9.3.07

One year ago

Il y a un an, le 9 mars,

je me tenais (mal) devant le jury du Centre Régional du Livre, à qui j'exposais un projet de roman "avec un type qui a un chien mort et un frigo qui marche mal".

Le même jour, j'aurais dû prendre l'avion pour Paris (l'équivalent, pour moi, d'une consécration planétaire) pour la remise des prix du concours de nouvelles de l'AFCAE.

Je me souviens que le ciel était du même bleu pâle, qu'il y avait moins de vent, et que j'ai marché le long du canal en me disant que, si je continuais mes âneries, j'allais finir par être écrivain.
A peu près à la même époque, j'ai commencé à corriger un manuscrit pour les éditions Eyrolles - ce qui, avec la bourse du CRL, si je l'obtenais, me permettrait de rester une petite année suppplémentaire à l'écart de mon ancien travail de prof de Français. Le projet "Roméo@Juliette" avançait assez bien, aussi, et...

C'étaient des "si", évidemment. Si le jury est clément. Si les éditeurs sont contents de mon boulot. Si je trouve quelque chose à dire. Si les petits cochons ne me mangent pas. Si je vainc ma tendance à me disperser dans tous les sens, en particulier quand le vent souffle sur le bord du canal.

Et je me suis dit que ce 9 mars serait dorénavant mon pseudanniversaire. Manu Causse, écrivain, né le 9 mars 1973 (mon premier éditeur m'a fait cadeau d'un an, et l'erreur persiste, alors pourquoi pas ? Je mourrai vieux en ayant vécu peu de temps) à Rodez (ça aussi, c'est relativement faux, mais je ne pouvais pas m'en empêcher, j'aime bien cette ville).

Aujourd'hui, donc (je me dépêche avant minuit, le cachet de la poste faisant foi - dans le dos), ma Princesse a posté la première des enveloppes marronnasses qui contiennent un roman sur un homme, son chien et son frigo. Et m'a offert en cadeau un carnet dans lequel je vais faire quelque chose de très spécial (mais quoi ? je l'ignore encore).

Comme il y a un an, je me suis posé la question : qu'est-ce que je ferai dans un an ? Et je me suis répondu que, selon toute probabilité, ce serait la même chose. Me promener, écrire, rêvasser, me poser des questions sans réponse, aimer, respirer.

Finalement, le temps, ce n'est pas grand-chose, quand on arrête d'y penser.

Je me suis également auto-couvert de cadeaux, sous le fallacieux prétexte de frais professionnels : un écran de PC qui rentre à peine dans mon appartement, un toner d'imprimante (cadeau idéal pour un ami si vous n'avez pas d'idée), une balade en amoureux vers Saint-Sernin, un thé chez Maman Françoise ; et, ce soir, une virée au Théâtre de Poche, toujours excellent dans sa programmation de pièces inédites (merci à Didier Albert, son directeur, pour faire partager sa passion avec tant de gentillesse et de flamme).

Heureusement que je m'assume comme ignare-qui-boit-du-ricard (et vulgaire-qui-boit-de-la...), sinon j'aurais eu honte de ne pas connaître Les mots, un magnifique texte de Vercors sur l'art, la guerre et la création. Et si j'avais eu honte, je n'aurais peut-être pas autant apprécié la performance des comédiens et la mise en scène, d'une finesse et d'une simplicité pleines de grâce.

Je tiens de source sûre qu'il reste des places pour la dernière représentation demain samedi (oui, aujourd'hui si vous me lisez maintenant). Moi, je serais vous, je saurais ce que je fais ce soir.

2 commentaires:

M. Leclerc a dit…

"Les mots", c'est pas Sartre ??

Bon anniv, Prince.

Manu Causse a dit…

Je m'ai gouré sur les titres ? Mais c'était du Vercors, sur.