26.3.11

959 - Ch'ose/s/

petite fille (essai 1)
1) Un petit mot à moi-même

Qu'est devenu, jeune vantard, ta polyfidélité ? Tu vis en couple, le sexe s'est calmé dans ta tête au moins ; tu sors peu, les amis que tu aimais sont sur une autre rive, tu regardes vieillir le quotidien. Il est rare que tu rêves érotique, et ton imaginaire semble se tarir.
Alors, heureuse ? Alors, satisfait ?
Il te semble que la déchirure est moins vive ; que tu peux penser le futur sans que tes mains tremblent.
Bien entendu, une part de toi le regrette.


2) Un morceau du ciel

Quelque chose comme le printemps, sur les toits de Toulouse. Les angles des ombres sur les murs se font plus précises, les terrains de rugby sont durs sous les crampons.
L'air est doux. Sans nuages. Aucune particule dans ma vision.
Seule ma conscience raconte que nous avons empoisonné la terre pour les millénaires à venir.


3) Pas de politique

"Une partie de la France a peur des immigrés, l'autre du FN ; ceux qui ont peur des deux ont leur carte de l'UMP" raconte cette page facebook à vocation humoristique.
La peur, oui. On me l'a transmise. Des hordes brunes, des miliciens vociférants. De la bêtise crasse, des foules, des slogans. Aujourd'hui encore, le mot National, avec sa majuscule, m'est une bouche putride, un gouffre vertigineux.
Je ne veux pas me battre. Je ne veux pas prendre les armes. Je veux convaincre, sans menace, sans sarcasme ; je veux adoucir, je veux apaiser.
La petite école du petit village où j'étais petit accueillait des Laotiens, des Tunisiens, Valentin-le-gitan trop grand pour la petite classe, des Enfants Immigrés. Abdel écrivait en arabe au stylo sur un ballon de basket ; il ne comprenait pas tous les mots du maître, et ses yeux étaient noirs d'une colère triste.
Nous étions riches les uns des autres (ma mère me l'avait expliqué, car c'était son travail, l'accueil des familles).
Il n'y avait aucune hospitalité : nous partagions l'espace battu de jeux et de soleil de la cour de récréation. Parce que nous histoires minuscules nous avaient amenés là, ensemble, où nous vivions.

4) Song for Marie

Et là encore, ton petit coeur cliquète
S'agite, rétrécit
Tu es si sûre, soeurette
Que cette fois-ci
est la bonne, elle est la bonne
personne celle que
tu attendais

Tes mains, tes mains s'agitent

Sur la surface du café
Tes lèvres brûlent, soeurette,
A cette heure-ci

Ton coeur ton cul se précipitent
Tu es glacée
Givrée

Allons dans ce magasin te choisir une robe
Un pull, mon petit marin
Ton coeur, mon coeur, se dérobe

Tu parles, parles, parles d'elle
Des autres qui n'étaient rien
Rien sans toi, rien sans ta personne
Ton petit toi qui me dit tout
Tu ris tu ris
Tu cadenasses
Ton petit coeur cuirassé

Et l'air, et l'air sent
comme le printemps qui tarde
comme l'hiver qui en dit long
L'air pur
l'air parfumé s'agite

En tourbillons autour de nous


Allons dans ce magasin te choisir une robe
Un pull, mon petit marin
Mon coeur, mon coeur se dérobe


Et là encore, ton petit coeur cliquète
S'agite, rétrécit
Tu es si sûre, soeurette
Que cette fois-ci
est la bonne, elle est la bonne
personne celle que
tu attendais

Allons dans ce magasin te choisir une robe
Un pull, mon petit marin
Mon coeur, mon coeur se dérobe

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