettes, surtout cette jolie paire dépareillée qui fait certainement l’objet de bien des convoitises, encore que je ne sache pas très bien, à cette heure, desquelles. Évidemment, par les temps qui galopent, ça ne se fait pas tellement d’afficher sa préférence pour la bonneterie plutôt que pour l’architecture gothique. Ça fait soit demeuré, soit marginal. Ben quoi, assumez. Ou alors relisez Hugo. J’aime beaucoup Hugo, n’allez pas croire. Et les cathédrales gothiques tout autant. J’éprouve envers l’un et les autres la même admiration qu’un ver de terre amoureux d’une étoile ; voilà, la preuve en est faite. Mais bon, pas tous les jours, faut pas exagérer non plus. On peut se détendre, de temps en temps. Chercher ailleurs que dans les pages des grands hommes l’inspiration qui permettra à ce blog d’atteindre des pics de fréquentation à faire frémir Loïc Le Meur. Bon, je vous l’accorde, ô lecteurs, la chaussette n’est peut-être pas le meilleur exemple dans ce domaine. Mais c’est tout ce que j’avais sous la main ce soir, à défaut de les avoir aux pieds –celle-là, elle est trop facile, m’en fous, même pas honte : j’en suis à ce point de la page-de-blog-blanc-ou blanche (l’un et l’autre se dit ou se disent).
Alors en dehors des chaussettes, pour l’inspiration, il y a quoi ?
On fait une liste ?
(« Ouais, ouais ! » crie la foule des lecteurs enthousiastes, « Une liste, youpi, hourra, youkaïdi, youkaïda ! »)
Va donc pour la liste (des sources d’inspiration, je vous le remets à cause des digressions oiseuses qui sont comme des pages de pub inopportunes dans un programme télé passionnant, sauf que vous avez tous avoué que vous n’aviez pas la télé, alors vous ne savez même pas de quoi je parle, moi non plus, tant pis, allez-y tout de même voir juste au-dessous) :
- les couchers de soleil sur la mer… oui mais non, parce qu’à Toulouse, le soleil, ça va bien (un peu voilé, tout de même, en ce joli dimanche), mais pour la mer, va falloir repasser dans quelques années, quand le trou dans la couche d’ozone se sera suffisamment élargi pour laisser filtrer autre chose que des larmes –ça, c’est pour le côté salé de la liquidité… notez, ça ne devrait plus trop tarder, au sale train où avancent les choses ;
- Les merveilleuses lueurs innocentes du regard d’un enfant. …oui, mais moi, je voulais un poisson rouge ;
- Les rumeurs noires des guerres, de la famine, des tortures et exterminations en tout genre. …passez votre chemin, vils corbeaux de mauvais augure, il y a d’autres endroits pour ça, je ne mange pas de ce pain (ou alors juste quelques miettes, et encore, avec précaution) ;
- Des entrelacs de corps nus s’agitant sur des parquets en bois exotique. …oui, mais là encore, nous sommes loin des cathédrales, même si les rondeurs du style roman pourraient nous laisser entrevoir de tels horizons, en plus statiques cependant, ce qui ôte l’essentiel de son intérêt à l’affaire ; je laisse donc cela à d’autres, d’autant que l’usage des bois exotiques est aujourd’hui à ce point réglementé que cela pourrait nuire à la liberté de mouvement des auteurs de ces faits, et ça, ça gâche tout, convenez-en ;
- L’amour. Ah, tiens, oui, pourquoi pas. Ce pourrait même être ce qui me motive, ce soir, à m’étaler sur toutes ces lignes (à propos de ligne, ici chez nous à Toulouse on vient d’en ouvrir une deuxième, ça va nous changer la vie, et puis ça me permet une digression rien moins que subtile, étayée par ma pudeur naturelle et une sorte de facétie idiote que je partage avec…oui, bon, ça suffit, je ne vais pas tout vous raconter non plus)… l’amour, disais-je. Pas inquiet, pas mesuré, pas tellement raisonné non plus, mais en a-t-il besoin ? OK, va pour l’amour.
Morale de l’histoire –ou tout au moins du post : on trouve plus facilement l’inspiration dans l’amour que dans les chaussettes. QED.
Et puis c’est tout.