17.10.12

1016 - L'épineux problème de la fin du désir

Sculpture 1.
1. Mais, mais... où suis-je ?

C'est quoi, ce blanc, autour ? Pourquoi pas de photos, de coups de gueule, de plaisanteries plus ou moins fines ou de statuts abscons ?
Ah bin oui. Je ne suis plus sur Facebook.
Ca m'a pris comme l'arrêt du tabac, je pense. Voir si je pouvais. Tenir sans, mettons sept jours.
Résultat : j'ai fini cette traduction en une semaine au lieu de deux. Et... j'ai bien peur de n'avoir rien perdu. 
Hier, j'ai rouvert. Et refermé. L'impression d'être le seul non-buveur dans une fête qui peu à peu m'ennuie.
Réjouissons-nous : une addiction, une compulsion de moins.
Seulement voilà.
Je ne sais plus écrire.


2. Le flot suspect des sentiments désagréables

Vaudrait-il mieux nier en les survolant d'un trait d'esprit, ou m'appesantir ? Les petits trucs négatifs qui piquent dedans sont, dans l'ordre, un roman qui semble ne pas trouver son public (comme on dit dans le métier - quand on en parle), un éditeur qui bloque depuis plus d'un an autour de nouvelles qui achèveraient un cycle, l'incapacité à me décider à bander chaque jour sous la forme d'une petite non-image...

Normalement, je tenterais de te contrebalancer ça par une étourdissante liste de projets et de réussites - un prochain bilingue vampirique, les répétitions de En attendant Daniel  qui s'inscrivent dans la durée, un salon à Brive, une lecture à Gaillac, sans compter la radio, des traductions de plus en plus intéressantes (je te parlerais volontiers de "mindfulness") et ce Tantra de la solitude (titre provisoire) que je vais bien finir par m'asseoir pour écrire. Enfin, si je sais encore.


3. NB intercalé

"Si je sais encore écrire". Plus que d'une figure de style visant au suspense, il s'agit là d'une véritable interrogation de notre héros, qui sait pertinemment que parfois aligner des pages et des pages d'écriture, ce n'est pas écrire, pas plus que baiser n'est désirer, pas plus qu'exister n'est vivre quand il manque ce souffle, cet élan qui balaie les doutes.
(En plus, c'est vachement difficile pour un élan, avec ses longues pattes, de balayer).


4. Bilan et désordre
 
Mais ce sentiment de victoire, de plénitude ; cette joie simple du ragoût d'agneau aux girolles un lendemain de fête entre amis ; mais cette intégrité du ventre - où passe-t-elle, quand elle s'en va ?
Le dernier bouquin traduit a beau prétendre que vivre, c'est accepter aussi le mouvement du vide à l'intérieur, il faut croire que je doute encore. Que quelque chose me pousse à noter, critique, tout ce qui pourrait aller mieux, et à m'en faire un ballot que je traîne avec moi même les jours où je pourrais avancer les mains dans les poches.
Non mais quel gland, je te jure.


5. La suite du 2.

Oui, et donc : non, je ne contrebalancerai pas. L'idée générale est que tout va, avance ; que la liberté a son prix et ses exigences ; que l'automne est toujours beau pourvu que l'on aime la pluie 
(et les girolles, puisque).
Que j'ai une putain d'envie de - mais ne trouve pas l'occasion de. Ou bien la cherche trop.


6. Non mais essentiellement ce qui me manque c'est de pouvoir poser du poème

L'épineux problème de la fin du désir

Je guette depuis si longtemps la goutte

au robinet vert-de-gris du mur du jardin
que j'envisage, paisible,
de le détruire à coups de batte
en souriant entre les larmes.

(on verra bien ce que dit le tuyau)

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